Les communications étaient déjà ioterceptées entre le
centre et les faubourgs, la force brutale commençait le
rôle infâme qu'elle a joué. Cependant il y a eu queJques
.honorables exceptions; j'ai vu et entendu, mardi soir,
tout un hutaillon de ligne qui en défilant sur le boule
vard S'-Marlin criait avec les citoyens: Vive la Républi
que vive la Constitution'! Ce bataillon est probablement
un de ceux qui ont été désarmés par ordre supérieur.
Mercredi, l'aspect de Paris était lugubre. Dans une
foule de quartiers les boutiques se fermaient: sept
heures du soir il n'y avait plus de pain chez les boulangers
de la rue S'-Anloine; on s'approvisionnait en vue des
éventualités.
Dans la nuit quelques barricades se formèrent. Le
combat fut très-vif dans une foule de quartiers, mais il
fut court. Que pouvaient quelques hommes de cœur et
de déVoûment contre cent mille brigands ivres de vin et
de vengeance! En quelques heures tout était fini avec
accompagnement de désastres bien plus grands, propor
tion gardée, ceux de juin. En juin il y avait lutte, lutte
acharnée, fondée sur un malentendu, mais lutte honora
ble: les deux partis étaient presqu'égaux en décembre,
il y a eu extermination. Les soldats et leurs chefs ont
commis des atrocités que les Cosaques auraient rougi de
commettre Entendait-on un coupdepistolet,ces brigands
répandus le long des boulevards, tiraient toutes les
fenêtres et jusque dans les maisons les plus opulentes.
On était en ce moment un magnifique hôtel du boulevard
Poissonnière, qui a été troué par les boulets. De mal
heureux marchands, des libraires par exemple, cachés
dans leurs boutiques ont été tués par les boulets! Les
habitants de plusieurs mnisons, hommes, femmes, enfants
ont été passés au fil de l'épec Du de ines amis a vu un
srrgent de ville passer son épée dans le corps d'une
femme parce qu'elle criait vive la Constitution! Il a vu un
sergent de ville, peut-être le même, renverser d'un coup
de poing un rnfant qui avait cric bas Batapoil! et
pendant que ce malheureux était par terre, !e monstre
lui a écrasé la tête sous le talon de sa botte
Un de nos parents qui appartient une administration
est venu me voir hier. Il avait.on le fait suivant: Un
marchand de la rue Poissonnière était sa porte, un
passant crie Vive la République Un brigand cheval
tire un coup de pistolet, qui tue le malheureux mar
chand de vin, On a traîné son cadavre dans la rue côté;
et pendant toute la nuit les soldats ont fait leurs ordures
dessus Le lendemain la même personne a revu le
cadavre.
Jeudi, pendant que ces tueries s'exécutaient, pendant
que la fusillade retentissait encore, les soldats campés
deux cents pas de chez nous buvaient, chantaient et
dansaient Leurs chants et leurs dauses de Cannibales
ont duré toute la nuit.
Le vendredi, tout était fini. On avait tué suffisamment,
on avait fusillé au Champ de Mars, sur les boulevards,
dans les rues l'œuvre des tigres était consommée, celle
des renards et des animaux immondes commençait La
justice (dérision infâme!) envoyait des mandats d'amener
contre ceux qui avaient voulu défendre la Constitution et
les Inquais envoyaient leur adhésion Cartouche
Depuis hier, les brigands sont rentrés dans leurs
repaires, et sauf les maisons dévastées et les familles veu
ves on ne croirait pas qu'il y a eu une contre révolution
terrible On ne sait rien des départements, sauf les
renseignements que veulent bien laisser paraître nos
maîtres, il n'y a en fait d'articles de journaux que des
extraits du Constitutionnel dans lequel on appelle pil
lards et assassins des gens tels que qui, malgré ses
quarante mille francs de rente, a combattu sur une
barricade.
Encore un trait qui peint ces défenseurs de la famille.
J'ai lu dans le Constitutionnel que des familles ayant
réclamé les corps des personnes tuées, l'autorité n'a pas
obtempéré cette demande afin d'éviter toute cause de
désordre.
On le voit, nous n'avons pas même la liberté de pleurer
les morts
Fais de cette lettre ce que tu veux, il est bon que l'on
connaisse ces horreurs.
Je mets mon journal sous enveloppe, cachetée d'une
clé, assure toi de l'empreinte.
Encore des faits
Un de nos amis communs, F*** qui, par parenthèse a
failli être tué vendredi par une sentinelle, demeure tu
sais, derrière la caserne des Minimes. Là est un marchand
de vin. Deux ivrognes causaient entr'eux mais un peu
ti'op fort. Le factionnaire leur a enjoint de se taire ou bien
a-t-il ajouté, je vousf... un coup de fusil Le miséra
ble les couchait en joue.
Rue du Petit Carreau, des défenseurs de l'ordre ayant
pris une barricade ont fusillé, non-seulement ceux qui la
défendaient mais encore quarante pauvres diables sans
armes qu'ils ont trouvé cinquante pas de la barricade.
Voilà notre régime. Heureusement que le droit est
éternel;
(Journal de Bruges.)
COUR D'ASSISES DE LA FLANDRE OCCIDENTALE.
Audience du 9 décembre.
Le nomme Léonard Bekaert, fils de Charles, âgé
de 48 ans, né et domicilié a Dentergliem, convaincu
de lenlativede nieurtrasur Anne (ioossens, servante
de M. le vicaire Vunderi Heede k Bruges, a été con
damné se trouvant en état de récidive, la peine de
mort, dont l'exécution aura lieu sur une des places
publiques de lu ville de Bruges.
EXTÉRIEUR.
FRANCE. Paris, 8 Décembre. Voici le texte
delà nouvelle proclamation du président de la république
au peuple fra' çais, dont nous n'avons indiqué que le
sommaire dans notre dernier n". Nous recommandons la
lecture de ce message.
république française.
Proclamation du Président de la République
au Peuple Français.
Français
Les troubles sont apaisés. Quelle que soit la décision
du peuple, la société est sauvée.
La première partie de ma tâche est accomplie; l'appel
la nation, pour terminer les luttes des partis, ne faisait,
je le savais, courir aucun risque sérieux la tranquillité
publique.
Pourquoi le peuple se serait-il soulevé contre moi
Si je ne possède plus votre confiance, si vos idées ont
changé, il n'est pas besoin de faire couler un sang pré
cieux; il suffit de déposer dans l'urne un vote contraire.
Je respecterai toujours l'arrêt du peuple.
Mais, tantque la nation n'aura pas parlé, je ne reculerai
devant aucun effort, devant aucun sacrifice pour déjouer
les tentavives des factieux. Cette lâche d'ailleurs, m'est
rendue facile.
D'un côté, l'on a vu combien il était insensé de lutter
contre une armée unie paf les liens de la discipline, ani
mée par le sentiment de l'honneur militaire et par le
dévouement la patrie.
D'un autre côté, l'attitude calme des habitants de Paris,
la réprobation dont ils flétrissaient l'émeute, ont témoigné
assez hautement pour qui se prononçait la capitale.
Dans ces quartiers si populeux où naguères l'insurrec
tion se recrutait si vite parmi des ouvriers dociles ses
entraînements, l'anarchie, celte fois, n'a pu reconnaître
qu'une répugnance profonde pour ces détestables excita
tions. Grâces en soient rendues l'intelligente et patrio-
trioliquc population de Paris Qu'elle se persuade de
plus en plus que mon unique ambition est d'assurer le
repos et la prospérité de la France.
Qu'elle continue prêter son concours l'autoritc et
bientôt le pays pourra accomplir, dans le calme, l'acte
solennel qui doit inaugurer une ère nouvelle pour la
république.
Fait au palais de l'Elysée, le 8 décembre 1851.
Signé Louis-Napoléon Bonaparte.
Paris, 9 décembre, 8 heures du matin.
Le général en chef a continué visiter les blessés dans
les hôpitaux.
Il s'est rendu au Gros-Caillou et au Roule. Au Roule se
trouvent neuf blessés dont un officier; au Gros-Caillou
quarante-cinq dont deux officiers.
Les blessures sont plus graves que celles des militaires
recueillis dans les autres établissements il y a plus de
fractures.
Comme hier, le général a eu pour tous des paroles
affectueuses et encourageantes; comme -hier aussi, il a
rencontré sur son cliciéin des manifestations flatteuses et
toutes personnelles. Constitutionnel
Faits divers.
Une statue de bronze du roi Gustave-Adolphe, sortant
d'un atelier de Munich, avait été embarquée sur un bâti
ment qui devait la transporter en Suède. Ce bâtiment,
jeté par une tempête sur la côte de l'île d'HelgoIand, a
péri, et l'on n'a pas retrouvé la statue de Gustave-Adolphe.
On attend au port d'Anvers le steamer Queen, qui va
commencer un nouveau service régulier entre Londres et
Anvers.
DE L'ASSAINISSEMENT DES TERRAINS
HUMIDES.
(suite.)
Les conduits des drains peuvent être construits de
tuyaux simplement placés bout bout; c'est ainsi qu'on
les emploie dans la plupart des terrains argileux et dans
tous les sols fermes et résistants. Quand la terre du fond
des saignées est molle, sujette èlre détrempée et en
traînée par l'eau, 011 réunit les tuyaux successifs par un
court manchon en terre cuite, dont l'ouverture excède
0m 005 0m 006 le diamètre extérieur des tuyaux. Les
manchons sont d'une grande utilité; non-seulement ils
donnent de la solidité aux conduits et soutiennent les
tuyaux en dessous desquels l'eau produit des érosions,
mais ils font encore obstacle l'entrée des matières ter
reuses dans les conduits, sans diminuer en rien l'accès
de l'eau.
Il est des circonstances où, des conduits formés comme
nous venons de le dire, n'offrent pas de garanties suffi
santes de durée; ce sont celles où l'on rencontre un
terrain sans consistance, tel que le sable mouvant. On a
alors recours un moyen salutaire, mais aussi beaucoup
plus dispendieux que le précédent il consiste enve
lopper entièrement les tuyaux des conduits dans d'autres
tuyaux un peu plus larges, en ayant soin d'alterner les
joints. Un tel système de conduits est l'abri de toute
déformation, et il est le moins sujet s'obstruer dans le
cas où les eaux entraînent avec elles du sable très-fin;
toutefois il ne faut y recourir que dans les circonstances
extrêmes.
On forme les conduits des drains principaux de là
même manière que ceux des drains de dessèchement, en
faisant usage d'un seul tuyau d'un diamètre assez consi
dérable, ou en plaçant côté des uns des autres deux ou
plusieurs tuyaux des moindres dimensions. Quelquefois
on remplace les deux tuyau* par deux tuiles.
Il existe divers moyens de relier les drains de dessè
chement avec les drains principaux. Lorsque l'on emploie
exclusivement des tuyaux, on l'ait en sorte qu'il se trouve
dans le conduit principal, vis-à-vis de chaque drain de
dessèchement, un joint auquel on donne uno largeur
égale, au diamètre intérieur du tuyau qui amène les eaux
au drain principal. On recouvre les tuyaux au point de
jonction avec des débris de poterie ou de pierres, afin
d'empêcher que la terre ne puisse descendre dans le
conduit.
La décharge ou la bouche des drains principaux est
quelquefois construite de bois et garnie d'un gril de fer
qui empêche les petits animaux de s'introduire dans les
conduits, qu'ils pourraient ensuite obstruer de leurs
cadavres. Cette précaution doit être prise partout où un-
drain débouche l'air libre, quand même la décharge
ne serait point disposée" d'une façon particulière. Le
moyen le plus simple de fermer l'entrée des drains aux
oiseaux, aux taupes, aux rats, etc., consiste introduire
entre les deux derniers tuyaux une tige de fer recourbée
que l'on implante dans le sol.
5° pente et dimensions des conduits.
La pente du conduit des drains doit être fuite aussi
forte que les circonstances le permettent, et, dans tous
les cas, il faut qu'elle soit suffisante pour vaincre les
résistances qui s'opposent au mouvement de l'eau, et
pour permettre celle-ci de couler dans les tuyaux avec
une certaine rapidité. Il ne serait pas prudent de donner
aux conduits une inclinaison moindre que 0,n 002, c'est-
à-dire 2 millimètres par mètre de longueur.
Il est presque toujours aise d'obtenir pour les drains
de dessèchement une pente beaucoup plus forte queectte
dernière, parce qu'ils sont dirigés suivant la déclivité du
terrain. Lorsque la pente du sol est assez considérable,
le fond des drains de dessèchement est établi parallèle
ment la surface et en suit les ondulations.
Lorsque le terrain est très-plat et que la disposition
ne permet pas d'obtenir pour les conduits une inclinaison
suffisante, 011 crée une pente artificielle en augmentant
graduellement la profondeur des saignées vers le bas,
jusqu'aux poiuts où elles débouchent dans les drains
principaux.
Quant ces derniers, on leur procure une pente con
venable dans les terraips peu inclinés, en les plaçant
dans une direction oblique sur celle des drains de des
sèchement, ou en les approfondissant de plus en plus
mesure que l'on avance vers la décharge. Dans quelques
circonstances, on est obligé de prolonger les drains prin
cipaux des distances considérables pour pouvoir se
débarrasser des eaux.
(La suite au prochain .V*.)
État-civii, d'Tprks, du 7 Décembre au 13 inclus.
Naissances sexe masculin, 7 idem féminin, 6
total, 13. Un mort-né du sexe féminin.
Mariages Sieuw, Ivon, âgé de 25 ans, journalier, et
De Wilde, Julienne-Natalie, âgée de 30 ans, journalière.
Décès Merteman, Emércnce-Clémence, âgée de 25
ans, dentellière, célibataire, rue des Trèfles. Billiet,
Jcannctte-Constance-Jacqueline, âgée de 86 ans, jour
nalière, veuve deJosse Bacyen, rue de Lille. Lccompte
Anne-Thérèse, âgée de 80 ans, dentellière, célibataire,
rue de Lille. Hennion, Louis-Modeste, âgé de 21 ans,
étudiant en médecine, célibataire, rue de Mcnin. De-
lessue, Françoise-Judith, âgée de 78 ans, dentellière,
veuve de Joseph Slagmuldcr, rue de l'Hôpital-S'-Jean.
Verbrugghe, Barbe, âgée de 70 ans, journalière,
veuve de François Samyn, rue de Menin. Bonneel,
Léopold-Louis, âgé de 20 ans, sans profession, céliba
taire, rue de Tourhout.
Enfants au-dessous de sept ans sexe masculin, 5
idem féminin, 3 total, 8.
M ineur, d'ïpiies du 13 Décembre 1851.
Les prix du froment ont baissé de fr. 1-40 l'hectolitre.
452 hectolitres se sont vendus de fr. 18-40 20-80; en
moyenne fr. 19-60 l'hectolitre.
11 y a eu 10 centimes de hausse sur les prix du seigle.
53 hectolitres se sont vendus de fr. 13-20 14; en
moyenne fr. 13-60 l'hectolitre.
Les prix de l'avoine sont descendus de 51 centimes
l'hectolitre. 20 hectolitres se sont vendus de fr. 7-50
8-50; en moyenne 8 fr. l'hectolitre.
II y a eu baisse de 40 centimes stir.lcs prix des fèves.
70 hectolitres se sont écoulés raison de 13 fr. l'hecto
litre en moyenne.
Les prix des pommes de terre sont montés de 23 cen
times par 100 kilogrammes. 1,400 kilogrammes.ont été
vendus raison de fr. 8-25 les 100 kilogrammes.