JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
S-1,945. 19* Année-
Jeudi, 7 Avril 1853.
Vires acquint eundo.
Chronique locale.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé a 1 éditeur, Marche au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpbes, 0 Avril
y. J
Toute la science de la presse catholique con
siste encaisser aux journaux libéraux, ses
vices, ses méchancetés, ses infamies. Son suc
cès dépend du plus ou moins d'habileté avec
laquelle elle se livre ces exercices de la haute
école des Baziles. Malheureusement pour elle
ces cabrioles n'excitent plus d'intérêt et le pu
blic lui crie plus que jamais connubeau
masque
Aussivoyez comme les plumes de la clique
cléricale se plaignent amèrement qu'on leur
applique les noms de Tartufe et de Bazile. Leur
pudeur se trouve effarouchée d'être dépeints
sous les traits de ces vilains personnages. Quel
quefois même succombant sous le poids de ce
stigmate, les grattepapier-congréganistes ren
voient ces qualifications aux journaux libéraux,
d'essayer si ces termes, d'une puissance
magique leur égard et qui leur font rentrer
sous terre, exerce le même pouvoir sur d'au
tres. Hélas! non, l'opinion publique applaudit
aux noms de Tartufe et de Bazile infliges aux
faiseurs de la gent cléricale, et rit de cette
qualification appliquée aux publicisles libé
raux. La conscience publique se révolte même
de l'effronterie de ces avocats cléricaux qui
bravent le dégoût qu'ils inspirent, en injuriant
et en calomniant tout ce qui porte ombrage
la coterie cléricale.
Ces réflexions nous viennent l'occasion d'un
article du journal épiscopal intitulé Inconsé
quence du Progrès. On pourrait croire que la
feuille cléricale a fait la découverte d'une con
tradiction qui aurait pu nous échàpper. Hélas
non, c'est une longue et fastidieuse diatribe
contre le libéralisme et un cbaal de louange
pour le dévouaientl'honnêtetéla franchise
et la vertu de la rédaction anonyme du Propa
gateur.
âi un journal est inconséquent et illogique,
c'est certes ce dernier; car s'il est influent,
comment se fait-il que ses candidats sont tou
jours battus aux élections, moins que les
phalanges cléricales de la campagne ne don
nent? S'il est si goûté, comment se fait-il que
ses abonnés le soient pour la plupart d'office et
que le tronc des pauvres doit le soutenir S'il
est si vertueux, comment se fail-il que l'injure
déborde dans ses colonnes et qu'il vive de ca
lomnie
Ah rien de malhonnête ne vous approche,
et vous vous cachez, vous travaillez dans l'om
bre et le mystère vous entoure. Mais l'honnête
homme qui défend, la plume la main, un
principe, une opinion par des moyens avoua
bles ne doit pas se cacher, et nous maintenons
que le journal clérical est une sentine où vont
aboutir toutes les lâchetés anonymes, toutes les
infamies dont aucun honnête homme ne veut
prendre la responsabilité.
Quand nous avons accusé le clergé de coo
pérer la rédaction du journal des Baziles
a-t-on oublié que, dans un article de cette feuil
le, un aveu involontaire, mais direct, a été fait
et que nous avons relevé. Vainement on a
voulu l'atténuer, mais l'évidence n'a pas permis
de convaincre l'opinion publique du contraire.
Enfin le Tartufe accuse le libéralisme de
puiser toutes les bourses et de prélever de
Targent sur toutes les classes. Jamais un jour
nal clérical ne devrait s'aviser de lancer de
telles accusations l'égard d'un parti quelcon
que, car, qui plus que le clergé puise toutes
les bourses et prélève sur toutes les classes? Le
Casuel n'est-ce pas un impôt progressif perçu
sur toutes les classes, les donations manuelles
ne se sollicitent-elles pas d'une façon souvent
impérieuse, et qui, plus que le clergé, extor
que des testaments aux dépens des familles,
aussi bien des pauvres que des riches; et c'est
cependant au nom du cléricalisme spoliateur
que les vertueuses plumes du Propagateur
injurient le libéralisme!
Depuis que les Tartufes du journal clérical
se sentent battus, ils essayent d'échapper parla
tangente. Comme ils n'ont rien prouvé, et
d'ailleurs, c'est leur habitude, il font leur con-
fiteor, et après avoir vainement tenté de semer
la discorde et la désunion parmi nos conci
toyens, ils accusent le Progrès d'avoir l'humeur
querelleuse, vu leur insuccès, et cette fourberie
n'est pas neuve, car il y a longtemps qu'un
Bazile a dit
Cet animal est bien méchant,
Quand on l'attaque^ if se défend.
Nous apprenons qu'à Comines le clergé
s'épuise en efforts pour organiser un pélilion-
nement en faveur de la réforme électorale. M.
Daneel, vicaire, en cette commune, colporte la
pétition de porte en porte et il ne néglige au
cun moyen pour recueillir des signatures; là,
comme partout ailleurs, les démarches clérica
les trouvent de l'appui chez les moins éclairés,
chez ceux, en un mot, qui ne sont pas même
d'apprécier la portée de la mesure qu'ils récla
ment. Ces faits nous prouvent une chose c'est
que nulle part le pélitionnement n'est spontané,
car nulle part il n'obtient l'appui des personnes
les mieux même d'apprécier les intérêts i
moraux et matériels de leur localité. C'est une
croisade organisée en haut lieu etqui ne trouve,
pour exécuteurs, que les membres du bas-
clergé, qui se dévouent pour plaire leurs
évêques.
Et l'on appelle cela Vexpression spontanée et
unanime des vœux de la population.
Ce n'est pas au chef-lieu seulement que l'on
se prépare fêter dignement la majorité poli
tique de notre Prince héréditaire, dans presque
toutes les communes rurales l'on veut s'associer
cet élan généralqui prouve combien sont
développés, chez nos populations, le sentiment
de la nationalité et l'attachement nos institu
tions constitutionnelles. A Rousbrugge, Wa-
tou, Becelaere, Messines, partout, enfin,des
fêles sont organisées et, disons-le en l'honneur
des populations, nulle part les pauvres ne seront
oubliés.
TILLE D'TPRES. Conseil communal.
Séance publique du Lundi4 Avril 1855.
Présents MM. le Baron Vanderstichele de
Maubus, bourgmestre, président; Alph.Yanden
Peereboom, Iweins-Fonleyne, échevins; Théo
dore Vanden BogaerdePierre Beke Charles
Vande Brouke, Boedt-Lucien, Legraverand
Martin Smaelen, Édouard Cardinael, Auguste
De Gbelcke, Ernest Mergbelynck, Pierre Boedt,
avocat, Charles Becuwe, conseillers.
Les procès-verbaux des séances des 7 et 22
Mars sont lus et approuvés.
M. le président communique l'assemblée
les lettres par lesquelles M. le colonel Ablay,
commandant l'école d'équitation, et M. le pré
sident de la Société de la Concorde, invitent
les membres du Conseil assister aux fêtes
données par l'école et la société sus-indiquées,
l'occasion de la majorité politique de l'héri
tier présomptif de la couronne.
Il est donné lecture du compte de la chambre
de commerce pour l'exercice 1852. Ce compte
s'élève en recettes fr. 1,591-73, et en dépen
ses fr. 933-34. Pris pour information.
Dans la dernière séance, M. le conseiller
Mergbelynck, vu la situation financière peu
prospère de la ville avait proposé de ne faire,
I occasion de la majorité du Duc de Brabant,
d autre dépense que celle résulter d'une dis
tribution de comestibles aux indigents. Cette
proposition fut admise par le Conseil et hau
tement approuvée par l'opinion publique, et
l'assemblée décida qu'une somme de 5 600
fr. serait cette fin mise la disposition du
Bureau'de bienfaisance. Par lettre, dont il est
donne lecture, cette administration fait con
naître que, vu le renchérissement du prix de la
viande, la somme indiquée est insuffisante, et
demande que le crédit soit porté 900 fr. L*
Conseil vole la somme pétitionnée et décide
qu elle sera imputée sur le crédit ordinaire pour
fêtes et réjouissances publiques. Il résulte des
explications données que tous les pauvres inscrits
sur les listes du Bureau de bienfaisance rece
vront, le 9 Avril, un pain et un '/s kilo de
viande par tête, et pareille ration pour deux
eofants. La viande sera payée par la ville, le
pain par le Bureau de bienfaisance. De leur
côté, jes Hospices feront, le même jour et leurs
frais, une distribution de comestibles pour une
somme de 8 900 fr. En outre, l'occasion de
la fête, il sera servi un repas extra aux vieillards
et aux enfants de l'un et l'autre sexeentrete
nus dans les établissements dirigés par cette
administration. Les frais de cette distribution
s'élèveront en totalité 2,300 fr. environ, et
seront supportés par la ville, les Hospices et le
Bureau de bienfaisance.
Le Conseil autorise ensuite le collège faire
quelques dépenses l'occasion de la sérénade
aux flambeaux, de l'illumination de la Halle
qui aura lieu le 9, ainsi que du tir la cible
fixé au 17 courant. Le collège priera les habi
tants de vouloir bien, le 9, illuminer les façades
de leurs maisons, de 8 11 heures du soir.
Le Conseil décide qu'une adresse de félicita—
tion sera présentée au Roi, l'occasion de la
majorité de l'héritier du trône, et le Conseil,
représentant la commune d'Ypres, exposera,
S. M., la situation déplorable faite, notre pa
triotique cité, par le retrait subit de la garnison,
comme autrefois les états et les communes
flamandes exposaient aux souverains, lors des
grands événements poétiques leurs doléances
et leurs besoins. Il est donné lecture d'un pro
jet d'adresse rédigé dans ce sens ce projet est
adopté.