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JOUMAL D'YPRES ET DE LARROND1SSE1IEYT.
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H* 1,956. 13* Année.
Mai 1853.
Vires acquirit eundo.
UNE TACTIQUE INFAME.
au»
V'NEMENTS: Yprer (franeo), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs.
INSERTIONS Annonces, la ligne 4b centimes. Réclames, la ligne 50 centimes.
Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpres, 14 Mai.
La Chambre des représentants, dans la dis
cussion de la loi sur la concession des péages,
avait adopté incidemment un amendement par
lequel toute concession nouvelle de chemin de
fer devait être précédée d'une enquête. Cette
disposition, extrêmement sage et conservatrice
des intérêts généraux, avait été rejetée par le
Sénat qui, oubliant sa mission, a préféré laisser
une porte ouverte l'esprit d'agiotage et aux
roueries des spéculateurs, plutôt que de mettre
des bornes ces octrois de concessions, la plu-
ruineuses pour les actionnaires de bonne
au Sénat, le ministre des travaux pu-
avait combattu cet amendement et peut
-être celte assemblée n'a-t-elle pas saisi toute
l'importance de cette nouvelle disposition. Il
est évident que les concessions s'accordent avec
une facilité ridicule et qu'on accorde des mini
mum d'intérêt charge de l'étal pour des
chemins de fer qui ne produiront pas les frais
journaliers de traction, comme celui de la
Campine, que le rédacteur du Journal de Brux
elles, Coomans, a fuit voler la Chambre. Une
enquête préalable, où les intérêts divers eussent
pu se faire représenter et discuter les avantages
et les inconvénients des travaux projetés et de
l avant-projet déposé, eutdiminué, nous en som
mes certains, ces entreprises fantastiques, qui
sans nécessité engloutissent des fonds considé
rables et souvent déplacent des droits acquis
qui méritept d'être respectés.
Le projet de loi est donc revenu la Chambre,
mais amendé et avec cette disposition de moins.
M. le miuistre des travaux publics qui l'avait
combattue au Sénata accepté la modification
présentée par MM. Tesch et De Liège, qui ne
demandait l'enquête que pour les demandes en
concession au sujet desquels aucune convention
n'était intervenue entre le gouvernement et les
demandeurs en concession. En d'autres termes,
l'enquête préalable ne devait avoir lieu que
pour l'avenir.
On aurait pu croire que ce changement de
rédaction eut satisfait toutes les exigences, mais
on avait compté sans M. De Theux, qui avait
faire accepter une convention pour la construc
tion d'un chemin de fer de HassellàMaestricht.
L'INFANTE.
{SUITE.)
V.
Le grand cloitredes bénédictines était formé par quatre
galeries voûtées qui environnaient le préau. De légères
colonnes accouplées soutenaient les arceaux plein cintre,
dont l'ornementation annonçait une époque plus ancienne
que celle de l'architecture gothique; leurs fûts grêles sup
portaient des chapiteaux chargés de sculptures d'un goût
bizarre et qui représentaient pour la plupart des figures
symboliques, des mythes empruntés aux traditions du
paganisme; de larges dalles couvertes de caractères ron
gés par le temps pavaient le préau, et parmi ces tombes
qui renfermaient, disait-on, les ossements de cent reli
gieuses martyrisées par les infidèles, croissaient de grands
rosiers blancs çl des ancolics aux fleurs violettes. Au
milieu, il y avait un puits ombragé par de magnifiques
lauriers. Ce triste jardin servait naguère de promenade
aux bénédictines; elles y cultivaient les fleurs qui crois
saient pâles et languissantes l'ombre de ces hautes
murailles. Dona Luisa aimait descendre au préau vers
le soir et souvent elle y restait tard, la grande mortifi
cation de ses dames qui avaient peur dans le cloître après
Il a donc combattu la prescription ordonnant
une enquête, sous prétexte qu'il y aurait inéga
lité dans la position des concessionnaires anciens
et nouveaux, et que celte garantie aurait di
minué le nombre des demandes en concessions.
La Chambre se déjugeant, a repoussé la dispo
sition relative l'enquête, une majorité de six
voix.
Nous regrettons ce vole. C'est encore une
décision impolilique par laquelle l'intérêt gé
néral est sacrifié aux intérêts des spéculateurs
et agioteurs qui, sous prétexte de travaux
publicson abandonne une partie de l'exploi
tation du domaine public, nondans l'intérêt du
plus grand nombre, mais au profit privé des
concessionnaires. 11 est évident quil y a un
certain danger dans ce laisser-aller et qu'on
sentira la nécessité de prescrire une enquête
sérieuse, formalité sans laquelle il n'est pas
même permis de supprimer un sentier, tandis
qu'on autorise sur une instruction souvent
sommaire, la construction de travaux publics
de l'importance de plusieurs millions et qui
déplacent de nombreux intérêts.
ai a T~
Nous avons eu plus d'une fois occasion de
faire remarquer nos lecteurs que le Journal
des BAZ1LES et les gens dont il est l'organe,
placent au-dessus de tout leurs rancunes et
leurs haines politiques, et que pour trouver
une arme contre des adversaires politiques qu'ils
haïssent très-chrétiennement du reste, ils con
sentiraient volontiers la ruine des intérêts
publics et des intérêts de la ville surtout.
Un article inséré au dernier n* du journal
épiscopal eo est une preuve nouvelle. Cet article
relégué la deuxième page de la pieuse gazette,
est destiné produire son effet, non ici, mais
Bruxelles, où sans doute quelques numéros
ont été envoyés.
On sait que dans plusieurs de nos numéros
nous avons critiqué le proj.et de loi d'organi
sation de l'armée. Un journal flamand, tout
fait indépendant du nôtre, a partagé notre opi
nion cet égard. Mais voici que le Propagateur
veut faire remonter plus haut la responsabilité
de ces critiques, dont toute la responsabilité
RETIENT A LA RÉDACTiON SEULE DE CES JOURNAUX. Le
le soleil couché, et qui tout en la suivant récitaient leurs
patenôtres. On ne s'étonna point de la voir y conduire
Isabelle aussitôt que la chaleur du jour fut tombée, et
dona Barbara se relâcha un moment de sa surveillance
en restant l'entrée du cloître avec les autres duègnes.
Dona Luisa s'assit sur la margelle du puits, et attirant
Isabelle son côté, elle lui dit
Enfin nous pouvons parler librement personne
n'écoute. 11 est donc vrai J c'était lui et non pas un fan
tôme; tu l'as vu aussi il l'a parlé
Oui, madame, don Sébastien est vivant. C'est une
miraculeuse histoire. Après la bataille d'Alcazar-Quivir,
lorsque les infidèles vinrent dépouiller les morts, ils le
trouvèrent saDS casque, sans armure et avec une bles
sure profonde au visage; pourtant il respirait encore
personne ne le reconnut. Un marabout, c'est-à-dire un
prêtre, un saint parmi ces mécréants, cherchait faire
des esclaves chrétiens, pour les convertir ses abomi
nables croyances. Il s'empara de ce pauvre corps presque
sans vie, et soit par magie ou autrement, il parvint lui
rendre quelque vigueur, mais l'esprit du roi était troublé;
il ne se souvenait de rien et il ne savait pas son sort. Don
Juan de Matha, qui était blessé et prisonnier comme lui,
s'attacha le soigner et le servir comme c'est le devoir
Progrès, dit le MENTEUR CLÉRICAL, Yalter
ego du Volksvriend, en qui tout le monde s'ac
corde reconnaître l'organe de l'administration
communale, critique, etc.
Pourquoi cette assertion cent fois démentie?
Pourquoi le journal clérical prétend-il que nous
sommes, en cette occurrence, les organes de l'ad
ministration locale? Uniquement dans l'espoir
de contrarier les efforts faits en ce moment
pour obtenir quelques compensations au départ
de la garnison et d'entraver les négociations
que l'on dit entamées.
Si je parviensdit sans doute la méchante
feuille, rendre l'administration communale
odieuse M. le ministre de la guerreles rela
tions deviendront difficiles; la ville sera privée
de toute garnison, beaucoup de bourgeois se
ront ruinés, les finances de la ville seront com
promises tout le monde sera mécontent. Mais
que m'importe, si je parviens, et je parviendrai
exploiter ce mécontentement général contre
la régence, expulser de l'hôlel-de—ville des
adversaires que je déteste, faire supprimer le
collège communal et enfin coiffer d'une calotte
de curé, le lion d'Ypres muselé.
Nous répondons, nous, que celle tactique
machiavélique est une infamie sans nom. Dans
un moment où la ville est sous le coup d'un
événement désastreuxoù elle va cesser d'être
place de guerre, où ses fortifications seront
rasées, tous les bons citoyens, tous les vrais
Yproisne doivent-ils pas unir leurs efforts pour
atténuer autant que possible le mal qui nous
est fait et ceux qui, pour exploiter leurs haines
politiques ou privées, s'efforcent d'entraver les
démarches faites et faire dans l'intérêt de notre
population si compromise, ne méritent-ils point
qu'on leur imprime sur leur front haineux le
stigmate d'infamie destiné aux traîtres
Du reste, de la pari du Propagateurrien ne
doit étonner,il est capable de tout, pourvu qu'il
puisse nuire des adversaires. La fin justifie
les moyens.
Le Propagateuren cherchant empêcher
la réussite des démarches faites en ce moment
dans l'intérêt de la ville, est conséquent avec
lui-même. En 1846, il félicitait le ministère De
Theux-Malou quipour punir la ville avait
retiré la garnison de cavalerie. En dénonçant
d'un loyal sujet. Le marabout les emmena loin, bien loin
dans les terres, travers des montagnes où campent des
tribus sauvages. Ces infidèles n'avaient jamais vu de
chrétiens, et ils traitaient les prisonniers comme les
soldats de Caïphe traitèrent Jésus; mais le roi ne sentait
pas ces ignominies, tant il était malade d'esprit et de
corps, et don Juan croyait chaque instaut que Dieu
allait le rappeler après ce long martyre. C'est ainsi que
près de deux ans ont passé et que l'on a cru dans toute la
chrétienté que don Sébastien était mort. Enfin la raison
lui revint et il guérit de ses blessures. Le désespoir
s'empara de lui quand il considéra ce qu'il était devenu.
C'en était fait de sa vie, et l'ont eût découvert qu'il était
le roi de Portugal, et il n'avait nul espoir d'obtenir sa
liberté par rançon; il résolut de fuir avec don Juan de
Matba. Après mille dangers, tous deux parvinrent
gagner la côte, et une barque les ramena en Portugal.
Le roi se croyait sauvé, mais il a trouvé dans son propre
royaume un ennemi plus puissant, plus cruel que les
infidèles auxquels il venait d'échapper. Philippe 11, averti
de son retour, a fait publier dans toutes les villes et
villages, et mettre la porte de toutes les églises et de
tous les couvents une ordonnance qui dit Nous pro
mettons, en foi et parole de roi, de donner vingt mille