JOUMAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
s-1,987. 18' Année,
Vires acquint eunao.
LA FAMILLE HOLLANDAISE.
Chronique locale.
INTÉRIEUR.
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Yraet, Il Août.
Après la condamnation, par le tribunal de
Courtrai, de l'abbé-Fesseur et de son acolyte,
les feuilles cléricales laissaient comprendre que
ce jugement ne pouvait être définitif, qu'on ne
pouvait admettre sans appel, une décision qui
était l'œuvre, insinuait-on, de l'esprit de parti.
On s'alleudait donc un appel devant la cour
de Gand, mais vainement, paraît-il, car on a
laissé expirer les délais légaux sans appeler. Le
jugement du tribunal de première instance de
Courtrai a doue acquis force de chose jugée.
On peut tirer de celte conduite line conclu
sion qui fera faire la grimace aux journaux
épiscopaux, celleque l'amende infligée l'abbé-
Martinel et son aide n'est pas exorbitante et
ne les transforme pas en victimes, puisque les
coupables n'ont pas osé s'adresser une juridic
tion supérieure pour la faire diminuer, et jugent
la cause assez mauvaise, pour n'en pas même
saisir la cour d'appel de Gand, composée, comme
le fait remarquer le Messageren majorité,, de
magistrats qui se montrent d'ordinaire plutôt
favorables qu'hostiles au parti clérical.
A propos du procès Van Ackere, un de nos
amis racontaitqu'étant allé visiteril y a quelques
années, un établissement d'instruction tenu par
des prêtres, la conversation roula sur la difficulté
de dompter certains caractères u tenez, lui dit
tout coup un vieil abbé, avec une naïveté
pleine de charmes, ce garçon que vous voyez
là-bastout seulétait Je plus têtu de nos
élèves ce n'est qu'après avoir été fouetté une
cinquantaine de fois, que nous sommes parve
nus le ramener dans la bonne voie.
J'avais, ajouta notre amiun neveu dans cet
établissement mon frère qui je racontai les
moyens dedouceur employés par MM. les abbés,
relira son fils, car il ne partageait pas la ma
nière de voir de certains pères de famille de
Courtrai, qui tiennent, paraît-il, beaucoup ce
que leurs enfants soient régulièrement et pro
prement fessés.
Si jamais l'empereur de Russie venait en
Belgique, certains professeurs épiscopaux se
raient décorés suis douté de l'Ordre du Knout.
Nous leur conseillerons dans ce cas de deman
der l'autorisation de porter pour armoiries de
gueules au martinet d'or, sept lanières d'ar
gent, surmonté d'an torse de synople et pour
tenants deux eufaols d'azur sortant du bain.
Ces espèces d écus seraient très-convenables
ils conlieudiaient des armes frappantes!
Si dans un établissement laïque un profes
seur s'oubliait au point de donner trois coups
de martinet un élève, la presse cléricale éou-
merail d indignation et n'aurait pas d expression
assez sévère pour flétrir un acte Irès-reprébeu-
sible du reste et dont I auteur aurait saus doute
rendre compte l'autorité civile.
Dans un collège épiscopal, un prêtre, après
avoir bien dîné, monte de sangfroid sa cham
bre, accompagné d'un autre professeur instruit
des projets du prêtre, et là ils font asseoir sur
une chaise un jeune élève, mettent ses jambes
nu, puis lour de rôle flagellent celte partie
du corps si sensible et si délicate avec un mar
tinet neuf, au point que les jambes du patient
deviennent bleues sur le devant cl les côtés. Ou
le voit, tout a été prémédité, aussi leur conduite
barbare est-elle flétrie par lopinion publique,
ils sont déclarés coupables et condamnés par
la justice du pays et cependant la presse cléri
cale n a pas uu mot de blâme articuler contre
eux, bien plus, leur chef, leur évéqueloin de
les punir, se montre disposé, dit-on, leur
conserver leur position au collège.
Quel contraste! Quelle impartialité! Quel
respect pour la justice du pays rendue au nom
du Roi
ISUITE.)
La nuit vint; elle s'endormit le cœur gonflé de larmes
l'esprit rempli de craintes. Christine sommeillait depuis
une heure peine, lorsqu'elle fut éveillée par le bruit
d'une clé dans la serrure; la porte s'ouvrit, cl Goihon,
Une lampe la maip, s'approcha de son lit. Levez-
vous, mademoiselle, lui dit-elle d'une voix grave, et
suivez-moi. Christine, encore comme dans un songe,
mit la hâte quelques vêtements et suivit silencieusement
Gothou, qui la conduisit vers la chambre de sa mère. La
servante ouvrit la porte, et se recula pour laisser passer
Christine. Un spectacle affreux frappa les yeux de la
jeune fille.
Annunciata, pâle et presque inanimée, subissait les
dernières angoisses de fa vie luttant contre la mort. Ses
pressentiments ne l'avaient pas Irontpée, une trop vive
émotion avait brisé les faibles liens qurla retenaient dans
ce monde. La lampe qui éclnirail la chambre donnait en
plein sur son doux et beau visage, que la souffrance!
n'avait pu altérer; son front, blanc comme l'oreiller qui!
la soutenait, portait l'empreinte de la résignation et du;
courage; un peu de joie y brilla lorsque Christine parut.
Wilhclmine et Maria pleuraient agenouillées au pied du
lit de leur mère. Guillaume, un peu l'écart, tenait la
main un livré dans lequel il avait voulu lire une prière,
mais ses yeux s'étaient détournés du livre pour regarder
Annunciata; deux grosses larmes s'échappaient de sqs
paupières.
Par arrêté royal du 28 Août, sont nommés
dans la Garde civique effective de la ville d'Ypres,
lieutenant adjudant-major du bataillon, le sieur
M. Van Amberg, assis au chevet du lit de sa femme,
avait la tête baissée sur une de ses maïus. Nul ne pouvait
voir l'expression de son visage.
Christine poussa un cri déchirant, et, s'élançant vers
madame Van Amberg, qui la reçut dans ses bras
Ma uière lui dit-elle le visage appuyé sur celui
d'Annunciata, c'est mo' qui vous ai luce Vous avez fait
pour l'aiûourdc moi plus que vous ne pouviez faire
Non, mon enfant bien-aiqiée, non, répondit Annun
ciata en baisant sa fille chaque parole, je meurs d'un
mal bien ancien et depuis Iqnglcinps saus remède. Je suis
heureuse de te voir qne dernière fuis.
Et l'on ne m'a pas appelée pour vous soigner avec
mes sœurs s'écria Christine en se relevant, et l'on m'a
caché votre maladie on m'a laissé pleurer pour d'autres
douleurs que pour les vôtres, ma mère
Chère enfant reprit doucement Annunciata, cette
crise a été bien subite; il y a deux heures, on ignorait
encore le danger qui me menaçait; moi-même j'ai demandé
accomplir mes devoirs religieux avant qu'oïl t'appelât.
Je voulais être toute la pensée de Dieu. Maintenant je
puis me livrer aux cmbrasseinenls de mes chers enfants.
Et madame Van Amberg serra la fois sur son cœur ses
trois filles, qui la couvraient de leurs larmes.
Chères filles, leur dit-elle, Dieu est plein de misé
ricorde pour ceux qui meurent, et il rend saintes toutes
les bénédictions des mères pour leurs enfants. Je vous
bénis, incs filles; souvenez-vous de moi et priez toutes
pour moi.
Les trois jeunes filles inclinèrent leurs têtes sous la
Rabau, Louis; lieutenant quartier-maître du
bataillon, le sieur Vanderraeersch, Louis.
A u moment de mettre sous presse, nous rece
vons une relation détaillée des fêles et cérémo
nies qui ont eu lieu Poperinghe, l'occasion
de la pose de la dernière pierre de la route
pavée d'OoslvIeleren cette ville.
Nous insérerons avec plaisir ce compte-rendu
dans notre prochain n°.
Un enfant nouveau-né du sexe masculin,
exposé dans un bois sous Wytschaete, y a été
trouvé le 29 de ce mois, par un pâtre. La gen
darmerie étant survenue, elle a fait remettre
l'enfant l'officier de l'élat-civilde la commune.
Les fêtes du mariage se sont terminées jeudi
au soir par te feu d'artificequi a été favorisé
par ua très-beau temps. M. Ruggieri a été
exact la première fusée est partie 9 heures
précises.
Le feu d'artifice a duré juste une demi-heure.
Le bouquet a été très-applaudi, ainsi que la
pièce principale représentant un portique aux
couleurs nationales, surmonté d'une couronne
royale, et au-dessous la croix de l'ordre I -ôpp^ld
Inutile de dire que la foule était immense.
Jeudi, une heure après-midi, le duc et la
duchesse de Brabant, le comte de Flandre et la
princesse Charlotteaccompagnés de plusieurs
dames du palais, sont allés Laeken.
La duchesse de Brabant a voulu que sa pre
mière visite fût pour le saint lieu où reposent
les restes de notre bien-aimée Reine. S. A. I. et
R. a rempli ce pieux devoir avec un touchant
recueillement.
LL. A A. RR. sont revenues au palais de
Bruxelles, vers les cinq heures, dans une voi
ture découverte attelée de six chevaux et pré
cédée d'un piqueur.
main de leur mère, et leurs larmes seules répondirent
ce suprême adieu.
Mon bon frère, reprit Annunciata en se penchant
vers Guillaume, qui arrêtait sur elle un regard paternel
plein de douleur et d'affection, mon bon frère, nous avons
longtemps vécu ensemble, et vous avez toujours été pour
moi un am; dévoué, indulgent et doux; je vous remercie,
mon frère.
Guillaume tourna la tèle pour cacher les efforts qu'il
faisait pour contenir ses larmes; mais ce fut en vain un
sanglot s'échappa de ses lèvres en même temps que sa
respiration, et, renonçant alors l'apparence d'une fer
meté qu'il n'avait pas, il dit Annunciata, en lui montrant
sa vénérable figure toute mouillée de pleurs
Ne me remerciez pas, ma sœur, j'ai fait peu de
chose pour vous. Je n'ai guère égayé votre solitude, mais
enfin je vous ai aimée, cela est sûr J'espère, ma sœur,
que vous viyrcz encore.
Annunciata branla doucement la tête. Après avoir dit
adieu tous, elle chercha du regard son mari pour lui
adresser ses dernière» paroles, mais les mots expirèrent
sur ses lèvres; elle le regarda timidement, tristement,
puis ferma les yeux comme pour arrêter une larme qui
allait s'échapper de sa paupière.
Madame Van Amberg s'affaiblissait visiblement, une
grande oppression l'étouffait, et plus elle sentait la mort
venir, plus un trouble intérieur, qui n'était pas le regret
de la vie, semblait s'emparer d'elle. Elle était résignée
sans être calme. Son âme devait souffrir et s'agiter jus
qu'à la fin. Elle regardait ses enfants, puis détournait ses