JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
MADAME DE MIREMONT.
IV 1.009. - 1B %nwéc.
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Jeudi. 13 ^iovenilH e 1851.
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INTÉRIEUR.
Tpre», 19 Novembre.
Les dernières nouvelles de Bruxelles son!
assez favorables. Le Sénat qui a modifié son
adresse, sous prétexte d'incorrection a consi
dérablement adouci les termes et les tendances
politiques de cet acte.
La Chambre des représentants qui a com
mencé la discussion d'un projet d adresse d'une
grande énergie, a déjà changé quelques phrases
qui semblaient trop dures pour le Sénat, non
pas que cette assemblée n'ait mérité d'être
traitée un peu sévèrement, car elle a provoqué
la deuxième Chambre par l organe de son pré
sident M. Dumon- Dtimorlier, qui a qualifié
la majorilé de celle-ci, de servile et de com
plaisante.
Quoiqu'il en soit, il y a une tendance un
meilleur accord entre les deux branches du
pouvoir législatif et si l'on peut parvenir
éviter un conflil et faire accepter l'amendement
Foigeur la loi sur les successions en ligne
directe, on peut espérer que la Belgique aura
échappé une crise dangereusela plus dan
gereuse peut-être qui ail encore menacé son
existence comme nation.
Pardonnez-nous nos offenses comme
nous pardouuous cent qni nous ont
offensés.
Tel est un texte de la plus sublime de tou
tes les prières, de celle que tous les bons catho
liques répèlent journellement pour implorer la
grâce divine, de celb-qu'on apprend aux enfants
dès qu'ils savent articuler quelques paroles, de
celle que le piètre recommande le plus tous
les fidèles. Mais suffit-il donc de balbutier ces
paroles ou, pour être agréable Dieu, faut-il
en observer les préceptes? Voilà la question que
tout le monde s'est faite sous la première im
pression du scandale donné par le refus d'un
service funèbre aux dépouilles mortelles d'un
honnête bourgeois de celle ville Un acte de
cette ualure est une vengeance d'autant plus
inqualifiable, qu'elle ne frappe que les survi
vants, et nous disons qu'il faut avoir un cœur
dénaturé pour, en présence de la profonde
affliction d'une famille et des prières d'une veuve
cplorée, refuser non-seulement des prières sur
le corps du défunt, mais interdire aux prêtres,
en général, de célébrer des messes pour le repos
de son âme. Cest incroyable; mais nous affir
mons que le fait existe On a interdit les messes
que la veuve a voulu faire célébrer pour son
mari, les enfants pour leur pere On a refusé
une digne femme, la consolation quelle récla
mait la Beligion; on a refusé pour le salut d'un
chrétien ce qu'on accoide pour le bien-être des
chevaux des vaches et des cochonset cela
sous prétexte qu'il n'y avait pas de salut pos
sible pour un homme qui ne pratique pas
Eh de quel droit donc jugez-vous de la
destinée future de votre semblable D'après les
préceptes de notre divin Sauveur un moment
de sincère répenlir ne suffit-il pas pour obtenir
le pardon des offenses? Bien plus, qui vous dira
que le défunt, l'exemple d'autres, n'allait pas.
en pays étranger, remplir ses devoirs religieux,
parce qu'il ne voyait plus dans un clergé révé
lant une couleur politique avant tout, des
hommes selon le cœur de Dieu
El en fut-il autrement, en supposant même
que le défunt aurait, dans ses derniers instants,
obstinément refusé les secours spirituels, le
refus de prière est un acte de vengeance qui
a'alteint que les survivants, et par conséquent,
un acte d'iniquité.
Mais qu importe des hommes aveuglés par
la passion, que la Beligion soit aimée, chérie
Ils sont habitués s'en servir comme un instru
ment utile leur domination Que leur importe
qu'il y ait du scandale? Ce qu'ils veulent, c est
effrayer ceux qui ne leur sont pas vendus et
livrés; cest leur prouver que. s ils ne peu vent se
venger sur eux pendant leur vie, dès qu'ils n y
seront plus, ils se vengeront sur les survivants,
sur ceux qui leur sont plus cliers que leur pro
pre existence, en les faisant mourir de douleur
et de regrets.
Ce ne sont pas là des disciples d'un Dieu
d'amour et de miséricorde, qui transgressent
ainsi les préceptes de lévaugile, et jettent le
doute dans l ame de plus d'un chiélien
Concert de 31. Moerman,
Chef de musique de la Carde civique d'Y'près.
Nous apprenons avec un véritable plaisir que
M. Moerman donnera le Dimanche, 23 Novem
bre, un brillant concert qui ne le cédera en rien
(SC!T«).
XV.
M. le Marquis et M. le comte de Brantigny viennent
d'arriver au chàtuau, dit le domestique en s'arrélant
quelques pas de la vicomtesse. La femme de charge
m'envoie prévenir Madame.
Allez en avant dire que je vous suis. Ces Messieurs
vont-ils plus loin
Je ne crois pas ils sont cheval, et j'ai entendu
leur domestique parler d'un phaéton qui les suit avec leur
bagage; je pense qu'ils resteront quelques jours chez
madame la vicomtesse.
Et le domestique remonta la pelouse grands pas pour
annoncer sa maîtresse.
Le hasard nous sert admirablement, dit madame
de Mircmout Valérie; nous serons même d'étudier le
caractère de M. Raoul; et qui sait si son père et lui ne
viennent pas aussi pour chercher vous connaître? ajouta
la vicomtesse en faisant un effort pour donner sa voix
une expression moins mélancolique que celle qu'elle avait
depuis quelques instants.
celui de l'année dernière Le public saura
de nouveau, apprécier les progrès fails par les
artistes sous sa direction, qui rivaliseront de
zèle pour exécuter les divers morceaux du pro
gramme avec lotit le goût et la précision dési
rables. Nous engageons les amateurs de musique
vouloir coopérer au succès de celle fêle musi
cale nous avons vu les listes de souscription
qui se couvrent des plus honorables signatures.
Le public saura encourager, nous n'en douions
nullement, par sa présence, le zèle de I infali-
gable chef de musique qui. dans toutes les
circonstances, a fait preuve de la meilleure vo
lonté et du plus grand désintéressement. Si
cette musique est arrivée un degré de perfec
tion, de manière pouvoir se faire entendre
dans les grandes villes, c'est bien M. Moerman
qu'elle le doit; il n'a épargné ni peine ni
démarche, pour parvenir former un ensemble
remarquable d'une réunion d'artistes pour ainsi
dire volontaire.
Le programme sera très-attrayant l'on nous
promet la belle Fantaisie, pour fanfares, com
posée par M Clément, chef de musique du 12*
régiment, qui a été exécutée par les artistes-
musiciens de la Garde civique, au Théâtre des
Variétés, Anvers, lors du festival avant eu lieu
en celle ville au mois d'Août passé, et qui a élé
unanimement applaudi. Puis, le Pot-pourri de
la Reine d'un jour, des morceaux de chant,
des variations pour trombonne, clarinette, etc.
L'on dit aussi que les artistes de la Garde
civique chanteront des chœurs, dont l'exécution
promet d élie parfaite. Courage, MM. les mu
siciens, celte innovalion fera diversité parmi les
autres morceaux du programme.
Il y a encore un membre de celle musique
jà qui on peut allribuer une partie de son succès
«l qui mérite d obtenir un souvenir de gra
titude, c est le sous-chef de musique, M Jolyt.
Par son activité et son caractère conciliant, il
a souvent obtenu des heureux résultats dans
diverses circonstances, et il se prèle toujours,
avec la meilleure volonté, tout ce qui peut
êlie ulile celte société d'amis.
Ne plaisantez pas sur ce sujet, chère Madame, reprit
Valérie avec un aeccnl suppliant.
Pourquoi m'inlerdire les espérances qui vous con
cernent, chère enfant Vous ne voulez donc pas qu'il y
ail du bonheur pour moi dans ce monde
Il ne saurait y en avoir rêver ec qui est impossible,
répondit tristement Valérie.
Je vois voire avenir sous des couleurs moins som
bres, chère petite; au surplus, il vaut mieux ne pas se
presser d'espérer.
A l'instant même où M"™ de Miremont prononçait ces
mots Je vois votre avenir sous des couleurs moins
sombres, le château d'Aiguebellc, qui élail dans une
complète obscurité, s'illumina tout coup dans une de
ses parties, et l'on aperçut, par les trois fenêtres ouvertes
d'un grand et magnifique salon où des valets de pied
venaient d'apporter plusieurs lampes, le marquis et le
comte se promenant de long en large et eausanl avec une
tranquillité qui témoignait de leur parfaite intelligence.
Cette soudaine apparition, quoiqu'elle n'eût rien que
de très-naturel, frappa les deux amies par son propos,
et une légère pression de leurs bras toujours enlacés leur
dit qu'une même pensée venait de s'élever dans leur esprit.
Dans noire dernier numéro, nous avons
donné un article intitulé Dentelles, croyant que
c était la reproduction littérale d'une partie de
la lettre de I Indépendance, qui s'occupe de ce
Peu de minutes après ce petit incident, elles arrivèrent
dans le salon, où elles eurent immédiatement l'explication
de la visite de MM. de Brantigny ce fut le marquis qui
la leur donna.
Il voulait, dit-il, régulariser l'affaire de la cession de
son château que lui faisait Sirvan; puis il avait cœur
d'exprimer ce dernier toute sa reconnaissance pour le
service immense qu'il lui rendait; enfin il attendait le
lendemain un architecte de la ville voisine auquel il avait
donné rendez-vous, car il tenait examiner sans-retard
ce qu'il y avait faire pour rendre Coureenay habitable,
ainsi qu'il en avait pris l'engagement par l'intermédiaire
do sa belle ambassadrice...
Dans tout cela, interrompit la vicomtesse avec cette
gracieuse coquetterie que les femmes du grand monde les
plus réservées ne craignent pas de montrer aux hommes
de leur intimité qui sont beaucoup plus âgés qu'elles, dans
tout cela, il n'y a pas un seul mol sur le désir bien naturel
que vous deviez éprouver de nous revoir.
Je croyais que c était la chose du monde la plus
inutile dire, riposta galamment le marquis; mais pour
vous la prouver, je me hâterai de vous demander si vous
voulez de nous pour une semaine.
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