JOURNAL D'YPUES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
H-1,252. 13" Année.
Dimanche, 1er Aial 1853.
Vires acquint eundo.
L'INFANTE.
Chronique locale.
i
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4francs.
INSERTIONS: Annonces,.la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le PnoGRÈs paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 30 Avril.
La Chambre a continué la discussion sur le
projet de loi portant modification l'institution
de la Garde civique. Divers amendements ont
été adoptés qui auront pour effet de supprimer
de fait la milice citoyenne. A quarante ans,
tout garde civique sera libéré du service et
l'indemnité due par les familles aisées, pour faire
ftiCe aux dépenses du service, est supprimée et
endossée la caisse communale. C'est un pre
mier pas dans la carrière de la démolition en
attendant que le parti réactionnaire se permette
1er plus loin et de bouleverser d'autres lois
gênent pour le moins autant que la
ivique.
haine sourde avec laquelle le parti
iscopat poursuit l'institution de la Garde
civiquedoit faire surgir des arrière-pensées
pour l'avenir. Il n'est pas admissible que ce
parti ait pris si ardemment en grippe la milice
citoyenne, sans avoir un but secret atteindre.
Veut-il soulever une jaquerie entre les habitants
des villes et des campagnes, et dans ce but,
commence-l-il par désarmer la Garde civique,
aBu de faire décimer les premiers par les der
niers On nous dira quel horrible plan vous
prêtez aux conservateurs Hélas, oui, mais il y
a des pays qui ont servi d'exemple cet égard,
et le parti clérical, ce n'est pas d'aujourd hui
qu'on devrait le savoir, est d'avis que la fin
justifie les moyens.
Quoiqu'il en soit, la Garde civique sera égor-
gillée tout doucettement, avec accompagnement
de protestations en faveur de la constitution-
nalilé de l'instilutiou. Les Coomans, les Roden-
bach et autres saltimbanques cléricaux, ont
assourdi la chambre de leurs belles phrases,
afin de la convaincre de leur sympathie pour
la milice citoyenne. Hélas! nous devons l'avouer,
la chambre, sans être dupe de leur sensiblerie
hypocrite, a cependant donné dans un piège, et
si l'horison politique venait s'assombrir de
nouveau, le gouvernement se verrait obligé de
réorganiser sur nouveaux frais la Garde civique.
L'opposition cléricale d'aujourd'hui se garde
rait bien alors de combattre cette mesure, car
elle suerait la peur, et espérerait trouver ainsi
un corps armé, capable de maintenir l'ordre,
III.
(suite.}
Philippe II fit signe la caraarera-mayor de le précé
der, et se tournant vers dona Luisa, il dit d'un air de
résignation indifférente
Allons, et que la volonté de Dieu s'accomplisse
La reine était renversée entre les bras.de ses femmes;
une longue défaillance succédait aux convulsions qui
l'avaient saisie. Philippe II s'assit près du lit et donna ses
'ordres la camarera-mayor. 11 était alors près de minuit.
En un instant la nouvelle du danger où était la reine se
répandit dans le couvent; toutes les dames auxquelles
leurs fonctions donnaient l'entrée de la chambre accou
rurent. Les médecins environnèrent le lit le confesseur
prit la place qu'il ne devait céder personne, pas même
au roi. Un autel fut dressé en face de l'alcôve. On alla
chercher les reliques de toutes les églises de Badajoz, et
les religieuses se levèrent pour commencer les prières de
quarante heures.
La reine sortit enfin de ce long évanouissement qui
ressemblait la mort; mais la vie ne se manifesta chez
elle que par les faibles battements de son cœur et des
plaintes inarticulées. Ses yeux restèrent fermés; son
mais elle n'en veut plus, quand c'est elle qui
médite de faite du désordre, dans l'intérêt de
sa domination.
Il ne nous reste qu'à constater que le parti
clérical la chambre a enterré la Garde civique
et que c'est lui qu'on doit accuser, par ses in
trigues et ses menées, d'avoir inscrit sur sa
tombe, jusqu'à nouvel ordre
R. I. P.
i si il n -5—1
La feuille épiscopale produit le conte d'un père
de famille qui a dû placer son enfant dans un
établissement hors de notre ville, parce qu'il
n'avait aucune confiance dans l'établissement
laïc et qu'il n'osait l'envoyer l'institution
épiscopale. Nous connaissons plusieurs pères de
famille qui préfèrent l'instruction laïque et pour
cause et qui ont été menacés d'être deshérités
par des frères qui sont prêtres, s'ils envoyaient
leurs enfants au collège communal. Menaces,
intrigues, mensonges, on ne se refuse rien, quand
il s'agit de faire du tort l'établissement com
munal. Mais quoiqu'on fasse, quoiqu il puisse
arriver, l'institution laïque restera et prospérera,
au grand dépit du journal des BAZÏLF.S, et de
sa clique, qui dans toutes les jérémiades lais
sent percer, avec la jouissance infernale du tort
fait des concitoyens, un désir effréné de con
quérir Ypres et d'exploiter le monopole de
l'instruction.
Nous engageons le Journal des Baziles
réviser ses calculs qui doi vent démontrer comme
quoi les professeurs et les pensionnaires du col
lège épiscopal donnent un profit la ville de
16,200 fraocs. Cet estimable menteur compte
les profits comme il oxagère les pertes, c'est-à-
dire avec une mauvaise foi tonte cléricale.
m—jgi iji r,i i» r^ar-in
Voici une nouvelle preuve de l'infidélité de
l'administration des postes françaises et de l'ex
istence d'un cabinet noir.
Nous recevons d'un notaire du canton de
Dixmude, copie d'une lettre adressée un grand
propriétaire de France, de la teneur ci-après;
Votre lettre du 26 de ce mois en contenait une
autre h l'adresse de la DameD. Br..., rue du Mail,
en votre ville. N'ayant aucune relation avec cette
dame, j'ignore comment elle s'y est glissée. Ce
qu'il importe cependant de remarquer, c'est que
le cachet armorié en avait été brisé et remplacé
par un timple pain cacheter. Je suppose forte—
ment que votre bureau de postes n'est pas étranger
cette opération et que choses pareilles se renou-
velient bien souvent dans voire bel empire de
France. Or, ces faits, si déplorables, viennent
parfaitement h l'appui des abus tant signalés par
noire presse. Ce qui honore et notre pays et le
gracieux souverain qui le gouverne, c'est que
nous, Belges, fort heureusement nous n'ayons
absolument rien y voir.
Nous devons faire observer l'impudente mau
vaise foi du journal de l'évêque' Malou quand
il s'occupe du collège communal et de l'école
moyenne d'Ypres. Il prétend que cet établis
sement coûte la ville 25 30,000 fr. Avant la
réorganisation c'était le collège de 18,000 fr.
Ces chiffres sont le total des receltes du budget,
mais l'intervention de fa caisse communate ne
monte qu'à une somme de huit mille francs.
Dans les villes, où il n'y a qu'un collège épis
copal, l'intervention de la caisse communate
sollicitée par le clergé, est plus élevée et l'au
torité laïque n'a rien y voir que pour payer.
YILLE D'YPRES. Conseil commcnal.
visage et ses mains conservèrent une pâleur livide. Ce
fut dans cet état qu'elle reçut les derniers secours de la
religion, que l'évéque de Badajoz vint lui administrer au
milieu de la nuit.
Un morne silence régnait dans cette chambre, où se
tenaient debout plus de cent personnes. La lumière des
bougies pâlissait dans l'air ardent qu'aspiraient tant de
poitrines haletantes. Au dehors, l'orage éclatait avec une
horrible furie; le tonnerre grondait, et les éclairs jetaient
incessamment travers les vitraux leurs blêmes lueurs.
C'était un spectacle frappant et terrible que celui de cette
reine expirante, de ces visages consternés qui regardaient
son agonie, de cette pompe lugubre dont on environnait
ses derniers moments. Elle était depuis si longtemps dé
bile et souffrante, que la fin de sa longue maladie frappait
les esprits comme l'événement le plus inattendu. Il sem-
blaità tous qu'elle devait traîner jusqu'au terme ordinaire
cette vie languissante. Le roi était allé s'agenouiller dans
l'oratoire; il priait, assisté de son aumônier, et de la porte
qui s'ouvrait au chevet du lit, de temps ui temps il re
gardait la reine. Au milieu de la nuit, il se retira.
Vers le matin, la mourante se releva tout coup, et
promena autour d'elle un regard encore vivant. Son
confesseur lui présenta le Christ; elle le pressa sur ses
lèvres, et dit d'une voix ferme
Séance publique du Jeudi, 28 Avril 1855.
Présents MM. le Baron Vanderslichele de
Maubusbourgmestre président Alphonse
Vanden Peereboom, Iweins-Fonteyne, échevins;
Pierre Beke, Charles Vande BroukeBoedt-
Lucien Martin Smaelen Edouard Cardinaél
Auguste De Ghelcke, Ernest Merghelynck,
Boedt, avocat, Charles Becuwe, conseillers.
Lecture est donnée, par M. le secrétaire, des
procès-verbaux des séances du 4, 6 et 10 Avril
1853 la rédaction en est approuvée.
M. le secrétaire donne lecture d'une pétition
adressée au conseil, par le sieur Vlamynck, in
stituteur primaire en cette ville. Le pétitionnaire
prie le conseil de lui allouer un subside, en
compensation des perles qu'il a subies, par
suite de l'érection d'une école moyenne. Comme
c'est un établissement de l'état, s'il y a lieu de
lui octroyer un subside de ce chef, ce serait
l'état qu'il devrait s'adresser.
La cloche de Belilla sonneDieu me rappelle
Je veux mourir avec l'habit du tiers-ordre de Saint-
François.
La camarera-mayor se hâta de lui mettre par-dessus
ses dentelles la robe de laine grise, et de lui passer
autour du corps la ceinture de corde, qu'elle avait déjà
portée pour accomplir un vœu. Dès ce moment, elle
parut s'affaiblir rapidement. Sa jeunesse luttait pourtant
contre la mort elle semblait se ranimer, et chaque fois
un anéantissement plus profond succédait cet effort de
la vie. Dona Luisa, assise près du lit, suivait avec une
morne stupeur les progrès de cette cruelle agonie; jamais
le néant des grandeurs humaines ne l'avait frappée com
me en ce moment. Elle les prit en pitié devant cette
grande leçon. La camarera-mayor avait quitté un moment
le chevet du lit. Dona Luisa vint s'agenouiller cette
place, et prenant les mains moites et déjà froides de la
reine, elle les pressa sur sa bouche. La mourante fit un
mouvement, et son regard éteint s'arrêta sur ce regard
plein de douleur qui pleurait sur elle. Une dernière
lueur de volonté, d'intelligence, de vie la ranima; une
dernière pensée s'échappa de ses lèvres
Luisa, murmura-t-elle, tu vois, je meurs... Prends
garde de devenir reine d'Espagne
El quelques moments après elle expira.