1,090. 11' limée
OimnucKie, 12 Octobre 1851.
J0LIti\AL D YPÎ1ES ET DE L'ARROVDISSEMËiïT.
ABONNEMENTS Y près (franco), par trimestre, 5 francs 50 e. Provinces. 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne Ib centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche,
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre.
Vires acquint eundo.
Union libérale
MADAME DE MIREMONT.
TURPITUDES CLÉRICALES.
Tout ce qui concerne le journal doit
On ne reçoit que les lettres affranchies.
I»E L'ARRONDISSEMENT D'TPRES.
Le Comité a Chonneur de convoquer MM. les sociétaires
en assemblée rjcneralefixée au Lundi, 13 Octobre 18bl,
7 heures du soir, au Sai.on d'Apollon.
onniiE de jol'r
1* Renouvellement du mandat de sept membres du
comité.
2° Mesures prendre pour les prochaines élections
communales.
Ce 9 Octobre 1851.
rouit le comité
le président,
Par ordonnance H.-F. CARTON.
le secrétaire,
En*. IflEnGnELTSCK.
NB. Les sept membres sortants sont MM. Carton,
père; Vanden Bogacrde, Auguste; Vandcn Pcercboom,
Alphonse; Carton, Henri; De Coenc-Lahoussc; Charles
Vandc Broute; el Verschacvc, Pierre (décédé).
IftTftlUEUK.
Vpres, ft Octobre.
Malgré nos dénégations, le Propayateur
maintient que M. Carton a intimé l'ordre des
gardes-champêtres de remettre des bulletins
électoraux au domicile des électeurs; c'est-là,
nous lavons dit. une assertion complètement
fausse; c est un odieux mensonge que nous re
poussons el que la feuille cléricale n'aurait dû
alléguer de nouveau, qu'en apportant des preu
ves I appui.
A cet égard elle se borne faire un appel
aux bourgmestres ruraux, mais nous, les pre
miers, nous avons fait cet appel et nous défions
la sainte feuille de recueillir aucune réponse qui
puisse venir l'appui de ses assertions Le Pro
payateur le sait comme nous, mais il espère
détourner lalleulion publique de la conduite
scandaleuse de ses propres patrons qui, eux,
n'ont pas craint de souiller leur robe dans
l'arène électorale. A la différence de nos adver
saires, nous ne nous bornons pas des alléga
tions vagues el indéterminées, nous précisons
le» faits, nous pouvons même indiquer les per-
(sCITl).
VI.
Madame de Miremont ne cacha Valérie aucune des
circonstances de son petit voyage, m*is elle fut moins
confiante quand il s'agit des impressions qui lui étaient
restées dans son entrevue avec Sirvan et de sa rencontre
sur la bruyère avec Marguerite et ses enfants. Elle abré
gea autant qu'elle le. put la réunion du soir au salon, sous
prétexte qu'elle était souffrante et fatiguée, et quand elle
se fut retirée dans son appartement, elle renvoya ses
femmes, afin de pouvoir s'abandonner sans retard cl sans
contrainte ses réflexions.
J'ai été indifférente pour cette pauvre famille, pen
sait M™* de Miremont, et pourtant qu'avais-je faire de
mieux, dans l'isolement de mon existence, que de lui con
tinuer l'intérêt que j'avais montré Sirvan dans ma jeu
nesse Pauvre Sirvan comme il a été bon et loyal avec
quelle généreuse facilité il a accordé ma prière ce qu'il
avait refusé sou intérêt et cependant le sacrifice était
immense, puisque son attachement ces ruines est si,
violent qu'il a pu passer dans des cœurs trop jeunes j
encore pour subir l'influence des passions. Ainsi la pos-'
session de ces murs croulants et de cette lande inculte est
sa préoccupaliou constante, l'espoir qui le fait vivre, le
rêve qui le cônsole de ses misères et j'allais lui enlever
ce bonheur non, non, je ne le ferai pas
La nuit n'apporta aucun changement dans ces disposi
tions et la vicomtesse, aussitôt qu'elle fut levée, fit de
mander Valérie si elle voulait l'accompagner dans un
petit voyage de vingt-quatre heures. Certaine du consen-
sonnes. Ainsi nous pouvons dire que M le curé
de Watou et MM. les vicaires de Poelcappelle
Passchendaele et de 18 autres communes ont
prêché, en pleine chaire, conlre la candidature
de M. Boedt; que M. le curé de Wulverghem
a appelé des électeurs dans la sacristie, pour leur
communiquer les ordres de l'évêque. Enfin que
M. le doyen de notre ville a envoyé son Léo
remettre en son nom, des bulletins aux élec
teurs des corrAnunes environnantes, entre autres
ceux de Brielen.
Voilà quelques faits entre mille qui prouvent
que ce n'est pas sans raison que nous accusons
le clergé délie intervenu dans la lutte élec
torale de la manière la plus ouverte el la plus
scandaleuse.
Le Propayateur ne cesse d inventer de nou
velles accusations charge de notre commis
saire d'arrondissement. Dans son dernier n° il
affirme que ce fouclionuaire a convoqué le
Conseil communal de L.au cabaret, et
qu'aucun membre ne s'est présenté la réunion.
C'est là une allégation complètement menson
gère. M. Carton n'a adressé aucune convocation
de ce genre, ni au Conseil communal ni aux
bourgmestre et échevins de celle commune
nous donnons cet égard le démenti le plus
formel et nous défions le Propayateur d'appor
ter aucune preuve l'appui du fait qu'il avance.
Nous trouvons, du reste, assez étrange, les
scrupules de la feuille cléricale propos de
l'intervention des fonctionnaires eu matière
électorale; avant d'oser déverser des paroles de
blâme, elle aurait dû se rappeler qu'en 1847,
son coryphée, M. De Neckere, parcourut toutes
les communes de 1 arrondissement, que dans la
plupart, il exerça une véritable contrainte sui
tes administrations communales, qu Messines,
entra ri trèsil menaça, en plein conseil, le
bourgmestre de destitution, et qu'enfin il adressa
tous les fonctionnaires la FAMEUSE circu
laire dans laquelle il déclarait DÉV]i)Ll>SEUKS
DU TRONE El' DE L'AUTEL, des hommes qui,
tentent de son amie, Mm" de Miremont donna en même
temps des ordres pour le départ qui devait s'effectuer
après le déjeuner.
Valérie vint elle-même apporter sa réponse. Elle avait
compris qu'il s'agissait d'aller Brauligiiy, et elle était
heureuse d'assister sa protectrice dont elle avait pénétré
toutes les craintes el presque tous les combats.
Le déjeuner fut triste et silencieux chaque minute qui
s'écoulait avançait l'instant redouté, et montrait plus
grandes les difficultés de la situation. Ces deux mots
pénibles Que faire, que dire vibraient douloureusement
dans la pensée de la vicomtesse, sans parvenir toutefois
lui faire faire abandonner son projet.
Elle attendait sa voiture, le front appuyé contre l'es
pagnolette d'une des fenêtres de son salon, lorsque son
regard errant rencontra la grille du château; deux enfants
la franchissaient en ce moment.
La vicomtesse tressaillit elle avait reconnu César et
Roger.
Eux aussi la reconnurent, car ils soulevèrent en même
temps leur chapeau, et César montra une lettre qu'il te
nait dans sa main gauche.
Evidemment ils étaient chargés d'un message; M"10 de
Miremont se hâta d'aller leur rencontre.
C'est de la part de mon père, dit César, il n'y a pas
de réponse.
Et ils tirent simultanément un mouvement en arrière,
comme pour se retirer.
Me quitterez-vous ainsi sans vous douner un peu
de repos, mes enfants?
Mon père nous a ordonné de revenir tout de suite,
répondit César, et nous ne lui désobéissons jamais.
dans les moments les plus périlleux, ont donijé
des gages nombreux la cause de l'ordre el de
I indépendance nationale Était-ce là ce que le
Propayateur appelle de l'abstention ou le jour
nal du clergé a-t-il deux poids et deux mesu
res 0 Pour ce qui concerne le parti libéral, nous
ne craignons pas la comparaison pas plus sur
ce terrain que sur tout autre qu'il plairait
nos adversaires de choisir.
Nous avons fait ressortir ce qu'il y a d'inso
lite, d'inexcusable, dans le refus de MM. les
évèques de laisser célébrer la messe du S'
Esprit pour la réouverture des cours du Collège
communal depuis nous avons acquis la con
viction que cette mesure n est que le prélude
d'un système de persécution contre tout ce qui
louche l'enseignement laïc; nous apprenons,
en effet, que des démarches incessantes ont été
faites au domicile de tous les parents, dont les
enfants fréquentent rétablissement commu
nal el que là où les promesses et les menaces
n orit point réussi, I on a employé un nouveau
moyen que nous livrons l'appréciation de tous
les honnêtes gens: samedi dernier les élèves du
Collège communal sont allés confesse et, en
rentrant, une dizaine d'entre eux sont venus
déclarer que leur confesseur les avait chargé de
dire leurs parents que s'ils continuaient fré-
quenter cet établissement, ils ne seraieut pas
admis faite leur première communion.
Nous tenons ce fait des élèves eux-mêmes, et
l'uniformité de leurs déclarations ne permet pas
de le révoquer en doute Ainsi, ministres d'une
religion de paix et d'amour, vous répandez dans
le cœur de ces jeunes gens des sentiments de
haine contre nos institutions nationales, vous
leur refusez les prières el lorsque ces enfants
viennent faire leur premier pas dans la pratique
des devoirs religieux, vous les repoussez; vous
foulez aux pieds le principe de votre divin
maître Laissez venir moi les petits enfants, n
Vous lui direz que jç trouve cet ordre très-dur pour
moi, interrompit la vicomtesse; et vous le prierez, en mon
nota, de ne vous en donner jamais un semblable. Adieu,
mes enfants doubliez pas la recommandation que je
viens de vous faire.
César et Roger s'éloignèrent; Mme de Miremont rompit
le cachet de la lettre de Sirvan, et elle lut ce qui suit
Vous m'avez rendu la parole que je vous avais don-
née. Madame, parce qu'on vous a dit que je faisais un
sacrifice au-dessus de mes forces. Je ne le nierai point,
mais il faut que vous sachiez que ce sacrifice, si grand
qu'il soit, a été le seul bonheur que j'aie goûté depuis
bien des années... ne me l'enlevez pas, je vous en con-
jure, car il pourrait arriver que je ne retrouvasse pius
l'occasion de faire quelque chose pour vous.
Je ne saurais blâmer mes enfants de leur indiscré-
tion, puisque je les ai élevés dans les sentiments qu'ils
ont exprimés devant vous, avec toute la liberté de leur
âge; mais je veux vous dire que si j'avais pu prévoir Je
prix que vous attacheriez un jour la réussite du pro-
jet de M. de Brantigny, je me serais fait violence pour
habituer les miens la considérer comme un devoir
pour eux.
Je vais vous dire toute ma pensée, Madame... toute
la pensée d'un pauvre homme dont le cœur a toujours
été muré pour ses semblables, depuis l'instant où il a
commencé de battre, et dont lame, constamment
repliée sur elle-même, n"a jamais connu lajoiede cacher
nu bonheur, ou ia consolation d'épancher un chagrin.
Ecoutez-moi sans colère; excusez une hardiesse qui ne
saurait pas se produire si vous ne m'aviez pas enseigné
jadis le langage l'aide duquel on peint toutes choses.