JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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I'piie*, 35 Mai.
Pris en flagrant délit de trahison convaincu
d'avoir, par esprit de parti, cherché nuire aux
intérêts de la viljej eti dénonçant faussement
l'administration communale au département de
la guerrele Propagateur ne sait plus de quel
bois faire flèche; aussi enfourche-t-il son dada
de prédilection pour guerroyer contre le minis
tère du Août et le représentant libéral de
notre arrondissement.
Mais en quoi donc la ville et l'arrondissement
ont-ils eu se plaindre du ministère Rogier-
Fi ère? Sous cette administration, de nombreux
subsides ont été accordés pour la voirie, la res
tauration des églises, les travaux hygiéniques,
l'industrie et l'agriculture; le chemin de fer a
été concédé et son exécution assurée, l'école
d'équitalion a été placée Ypres, et de 1847
1852, la ville a eu une garnison convenable.
Depuis quand la ville est-elle sans garnison
Depuis quand fait-on des plans de démolition
Depuis quand le système de défense du pays
a-l-il été modifié? Depuis que le ministère
Rogier a quitté le pouvoir; et nous avons, nous,
la conviction intime, que s'il y était resté, la
ville d Ypres n'aurait pas déplorer aujourd'hui
la triste situation où elle se trouve placée.
Quant au vote de notre représentant libéral
dans la question d'organisation de l'armée, vole
dont le Propagateur cherche encore tirer parti
dans un intérêt politique et électoralnous
n'avons pas besoin de dire que nouslapprou vous,
pareeque nous ne pouvons admettre le système
militaire qui est la conséquence de la loi d'or
ganisation. D'après ce système, en temps de
guerretoute notre contrée depuis la mer jus
qu'à l'Escaut, c'est-à-dire depuis INieuporl jus
qu'à Tournai, serait privée de forteresses, aban
donnée par notre arméeet occupée par celle
de l'ennemi; or, on peut se rendre compte des
douceurs d'une occupation, trainant sa suite
les contributions de guerre, les pillages, les
prestations militaires, etc.
En temps de paixd'après ce système les
habitants de ce pays ainsi occupé en temps de
guerrepayeront pour le budget de l'armée
leur part des 32,000,000 fr. annuellement et
pas un sou ne serait dépensé dans les villes de
ce pays déshérité, car toutes les garnisons seront
au centre du royaume libre au Propagateur
d approuver tout cela,mais il est juste aussi de
permettre au représentant du pays ainsi traité,
de ne pas approuver par son vote un système
aussi désastreux pour ses mandataires en temps
de guerre qu'en temps de paix.
Le Propagateur voudrait bien dans un in
térêt électoral très-facile comprendre, faire
croire que le ministre de la guerre, pour se
venger du vote de M. Alphonse Vanden Pee-
reboom, ne rendra jamais une garnison la
ville. Qu'on se rassure cet égard les rédac
teurs du Propagateur sont gens vindicatifs s'il
en fut, ils jugent les autres d'après eux-mêmes.
Mais le ministère de la guerre n'est point peu
plé d hommes vues aussi étroites, sentiments
aussi mesquins et le vote consciencieusement
émis par un député au sein du parlement n'a
jamais été pour le ministre de la guerre ni le
prétexte, ni la cause d'un acte injuste.
Il y a quelques années, les députés de Liège,
de Gatid, d'Audenaerde, etc., votèrent contre
un budget de la guerre qui n'était que de
27.000,000 fr., depuis lors ces villes ont tou
jours eu une garnison nombreuse tous les
représentants de Liège ont voté, depuis six ans,
contre tous les budgets de la guerre, et cepen
dant la dixième part du budget au moins est
dépensé dans cette villequi a toujours une
garnison très-considérable, possède plusieurs
établissements militaires et faità l'arméed'énor-
mes fournitures.
Aujourd'hui Ypres subit le triste sort de
Menin, Ath, Arlon Courlray, où, comme ici,
il n'y a pas un homme, ces diverses garnisons
ayant reçu l'ordre du départ avant le vote de
la loi d'organisation. Des éventualités que les
hommes d état longue vue peuvent seuls,
paraît-il, prévoir, ont déterminé l'adoption de
ces déplorables mesures. Espérons que ces
nuages se dissiperont promptemeut et que la
L'INFANTE.
(suite.)
Le roi, étrangement surpris, la releva sans répondre.
Il n'eut aucun soupçon de la vérité; mais les larmes de
dona Luisa l'irritaient contre ceux dont elle prenait les
intérêts avec tant de passion; il éprouvait un secret dépit,
une sourde jalousie en la voyant ainsi soumise et sup
pliante en leur faveur; elle faisait pour eux ce qu'elle
n'avait pas fait pour elle-même c'était son intercession
qui, sans qu'elle s'en doutât, allait les perdre.
Ah sire, reprit-elle, ne vous laisserez-vous point
toucher Ma voix n'éveillera-t-elle pas en votre cœur un
sentiment de miséricorde ?4 Hélas je vous prie comme
je n'avais jamais prié que Dieu
Je le voisinterrompit-il avec une inflexible déci
sion; mais tant de soumission et de ferveur seront partout
inutiles.
II y eut un silence. Dona Luisa et sa compagne n'osaient
plus élever la voix et restaient appuyées la balustrade
dans une morne attitude. Le soleil venait de disparaître,
les oiseaux nocturnes voletaient autour de la carapanille;
un chaud crépuscule succédait au jour. Tout coup la
ville s'illumina, lesfanfarcs, les cris de joie se réveillèrent,
le canon de la forteresse retentit; c'était la fête du matin
qui recommençait.
Le peuple se réjouit, dit Philippe II; ce soir il y a
jeux de eannes et eourse aux flambeaux sur la grande
place. Que Dieu pardonne la frivole vanité de ses spec
tacles Venez, dona Luisa.
Elle jeta encore un regard au-dessous d'elle comme
pour dire adieu la terre, aux bruits du monde il lui
semblait qu'elle allait redescendre dans un sépulcre.
Venez, dona Luisa, répéta le roi en lui offrant la
main pour descendre l'escalier.
Les lampes suspendues aux voûtes du cloître jetaient
de pâles clartés; il faisait sombre dans le préau, et les
pierres blanchàlreséparses dans la verdure ressemblaient
des spectres immobiles. Philippe II jeta un regard
travers les arceaux et dit, en laissant aller la main de
dona Luisa
N'avez-vous point peur en passant devant ce lieu
pavé de tombeaux
Non, sire, répondit-elle; ces images de la brièveté
du temps, du pouvoir souverain de la mort,, me conso
lent; les saintes dont les reliques dorment sous ces tombes
me protègent; car je les ai souvent priées. Leurs regards
s'abaissent ici et veillent sur moi.
Dona Luisa s'était arrêtée; sa belle et noble figure
ressortait comme une apparition dans l'ombre immobile
des arceaux; elle montrait du geste, les formes fantas
tiques couchées sur le noir tapis de gazon, au-dessus
duquel les lauriers balançaient leur feuillage sonore. A
cette époque, les croyances religieuses étaient vives et
entières; les articles de foi avaient autant d'autorité sur
les esprits les plus élevés quc»sur la multitude ignorante;
les miracles étaient acceptés sans discussion comme des
justice distributive présidera dans des temps
ordinaires, c'est-à-dire bientôt, la répartition
des garnisons entre les diverses provinces nous
avons du reste des motifs pour espérer que les
vœux du Propagateur, qui semble désirer que
la ville d'Ypres soit privée de garnison, afin de
pouvoir exploiter le malaise général, dans un
intérêt de partine seront pas exaucés et que
notre ville ne se verra pas injustement privée
du fruit des immenses sacrifices qu'elle a faits
pour obtenir le séjour d'une garnison conve
nable.
Dans une des dernières séa nces de la Chambre,
l'occasion d'une pétition du bureau des mar-
guiiliers de l'église de fioesinghe, M. Jules
Malou, toujours farceur et jaloux des lauriers
cueillis par M. Félix de Mérode, s'est écrié
Depuis cinq ou six ansen Belgiqueon
éprouve souvent plus de mal pour se des-
saisir de son bien au profit des pauvres, qu'on
n'en éprouve ailleurs pour le défendre contre
les socialistes.
Si nous avons bonne mémoire, c'est eO ce
sens que doit avoir écrit Mae la duchesse de
Montmorency M. le ministre de la justice De
Haussy, en 1848. R n'est pas probable tou
tefois que M. le ministre ait communiqué cette
lettre M. Jules Malou, qui doit avoir eu con
naissance de son contenu par un autre canal.
Toutefois cette réminiscence peut donner
lieu d'autres suppositions, et puisque M.
Malou vientde répéter, la Chambre,des paroles
écrites par Mme de Montmorency, il y a plus de
cinq ans, ne pourrait-on supposer que cette
idée doit avoir été suggérée par M. Malou ou
quelques-uns de ses acolytes, qui ont conseillé
cette dame de ne pas accueillir les proposi
tions du ministre de la justice. S'il en est ainsi,
et nous croyons que nous sommes dans le vrai,
ce n'est pas le système libéral en matière de
charité légale, qui a empêché la donation de
s'accomplir, mais les intrigues de certains indi
vidus exploitant la bienfaisance, au profit de
leurs passions politiques. Les paroles de Mm*
faits évidents, et l'on croyait l'intervention continuelle
du ciel dans les choses de la terre. Les paroles de dona
Luisa frappèrent le roi d'une crainte superstitieuse; il
frémit et s'humilia dans son aine devant ce pouvoir
occulte auquel il avait foi comme en sa propre puissance.
Son regard troublé se détourna de la princesse comme
s'd eût tremblé de voir une de ces saintes qu'elle invo
quait se dresser entre elle et lui. Il s'appuya au bras du
comte de Mora et dit d'une voix mal assurée
Je ferai bâtir une église sous l'invocation des bien
heureuses martyres qui reposent ici. Dieu vous garde,
dona Luisa ne m'oubliez pas dans vos prières.
Il s'éloigna. Les dames qui attendaient dans le cloître
en disant leurs patenôtres, entraînèrent aussitôt la prin
cesse. Jamais l'observation exacte de l'étiquette ne leur
avait tant coûté.
Jésus Maria s'éeria dona Barbara, je serais morte
de frayeur si je n'avais eu sur moi la relique de sainte
Ursule Savez-vous, madame, que souvent la nuit on
entend gémir dans le préau les âmes damnées des Sar-
razins qui ont martyrisé les saintes religieuses
Le jour suivant, Philippe II resta longtemps enfermé
avec son confesseur. La piété dont toute sa vie donna
l'exemple était sincère; mais la foi ne dompta pas en lui
les mauvaises passions; la crainte des châtiments de
l'autre vie ne l'arrêta point dans ses implacables volontés,
parce qu'il croyait toujours pouvoir racheter son péché
par son zèle défendre les intérêts de la religion catho
lique. Sa dévotion ardente, cruelle, inconséquente, ne