capitale pour Steltin, dans la soirëe JQ) a5 juin, le
renseignement positif que ce jour-là, et après le
retour du dernier courrier de Constanlinople, l'em
pereur de Russie aurait envoyé ses troupes l'ordre
de passer immédiatement le Prulh.
Notre correspondant particulier de Paris nous dit
fort peu de chose sur la question d'Orient, mais il
signale une éventualité qui mérite attention. 11 dit
qu'en cas de guerre, l'alliance de la France et de
l'Angleterre est une sauvegarde pour la Belgique,
et il ajoute, d'après un bruit répandu Paris, que
la France s'emparerait de la Bavière et du grand-
duché de Bade, et les retiendrait comme otages tant
que les Russes occuperaient le territoir ottoman.
Pendant plusieurs jours nous avions vu des jour
naux français et allemands annoncer, en se répé
tant les uns aux autres, que le chargé d'affaires
d'Autriche Berne, M. de Karnicki, était reparti de
Vienne pour retourner son poste. Le Journal de
Francfort lui-même ayant annoncé le fait, nous
avons liui par y croire et nous en avons fait men
tion notre tour. Le fait était inexact cependant, et
il est aujourd'hui formellement démenti.
Une ordonnance du roi de Hanovre du 3o juin a
décrété la dissolution de la seconde Chambre, par
suite de l'opposition de cette deruière la réforme
de la Constitution.
P. S. L'Indépendance a des nouvelles de Vienne
du 3o juin, qui démentent formellement le bruit
qu'à cette date les Russes auraient envahi les Prin
cipautés.
11 a été question avant-hier, Paris, d'une nou
velle tentative d'assassinat contre Louis-NapoléoD.
Nous la mentionnons comme un bruit vague qui
peut-être n'a pas le moindre fondement.
Nous publions la note de Reschid-Pacha la let
tre de M. de Nesseirode. Elle est conforme ce que
nous savions déjà quant au refus formel de la Porte,
de prendre un engagement diplomatique pour ce
qui est du protectorat demandé par la Russie. La
Porte veut tout ce que demande la Russie; elle a déjà
fait droit ses exigences par son Hatti-Shérif du 6
juin, mais elle ne veut pas que cette concession soit
autre chose qu'un acte d'administration intérieure,
et refuse de le convertir en un traité qui entame
rait l'indépendance de l'Empire et la souveraineté
du Sultan.
Reschid-Pacha dit qu'il considérera l'envahisse
ment des provinces danubiennes nou pas comme
une déclaration de guerre, mais comme une chose
incompatible avec les assurances de paix et de bon
vouloir de l'Empereur. 11 exprime le désir de voir
reprendre entre les deux pays les anciennes rela
tions, et offre d'envoyer un ambassadeur extraor
dinaire Saint-Pétersbourg pour y renouer les
négociations.
La publication de cette note est le fait important
du jour. Quant au passage du Pruth, les nouvelles
sont incertaines tout au moins. Les dépêches privées
disent oui et non. Pour le moment nous croyons que
c'est non.
Le général comte Giulay est parti de Vienne le
3o pour Saint-Pétersbourg. Il s'y rend avec un étal-
major de plusieurs officiers, dans le but apparent
d'assister de grandes manoeuvres; en fait,croit-on,
pour pousser le Czar des résolutions pacifiques.
L'assertion d'après laquelle la Russie et la Porte
auraient accepté les bons offices de l'Autriche, est
très-douteuse, et certainement prématurée dans
tous les cas, quant la première de ces puissances.
Dans sa séance du i1 juillet, la Chambre des
son extrême jeunesse que la vie enchaînée aux bancs du
collège formait tout son passé, et que c'était pour lui un
plaisir encore nouveau que de sentir sur son front la
fraîcheur du matin, dans ses cheveux le vent souffler et
dans sa barque le fleuve l'entraîner. 11 se hâtait, car il
est des moments dans la vie où l'on compte toujours mal
les heures; on les devance, et l'on croit au retard; puis,
si l'on ne peut forcer le temps précipiter son cours, il
esV du moins doux d'attendre là où viendra ce que l'on
attend. L'impatience est plus calme; le bonheur semble
déjà commencé.
Lorsque la petite embarcation eut doublé un des con
tours du rivage qui avançait comme un promontoire, elle
sembla voler plus rapidement encore, comme si l'œil qui
la dirigeait eût aperçu le but de la course. En effet, peu
de dislance le paysage changeait d'aspect. Une prairie
arrivait en pente jusqu'au fleuve, et une haie épaisse de
saules presque déracinés, inclinés vers l'eau, formait de
ce côté la clôture de la prairie. En quelques coups de
rames, la barque arriva l'ombre des saules et s'y arrêta.
Ses avirons tombèrent ses côtés; une chaine jetée une
branche d'arbre amarra le canotqui se balança douce
ment, bercé par le cours du fleuve. Le jeune homme se
leva, et travers le feuillage, il regarda au loin; puis, ne
se fiant pas son regard, B chanta demi-voix le refrain
communes d'Angleterre a voté par 70 voix contre
61, l'abolition complète du droit perçu par le trésor
public sur les annonces.
La Chambre était peu nombreuse, et il est pos
sible que ce vote soit renversé par un vote ultérieur,
car il 11e s'agit ici que d'une proposition qui devra
dans tous les cas, être convertie en un btll présenter
par le ministère.
Ce n'est pas cause de la question d'Orient, mais
par suite du grand nombre d'affaires qui lui restent
expédier, que le Parlement anglais prolongera sa
session au-delà du mois de juillet. On suppose
qu'elle ne se prolongera pas jusqu'en septembre,
mais seulement jusqu'au 20 août.
P. S. Le gouvernement anglais a fait déclarer au
gouvernement français qu'il ne considérerait pas le
passage du Pruth comme un eut us belli.
On a reçu hier de Saint-Pétersbourg Berlin, dit
l'Indépendanceun manifeste en daLe du 26 juin,
dans lequel le Czar annonce sa détermination de
faire occuper les Principautés danubiennes.
En conséquence, des ordres ont été transmis le 27
aux armées russes cantonnées sur les bords du Pruth
et du Danube.
La Gazette de Cologne avait publié une première
dépêche de Vienne du i'juillet, annonçant l'entrée
des Russes en Moldavie. Elle eu publie une seconde
du 2, où il est dit
La Correspondance autrichienne dément la nou
velle annoncée par le Lloydsur la foi d'une com
munication de Lemberg, que les Russes seraient
entrés dans les Principautés danubiennes.
L'entrée des troupes russes dans les provinces
danubiennes est très-probablement un fait accompli
l'heure qu'il est. Le gouvernement français a reçu
et publié une dépêche de Saint-Pétersbourg du 27,
qui ne laisse aucun doute cet égard.
Cette dépêche était connue Paris le 4 au matin.
On aurait pu croire qu'elle amènerait sur les fonds
publics une baisse notable. C'est le contraire qui est
arrivé. La hausse a continué la Bourse d'hier.
Il est vrai qu'avec cette nouvelle il en arrivait
une autre d'une grande portée. Le gouvernement
anglais aurait fait déclarer la France qu'il ne con -
sidérerait pas l'entrée des troupes russes dans les
Principautés comme un casus helli. On conçoit que
c'est là un gage presque certain de paix, car la
France n'entreprendra pas cette guerre toute seule.
Malheureusement la guerre peut venir sans que
personne la veuille; et, comme le fait remarquer
avec raison un journal de Paris, par l'entrée des
Russes dans les provinces de Danube, la paix n'est
plus entre les mains de l'empereur Nicolas. Elle es-
la mcrci.de tous les hasards; elle dépend de la
prudence ou du fanatisme des Turcs, de l'entraine-
ment d'un chef d'escadre ou d'un capitaine de vais
seau tirer le premier coup de canon.
Ceci élait écrit quand nous avons reçu le mani-
feste de l'empereur Nicolas lui-même. Il est daté du
26 juin. L'empereur y proteste qu'il ne veut ni la
guerre ni des conquêtes; la Russie, dil-il, n'en a pas
besoin. Mais il ajoute que si l'obstination des Turcs
l'y oblige, il marchera la délense de la Foi Ortho
doxe, laissant Dieu le soin de juger le différend.
Ces protestations n'affaiblissent en rien les ré-
fiexionsque nous venons d'émettre. Ajoutons que le
journal auquel nous les avons empruntées, fait re
marquer que les résolutions de l'empereur dç. Russie
sont une preuve nouvelle des mauvais effets du
régime absolu, où il dépend d'un homme de com-
d'une ballade, une plainte d'amour, poésie nationale de
tous les pays de la terre. Sa voix, d abord voilée pour ne
pas passer trop subitement du silence au bruit, s'éleva
graduellement avec les dernières notes du refrain; mais
cessons vibrans glissèrent travers le feuillage, et vin
rent mourir sans écho sur l'herbe de la prairie.
Alors le jeune homme s'assit et contempla le paisible
tableau qui s'offrait sa vue. Le ciel gris était mélanco
lique pour celui qui regardait n'ayant ni joie ni espérance
dans le cœur. Le fleuve roulait sans bruit ses eaux froides
et troubles. A gauche, la plaine s'étendait au loin sans
aucun mouvement de terrain. Quelques moulins levaient
dans les airs leurs grandes ailes éplorées qui attendaient
le vent, et le vent, trop faible, passait auprès d'elles en
les laissant immobiles. A droite, l'extrémité de la petite
prairie qui descendait vers les saules, seul point de ver
dure de cet aride horison, on voyait une maison carrée,
bâtie en briques rouges elle était isolée, silencieuse,
régulière et triste. Les carreaux des fenêtres épais et
verdâtres ne reflétaient pas les rayons du soleil. Des
girouettes dorées formaient sur le toit des dessins bizarres.
Des plates-bandes se.dessinaient en carrés réguliers sur
le sable du jardin. Quelques tulipes inclinant leurs têtes
trop lourdes pour leur lige et des dahlias liés des s«ip-
ports de bois blanc étaient les seules fleurs que l'on vit
promettre les plu« chers inÇifêts du monde pour
satisfaire'ime passion personnelle..
Les deniers^burftaux dès Etats-Unis font grand
bruit d'une conspiration de nègres qui aurait été
découverte la Nouvelle-Orléans, et qui avait pour
but de mettre le feu aux quatre coins de la ville et
de massaéfer tous les blancs. De grandes précautions
fcrit été prises et des arrestations ont été faites,
celle nolammqçt d'un adglais nommé Dyson, qui
avait tenu dans le teinpsqitie école pour les enfan
de couleur, et qui, un* époqùe antérieure, ava
donné asile un esclave fugitif. M. Dyson est bla
et sans doute il n'aurait pas voulu être comp
dans le massacre. Cela seul nous, donne lieu
croire que la conspiration "n'est pas aussi séri
qu'on le dit, ou qu'on accuse tort M. Dyson d'en
être l'instigateur. Si Mm* Becher-Stove ne fût trou
vée là, il est probable qu'elle aurait élé arrêtée auss
avec M. Dyson.
Nous avons par le Havre des nouvelles de Buenos-
Ayres du 7 mai et de Montevideo du i4. Ces
nouvelles sont de huit jours plus fraîches que les
précédentes.
La situation était toujours la même Buenos
Ayres. Lrquiza avait resserré l'investissement de la
place, mais aucune action d'importance n'était sur
venue entre les parties belligérantes. Le blocus
avait élé reconnu par les commandants des fore,
françaises, anglaises et américaines, et, sur les ins
tances de ceux-ci, par le commandant de la station
brésilienne. On ne pensait pas que le gouvernement
de Buenos-Ayres eût aucun moyen efficace de pren
dre le dessus contre l'armée assiégeante, et l'on
regardait sa capitulation comme inévitable dans un*
temps donné; car les intérêts de l'intérieur comme
ceux de l'extérieur souffraient beaucoup de cet état
de choses.
La république orientale de l'Urugay se remet au
contraire, tous les jours des rnaux passagers que lui
avait légués sa longue lutte contre Rusas. Toutes
les traces matérielles de la guerre ont si bien dis
paru de ses niurs, qu'on n'en trouve plus vestige
et quant aux traces morales des ancieunes discordes
civiles, elles tendent s'effacer pour faire place
l'esprit d'apaisement et de couciliation, tellement
que les réactions contre le passé sont un mol vide
de sens aujourd'hui Montevideo, et qu'Orihe, l'an
cien lieutenant de Rosas, le plus intrépide et le plus
obstiné des adversaires db l'indépendance de ce
pays, vit tranquille et l'abri de toute persécution
une lieue peine des murs de cette ville, qu'il as
siégea si longtemps avec un funeste acharnement.
La Bourse de Paris parait très-rassurée. La hausse
y a fait de nouveaux progrès le 5. Pourquoi tant de
confiance quand le danger est plus imminent que
jamais? Est-ce que les joueurs eux-mêmes le sa
vent Nous n'avons jamais cru ia guerre. Nous
n'y croyons pas encore, mais enfin la perspective
est.moins pacifique qu'avant le passage du Pruth, et
le moment de se rassurer est eu vérité mal choisi.
S'il fallait s'en rapporter un article de M. Gra
iller de Cassaguac publié aujourd'hui par le Consti
tutionnel, c'est la Turquie elle-même qui déciderait
le casus belliune fois les provinces danubienues
envahies par les Russes. Si la Turquie disait c'est
la guerre la France et l'Angleterre teraient la guerre;
sinon, non. Ceci est conforme la réponse faite
dernièrement par les ambassadeurs des puissances
résidant Constanlinople, au mémorandum turc
C'est la Porte, dirent-ils, qui est juge des cas où
son indépendance serait violée par la Russie.
fleurir, étouffées, entourées par de petites haies de buis.
Le vent, après avoir passé sur leurs calices, n'en empor
tait aucun parfum. Des arbres rares et chétifs, esclaves
du caprice du maître, étaient taillés en muraille ou pre
naient mille formes bizarres. Leur verdure élait couverte
de poussière. Quelques figures de terre cuite étaient
posées au détour des allées, qui dessinaient dans l'espace
le plus étroit les circuits les plus compliqués; mais une
de ces allées conduisait la haie de saules. Là, la nature
avait repris ses droits, et l'œil, fatigué de l'aspect de cette
demeure, se reposait doucement sur les arbres libres
poussant au hasard et sur l'eau qui coulait leur pied
clic avait miné le terrain, attaqué les racines des arbres;
les saules s'étaient inclinés vers le fleuve, leurs t aies
penchés formaient des ponts volans auxquels seulement
une autre rive manquait. Cependant la jetée qui leur
servait de base élait encore assez élevée pour qu'une
certaine distance séparât les arbres déracinés de l'eau qui
coulait au-dessous d'eux. Quelques branches seulement,
plus longues que les autres, effleuraient la surface du
fleuve et recevaient par son courant un mouvement per
pétuel. Les rameaux brillaient sous l'eau et semblaient
regretter de ne pouvoir la suivre dans son cours.
(Lu suite au prochain n".)