S* 1.2.XO. 12" Année. 'tanche, 21 jfvrtl 1833. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMEiYT. Vires acquint eundo. L'INFANTE. Chronique locale. M» ii il ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, a francs 50 c. Provinces, 4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne la centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Tpbes, 23 Avril. Souvent nous avons fait remarquer la diver- V site des moyens mis en œuvre par le parti clérical pour arriver satisfaire ses appétits de domination et son immoralité quant au choix de ces moyens. C'est ainsi que, dans les pays où il se trouve en minorité, il revendique, au nom de la dignité humaine, la liberté, et dans les contrées où il se trouve en majorité, il confisque la liberté des autres, en abuse pour son avantage particulier. Dans les étals despo tiques il se réjouit de l'esclavage général et fait l'office de police politique au profit des gouver- ïeuts absolutistes. Sous le régime constilu- souffle le froid et le chaud sème la i, abuse de la liberté pour inquiéter les ç.ea et soulever le fanatisme religieux. se met en lutte ouverte avec les rou- *rr d ^evni'^Snts libres, quand il ne peut les dominer. Ce CVM vient d'arriver en Hollande, est une noa,e^,v preuve des allures provocatrices de 1 u it ram o 11 Lan i s m ecar le parli clérical, dans toutes les Contrées de l'Europe, reçoit ses inspi rations,et le mot d'ordre d'un centre commun, de Rome, en un mot, où réside la tête de ce parti remuant, actif, agissant dans lombre mais sans relâche, pour forger des chaînes et effacer la société moderne. '.e Journal de Bruxelles et ses acolytes se plaignent de l'intolérance des réformés qui combattent et protestent contre le rétablisse ment de la hiérarchie catholique romaine, mais le parti clérical et ses organes sont-ils bien fondés se plaindre, et là où ils sont les maîtres laissent-ils libre l exercice d'un culte autre que le culte catholique? A Rome connaît-on la liberté des cultes, et le pape Grégoire XVI ne l'a—t-ii pas qualifié de liberté détestable f Comment! les feuilles cléricales osent réclamer dans des pays où la majorité est protestante, ce qu'elle srefusent opiniâtrement dans les contrées catholiques aux dissidents? Ce sont des inconséquences auxquelles la presse soi-disant religieuse nousa accoutumés. Avecune impudence et une effron terie sans égale, elle revendique comme un droit ce qu'elle dénie, là où le parli clérical règne sans partage. Les feuilles catholiques Belges s'étonnent de l'agitation qui s'est propagée en Hollande, depuis que la population protestante a eu connaissance de l'allocution papale dans le dernier consistoire. Le rétablissement de la hiérarchie catholique était annoncé dans des termes qui devaient froisser les consciences protestantes et semer l'inquiétude dans le pays. Nous qui admettons pleinement la liberté des cultes, non comme les cléricaux Belges, mais dans toute son étendue, nous croyons que ce n'est pas de la réorganisa tion de église catholique que procède cette agitation, mais bien des craintes qu'inspirent les entreprises ullramontainesetces tentatives abso lutistes dont la hiérarchie épiscopale semble être l'âme, et dont les membres du bas clergé, beaucoup sans le savoir, sont les agents. Con statons un fait qui n'est que trop évident, c'est que partout, ce qu'on est convenu d'appeler le parti clérical ou ullramonlain. ou catholique, est en lutte ouverte ou patente contre les gouvernements qui ne veulent pas admettre son omnipotence. Ses adhérents sont des anar chistes d un autre genre que les socialistes et les communistes, mais ce n'en sont pas moins des anarchistes malfaisants, qui veulent, comme les autres, niveler et abrutir les nations. III. (suite.) Une morné et fastueuse étiquette gouvernait la cour de Philippe II;' la reine dona Anne d'Autriche n'avait jamais fait un pas qui ne fu t réglé par cette puissance occulte; Badajoz, connue Madrid, elle ne sortait qu'en litière et suivie de ses dames pour visiter les couvens et faire des neuvaincs dans les églises. Quand elle mettait pied terre, elle ne pouvait marcher que sous un dais, et il n'y avait que deux hommes au monde, le roi et son confes seur, qu'elle pût entretenir sans témoins. Pourtant l'éti quette lui commandait envers ses inférieurs, c'est-à-dire envers toutes les personnes de la cour indistinctement, une familiarité dont on ne voyait l'exemple dans nul autre pays; elle devait tutoyer tout le monde, excepté les grands dignitaires de l'Église et les ambassadeurs. Ses dames la servaient un genou en terre, quelle que fût leur naissance; la vérité, les grandes d'Espagne avaient, en se relevant, le droit de s'asseoir devant elle. Mais elle se mourait au milieu de sa grandeur, rongée par l'ennui, et peut-être par une de ces douleurs secrètes qui ne finissent qu'au tombeau. Elle avait emporté de l'Alle magne, sa patrie, un souvenir que n'effaça jamais l'or- Nous voulons faire ressortir la différence entre les allures du Propagateuren 1846, quand le ministère de Theux-Malou nous a enlevé notre garnison de cavalerie, et sa tac tique actuelle. Alors le pieux journal approuvait fort cette mesure et prétendait que c elait unejuste puni tion infligée la ville d Ypres pour son libéra lisme; il baltaitdes deux mains au tort qui était fait la bourgeoisie, il sautait de joie l'idée que nos concitoyens allaient éprouver un dommage. Il ne se sentait pas d'aise de voir augmenter, par le retrait d'une partie delà garnison, la détresse occasionnée par la crise alimentaire. Aujourd'huipar une injustice tout aussi flagrante, la garnison toute minime qu'elle était, a été envoyée Osteiide et Nieuport. La feuille cléricale jette maintenant les hauts cris, pousse des clameurs, excite l'esprit public et ne met nulle mesure dans l'expression de son profond chagrin. Comment se fait—il que gueil du rang où elle était montée, et souvent la reine d'Espagne pleura devant Dieu le temps où elle avait espéré devenir duchesse de Gratz. Philippe II ne régla pas le rang que dona Luisa tien drait la cour; elle fut simplement présentée la reine; mais hormis le titre d'altesse qu'on ne lui donna point, elle eut les mêmes prérogatives et les mêmes honneurs que les infantes. Elle entendait la messe dans la tribune de la reine, elle pouvait entrer chez le roi sans avoir été mandée, et partout elle avait le pas sur le camarera- mayor; comme les infantes, elle était nuit et jour envi ronnée et gardée vue par les dames attachées sa per sonne. Elle se trouva ainsi plus sépare'e du reste du monde que si les grilles d'un couvent se fussent fermées sur elle, et elle demeura livrée au tourment d'une incer titude que rien ne venait éclairer. Elle essaya vainement de savoir quel succès avait eu l'expédition du capitaine Rodriguez, et quel était le sort d'Isabelle. 'Ceux qu'elle interrogea feignaient de l'ignorer ou l'ignoraient réelle ment. Enfin elle osa s'adresser directement au roi, qui lui répondit avec distraction, et eoinnie s'il eût oublié ce qui s'était passé Les rebelles sont dispersés il y a maintenant une garnison espagnole dans l'Alalaya; la duchesse d'Avero Hoit être en sûreté dans quelque couvent où l'aura con- ce qui était bon en 1846, soit devenu intolé rable en 1853? Voilà ce que les saltimbanques de la presse cléricale devraient nous expliquer. A celte occasion nous devons rectifier quel ques erreurs matérielles commises par le Bazile, comme toujours supérieurement bien informé. Il dit que la démolition de la forteresse a été arrêtée par la grande commission nommée par M. Rogier. Or il est prouvé, par des pièces au thentiques. qu'en 1843, M. le capitaine du génie Kerens a fait, sur l'ordre du ministre de la guerre, M. le général Dupont, un travail con cernant la démolition des fortifications de la place d Ypres. Le Progrès qui avait eu vent de ce qui se préparait, avait appelé l'attention du public sur la démolition de certaines forteresses et des renseignements ont été demandés M. le ministre par M. le sénateur Malou-Vergau- wen. A cette époque, le haut fonctionnaire a nié le fait, mais cependant il n'était que trop réel. On peut voir par ces révélations, que le parti piis de démanteler la ville d'Ypres date, non du ministère libéral, mais du cabinet clé rical dirigé par M. Nothomb. Du reste, le Journal des Baziles, pour lequel le retrait de la garnison et les dix centimes additionnels ne sont qu'un prétexte d'opposi tion, maintenant qu'une demi-mesure répara trice nous a été accordée par M. le ministre de la guerre, ne veut pas admettre que ce soit aux représentations énergiques de l'administration communale, du gouverneur et de M. Alphonse Vanden Peereboom, notre représentant, que nous avons obtenu cette chétive compensation. S'il avait pu mêler un représentant clérical l'a doption d'un emesure bienveillante notre ville et notre arrondissement, ou aurait vu alors la feuille cléricale faire la roue. Mais hélas! de la part de ceux-là, nous ue devons nous attendre qu'à des avanies ruineuses ou des niches mé chantes, car ces farceurs sont la Chambre pour se remplir les poches et se moquer de leurs commettants par-dessus le marché. BaZILE EST EXASPÉRÉ; il prétend que c'est notre mauvaise foi qui le met dans celte position anormale. Mais c'est une erreur de son imagination détraquée. Bazilé est devenu rou de colère, de haine, de fanatisme et (l'a plus le juge- duite le capitaine Rodriguez. Le vieux reitre est capable de la mettre rançon comme quelques cavaliers tombés entre ses mains pendant cette guerre. On ne s'occupait point chez la reine des affaires de l'État; le roi souffrait peine qu'on y parlât des événe ments qui se passaient en Portugal, et qu'on s'y réjouit de ses victoires; le temps s'écoulait dans l'ennui d'une vie indolente, murée comme celle du cloître, et qui n'avait d'autre distraction que les pratiques d'une dévo tion minutieuse. Ces sombres habitudes allaient la situation de dona Luisa; elle garda l'attitude fière et résignée qui convenait son malheur. La reine éprouvait un intérêt plein de pitié pour celte jeune fille, comme elle étrangère et isolée au milieu de sa cour; elle la trai tait avec une familiarité affectueuse que permettait l'étiquette, et dont elle n'usait pas toujours vis-à-vis des infantes filles de Philippe II. Le roi parlait rarement dona Luisa; mais son regard terne et perçant ne la quittait paset toujours son fau teuil dossier couronné touchait le coussin où elle était assise. Il observait avec un intérêt jaloux sa tristesse, l'abaltemcnl contre lequel elle luttait, et l'émotion dou loureuse qu'elle tâchait de dissimuler chaque fois que quelque nouvelle des événements qui se passaient hors de la cour parvenait jusqu'à elle.

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Le Progrès (1841-1914) | 1853 | | pagina 1