Chronique politique. -
Les officiera et les dames venus Bruxelles,
la suite de S. A. R. Mmo la duchesse de Bta-
bant, sont repartis vendredi pour Vienne.
On écrit de Londres, 26 août
Ce matin, tous les membres de la famille
royale d'Orléans présents en Angleterre ont as
sisté la chapelle de VVcybridge, la messe de
requiem commémorative de la mort de Louis-
Philippe. Une foule de Français s'étaient rendus
cette pieuse cérémonie.
Llbrc^entrée des grains et farines.
Le Moniteur belge publie l'arrêté royal sui
vant du 211 aoûtrendu sur la proposition et
de l'avis unanime du conseil des ministres:
Article unique. Sont libres l'entrée le froment,
l'épeaulre mondé, le inéleil, les pois, les lentilles, les
fèves (haricots), le seigle, le uiaïs, le sarrasin, les
léverolles et vesces, l'orge, la drèche (orge gerraée),
l'avoine, l'épeaulre non mondé, le gruau l'orge
perlée, les farines et moulures de toute espèce, les
lécules et autresjsubstauces ami lacées.
Pour apprécier la portée de la mesure con
sacrée par cet arrêté il faut se reporter la loi
du 22 février 11(50. L'art. lr de celle loidont
l'effet devient non-obliyaloire dater d'aujour
d'hui, frappait:
Le frouienl, l'cpeautrc inondé, le
mcteil, les pois, lentilles et fèves (ha
ricots) d'un droit d'entrée de fr. t i> p* 100 kil.
Le seigle, le inuïs, le sarrasin, les
féverolles et les vesces de. 70
L'orge, la drèche (orge germée),
l'avoine et l'épeaulre non mondé de. 60
Le gruau et l'orge perlé de. 3 00
Les farines et moulures de toute
espèce, le son, la fécule et les autres
substances amilacécs de 3 00
Le Roi et la famille royale sont partis lundi
malin 10 heures pour Bruges.
Le convoi royal est parti de la station, où le
duc et la duchesse de Brabaut, le comte de
Flandre et la princesse Charlotte s'étaient rendus
avec les personnes de leur suite.
Le Rot est monté la coupure.
La famille royale devait être rendue Bruges
1 heure de l'après-midi. bile a dû assister le
soir 6 heuresun grand banquet qui lui a
été offert par le conseil communal, et ensuite
une fêle vénitienne, pour laquelle la ville de
Bruges avait fait de grands préparatifs. Si le
temps a été pluvieux comme Bruxelles la fête
aura été mauquée.
Ce malin, midi, la famille royale se rendra
Osleude elle assistera au banquet offert par
la ville, et ensuite aux régales.
Elle sera de retour Bruges vers dix heures
du soir.
yeux humides de pleurs. L'avenir d'une de ses filles ren
dait amèrcs les dernières minutes de sa vie; elle n'osait
prononcer le nom de Christine, elle n'osait plus implorer
pour elle, et cependant mille craintes, mille pensées
gonflaient son pauvre cœur. Elle voulait parler, elle
voulait se taire. Elle se refusait, cet instant suprême, la
douceur de donner un baiser de plus la moins heureuse
de ses filles; une douloureuse contrainte la suivait jus
qu'au tombeau. Elle mourait comme elle avait vécu, en
refoulant ses larmes, en cachant ses pensées. De temps
autre, elle se tournait vers son inari, mais il reslait la létc
baissée sur sa main; elle ne pouvait surprendre un regard
qui l'encourageât pleurer tout haut.
Le spasme qui devait briser cette frêle existence allait
toujours croissant. Annunciata agonisante murmurait
d'une voix inintelligible Adieu adieu Son
regard ne lui obéissait plus; nul n'aurait pu dire sur
qui il cherchait s'arrêter. Guillaume s'approcha de son
frère, et, lui posant la main sur l'épaule Karl, lui
dit-il l'oreille de façon que lui seul pût l'entendre, elle
expire N'as-lu donc rien dire cette pauvre créature
qui a vécu près de toi, qui a souffert près de toi, mon
frère Vivante, tu n'avais plus d'amour pour elle; mais
elle se meurt, ne la quille pas ainsi Ne erains-lu pas,
Karl, que cette femme opprimée, rudoyce par loi, n'em
porte, en s'en allant au ciel, un peu de ressentiment au
fond de son cœur? Demande-lui donc qu'elle te pardonne
avant de partir
Il y eut un instant de silence; M. Van Amberg rcsla
immobile.
Annunciata, renversée en arriéré, semblait deja ne
plus exister. Tout coup elle fit un mouvemeut, se sou-
Un *JH Août au 31 iuclut».
On avait annoncé, il y a quelques mois, les fian
çailles du priuCe régnant du Monténégro, avec la
fille d'un négociant de Trieste. Un journal alle
mand, la Gazette de* postes tf .dugsbuurg, dit au
jourd'hui que m? mariage est rompu, les cabinets
de Russie et d'Autiiehe ayant considéré comme
iuipolitique l'union du priuce Danielo avec la fille
d'un simple particulier.
Ceci pourra paraître assez extraordinaire. Nous
n'avons pas appris, en effet, que ces puissances aient
fait la moindre observation quand Louis-Bonaparte
a épousé M"° de Moulijo.
Nous avons fait connaître les explications de
l'Assemblée nationale, sur la cause du retard apporté
par la Turquie approuver la note de Vienne.
Ces explications, au lieu de rassurer la bourse de
Pa ris du ?5, l'ont encore plus inquiétée et li baisse
a été plus forte que la veilie. Cependant, s'il faut en
croire la Presse, la hausse actuelle des farines est
provoquée par la spéculation plutôt que par la rareté
des grains. On cite des spéculateurs qui, depuis
quelque temps, font des ai bitrages entre la halleaux
blés et la bourse. Ils achètent des larmes et vendent
des rentes; lorsqu'ils seront obligés de liquider, ils
provoque! uni un niouvemenf inverse.
Le Time* d'Iiiei malin publie un article bien con
traire a celui du Constitutionnel il approuve sans
réserve le uiaruge du duc de brabant, et il y voit
coiuuie tout le iiiuude, une nouvelle garantie pour
l'mdépeuduiice de la Belgique.
La session de* Chambres portugaises a été close
le i i de ce mois. La maladie des raisins inquiète
beaucoup les Portugais; par l'extension qu'elle
pretid, c'est une ruine pour ce pays qui n'avait guère
besoin de ce nouveau fléau pour s'appauvrir.
Le Morning-Chrarticle reçoit de son correspondant
une lettre où il assure que l'exportation des vins de
la récolte prochaine sera inférieure de plus des trois
quarts, celle des années précédentes.
Depuis quelques jours, écril-ou de Galatz, la
août, une commission russe est arrivée aux embou
chures de la Suliou. Elle est chargée d'examiner le
fleuve et de proposer le pian d'une rectification de
l'embouchure.
Avant-hier, la seconde Chambre des Etats-Géné
raux des Pays-Bas, a adopié par 41 voix contre 27,
l'ensemble du projet de loi relaiil la surveillance
des cultes.
Le Moniteur français a enfin daigné parler du
mariage du duc de Brabaut. Il lui consacre quelques
lignes sa rubrique des nouvelles de l'étranger, et
reproduit d'après le Moniteur belge, les paroles sa
cramentelles adressées au duc et la duchesse de
drabant, par le bourgmestre, pour leur demander
s'ils conseillent h se prendre réciproquement pour
époux et pour épouse, et la réponse de LL. A A. RR.
Rien de plus.
La Preste dit ironiquement propos de cette
publication tardive: Ce n'est pas la piemière
négligence d'une lédaction qui déviait elle une
rédaction modèle. Le Moniteur s'est également laissé
dévancer pour la publication du discoms de clôture
leva péniblement, se pencha vers M. Van Amberg,
chercha, en talonnant, la main de sou mari, et, quand
elle l'eut saisie, elle inclina son front sur cette inain
immobile, la baisa, la baisa de nouveau, cl expira dans
ce dernier baiser.
A genoux s'écria Guillaume, genoux Elle est au
ciel demandons-lui de prier pour nous.
Et tous se prosternèrent sur la terre.
De toutes les prières que l'homme adresse Dieu
pendant sa vie d'épreuve, nulle prière n'est plus solen
nelle que celle qui s'échappe de notre cœur désolé pen
dant qu'une âme aimée s'envole de la terre vers le ciel
et que pour la première fois elle apparaît devant son
Créateur.
M. Van Amberg se releva.
Quittez celte chambre, dit-il ses enfants et son
frère; je veux rester seul près de ma femme.
On s'éloigna lentement du lit mortuaire; la porte s'ou
vrit et se referma; madame Van Amberg morte et son
mari restèrent seuls.
Karl Van Ainberg, debout près du lit, regarda fixement
ce pâle visage, qui avait retrouvé dans le calme de la
mort tonte la beauté de la jeunesse. Une larme que les
souffrances de la vie avaient encore laissée là, une larme
que nulle autre ne suivrait, brillait sur la joue glacée de
la morte un de ses bras était encore penché en dehors
du lit, dans le mouvement qu'il fit pour prendre la main
de M. Van Amberg; sa tête inclinée était restée là où elle
avait baisé celte main sévère. M. Van Ainberg regarda, et
son cœur, ce cœur qu'une enveloppe de glace semblait
entourer, se brisa enfin.
Anuuuciata s ecria-t-il, Annunciata
du Parlement anglais. Nous savons qu'il y a une cer
taine majesté dans kl lenteur, mais il ne faut abhser
de rien.
Ou croyait# hier Paris, que le Moniteur de-ce
malin donnerait enfin quelques informations posi
tives sur Jâ question d'Oriefm Le Tîntes Jssure en
attendant', que la Porte n'est décidée iraccepier qu'à
la condition indispensable de l'évacuation des Prin
cipautés, avant que l'ambassadeur qu'elle (fuit en
voyer Saint-Pétersbourg, ne quit te Constantinuple.
Les correspondances de Romë d.u 20 août donnent
des détails sur le complot dont la découverte a été
annoncée il y a trois jours, par uue dépêche télé—
gra phique. On dit que les conjurés, pour la plupart
affilés aux sociétés secrètes,"Se proposaient de pro
filer des lêtes que l'armée française devait célébrer
le i5 août, pour donuer, pendant l'illumination, le
signal d'une émeute. Les conjurés étaient partis de
Gênes avec de faux passeports et étaient parvenus
pénétrer dans Rome. Le goûveruetnent pontifical
a été averti, de Gênes, et même par le gouvernement
français, ce que dit le Constitutionnelet il a fait
arrêter les principaux conjurés. On cite le nom de
l'un d'eux c'est l'avocat Petroni, ami de Mazziui,
qui s'était échappé avec lui après la prise de Rome.
Son arrestation a été opérée dans la maison d'un
prêtre, bénéficier de S' Laurent.
Les journaux de Gênes du 2a août annoncent qu'il
y a eu quelques troubles, cause de la cherté du
pain. De nombreuses arrestations ont été faites, et
les désordres, qui n'ont pas été très-graves du reste,
oui été comprimés.
P. S. Nous avons reçu Lier malin, quand ce qui
précède était écrit, une dépêche télégraphique pu
bliée par le Moniteur français, annonçant enfin l'ac
ceptation de la proposition de la conférence de
Vienne, par la Porte.
Cette nouvelle nous arrive aussi de Vienne. Chose
singulière! la publication de cette dépêche n'a pas
empêché le 3 p. c. de se faire en baisse.
Les personnes qui disaient vendredi la Bourse
de Paris, que le Moniteur publierait, le lendemain,
des nouvelles de Constautinople annonçant l'adhé
sion de la Turquie étaient bien informées. 11 parait
que la nouvelle avait été escomptée en même temps,
car la bourse du 17, le 3 p. c., qui est le foud de
spéculation, a été fait en baisse.
C'est qu'on n'a pas considéré la nouvelle comme
complètement favorable, et les changements de ré
daction apportés par la Turquie fa note de la con
férence de Vienne, font craindre aux spéculateurs
de nouvelles difficultés. L'affaire est si grave qu'on
ne sera complètement rassuré que lorsque tout sera
signé.
Le Constitutionnel ne veut pas qu'il y ait eu de
l'enthousiasme au mariage du duc de Brabaut, et il
se fait adresser de Bruxelles (sans doute par le bon
Belge, auleurde la laineuse brochure), des nouvelles,
certainement fort nouvelles pour tous ceux qui
ont vu nos fêtes. Or, vous saurez, c'est le Consti
tutionnel vçu\ le dit,que le nouvel uniforme de notre
infanterie, n'est autre chose que l'uuitorme autri
chien. Aussi, au cortège de la cavalcade, a-l-il été
très-mal accueilli et même sifflé. De plus, le mécun-
II y avait quinze ans que ce nom n'était sorti de la
bouche de M. Van Aiuberg. Il se jeta sur le corps de sa
femme, il la prit dans ses bras, il baisa son front.
Annunciata dit-il, n'csl-cc pas que tu sens ce
baiser de paix que je te dorme avec amour Annunciata,
nous avons bien souffert tous les deux Dieu 11e nous a
pas donné de bonheur Annunciata, je t'ai aimée depuis
le premier jour uù je te vis joyeuse enfant en Espaguc
jusqu'à ce jour affreux où je te presse morte sur mon
cœur. O Annunciata, que nous avons souffert
M. Van Amberg pleura.
Repose en paixpauvre femmemurmura-l-il,
trouve dans le ciel le repos que la terre t'a refusé
Sa main en tremblant s'approcha des yeux d'Annun-
eiala, il les ferma.
Maintenant, dit-il, tu ue pleureras plus. Tes yeux
sont clos pour le souuneil éternel.
Il prit les mains de sa femme et les rapprocha l'une de
l'autre.
Tes mains, murmura-t-il, se sont souvent jointes
pour prier; qu'elles restent jointes pour toujours
Puis il s'apprêta voiler la figure d'Auuunciata.
Aucun regard humain, dit-il, ne verra plus ce front
auquel Dieu avait donné la beauté; le cercueil va se fermer
sur cette tête si belle Tu retournes Dieu, Annunciata,
ornée encore des dons qu'il t'avait faits; je le vois pour la
dernière fois
Sa main laissa tomber sur Annunciata le drap qui
devait l cusevelir. Karl Van Amberg s'agenouilla.
Mon Dieu, s'écria-t-il, moi, j'ai été sévère; vous,
soyez miséricordieux
(La suite au prochain