JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
S' 1,351. 13* Année.
Jeudi, 38 Avril 1853.
Vires acquint eundo.
L'INFANTE.
Chronique locale.
ABONNEMENTS: Yprcs (franco), par trimestre, 5 francs 50c. PnoviNCES,4franes.
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Li Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adresse l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Vphes, 27 Avril.
En disant dans notre dernier n°, que partout
le parti clérical ou ullramontain ou catholique
se trouvait en guerre ouverte ou laleute avec la
plupart des gouvernements de l'Europe, nous
ne pouvions compter que les faits eussent sitôt
démontré la véracité de nos allégations. Nous
Rajoutions que les cléricaux étaient des anarchis
tes d'un autre genre que des socialistes et les
communistes, mais tout aussi dangereux, et
des événements récents qui viennent d éclater
en Suisse, prouvent que les prétendus conser-
rs, les défenseurs de la morale et de la
sont de pieux révolutionnaires, qui pro-
e. du fusil et l'argument du sabre
ens de civilisation.
'n'a pas encore oublié les démêlés entre
les jcaôiles cantonnés Fribourg et le pouvoir
fédéral de là Suisse. Une ligue avait été conclue
entre sept cantons helvétiques qui, sous l'inspi
ration de la Société des jésuites, ne voulaient
pas se soumettre l'autorité fédérale. Ce Son-
derbund avait été brisé par la force, et depuis
le canton de Fn bourg avait été doté d'un ré
gime libéralau grand regret de tous les pré
tendus conservateurs, qui ont essayé de tous
les moyens légaux pour le renverser.
Afin de mettre un terme ce que les béats
catholiques appellent un régime lyrannique,
on a tenu des conventions, des assemblées du
peuple et autres parades la disposition du
clergé, qui met en mouvement le fanatisme
populaire, quand il lui plait. Jusque-là, tout
était bien et permis par la constitution mais
comme cette lactique n'a pu réussir abattre
le pouvoir cantonnai, ce qui était moins bien aussi grande quantité,
et surtout peu légal pour des défenseurs quandmenls procèdent de la
même de la religion et de la morale, il a été fait
appel l'insurrection armée et une bande de
quatre cinq cents insurgés, sous les ordres du
colonel Péri ier, a fait irruption dans la ville de
Fribourg et a occupé le collège des Jésuites et
les portes avoisiuanles. Mais la garde nationale
a pris les armes et a cerné celte bande dans le
bâtiment qu'elle occupait. Un combat meurtrier
a eu lieu, qui a été fatal aux insurgés cléricaux.
Canardun des chefs qui avait déjà été la
tête d'une entreprise semblable et gracié, a été
tué et le colonel Perrier grièvement blessé.
En présence de ces faits, les conservateurs
ne sont-ils pas bien venus de crier au révolu
tionnaire, l'anarchiste. Dans un pays qui
jouissait de la tranquillité, ce sont les cléricaux,
les suppôts du jésuitisme qui ont fait un appel
aux armes et tenté d'accomplir une révolution
leur profil, coups de fusil, parce que l'au
torité n'était pas remise entre leurs mains et
qu'ils ne pouvaient disposer en despotes de la
vie et de la fortune de leurs concitoyens.
Cependant la presse cléricale dans tous les
pays, poussant l'impudence jusqu'à ses plus
extrêmes limites, affectant un air béat, prône
ses adhérents comme les honnêtes yens par ex
cellence, comme des homme* d une moralité
l'abri de tout reproche. A l'entendre, le parti
clérical est un composé de petits saints toulcon-
fits de morale et de vertu, n'ayant que le bien
terrestre de tous en vue, ainsi que leur salut en
l'autre monde. Et quand on pense qu'il y a des
gens qui ont la bonté d'être dupes de toute
celle fantasmagorie cléricale et qui soutiennent
ce parti cumulant l'immoralité de Bazile avec
l'effronterie béate de Jocrisse élevées la dixième
puissance
Comme les socialistes de Juin en 1848, le
parti conservateur a recouru l'insurrection
pour maîtriser un pouvoir qui ne voulait pas
se laisser absorber par lui. Nous ne voyons
aucune différence entre l'assaut des ateliers
nationaux de Paris et l'entreprise des paysans
fanatisés de Fribourg organisée sous les auspices
des prétendus conservateurs. Les proportions
□e sont pas les mêmes, les conséquences n'en sont
pas aussi graves, le sang versé n'a pas coulé en
mais ces deux mouve-
'a néga-
beke, elle est revenue en ville et l'après-midi
elle a continué inspecter les travaux l'en
droit où sera établie la station d'Ypres, et
vérifié le tracé jusqu'à Poperinghe.
---s* rj—
Aujourd'hui, Mercredi, est arrivé Ypres,
M. Noël, directeur-général de l'administration
des ponts et chaussées et des mines. Ce haut
fonctionnaire vient examiner, sur les lieux, les
travaux des chemins de fer de la Flandre occi
dentale, ainsi que les ouvrages exécuter pour
le raccordement de la station la ville.
III.
(suite.)
Dona Luisâ frémit elle s'apercevait d'un prompt et
affreux changement dans cette physionomie ordinaire
ment souffrante, mais calme; il semblait que le souffle de
la mort l'eût déjà touchée.
Depuis hier mon âme est frappée de terreur, re
prit la reine avec effort; le roi, l'ai-je bien compris, mon
Dieu je tremble devant lui, je n'ose l'interroger... Je
sens la vie près de me manquer, quand son regard
tombe sur moi... Éeoute, Luisa, il faut l'aller trouver
sur l'heure, et tu sauras... il te dira si véritablement
Dieu a manifesté sa volonté.
Sainte Vierge Notre-Dame je ferai tout pour com
plaire votre majesté; mais comment entrer ainsi, sans
être mandée, dans le cabinet
T<1 le peux, 1 .infantes eri ont le droit et tu as ici
touteé les prérogatnesde leur rang; ainsi l'a voulu le roi.
Va, te dis-jc, et ne crains rien: le temps presse.
Dona Luisa traversa avec une sorte de frayeur le long
corridor qui séparait la chambre de la reine du cabinet.
En la voyant paraître, le roi fit un geste d'étonnement,
et un sourire éclaira sa physionomie.
mente origine,
lion du droit et le culte de la force brutale.
Or, no» cléricaux ne rêvent que l'absolutisme
sous quelque forme qu'il se présente, pourvu
toutefois que celui-ci ait la précaution de leur
jeter un os ronger.
Lundila direction anglaise du chemin de
fer de la Flandre occidentale est arrivée en celle
ville elle s'est rendue sur les travaux au Mou
lin-brûlé. Après avoir été jusque près d'Holle-
Dona Luisa dit-il, c'est vous cette heure
Oui. sire, répondit-elle avec plus de crainte qu'elle
n'en éprouva la première fois qu'elle était entrée dans ce
lieu défendu; je n'ai dû venir que pour un grave motif.
Bien; et qu'avez-vous nous demander Parlez
sans crainte.
Sire, c'est de la part de la reine que je viens.
Quelques paroles de votre majesté l'ont frappée de ter
reur... Il faut la rassurer...
J'ai ordonné des prières pour elle, dit froidement
le roi; aujourd'hui on a commencé une neuvainc dans
toutes les églises d'Espagne, atin que Dieu la reçoive
dans la grâce s'il lui plait de la rappeler.
Sire, est-elle donc si mal qu'il ne faille plus songer
qu'au salut de son âine Voyez cependant la sécurité de
tout ce qui l'environne; il semble qu'on ignore son dan
ger; tout se passe comme l'ordinaire aujourd'hui
même elle s'est levée pour entendre la messe. Non, sire,
elle n'est pas si près do la mort, mais un mot de votre
majesté l'a jetée dans d'étranges frayeurs; elle croit que
Dieu la rappelle et qu'il a manifesté sa volonté par un
miracle; elle croit que la cloche de Bclilla a sonné pour
aunoncer sa fin prochaine.
Il est vrai, dit le roi en se signant, ce prodige a eu
lieu le jour de l'Assomption de la très-sainte Vierge.
On dirait voiries allures du journal clérical,
que la rédaction de la Commune d'Ypres d'au
trefois a fait irruption dans le bureau du Pro
pagateur. Nous trouvons dans les mensonges,
les injures et les calomnies éditées par la feuille
de lepiscopat, un certain degré de parenté avec
la polémique d'autrefois du Jouinal du commerce
et de l'industrie et qui a obtenu un succès
d'estimede la part du clergé.
rg e«î»q
Nous avons parlé, dans notre plernier n°, de
la destitution déguisée dont vient d'être vic
time M. Scherpereelcuré de S,a Walburge,
Furnes; aujourd'hui, nous publions l'humble
adresse que les ouailles de ce bien-aimé pasteur
viennent d'envoyer au chef du diocèse. Toute
fois nous avons un vœu émettre, c'est que les
paroissiens de St0 Walburge s'ils aiment réel
lement leur ancien curé, mettent une sourdine
leurs doléances, car leur vénérable pasteur
pourrait bien expier, par des persécutions,
I estime et l'affection que professent trop hau
tement pour luj ses bien-aimés paroissiens.
Voici cette pièce qui a été adressée M.
l'évêque de Bruges
A ta grandeur Monseigneur Vèoigue de Bruges.
Monseigneur,
Les paroissiens de St0 Walburge et tous les autres
habitanis de la ville de Furucs viennent déposer respec
tueusement, aux pieds de votre grandeur, l'expression de
la plus profonde tristesse, de la plus vive douleur, des
regrets unanimes que vient de causer, parmi vos fidèles,
la nouvelle du déplacement de leur vénérable et bien-
aimé curé, Monsieur Scherpereel.
11 y a près de 5 ans, une douleur pareille affligeait
l'église de S" Walburge; son digne curé, M. Rul, dont la
mémoire sera toujours vénérée, avait été depuis longues
années entouré de l'amour et du respect de ses ouailles,
ha mort nous l'a malheureusement ravi cl sa perte a été
Dona Luisa avait été élevée par les religieuses de Santa-
Clara dans la dévotion superstitieuse de cette époque. Sa
foi était simple et profonde; elle croyait fermement aux
miracles; pourtant elle osa manifester qû'elque doute sur
ceux de la cloche de Bclilla.
La religion de votre majesté peut avoir été trompée,
dit-elle; qui a entendu cette cloche miraculeuse? qui
peut dire avec certitude que Dieu lui a donné le don do
prophétie
Elle le doit son origine, répondit gravement le
roï; elle a été fondue avec les trente deniers pour lesquels
le traître Judas vendit notre Seigneur...
Doua Luisa, consternée, se signa son tour; au milieu
de ses propres peines, elle était profondément touchée du
terrible spectacle qu'elle venait de voir.
Sire, dit-elle avec des larmes, je vais prier près du
lit de la reine...
Elle allait sortir; Philippe II la retint d'un geste la
fois impérieux et bienveillant
Asseyez-vous, dona Luisa, dit-il après un moment
de silence; je "vous accompagnerai tantôt chez la reine.
Comme l'air est lourd Par ce temps d'orage, l'esprit
souffre comme le corps, cl ne peut s'appliquer rien. Je
n'ai pas ouvertlesdépécbesquenousenvoie le due d Albe.
11 repoussa un paquet de lettres encore intact et s'ac-