maintenant que le gouvernement se désiste des
poursuites, fait restituer les objets saisis, et alloue
une indemnité \1M. Haie, en réparation du dom
mage que ce procès leur a causé.
11 a été question tout récemment d'un traité de
commerce conclu entre Naples et la Russie. Nous
apprenons aujourd'hui qu'il s'agit d'une convention
de navigation par laquelle la Russie considérera
l'avenir comme nationaux, pour les droits de doua
nes et de tonnage, les navires du royaume de Naples
s'ils sont chargés de marchandises indigènes. C'est
par réciprocité de pareille faveur accordée eu i85o
aux navires couverts du pavillon russe chargés de
produits de la Polognede la Russie et du duché de
Finlande.
Le Journal de Francfort dit que la conférence gé
nérale du Zollverein, convoquée pour les premiers
jours de juillet, s'occupera de déterminer le point
de vue sous lequel on doit considérer le nouveau
traité conclure entre la Belgique et le Zollverein.
Les velléités belliqueuses du gouvernement im
périal sont visibles aujourd'hui. Nous avons eu tort
d'élever des doutes, relativement au catu» belli dé
claré par Louis-Napoléon son conseil des ministres,
dans le cas où la Russie envahirait les principautés.
Ii n'y a qu'à voir l'article publié aujourd'hui par le
Constitutionnel pour être convaincu que notre cor
respondant avait dit vra.i
Il nous annonce aujourd'hui que l'Empereur lui-
même a fait une déclaration analogue l'ambassa
deur russe, \1. de KisselefF, et le Time* qui nous
arrive ce matin, affirme le même fait en ces termes:
Une entrevue a eu lieu entre M. de Kisseleff et le
ministre des affaires étrangères, M. Drouin de Lliuys
d'abord et l'empereur Napoléon ensuite. Dans ces entre
vues, l'ambassadeur russe se serait attaché démontrer
que l'occupation des principautés danubiennes par la
Russie ne devait pas être considérée comme une atteinte
l'indépendance de la Turquie.
L'Empereur a persisté dans l'opinion contraire et a
déclaré qu'il verrait un casus belli suifisaut dans cette
occupation.
A Paris, les arrestations continuent. Notre cor
respondant nous cite les noms de plusieurs person
nes qui ont encore été arrêtées avant-hier.
Ce que nous avons dit de l'affaire des poudres,
était écrit d'après une dépêche télégraphique de
Londres et manquait d'exactitude en un point, celui
qui concerne une indemnité MM. Haie. D'après (es
journaux anglais, il n'est pas questioa d'indemnité,
et ce n'est pas spontanément d'ailleurs ui en doute
de son droit que le gouvernement a fait cesser les
poursuites, mais bieu la sollicitation des accusés.
MM. Haie ont écrit iord Palmerston qu'ils recon -
naissent que la fabrication de munitions de guerre
laquelle ils se livraient, contrevenait aux lois et or
donnances spéciales rendues par Guillaume III; tou
tefois, ils déclaraient avoir agi de bonne foi et avoir
ignoré ces ordonnances jusqu'au jour où les pour
suites ont commencé. Ils invoquaient leur conduite
passée pendant les 10 années qu'ils ont travaillé pour
le corn pte du gouvernement, priaieot le secrétaire
d'Etat de faire cesser des poursuites qui occasionne
raient pour eux des dépeuses considérables, et s'en
gageaient observer la loi l'avenir. M.VVaddington
a répondu au nom de lord Palmerston, qu'en pré-
seuce de celle déclaration, des instructions seraient
données pour faire cesser les poursuites, et qu'il
était tout disposé nommer une commission de
quatre officiers pour faire une évaluation raisonnable
quoique libérale, des objets saisis.
L'abvndon de la poursuite ne surprendra per
sonne, dit le Morning Chronicle, car ainsi que l'a
une coquette qui le nieue grand train, mettant chaque
jour ses sentiments une nouvelle épreuve, et reculant
le but afin de prolonger In roule et de recueillir en plus
grand nombre les gages d'une tendresse ardente et géné
reuse. Cependant, il y a terme tout; Léopold arrive,
nais quel prix et combien l'ont trompé ceux qui
encouragcaieul sa timide passion
Le premier pas lui a coulé un bouquet.
Le dernier pas lui coûte un écrin.
Nous ne l'entendions pas ainsi, dit un conseiller de
mauvaise foi. C'est votre faute pourquoi vous adressez-
vous des coquettes plus intéressées qu'intéressantes
La leçon est bonne et Léopold en profile. Arrière les
cœurs sensibles au son de l'or cl l'éclat des diamans.
Parlez-moi d'une femme du grand monde Là, c'est le
mari seul qui a le droit de donner un écrin droit su
perbe Deramant, rien n'est accepté au delà do bouquet:
gracieux emblème, friche parure, mystérieux langage
qui dit tant de choses uouces ut charmantes
Mais une femme du grand monde est si imposante,
en général; et la comtesse de C... est environnée, en
particulier, de tant de majesté et d'une surveillance si
jalouse
Xéopuid est aussi amoureux que la première fois, plus
amoureux peut-être, et l'audace lui manque encore au
déclaré lord Palmerston, on n'a jamais eu l'intention
de traiter MM. Haie avec rigueur; on a seulement
voulu savoir si les fusées avaient été fabriquées pour
quelqu'un des réfugiés en Angleterre. 11 serait dif
ficile aujourd'hui d'obtenir de plus amples rensei
gnements cet égard, s'il est vrai, comme on le
soupçonne que les deux plus importants témoins
qui auraient pu être appelés si l'affaire eût été portée
aux assises de àurrey, aient quitté un pays où ils
étaient l'abri de tout danger, pour suivre les évé
nements qui se passent sur le continent.
Ces dernières lignes permettent de croire la
nouvelle répandue depuis quelques jours, que Kos-
suth et Muzzini auraient quitté l'Angleterre.
Due communication officielle été reçue Du
blin, portant que la reine d'Angleterre doit honorer
celte ville d'une visite, mais qu'elle n'y restera
qu'un jour.
La malle de l'Inde a apporté le 17, Trieste, la
nouvelle que les insurgés chinois se sont emparés
de Nankin. La possession de ce point itnportant peut
être décisive pour eux, parce qu'elle les rend maîtres
du système tout entier descommunications du pays.
La Bourse de Paris s'est faite en baisse avant-hier,
quoiqu'on n'ait pas eu de nouvelles plus mauvaises
que les jours précédents.
Notre correspondant de Paris parlait, dans sa lettre
du 17, d'un manifeste que le Moniteur fronçai*
devait publier aujourd'hui ou demain sur la ques
tion d'Orient. l.e correspondant de l'Indépendance
en parle son tour, et tout eu affirmant que le ma
nifeste a existé et qu'il posait nettement le caeue
belli, il dit qu'on a renoncé le publier, cause de
l'indécision où l'on est plus que jamais, sur les
intentions réelles de l'Angleterre.
Les lettres de Constautinople sont du 5 juin. La
Porte continuait ses armements dans la mesure de
ses forces, mais l'argent lui manque et le Journal
de* Débat* assure que le gouvernement du Sultan
regrette maintenant d'avoir rejeté l'emprunt de 5o
millions de francs qui avait été contracté Paris et
Londres.
Cet emprunt aurait eu le double avantage de lui
fournir des ressources et de l'aire entrer l'Empire
ottoman dans le système financier des peuples eu
ropéens. Ces jours passés il a voulu faire emprunt
de douze millions la nouvelle Banque; celle-ci qui,
daprèB son firmao d'investiture, était au contraire
en droit d'attendre du gouvernement un subside de
7 millions 5oo mille francs, ne s'est pas trouvée en
mesure; mais titre de bon vouloir, elle a versé au
trésor 5oo mille piastres 1 million 875,000 fr.)
Nous avons promis, en parlant de l'insurrection
chinoised'expliquer pourquoi la possession de
Nankin par les révoltés pourrait être décisive. L'ex-
plicalion se trouve dansles lignes suivantes, extraites
du Journal de* Débat*
En Chine, tous les transports d'hommes et de mar
chandises se font exclusivement par la voie d'eau, et le
système tout entier des communications du pays dépend
de la possession du Yang-tze-Kiang. Dès qu'on est maître
de la navigation de ce fleuve, centre et artère principale
de toutes les voies navigables, on domine tout l'Empire;
or, être maître de Nankin et de Chin-Kiang-Fou, c'est
être maître aussi du cours du Yang-tze-Kiang et du point
important où il est coupé par le canal impérial qui lie les
provinces du nord celles du sud, route par laquelle s'a
cheminent les grains, les denrées alimentaires que le
Shantung, le Pecheli, le Laotong, etc., tirent du midi de
l'Empire. Dans la dernière guerre, lorsque l'armée an
glaise, entrée dans le Yang-tze-Kiang, se fut emparée de
Chin-Kiang-Fou, le gouvernement impérial se vit réduit
la uécessilé d'implorer la paix; mais ce que les Anglais
début; tel est son caractère, et ici le passé ne lui sert de
rien, car il s'agit de marcher sur uii nouveau terrain.
Je n'oserai jamais m'aventurer, dit-il l'ami qui
l'avait guidé dans sa première caravane, et qui lui répèle
sa maxime favorilé avec le même succès qu'autrefois.
Encouragé, séduit, il risque la déclaration. Un regard
foudroyant lui répond. La comtesse se lève, brise le cor
don d'une sonnette, et d'un doigt impérieux indique
Léopold la porte
C'est dur, c'est humiliant Mais il faut Lien que le
premier pas coûte quelque chose, et la comtesse, qui ne
reçoit pas de diamans, ne pouvait faire moins que de
témoigner une noble indignation.
Maintenant, voilà Léopold sauvé; le premier pas est
fait, le reste ne lui coûtera rien.
Ne désespérez jamais des femmes qui se conduisent
comme vient de le faire la comtesse. Les yeux qui lancent
la foudre feront luire le beau temps. La vérituhlc vertu
est trop bonne ménagère pour casser les cordons de son
nette. Cependant Léopold eut encore besoin de faire les
plus grands efforts pour se décider voir l'impitoyable
Lucrèce qui l'avait si outrageusement traité mais les
choses eurent leurs cours ordinaire, et au bout de quinze
jours la temme qui l'avait inis la porte l'invitait venir
chez elle par la fenêtre.
ont pu lui accorder, les rebelles ne de lui accorderont
certainement pas, et alors qu'âriivèra-t-il A moins
d'une intervention étrangère qui ne pourra être efficace
qu'à la condition de s'emparer son tour d'une partie de
l'Empire, il tombera dans la plus affreuse anarchie.
S'il faut en croire une dépêche télégraphique d
Trieste, publiée par le*Z«'me*, les insurgés n'auraien
pas pu se maintenir dans Nankin. Us auraient éva
eue la ville au bout de qnirtze jours, poursuivis par
les troupes impériales qui Içuç auraient fait subir
une défaite 80 milles de là.
Le gouvernement rcfesff .veut enfin que la vé
soit connue sur la questiJrtvd'Orieqt. Il a fait pub
par le Journal de Saint-Pétersbourg du 12 juin,
instructions qu'il a adressées sesagents diploma
tiques auprès des gouvei neménts européens, a'"
que chacuu sache sur quoi répose son différend av
la Turquie.
Par ces explications la question se trouve sing
lièremeut éclaiicie. La Russie veut autant que pe
sonne le maintien de l'Empire ottoman; elle ne veut
pas porter atteiute la souveraineté du Sultan elle
ne demande qu'un piotecloral que des traités anté
rieurs lui assureul; seulement, elle exige des garan
ties pour l'avenir, afin que les firmans de demain n#
détruisent pas, comme cela est déjà arrivé, les
firmans d'aujourd'hui.
Nous atrous dit plusieurs fois que la mission du
prince Menscfiikoff n'aurait pas eu lieu, si Louis-
Napoiéou ne s'était pas avisé de vouloir régler lui
seul la question des Saints-Lieux au profit des
Latins, sans tenir compte des privilèges dont les
Grecs jouissent. La note russe confirme pleiuemi
notre assertion.
11 devient certain maintenant, que si la Porte re
jette Vultimatum, la Russie prendra contre elle de»
mesures rigoureuses. La note le dit formellement.
Eh bien nous croyons la guerre moins que jamais,
et nous disons, ou que la Porte acceptera l'ultimatum,
ou que l'Angleterre ne iera pas un catu* belli de la
quesliou, telle que la note russe vient de la poser..
Dans l'un comme dans l'autre cas, c'est la paix.
Une lettre de Cuiistuutinople du 5, adressée un
journal de Marseille, la Gazette du Midi, dit qu'à
cette date, 1 ultimatum de l'empereur de Russie n'é
tait pas arrivé. Le jour même, le gouvernement avait
fait communiquer aux ambassadeurs, un firinan
qui accorde aux chrétien? de l'empire ottoman, de
nouvelles immunités pour qu'ils puissent régler tous
leurs intérêts spirituels, l'élection de leur patriar
che, etc., sans avoir besoin du concours de la Porte.
D'après le Time*, Vultimatum de l'empereur de
Russie ne serait arrivé Constautinople que le 9. Le
délai pour l'acceptation ou le rejet aurait donc
expiré le 16.
Le Dailg-Neto* dit que la flotte de l'amiral Corry,
qui vieul de croiser dans le golfe de la Biscaye, et
qui compte cinq vaisseaux de ligne et un plus grand
nombre de bâtiments ou vapeurs de moindre force,
sera euvoyée pour surveiller la flotte russe dans la
Baltique.
C'était samedi, 18 juin, le trente-huitième anni
versaire de la bataille de Waterloo. Pour la première
fois,depuis 1 815, cet anniversaire n'a pas élécélébré
Londres, cause de la mort du duc de Wellington.
Un journal de Madrid assure que le gouvernement
espagnol a chargé le général Prim de se rendre en
Orient, pour suivre et étudier au point de vue mili
taire, la lutte entre la Russie et la Turquie, si elle
vieul éclater.
L'autre jour, le Conttitulionnel, on l'a vu par l'ar
ticle de M. Granier de Cassagnac, n'hésitait pas
Ce nouveau pas qui avançait si fort ses affaires, n'était
guère du goût de Léopold. 11 se repentit presque de
s'être mis en chemin sur la foi du proverbe; car notre
héros ne brillait ni par le courage ni par un penchant
bien prononcé pour les entreprises difficiles. Le rôle de
don Juan lui convenait peu, et l'escalade n'était pas dans
ses moyens. Mais, quand le premier pas est fait, comment
reculer
Ce que redoutait Léopold arriva, grâce la peur qu'il
en avait. Au moment d'atteindre la fatale croisée, son
pied glissa. Heureusement la comtesse demeurait au
premier étageet le conquérant maladroit en fut quitte
pour une foulure qui le retint au lit pendant trois
semaines.
A peine était-il sur pied que la comtesse lui annonça
son départ pour les eaux de Carlsbad. Qui m'aime
me suive ajoutait la noble dame. Léopold ne voulut
pas perdre le fruit de ses peines. Il avait les voyages en
horreur, c'était un jeune homme casanier, dévoué ses
habitudes, esclave d'un paisible confort, et pourtant,
après des hésitations, des soupirs, des regrets, il demanda
des chevaux de poste.
Lorsqu'il franchit la barrière du Trône, son cœur te
serra... Mais la comtesse lui apparaissait l'horizon.
(Lu suite et fin au proehai» n'.)