JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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- 13e Apnée.
Dimanche, 17 Juillet 1853.
Vues acprit eundo.
Chronique locale.
LA FAMILLE HOLLANDAISE.
I
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypbes, 16 Juillet.
MM. Coppyn, notaire, et le baron Seulin,
t été élus sénateurs par l'arrondissement de
uxelles, la presqu'unanimité.
e parti catholique s'est abstenu.
M. Coppyn et Seulin sont franchement li-
■aux, ils étaient candidats de l'Association
érale, avaient donné leur adhésion catégo
rique, préalable et formelle aux principes po
litiques déposés dans le programme du congrès
éral, ils avaient déclaré en outre refuser toute
ndidature qui n'émanerait pas du parti libéral,
e élection est donc un nouveau triomphe
pour le parti libéral. Dans les grands centres
jt, de population, là où l'instruction a fait de larges
progrès, au sein surtout de la capitale du
royaume, le drapeau libéral flotte victorieuse
ment, ses adversaires se cachent, ils n'existent
pins l'état de parti
Dans une pareille situation les espérances du
parti catholique, qui ne tendent rien moins
qu'à convoiter le pouvoir, peuvent-elles se réa
liser? Ce parti prétenrlrait-il administrer le pays
en s'appuyant sur les populations électorales
de Turnhout, Eecloo, Roulers, Thielt, et autres
foyers de lumièressyodles populatious où
quelques habitants peiye savent lire et écrire
Le parti catholiqne pense-l-il qu'il soit possible
d'administrer le pays contre l'opinion des gran
des villes, en un mot d'asseoir un cabinet sur
l'ignorance, la superstition et le servilisme, et
de placer dans l'opposition contre ce cabinet,
l'instruction, le libre-examen et la liberté!
On nous dira peut-être le parti de la réaction
n'est point battu car il s'est abstenu c'est-là
un argument sans valeur.
Un soldat vaincu sur le champ de bataille
tombe avec honneur; un soldat qui fuit le
combat est un lâche.
Un parti qui n'ose se présenter devant l'urne
électorale ne mérite pas d'autre qualification
Nous avons constaté, dans un de nos derniers
n0', que le Conseil provincial échappait l'in
fluence du clergé et que cette assemblée qui
au bon temps de M. de Meulenaere, comptait
peine dans son sein quinze libéraux, presque
tous de notre arrondissement, voit aujourd'hui
ses bancs garnis de ces hommes que la Patrie
de Bruges appelle si volontiers des clubistes
des libérâtresetc.
La nomination de M. Ernest Merghelynck,
la place de secrétaire, était, nos yeux, une
preuvé e'vidente du fait constaté par nous. Nos
adversaires ont senti combien était rude le coup
que leur a porté le Conseil provincial ils ont
cherché en atténuer la portée par quelques-
unes de ces plaisanteries de haut goût dont
heureusement leur parti a le monopole.
Mais voici une preuve nouvelle et frappante
de notre allégation ouile Conseil provincial
échappe complètement l'influence du clergé!
La ville d Ypres avait adressé, au Conseil pro
vincial, une requête l'effet d'obtenir, sur le
budget de la province, un subside de 1,000 fr.
destiné être donné en bourses des jeunes
gens peu fortunés et fréquentant le pensionnat
du Collège communal de cette ville; la requête
faisait ressortir surtout cette circonstance que
le vole de ce subside serait, de la part du pre
mier corps de la province, un témoignage de
sympathie donnée au seul ciRlége laïque exis
tant dans la Flandre occidentale et régi par la
loi du lr Juin 1850.
Cette demande soulevait une question très-
importante il s'agissait avant tout de savoir si
le conseil condamnait ou approuvait la loi de
1850 sur l'enseignement. Les organes du cléri
calisme comprirent la gravité de la situation, et
bien que le rapport défavorable de la commis
sion pût leur faire croire que la requête de la
ville d'Ypres ne serait pas accueillie, ils n'en
jeltèrent pas moins feu et flamme contre la
demande de notre administration communale:
Nous aimons croire disait dans son der
nier n° l'organe du Collège S1 Vincent que la
i décision prise par la commission sera con-
firmée par le Conseil la grande majorité de
ses membres.
Heureusement ce que le brave journal de la
sacristie aimait croire,ne«s'est pas réalisé le
Conseil provincial, après avoir rejeté, par 33
(SDITB.)
Et les yeux de Christine brillèrent encore d'un feu
sombre; mais sur ce front de quinze ans, c'était comme
le rapide passage d'une lumière qui l'illuminait une se
conde et s'éteignait. C'était une révélation de l'avenir de
cette femme, bien plus que l'expression du moment pré
sent. Une âme ardente vivait en elle, mais cette âme
n'avait pas encore rejeté tous les voiles de l'enfance.
Elle luttait pour se faire jour, et par moment, ses efforts
arrivant au succès, un mot, un cri révélait sa présence.
Non, je n'oublierai pas, ajouta Christine, non, car
je vous aime, et vous m'aimez, moi qui suis si peu aimée
Votis ne me trouvez ni folle, ni fantasque, ni bizarre;
vous comprenez mes rêves, les mille pensées qui passent
dans mon cœur. Jesuis bien jeune, Herbert, et cependant,
la main dans la vôtre, je réponds de l'avenir de ma vie
entière, Je vous aimerai toujours et voyez, je ne
pleure pas. Je crors au bonheur de cet amour; comment
quand je l'ignore, c'est le secret du Dieu qui m'a créée
et qui ne peut pas m'avoir mise sur la terre que pour
souffrir. Il m'enterra le bonheur quand il voudra, mais
il l'enverra Oui, je suis jeune, pleine de vie, j'ai besoin
d'air et d'espace; je ne vivrai pas enfermée, étouffée ici.
Le monde estçrand, je le connaîtrai; mon cœur est plein
d'amour, il aimera toujours. Allons, poiut de larmes,
mon ami, les obstacles se briseront, il le faudra bien,
car je veux être heureuse
Eh bien Christine, mon amie, ma femme pour
quoi attendre? l'occasion perdue ne se retrouve plus.
Une minute souvent décide de toute l'existence... Peut-
être, en ce moment, le bonheur est-il là près de nous
peut-être en sautant dans celte barque, peut-être avec
quelques coups de rames pour quitter le rivage, sommes-
nous unis pour toujours peut-être, si vous remettez
le pied sur la terre, gommes-nous séparés pour jamais. O
Christine, venez; le vent se lève. Là au fond de mon
canot, il y a une voile qui va s'enfler et nous emmener
aussi vite que l'aile de cet oiseau traverse l'espace.
Des larmes inondaient les joues brûlantes de Christine.
Elle frisonnait, regardait son ami, l'horizon, la liberté;
elle hésitait, une lutte pénible agitait l'âme de cette
enfant. Elle cacha sa tête dans les branches des saules,
elle entoura de ses bras le tronc de l'arbre qui la soute
nait, comme pour résister au désir de se laisser glisser
dans la barque, puis, d'une voix étouffée, elle murmura
ces mots Ma mère Quelques secondes après, Chris
tine, relevant son pâle visage, reprit doucement
A qui ma mère parlerait-elle de son cher pays si je
partais qui pleurerait auprès d'elle quand elle pleure,
si je partais? Elle a d'autres enfants, mais ils sont gais,
heureux, ils ne lui ressemblent pas; il n'y a que ma mère
et moi qui soyons tristes dans notre maison. Ma mère
voix contre 9, les conclusions de la commission,
a voté, pareille majorité, le subside sollicité.
Ce vote a une très-grande portée morale et
politique, car les discussions et spécialement le
discours de M. Vrambout ont très-catégorique
ment fait ressortir les motifs politiques qui ont
guidé I assemblée. Il doit être évident pour tons
aujourd'hui que le Conseil a voulu accorder son
appui moral encore plus que son appui finan
cier notre Collège communal, et venger cet
établissement des attaques injustes et ignobles
que dirigent contre lui quelques écrivassiers
aveuglés par le fanatisme et l'intérêt personnel.
II nous resle féliciter et l'assemblée provin
ciale du vole qu'elle a émis, et notre Collège
communal, du témoignage flatteur de sympa
thie dont il est l'objet; nos conseillers provin
ciaux et M. Vrambout en particulier ainsi que
M. le gouverneur, ontdroità nosremercîments;
en leur témoignant notre gratitude nous
croyons pouvoir dire que nous sommes l'organe
de l'immense majorité de nos concitoyens.
Voir plus loin le eompte-rendu de la séanco
du Conseil provincial.)
Le Propagateur en vérité joue de malheur
il gâte tout ce qu'il touche.
M. Pollet, curé Locre nous traîne devant
la cour d'assises, le Propagateur est heureux,
il bat des mains, pousse la roue, et le jury,
composé d'hommes de tous les partis, nous
acquitte l'unanimité.
La ville d'Ypres demande un subside de
1,000 francs la province pour son Collège
laïquele Propagateur s'en vat-en-guerre
combat la demande, et le Conseil provincial,
sans craindre de froisser le Propagateur et ses
amis, vote par 33 voix contre 9 le subside de
mandé Quel soufflet et ce soufflet est d'au
tant plus sanglant que tous les conseillers
présents la séance et élus par les cantons de
l'arrondissement d'Ypres, ont donné un vole
afflrmatif; ces conseillers étaient MM. Beke,
Carpenlier, Foires t, Mazeman, Merghelynck,
Ricquier et Vrambout.
Le Propagateur osera-t-il dire que ces ho
norables conseillers, sont des clubistes, des
mourrait de mon absence. Il me faut son adieu, sa béné
diction, ou bien il me faut rester ses côtés, comme elle
glacée par ce climat, enfermée dans ces murs, maltraitée
par ceux qui n'aiment pas. Herbert je ne fuirai pas,
j'attendrai. Au revoir, mon ami
Elle fit un mouvement pour gagner le rivage.
Un instant encore un instant, Christine, j'ai peur!...
je ne sais quel glacial pressentiment me frappe le cœur.
Amie si nous ne devions plus nous revoir oh ce
saule, cette barque, ce petit coin de terre tout couvert de
mousse et de roseaux, vous vous là, près de moi
Est-ce la plus belle heure de ma vie qui vient de s'écouler?
Et le jeune homme fondit en larmes, cachant sa tête
dans ses deux mains.
Le cœur de Christine battait avec violence elle eut du
courage. Sé laissant glisser sur le tronc d'arbre, ses pieds
atteignirent la terre, et, de là, séparée de la barque qui
ne pouvait approcher tout-à-fait du rivage
Adieu, Herbert, dit-elle; je serai un jour votre
femme, aimante et fidèle; je le serai, je le veux Prions
Dieu tous les deux pour que sa volonté fasse prompte-
mentvenirce temps heureux! Adieu, je vous aime adieu
et revoir, car je vous aime
La haie, de roseaux et de saules s'entr'ouvrit pour
livrer passage la jeune fille. On entendit quelques
petites branches craquer sous ses pas, un peu de bruit dans
l'herbe et dans les buissons, comme lorsqu'un oiseau