JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
H01,253. 13e Année.
Jeudi. S Mai 1853.1] ""1
Vires acquirit eundo.
Chronique locale.
L'INFANTE.
Chronique politique.
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ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30c. Provinces,4francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
fPBES, 4 Mai.
On nous annonce le départ des quatre com
pagnies du 7e de ligne, qui sont venues tenir
garnison Ypres, il y a quelques semaines. La
première période du camp s'ouvrira du 16 au
20 Mai. et ce régiment, après avoir rappelé ses
permissionnaires sous le drapeau, s'y rendra
pour cette époque.
Ainsi voilà la place d'Ypres sans garnison
pour le restant de la belle saison. Reste voir,
si nous verrons revenir des troupes après la
ée du camp, car de la façon dont on agit
rd de la ville d'Ypres, on ne sait trop si on
t compter, nous ne dirons pas sur un Irai—
ement équitable,>il n'y a plus d'équité pour
elle, mais sur la cessation de ces mesures ayant
pour effet d'inquiéter et d'agiter incessamment
l'esprit public et de mécontenter nos popula
tions, sans but et sans motif avouable.
Il y a cependant un fait que nous ne pouvons
passer sous silence. Pendant que le départe
ment de la guerre dégarnit nos casernes, on
entasse des troupes dans certaines villes, au
point qu'elles manquent de logement et de
fournitures. Ici Ypres, on peut loger quinze
cents hommes l'aise et la place est abandonnée.
Nous désirons savoir si, dans ce fait, il n'y a
pas quelque chose d'inexplicable, et nous devons
avouer que les réflexions que fait surgir cette
singulière répartition des garnisons, sont amères
et peu favorables au gouvernement.
ai i.-n -st»
Lundi dernier, a eu lieu, en l'Hôtel de la
Tête d'or, le oanquet annuel de MM. les notaires
de l'arrondissement. Le service était brillant,
bien ordonné et le menu bien choisi. Le dîner
ne s'est terminé que vers cinq heures de relevée.
Le 30 Avril, vers midi, un incendie a réduit
en cendres, une grange et un hangar construits
en paillolis et couverts en tuiles, ainsi que du
bois brûler qui y était enfermé. Les bâtiments
appartenaient au sieur Delie-DelacroixAr-
mentières, et étaient occupés par le nommé
Coisne, Alexandre, cultivateur Ploegsleert.
Ce sinistre, dont la cause est inconnue a oc
casionné un dommage de 700 francs. Rien
n'était assuré.
IV.
(suite.)
Pendant les premiers jours qui suivirent les funérailles
de la reine, Philippe II ne revit pas dona Luisa, il sem
blait même avoir oublié qu'elle habitait sa cour. Rien
n'était changé cependant pour elle, on lui rendait les
mêmes respects; elle était environnée d'un cortège de
duègnes qui, sous prétexte de la servir, la surveillaient
nuit et jour. Elle ne sortait de son appartement que pour
aller, chaque matin, entendre la messe avec la famille
royale. Elle présentait l'eau bénite aux deux infantes
qui lui faisaient une grave révérence et n'osaient lui
parler, tant elles étaient tout la fois fièrcs et timides;
toutes trois prenaient place sans distinction de rang;
derrière elles se mettaient les dames d'honneur, et, un
peu en avant, les mcnincs, jeunes fil les de haute condition
qui servaient les princesses du sang royal. Le prie-Dieu,
élevé sur deux marches au milieu de la tribune, avait été
recouvert d'un drap noir sur lequel était posé un missel
aux armes d'Autriche et de CastiÙe. Dona Luisa agenouil-
Le même jour, vers six heures du soir, le
nommé Versaevel, Pierre, journalier, âgé de
69 ans, né et domicilié Passchendaele, est
mort accidentellement par suite de la chute
d'un arbre qui l'a écrasé en tombant, pendant
qu'il était imprudemment occupé le déraciner.
Ou 1er mat an 4 inclus.
Le roi de Prusse et le roi de Bavière doivent très-pro
chainement se rendre Vienne, pour y faire une visite
l'Empereur. Le Journal de Fruncfurt dit qu'à cause de
cela, l'Empereur a ajourné son voyage àVenise et àVé-
ronne, jusqu'à la fin du mois prochain.
Décidément, les dépêches télégraphiques ne méritent
confiance que sous bénéfice d'inventaire. On a vu ces jours
passés que les troubles prétendus de Constantiuople
annoncés avec certain fracas par une dépêche, se rédui
saient une pétition des bateliers du Bosphore. Nous
disions ce propos que les troubles de Brousse auraient
probablement tout aussi peu d'importance. Nous avions
prévu juste. La Patrie assure en effet aujourd'hui, que
des nouvelles récentes annoncent que la ville de Brousse
était complètement tranquille. Le mouvement dont on a
parlé était sans importance et sans cause politique. Il a
été apaisé immédiatement.
Nous croyons avoir été les premiers annoncer l'acci
dent arrivé l'impératrice des Français, et qui ajourne,
pour quelque temps au moins, l'espoir d'une lignée im
périale. Le fait est pleinement confirmé aujourd'hui, et
notre correspondance particulière en signale la cause.
La Chambre des communes a adopté définitivement
avant-hier, le bill qui convertit en 2 p. c., certains
fonds de la dette anglaise 3 p. c.
Kossuth a écrit une lettre un anglais de ses amis,
pour se plaindre de la manière dont on pratique l'hospi
talité envers lui, de l'espionnage dont il est l'objet, du
peu de liberté qu'on lui laisse. Cette lettre esttrès-amère,
très-irrespectueuse d'ailleurs pour le gouvernement an
glais, et sous ce rapport, elle affaiblit singulièrement la
preuve que son auteur veut faire. S'il ne se sentait pas
très-libre, coup sûr il eut été moins violent.
Le Times ne sera pas fâché de ces plaintes, qui devien
nent une preuve pour l'Autriche de la vigilance qu'exerce
depuis quelque temps le gouvernement anglais sur les
réfugiés. Ce journal n'abandonne pas pour cela l'affaire
des poudres il persiste toujours dans ses accusations
contre Kossuth, et ne doute pas que les débats n'amènent
des révélations qui prouveront la complicité du chef du
parti hongrois.
Nous devous dire que dans la séance du 25, lord Pal-
merston a déclaré propos de cette affaire, qu'il avait été
mal renseigné d'abord sur les détails de la saisie Ro-
tberhite; qu'on lui avait parlë de 500 livres de poudre
découvertes chez M. Haie, mais qu'il était dans l'erreur
en faisant cette déclaration.
M. Haie a de son côté comparu devant la justice par
suite de la saisie. Les débals ont diminué de beaucoup les
lée près de cette place vide, songeait souvent aux dernières
paroles de la reine. D'abord cette espèce d'avertissement
lui avait causé une surprise pleine d'effroi; mais elle avait
fini par le regarder comme le rêve sinistre, la pensée
incomplète et dénuée de sens d'un esprit qui s'éteint.
Une inquiétude plus vive que celle de son propre avenir
dévorait sa vie. Prisonnière au milieu de tant de gran
deurs, elle ignorait ce qui se passait dàns le reste du
monde, comme si les murs d'un cachot n'eussent laissé
pénétrer jusqu'à elle ni un rayon de soleil ni le son d'une
voix humaine. Ses jours s'écoulaient dans une épouvan
table contrainte, sous la garde de vingt femmes attachées
son service et dont la vigilance épiait tous ses pas.
Dona Luisa n'obtenait un moment de solitude qu'en se
retirant dans un petit oratoire pratiqué dans la vaste
embrasure d'une des fenêtres de son appartement et
auquel un rideau de soie servait de porte. Ses dames ne
la suivaient pas dans ce réduit, qui n'avait point d'issue,
iet dont la fenêtre grillée donnait sur le grand cloître.
C'était une religieuse qui avait arrangé cette espèce de
.chapelle au fond de sa cellule, habitée maintenant par
Idona Luisa. Une planche étroite et recouverte d'une
proportions de cette affaire, et le nom de Kossuth n'y a
même pas été prononcé. Aucune décision n'est encore
intervenue.
Une seconde letlrc de Kossuth a été lue le 26 la
Chambre des communes. Kossuth déclare qu'on n'a pu
saisir des munitions de guerre lui appartenant en An
gleterre, parce que la loi lui défend d'en posséder, mais
qu'il en a ailleurs, pour s'en servir contre l'Autriche,
quand le moment sera venu.
Un commis de Birmingham a écrit M. Gladstone au
sujet de la modification proposée sur l'impôt du revenu,
pour lui demander, croyant l'embarrasser probablement,
quelle compensation le remaniement du budget lui donne
en retour de la nouvelle charge qui lui est imposée.
M. Gladstone répond par une longue lettre qui prouve
combien le chancelier s'est préoccupé du côté pratique
dans son projet de budget.
Le bruit avait couru Gênes, dit le Parlemente, que
le gouvernement piémontais aurait eu quelque velléité de
confisquer les revenus des nobles Milanais qui jouissent
dune grande fortune en Piémont et qui soutiennent,
outre certains journaux rétrogrades, laifrïancîa, feuille
imprimée Milan, et qui insulte fréquemment le roi et
le statut. Mais ce n'était là qu'une rumeur qui ne i'est
pas confirmée.
D'après des nouvelles de New-York, du 16, arrivées
avant-hier Liverpool par l'Atlantic, le dissentiment
entre le Président et M. Marcy est arrangé et celui-ci
garde le portefeuille des affaires étrangère#.
Le Moniteur français publie une nouvelle liste
d'individus condamnés par les commissions mixtes,
qui il est fait remise des mesures de sûreté gé
nérale. Sur 79 noms qu'elle contient, aucune jouit
d'une certaine notoriété.
Les individus graciés appartiennent 37 dépar
tements différents. Celui de la Moselle n'y figure
pas; il n'a figuré dans aucune liste antérieure. Der
nièrement, un journal de Metz ayant demandé
pourquoi, le préfet lui répondit par un communi
qué où il lui faisait observer qu'aucun accusé de ce
département n'a demandé grâce, et c'est une con
dition que Louis-Napoléon exige. Toutefois la règle
n'est pas générale une lettre publiée par M. Raspail
dès son arrivée en Belgique, nous a appris qu'il
n'avait rien demandé ni fait demander, et que s'il est
sorti de prison, c'est par un acte spontané du gou
vernement, son attitude étant restée jusqu'au bout
complètemeut passive.
Le gouvernement français vient de concéder h
une société de capitalistes et de propriétaires genè—
vois, 20 mille hectares de terrain en Algérie pour y
fonder des villages peuplés de familles originaires
de la Suisse. Cette société présente les meilleures
garanties de moralité et de solvabilité.
En réponse la lettre où Kossuth se plaint de la
surveillance dont il est l'objet en Angleterre, le
Timepublie un article où il lui fait observer qu'il
a négligé de faire savoir son correspondant, en
nappe brodée servait d'autel une image de Notre-Dame-
de-Guadclupe; toute sa décoration consistait en deux
vases de terre où s'épanouissaient des fleurs cueillies dans
le préau; un siège étroit et dur comme un banc d'église,
et une natte de jonc complétaient l'ameublement. Cette
pauvreté faisait contraste avec les riches ornements et la
tenture frangée d'or qui couvrait les murs blanchis la
chaux de la cellule. Dona Luisa passait des heures en
tières assise devant la fenêtre aux barreaux de laquelle
grimpaiejit les tiges sarmentucuses d'un jasmin; elle
regardait le ciel, elle écoutait les bruits confus qui s'éle
vaient au delà des hautes murailles du monastère, et,
frappée d'un sombre découragement, elle murmurait
Mon Dieu quelle dure prison je suis enfermée ici
corps et âme; la plus affreuse solitude ne me serait pas
pire que cet isolement au milieu de tant de gens qui me
surveillent encore mieux qu'ils ne me servent. Mon Dieu!
quel a été le sort de tous les miens je ne sais pas même
si ceux pour lesquels je prie nuit et jour sont au ciel ou
sur la terre
Un matin, dona Luisa futréveillée par les cloches qui
sonnaient toute volée; on entendait au dehors des
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