Chronique politique.
Chambre l'a mis la téte de son ordre du jour
pour la séance de demain.
Les sections de la Chambre ont examiné la
demande d'un crédit de 518,000 fr. pour le
monument du Congrès. Ce crédit a été favora
blement accueilli.
Les cinq sections qui ont terminé leur exa
men ont nommé pour rapporteurs MM. de
Brouvver de Hogendorp, de Perceval, A. Rous
sel, Coomans et A. Vandenpeereboom. Dans la
4e, présidée par M. Lebailly de Tillegem, M.
Coomans a proposé d'ajouter au projet de loi
300,000 fr. pour la part de l'État dans la con
struction de l'église de Laeken. Celte proposition
a été adoptée l'unanimité des suffrages.
Lundi le Sénat a voté le budget de la justice
et la convention de navigation conclue avec le
Saint-Siège.
Lundi, l'ouverture de sa séance, la Chambre
des représentants a volé sans discussion, la
dotation du duc de Brabantau chiffre de
500 mille francs proposé par la section centrale.
L'adoption a eu lieu l'unanimité moins une
voix, celle de M. Jacques, qui s'est abstenu.
La Chambre a ensuite adopté définitivement
le projet de loi relatif au chemin de fer de Tu-
bize aux Acren.
La section centrale a déposé son rapport sur
la garde civique. Il conclut au rétablissement
des 12 exercices, et ladoption des amende
ments du Sénat.
La Chambre a repris ensuite la discussion sur
les crédits supplémentaires au déparlement de
l'intérieur, après avoir rejeté, par 43 voix contre
18, la question préalable demandée par M. De
Mail d'Altenrode.
g*
M. Frère-Orban ancien ministre des finan
ces, est arrivé vendredi soir Bruxelles, de
retour du voyage qu'il avait entrepris en Italie
depuis plus de six mois. Il est reparti hier
trois heures pour Liège.
1 pi* 8(îiQ rsr»
C'est aujourd'hui lundi, 6 juin qu'est défi
nitivement fixée l'ouverture du chemin de fer
qui doit relier la ville d'Alost la station de
Termonde. Le service public commencera ce
jour-là.
On nous écrit de Vienne, 1" juin
J'apprends que le mariage de S. A. R. le duc
de Brabant et de S. A. I. l'archiduchesse Marie-
Hein ielte, aura lieu par procuration Vienne dans
le couraut du mois d'août (on dit le 12), et, qu'à
cette occasion, lu duc de Brabant sera représenté par
S. A. 1. R. l'archiduc Albert.
Les dames désignées pour accompagner la
nouvelle duchesse de firabant jusqu'à la frontière
belge, sont la comtesse Clam-Martinitz, comme
de la mort qui eût brise ce nouvel avenir que l'amour de
dona Luisa lui promettait. D'ailleurs l'âme enfermée dans
ce corps débile n'avait plus son énergie première; elle
avait faibli dans ses souffrances, et son audace, son
bouillant courage ne s'éveillaient plus que sous le coup
de quelque impulsion puissante.
Les témoins mandés par le capitaine Rodriguez arri
vèrent bientôt. Ils étaient suivis de l'écrivain ou greffier,
qui enregistrait les condamnations prononcées par l'alcade,
car la forteresse étant une juridiction indépendante, le
gouverneur n'obéissait qu'au roiet, dans les affaires
criminelles, il remplissait la fois les fondions déjuge et
de grand-prévôt. Les témoins se rangèrent autour de la
t.1blc; le greffier ouvrit son écriloire de corne, et déploya
une feuille de papier marquée au timbre royal. Au lieu
de procéder un interrogatoire régulier, il rédigea une
déclaration dont les ternies semblaient arrêtés d'avance,
tant ils étaient explicites et violents. Cependant, avant de
finir, il somma le prisonnier de lui déclarer son véritable
nom.
Sébastien, répondit-il d'une voix altérée, mais
sans hésiter.
Et votre profession
Soldat.
Le greffier fit tout haut la lecture de cette espèce d'acte
mortuaire. Don Sebastien l'ccouta avec une tranquille
attention et les yeux fixés sur dona Luisa. Le greffier lui
présenta la plume; il signa d'une main ferme; puis les
témoins mirent leur nom au-dessous de ce nom détrôné.
Tout était fini, lorsque le capitaine Rodriguez, se tournant
vers dona Luisa, lui dit
grande maîtresse, et les jeunes comtesses Thérèse
Wrhna et Élise Festelics de Toliia, comme demoi
selles d'honneur. Celte dernière est fille du comte
Festi-lics, ex-grand maître de feu le Palatin Joseph.
C'est demain que paraîtra dans la Gazette de
Piejme la notification officielle du mariage_ pro
chain. 1lud'èp
Du 5 Juin au S inclut*.
Il se passe une chose assez curieuse Paris. Le
Journal de» Débata publié il y a trois jours des
nouvelles de Cuustautiuuple du 19, où il disait que
les prétentions de la Russie n'étaient pas aussi exor
bitantes qu'on l'avait cru, et il le prouvait eu citant
les points divers de l'ultimatum du prince Menschi-
kutf. Nous avons reproduit celte partie essentielle
de son article.
Malgré un nouvel article publié le lendemain, où
il approuve le rejet de l'ultimatumen ajoutant que
le Sultan se dispose donner ses sujets chrétiens
des droits et des privilèges plus étendus que jamais,
d'où il conclut que les puissauces européennes n'ont
pas besoin de se lier ce sujet par des contrats
sy uallagmatiques, malgré ce second article, disons-
nous, les journaux du pouvoir attaquent les Débat*
avec une véhémence sans pareille. Ils lui disent
ouvertement que M. Berlin est allé chercher ses
renseignements l'ambassade russe, qu'il s'est fait
l'avocat de la Russie Contre la France, et M. Granier
de Cassagnac l'apostrophe en ces termes
Même sous un gouvernement fondé par la France
entière, restez honçimes de parti, si vous le voulez. Même
quand la France obéit, honore et remercie, restez ingrats,
injustes, violents. Même en face de ce gouvernement ac
cepté île l'Europe entière, soyez légitimistes, soyez orléa
nistes, soyez démagogues; mais, pour votre honneur, en
face de l'étranger, soyez Français
Oui, sans aucun doute, la confiance se rétablira, et
la paix ne sera pas troublée, un peu, comme vous dites,
par la modération de la Russie, beaucoup par la force de
l'équité et du droit. Mettre, comme vous le faites, la sé
curité de votre pays sous la sauvegarde de la magnani
mité des étrangers, ce n'est pas de la modération, c'est
de la trahison
Les invectives de M. Granier de Cassagnac sont
peu de chose; ce qui est plus grave, c'est l'attitude
du Moniteur fronçai») où chaque jourctaujourd'hui
encore, se trouvent des nouvelles et des articles qui
semblent indiquer des velléités de rupture avec la
Russie. i
Cependant un journal semi-officiel de Vienne, le
Lloydpense que la question d'Orient se terminera
par voie de transaction La Russie n'a, dit-il, au-
cun motif de trop tendre la corde de l'arc; une
concession pacifique faite au prestige de sa puis-
sance doit lui paraître préférable des concessions
qui seraient arrachées par la force des armes.
Les fonds ont encore subi une nouvelle baisse
la Bourse de Paris d'hier. Les articles du Moniteur
et des feuilles semi-officielles, très-agressifs contre
la Russie, sont peut-être pour quelque chose dans
ce mouvement.
La Prette l'attribue la nouvelle donnée mercredi
la Bourse, de l'arrivée de M. de Nesselrode Con-
stanlinople, et démentie le lendemain, tandis qu'il
Vous devez signer aussi cette déclaration, madame.
En cas d'absence ou de mort des lémoiqs officiels, vous
pourriez être appelée et interrogée sous serment. Telle
est la loi.
La princesse eut un mouvement de surprise et de
frayeur; puis, prenant résolument son parti, elle signa
Luisa de Portugal.
Madame s'écria le capitaine Rodriguez.
Je prends tout sur moi, interrompit-elle fièrement.
Exécutez les ordres que vous avez reçus. Dès ce moment,
votre prisonnier est libre...
Pas encore, madame, répondit le capitaine Rodri
guez; il doit d'abord être conduit sous bonne escorte
San-Lucar, où il s'embarquera pour l'île de Luçon, lieu
de son exil. Il aura pour compagnon don Juan de Matlia.
Juan est ici! il est de retour! interrompit don
Sébastien avec une grande émotion.
Oui; le digne cavalier est arrivé, comme il l'avait
promis, le quarantième jourdit le capitaine Rodriguez
avec un soupir; il apportait sa rançon et la vôtre, mais
la justice du roi s'est chargée de votre rachat.
Héias mon noble Juan mon ami murmura don
Sébastien; il revenait avec un autre espoir
Madame, dit le capitaine Rodriguez en présentant
la main dona Luisa, l'heure est avancée, on va relever
le pont-levis.
Allons dit-elle; et se tournant vers don Sébastien,
elle lui montra le èicl, comme pour le prendre une
dernière fois témoin de sa promesse.
Tandis que ceci se passait dans l'Alcazar, rien encore
n'avait été ébruité au couvent des Bénédictines, et le roi
s'agissait de l'arrivée de M. de Nesselrode fils
Trieste. - g
M. de Nesselrode fils rite pouvaitêtroarrivé Con-
stantinoplej il y était et il a pris lajroutede Trjeste
pour se rendre il Londreff tandis que le prince Men-
schikoiT prenait celle d'Odessa pour se rendre
.Saint-Pétersbourg. de Nesselrode est arrivé hier
vendredi Vienne.
E11 Hollande les scrutins de hallotage sont c
maintenant. Ils ont, dqnrjé presque parlou
majorité au minis.tjàré, c'est-à-dire aux ad versa i
delà hiérarchie catholique. V
Le Moniteur fronçai» qitj n'a rien dit
du roi des Belges en Allemagne, s'
qu'ici un mutisme cornple't suri
de Brabant. t'j
La baisse a continué la B
sans cause bien côtitUie, et nia
que le gouvernement a remis en œuvre pu
la panique.
-Un journal suisse assure que le gouvernemen
français a fait notifier au conseil fédéral qu'il ap
puyait les demandes de l'Autriche. La nouvelle e
révoquée en doute par ta Pré*te, laquelle suppose
qu'il s'agit de l'offre d'une'médiation. Cette suppo-s
silion est fortifiée par des nouvelIes.de Vienne, du
il est dit que dans ce but, M. de Bourqueney, mi
nistre de France, a demandé des éclaircissements!
M. le comte de Uuol, qui s'est empressé de les lui
donner.
La Banque d'Angleterre vient de relever 3 1/2
le taux de son escompte.
L'escadre anglaise était toujours l'ancre et au
repos dans le port de Malte, la date du 27. Elle a
reçu des renforts, et compte maintenant sept vais
seaux de ligne.
La Diète réunie de Saxe-Cobourg a adopté, dans
sa séance du a5 mai, la proposition de sa commis
sion, tendant donner d'avance et une fois pour
toutes son adhésion tous les traités, modifications
de tarifs, etc., que le duc pourra conclure l'avenir
dans les affaires du Zollverein.
Le Heruldo annonce que le gouvernement espa
gnol veut faire venir dans la Péninsule les restes
mortels du marquis de Valdegamas, et lui rendre
de magnifiques honneurs funèbres dans un des ports
delà Méditerranée.
On avait dit que le général Arista, ex-président
du Mexique éfait exilé La Havane. S'il s'y est
rendu en effet, il n'y est pas resté, car les jouri
anglais annoncent qu'il est arrivé Southan.p.^..
mercredi dernier. Le général Arista est âgé de tio
70 ans. Il a été malade pendant la traversée, et il
a rarement paru sur le pont. Il était accompagné
par un aide-de-camp.
Les fonds se sont faits en hausse la Bourse de
Paris du 4> Un journal attribue cette reprise la
nouvelle de la médiation de l'Autriche dans l'affaire
d'Orient, laquelle aurait été acceptée, dit-on, par les
parties intéressées. Cette nouvelle peut être vraie.
Nous en doutons cependant, et en tout cas elle nous
semble prématurée.
Nous inclinerions trouver le secret de la hausse
dans un autre fait. Depuis plusieurs jours la presse
gouvernementale se montrait fort hostile la Rus
sie, quand hier, tout coup, le Conttitulionnel a
attendait avec une certaine impatience le succès qu'il se
promettait de l'entrevue du prisonnier avec la duchesse
d'Avcro. Tout était tranquille dans l'appartement de la
princesse. Pourtant, ce qu'elle prévoyait était arrivé.
Dona Barbara n'avait pas tarde regarder nu joint des
rideaux ce qui se passait dans l'oratoire, et clic avait failli
tomber la renverse, de saisissement, en apercevant la
lueur de la lampe qui brûlait nuit et jour sur l'autel,
Isabelle agenouillée devant Nolrc-Damc-de Guadalupe.
L'apparition d'un horrible fantôme ne lui eût pas causé
plus de frayeur que la vue de celte belle tête blonde. La
vieille dame était une prudente personne, qui servait la
cour depuis le premier mariage du roi elle calcula
proinptcincnt qu'il y avait moins de péril se taire qu'à
découvrir cette hardie substitution, qui pouvait rester
un secret entre elle et la princesse, et sans rien dire, elle
s'assit près delà portière pour empêcher les autres dames
de regarder dans l'oratoire. Ellé attendit ainsi deux
heures dans des inquiétudes mortelles. Enfin, la princesse
rentra avec le même bonheur qu'elle était sortie, sans
avoir été reconnue. Dona Barbara arrêta d'un signe les
autres duègnes, qui s'avançaient pour ôter dona Luisa
son voile et sa mante et elle la laissa aller aussitôt dans
l'oratoire. Ce qu'elle avait prévu arriva au bout d'un
moment, la princesse et Isabelle reparurent ensemble;
l'uneavait repris le vêlement que l'antre venait de quitter,
et personne ne soupçonna ec qui s'était passé. La dame
qui avait accompagné dona Luisa, imita prudemment le
silence de dona Barbara, et si elle avait conçu quelque
doute, elle ne le manifesta pas.
(Lu suite au prochain n*.)