JOURNAL DYPRES ET RE L'ARRONDISSEMENT. 1 Dimanche, 16 \ovemï»»c 1851, Vires acquirit eundo. INTÉRIEUR. MM Ml iV I.IOO. 11e Année ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Yprf.s, 15 Novembre. LES ADRESSES. La discussion des adresses est terminée. Elle a élé caractéristique et menaçait d'aboutir un conflit. Heureusement pour le pays, les ardé- lions du parti catholique n'ont pu mettre le feu aux poudres et allumer l'incendie. Nous ne pou vons dire, qu'il ne s'allumera pas plus tard, mais pour le moment les menaces de tempête sem blent s'éloigner. Comme le projet d'adresse a été. au Sénat, déposé en premier lieu, il est juste que oous commencions par celui-là; tout seigneur, tout honneur. Mais pour ne pas revenir sur des faits, qu'il serait plus honorable pour un des pre miers corps de l'Etat de voir passer sous silence, nous pouvons dire au moins que la commission présidée par M. Dumon-Dumorlieraurait pu mettre un tantinet plus de réflexion la con fection du projet d'adresse, car il était loin d'être irréprochable comme forme et comme style Nous nous occuperons du fond, qui était beau coup plus blamable, car le Sénat, si on l'avait dû voter, aurait semblé élever des prétentions qu'en droit constitutionnel, on ne peut lui ac corder. Remarquons en passantque le parti clérical approuvait hautement toute» les exigen ces du Sénat, pareequ'il croit pouvoir disposer de celle assemblée pour battre en brèche l'opinion libérale et le ministère qui en est l'émanation au pouvoir. Mais le Sénat, en examinant le projet de M d'Omalius, membre de l'Académie de Belgique, a jugé opportun de le renvoyer pour incorrec tion la commission fin de révision, et tout en alléguant le motif réel du renvoi, le Sénat a cru convenable de modifierles passages lesplusâpres l'endroit du ministère et de la Chambre des représentants. Un esprit de modération et de conciliation paraît avoir pris le dessus et, en MADAME DE MiREMONT. (suite). XVI. dernier lieu, l'adresse du Sénat n'est plus celte œuvre informe, hargneuse, irritante que le parti catholique aurait bien voulu voir voler, pro bablement toujours par amour pour l'union et la soi-disant conciliation. Passons l'adresse de la Chambre. Le projet était la contre-partie de celui du Sénat. La commission, chargée de l'élaborer, avait choisi pour rapporteur. M. Delfosse, qui tout en proposant 1% simple paraphrase du discours de la Couronne, l a fait en termes dignes, mais énergiques. Un seul membre de la minorité faisait partie de la commission de l'adresse, c'était M. De Decker, le seul membre de la Chambre qui, en dehors de son parti, ait voté la loi sur les successions en ligne directe Mais constatons qu'à la discussion, la mi norité àl a Chambre a élé aussi violente que leprésident du Sénat lui-même; M. Jules Vlalou, l'ancien ministre des finances, qui ne peut encore pardonner M. Frère, l'audace qu'il a eue de le remplacer, en mettant de l'ordre dans les finances du pays, tandis que lui avait laissé quarante millions de déficit, M. Matou, disons- nous, a été d'une extrême violence. 11 a injurié la majorité, l'a qualifiée de servile, de complai sante, lui, l'aide de camp des évêques. l'homme qui est asservi l épiscopal comme le chien son maître, il a osé jeter celte accusaliou la majorité de la Chambre, composée d hommes qui ne dépendent que du corps électoral, tandis que lui et les siens ne sont élus que jdans les comices, où les évêques peuvent dispo-, ser de la majorité. D ailleurs il eut été bon de rappeler publi quement M Malou et ses courses multipliées l'archevêché de Matines, pendant la discus sion de la loi sur l'instruction primaire et ses visites nombreuses au cardinal pendant son ministère. Si ce sont là des preuves d'indépen dance et si c'est là l'homme qui peut nommer ses collègues libéraux de set viles, nous croyons rendre si cela dépendait de moi, que vous n'avez jugé nécessaire d'y mettre en quelque sorte un prix... c'esl mal, mon ami, bien mal je me flattais que vous con- Restée seule dans sa bibliotlièqpc après le brusque dé part du marquis, M"" de Mireinonl, sans se reprocher précisément la fermeté qu'elle avait montrée, ne put s'cnqiêcher de reconnaître qu'elle avait peut-être dépassé les strictes exigences de la droiture, et qu'avec plus de douceur elle serait probablement parvenue se faire mieux comprendre ou du moins plus facilement excuser. Stupéfaite encore de la confidence qu'elle avait reçue, elle cul la loyauli-de se dire que le violent désespoir de M. de Brantigny était légitime, et tout en se fortifiant dans la résolution d'être inébranlable s'il lui demandait encore ce qu'elle venait de lui refuser, elle se promit d'employer toutes les ressources de son cœur et de son esprit la tâche de le consoler d'un malheur dont l'étendue la frap pait plus vivement mesure qu'elle l'examinait avec plus de calme. Elle prit donc une plume et elle lui écrivit le billet qu'on va lire. J'ai été rude pour vous, mon ami, et j'en suis pro fondément affligée. Pardonnez-moi, je vous en supplie, et surtout ne me croyez pas insensible au malheur qui vous menace. Peut-être ne sera-t-il pas impossible de le con jurer sans manquer la justice qui doit présider toutes les actions d'un homme tel que vous. Maintenant que je pense avec glus de calme la ru desse que je vous ai montrée, il me semble que je le lui trouve une cause dont votre amitié n'a pas le droit d être mécontente en me demandant un service, vous n'avez pas tellement cru au bonheur que j'éprouverais vous le naissiez mieux mon cœur. Nous allons nous revoir dans quelques instants... que votre noble main en serrant la mienne me dise que vous ne m'en voulez plus. Yolande, h La vicomtesse fit porter cette lettre par une de ses femmes, et cite attendit avec plus de tranquillité le moment de revoir le marquis. Ainsi qu'elle l'avait espéré, elle le trouva plus calme, et aussi affectueux avec elle qu'il l'était toujours. Mu chère vicomtesse, dit-il au moment où ils pas saient de la salle manger au salon, nous avons le projet, Raoul et moi, d'aller Courcenay remercier votre ami Sirvan de ce qu'il a fait pour nous ce serait bien aimable M"* d'Avaujour et vous de nous accompagner. Oh de tout mon cœur s'écria Mme de Miremont, allons nous babiller pendant qu'on sellera les chevaux... bientôt, messieurs. XVII. Midi vient de sonner l'horloge de l'église de Cour cenay. A l'extrémité de ce village est une maisonnette qui, bien que bâtie en pierre, est couverte par un toit de chaume: c'est là qu'habite la famille Sirvau depuis qu'elle a quitté les ruines. Cette maisonnette lui appartient. Elle est située presque sur le bord du grand chemin qui traverse le village daus toute sa longueur. Sa façade principale, composée de deux fenêtres et d'une porte, regarde le midi; un petit verger l'abrite du côté du uord; '.des plantes grimpantes l'enlacent de tous les côtés. 1 L'aspect en est riant la première vue, et si ic passant que M. Malou voit la paille dans l'œil d'aulrtii et ne «e sent pas la poutre qui lui crève le sien. Mais laissons-là M. Malou, dont la rancune peu déguisée contre l'opinion libérale, enlève toute autorité sa parole, pour nous occuper d'un adversaire nouveau. Nous voulons parler de M. Jacques, ce membre élu par l'arrondissement de Marche Depuis son échec éprouvéà la Chambre, qui n'a pas voulu maintenir et valider son élec tion comme membre de la cour des comptes, ce représentant fait de l'opposition et insulte ses anciens amis. Comme M. Malou, il les traite de serviles; il en aurait.jugé autrement, si la ma jorité avait voulu sanctionner sa nomination comme membre de la cour des comptes. L'adresse a été votée mais avec des modifi cations qui en adoucissaient l'esprit. Le Sénat, n'ayant pas maintenu les passages les plus hos tiles, la Chambre a pensé qu'elle pouvait faire preuve de modération et de conciliation. Nous croyons que la Chambre s'est conduite digne ment, car enfin les attaques ne venaient pas de lui, et la Belgique peut encore se féliciter de ee que les meneurs cléricaux n'ont pu faire aboutir leur plan de campagne, qui était celui de faire surgir un conflit entre les deux branches du pouvoir législatif. La commission du Sénat, laquelle a été renvoyé le projet de loi de l'impôt sur les successions en ligne directe, a choisi pour son rapporteur M. Dellafaille, et parcouséqueut le rapport sera dans le sens du rejet. Demain, 16 Novembre, midi, aura lieu la remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur au sieur Mieroo, François, sous- lieuleuanl au corps des Sapeurs-Pompiers. Celte cérémonie se fera sur la Graud Place, et en cas de mauvais temps, au local des Halles. La Société des anciens frètes d'armes de l'empire français, établie en celte ville, sous la présidence du brave et digue général-major plonge ensuite son regard dans l'intérieur, par la porte habituellement ouverte, rien ne l'attriste, car il voit une vaste chambre Dieu éclairée, bien aérée et il se dit que la misère et la maladie n'ont pu se glisser là. Dans la grandi; chambre qui, elle seule, forme le rez- de-chaussée presqu'enlier de l'babitatiun, se trouveuten ce moment Sirvan et Marguerite sa femme. Marguerite file au fuseau, et de temps en temps elle interrompt son ouvrage pour passer furtivement le revers de sa main sur ses paupières humides de larmes qui se renouvellent dès qu'elles sont essuyées. Sirvan est assis quelque distuuce sur une espèce d'es cabeau dont la forme bizarru est commode pour sa cruelle infirmité. Il tient un livre ouvert la portée de son regard, mais ce regard est errant Sirvan ne lit pas. La chambre est inondée de la lumière du soleil au dehors on voit passer et repasser les habitants du village qui regagnent leurs demeures pour le repas du milieu du jour. Marguerite et Sirvan reçoivent quelques saluts affec tueux. La première les rend en essayant de sourire; le second ne' parait pas les remarquer. Une demi-heure s'écoule ainsi dans un silence qui n'est interrompu de loin en loin que par le bruit du fuseau de la jeune femme et les soupirs étouffés qui s'échappent de son sein. Un de ces soupirs se termine en sanglot. Sirvan, qui la entendu, pose sou livre a côté de lui, et son vague regard cherche celui de Marguerite. Qu avez-vous lui dit-il d'une voix affectueuse quoique distraite. Je vous 1 ai déjà dit, mais vous ne m'avez pas en tendue: César et Roger n'ont pas voulu aujourd'hui encora

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Le Progrès (1841-1914) | 1851 | | pagina 1