Chronique politique. - Ce discours que nous regrettons de ne pou voir reproduire en son entier, a été accueilli par des marques unanimes d'approbation. Immédiatement après, M. le commissaire d'arrondissement, M. le bourgmestre, MM. Malou et Vanden Peereboom, représentants. M. Crepin, ingénieur, MM. Berten et Van Renynghe. échevins, ont successivement posé une pierre avec tout le cérémonial accoutumé et cette opération terminée, le cortège s'est remis en route vers I Hôtel-de-ville d'où les différente» autorités se sont rendues un ban quet qui était organisé l Hôtel du Cerf tenu par le sieur De Coester, et nous uous plaisons dire que cette partie de la fêle ne laissait rien désirer; les mets étaient exquis, et les vins déli cieux. Au dessert plusieurs toast ont été portés par M. le bourgmestre: au Roi qui préside avec tant de bonheur aux destinées de la Belgique, au Duc et la Duchesse de Brabanl, M. le gouverneur et M. le commissaire d'arrondis sement dont le concours a été si utile pour la route que nous venons d inaugurer. Tous ces toast ont été accueillis par des chaleureux applaudissements. Ensuite, M. Carton a remercié M. le bourg mestre des toast qu'il venait de porter. L'éclat, a-l-il dit, qui a présidé toutes ces fêtes et l'accueil si sympathique que vous avez fait au premier toast porté par votre honorable bourg mestre, prouve que vous avez compris, comme la Belgique entière, que l'alliance que nous fêtons aujourd'hui, est un nouveau gage de paix et de prospérité pour notre patrie. Continuons, Messieurs, chérir notre royauté et travailler sous l'égide de nos institutions constitutionnelles l'amélioration inorale et matérielle de nos populations, dans ce but unissons nos efforts, effaçons ces souvenirs de loca lité qui se rapportent une époque où chaque commune avait des limites distinctes et des intérêts opposés, rappelons-nous, qu'aujourd'hui, nous sommes tous enfants d'un même arrondissement, d'une même province, d'une même patrie. La construction de la route que uous venons d'inaugurer est un acte important pour votre loca lité, n'oubliez pas qu'il est te résultat de nos efforts communs et qu'eu persévérant nous prêter un mutuel concours, nous parviendrons bientôt réa liser tous les grands travaux qui intéressent si vive ment votre ville. Dans cette communauté d'idées, je vous propose de boire a la prospérité de la ville de Poperirighe, en vous proposant un toast son ho norable bourgmestre. Ces paroles ont été accueillies par d'unanimes el de chaleureuses acclamations; après le ban quet qui ue s'est terminé que vers dix heures, les convives ont parcouru les rues principales de la ville dont la décoration était charmante; on ne voyait que drapeaux, banderolles et lu mières étincelantesles transparents étaient pleins de goût et d'apropos. Les peintures sont dues un jeune artiste M. Rommens, que nous bras, la berçait comme on berce un enfant qui sommeille, et s'envolait avec elle travers les nuages en lui disant Je ne veux pas que tu vives la vie fait souffrir. J'ai demandé Dieu de te faire mourir jeune, pour que tu ne pleures pas comme j'ai pleuré L'instant d'après, elle se voyait habillée de blanc, couronnée de fleurs, auprès d'Herbert, qui lui disait Venez, ma fiancée la vie est belle, mon amour vous préservera de toutes larmes; venez, nous serons heureux Christine s'éveilla brus quement; un bruit sourd avait frappé son oreille,-elle regarda autour d'elle; sa fenêtre était ouverte, et par terre, au milieu de la chambre, une lettre était attachée un caillou, dont le choc contre le plancher avait troublé le léger sommeil de la jeune fille. Le premier mouve ment de Christine fut de courir la fenêtre elle ne vit personne; un buisson peut-être s'agitait du côté de la rivière, mais ses yeux ne purent rien distinguer. Elle ramassa la lettre, elle devina que c'était l'écriture d'Iler- bert. Il semble que l'on ne voit jamais pour lu première fois l'écriture de celui que l'on aime; le cœur la reconnaît comme si les yeux l'avaient déjà vue. Christine pleura de joie. O ma mère s'écria-l-clle. Elle avait besoin de rapporter sa mère le premier moment de bonheur dont elle jouissait après ces longs jours de deuil et de contrainte. Christine se trompait. Si l'âme de sa mère avait pu descendre du ciel, elle serait venue étendre ses ailes sur la lettre que sa fille tenait, afin qu'elle ne pût pas la lire; mais Christine était seule, un rayon du soleil levant éclairait la cime des saules, des souvenirs d'amour se félicilons sîffcèrement sur l'hehreuse disposi tion et la bonne exécution qu il apporte dans toutes ses compositions Bref, ces fêtes étaient parfaites et laisseront un agréable souvenir chez tous ceux qui y ont pris part. ii i j i On assure que MM. Jean-Baptiste Vanden 3eereboom, président de la chambre de com merce d'Ypres. De Prey. commissaire de l'ar rondissement de Fumés, Jooris-Borre, conseiller communal el provincial Bruges, et Jules Du Jardin, banquier, Bruges, viennent de rece voir la décoration de l'ordre Léopold. Un 1°' Septembre nu 3 inclus. Le Timet blâme éiiergiqueinenl ces procédés dila toires, qui perpétuent l'inquiétude et font perdre la Turquie les .sympathies que l'Europe lui avait montrées. Le Parlamento, de Turin, dit que Guerrazzi est enfin parti de Florence le 22. Son départ a été tenu très-secret. Son frère est la seule personne qui ait pu le voir avant son départ. Si le fait est exact, on ne tardera pas d'apprendre son arrivée Marseille. Il est beaucoup question de la prochaine abdica tion du roi de Daneinàrck et de l'accession au trône du prince Chrétien de Gliisksbourg, désigné comme héritier de la couronne par le traité de Londres. Les journaux de New- York les plus récents por tent la date du i3. Ils annoncent que le gouverne ment américain a approuvé la conduite du capitaine Ingrahain dans l'affaire Costa. On sait que le gouvernement autrichien a com muniqué aux puissances européennes, un mémoire sur cette affaire. Une lettre de Vienne du î3 ajoute que le cabinet est décidé la pousser jusqu'au bout. Il se propose de demander au gouvernement améri cain, s'il entend reconnaître les principes du droit des gens généralement reconnus et adinisen Europe, eu ce qui concerne la protection ou la non-protec tion des sujets par voie de réciprocité. La Bourse de Paris du 29 a été signalée par une très-forte baisse, malgré une dépêche de Marseille confirmant l'adhésion de la Porte, mais toujours avec des modifications sans importance. Ces modifications sans importance, la Bourse les juge très-importantes ce qu'il parait, et nous sommes du même avis. On suppose assez généralement que si la Russie évacue les principautés, elle exigera de la Porte le paiement des fraisde celte occupation. Nous n'avons jamaiscru, pour notre part, une pareille exigence. Le Journal de Francfortdont les informations sont ordinairement exactes, reçoit de son correspondant deVienne, une lettre exprimant une opinion con forme la nôtre. line fois le projet d'arrangement adopté par les deux parties, dit ce correspondant, l'évacuation sans condition, suit de droit. Nous avons sous les yeux la correspondance échangée dans l'affaire Costa, entre le ministre d'Autriche et le chargé d'affaires des Etats-Unis, Coustanlinople. Il nous parait bien difficile, après une lecture attentive, de juger le débat en faveur de réveillèrent dans le cœur de la jeune fille, et elle lut ce qui suit Christine, je ne puis écrire que quelques lignes, une longue lettre difficile cacher n'arriverait pas jusqu'à vous. Que votre âme écoute la mienne, qu'elle devine ee que je ne puis dire Mon amie, vous le savez, ma famille m'a confié votre père, et lui a donné sur moi toute autorité. 11 peut son gré m'employer selon les exigences de ses maisons de compterce. Christine, je viens de rece voir l'ordre de m'embarquer sur un de ses vaisseaux faisant voile pour Batavia. Un cri s'échappa des lèvres de Christine, et son regard étincelant de larmes dévora les lignes suivantes Votre père met l'immensité de la mer entre nous; il nous sépare pour toujours. Ne plus nous voir Christine, ne plus nous voir! est-ce possible Votre cœur aurait-il appris comprendre ces mots-là depuis quelques jours que j'ai cessé d'être près de vous? Non, ma bien-aimée Christine, non, ma fiancée, il nous faut vivre ou mourir ensemble Votre mère n'est plus; votre présence n'est plus nécessaire au bonheur de personne. On est sans pitié, sans affection pour vous. Votre avenir est affreux. Je suis là, plein d'amour et de dévouement; je vous appelle, venez, nous fuirons ensemble. Dans le port du Helder, il y a de nombreux vaisseaux; ils nous emmène ront tous deux bien loin de ces lieux où nous avons tant souffert. J'ai tout prévu, tout préparé; venez seulement, je vous attends. Christine, du mot que votre main tra cera va dépendre ma vie. La vie, je n'en veux pas sans vous Séparés pour toujours si vous en signez l'arrêt, ce dernier. Un fait est''avéré: c'test qlie le réfugié- hongrois interné en Turquie après la défaite-jîe* Kossuth, s'obligea en i85o, lorsqu'il obtint l'auto risation de se rendre aux Etats-Unis, ne pas revenir sur le territoire ôt.lomanv Pour pou voie' enfreindre cet engagement safw1 doqje^t av'àijt-.d.e quitter New-York, il fit une regoijlWtio» authen tique de sa qualj^é d'ancien sujet de l'Autriche, et prêta serment de fidélité l'qri.iôtf américaine, en attendant que cinq ans de séjour fui donnassent le droit d'obtenir le litre de ciloyti^des Etats-Unis. Il prit copie authentique de ces actes, un passeport américain el retourna Smyrne. 11 restera bien certain aux yeux de tous, que ces actes ne peuvent avoir aucune valeur pour le gou vernement autrichien, et que celui-ci était parfaite ment en droit d'exiger du gouvernement turc qu'il éloignât ce réfugié. Si l'arrestation de Costa avait été faite régulièrement, coup sûr personne ne ré clamerait en sa faveur. Supposez, en effet, qu'ail lieu de se rendre Smyrne, Costa se fût rendu Vienne, est-ce que la protection des Etals-Unis aurait pu le suivre là? Mais son arrestation a-t-elle été régulière M. de Bruck soutient l'affirmative dans une lettre du 27 juin, en réponse au chargé d'afluires des Etats-Unis qui réclamait sa mise en liberté. L'arrestation de Martin Costa, dit-il, a eu lieu en vertu des traités qui assurent mon gouvernement une juridiction indépendantepleine et entière, sur tous ses sujets en Turquie. Si les traités sont tels, le gouvernement américain n'a rien dire. Cependant le chargé d'affaires excipe del'espèce de naturalisation obtenue par Costa, pour le couvrir de la protection de son gouvernement; mais dans sa réponse même M. de Bruck, sous la date du 29 juin, il avoue que dans son interrogatoire, subi bord du brick le Hussard, Costa a déclaré qu'il était Hongrois, et qu'il souhaitait de mourir Hongrois. Cette déclaration faite par l'intéressé lui- même réduit néant les prétentions du gouverne ment américain. La Bourse de Paris s'est remise la hausse avant- hier, mais n'a pas regagné ce qu'elle avait perdu la veille. On attribue cette reprise des nouvelles plu» favorables sur la question des subsistances. Cepen dant voici le marché de Londres qui nous arrive encore avec une hausse de 4 schellings par quarler sur le froment. L'Assemblée nationale et le Siècle publient deux articles sur lesquels nous reviendrons, ponr blâmer le Constitutionnel de la publicité qu'il a donnée la brochure du prétendu Belge. La reine d'Angleterre s'est.rendue Dublin l'oc casion de l'exposition universelle. Elle y a reçu un très-bon accueil de la population de cette capitale. Le nouveau grand duc de Saxe-Weimar a prêté le 27 août, son serment d'inauguration. Les journaux de la Nouvelle-Orléans disent que la fièvre jaune continue d'y faire d'affreux ravages. Le commerce est tout fait suspendu; les rues dé sertes. C'est en vain que les magasins attendent les acheteurs. Solitude absolue. Il n'est guère de mai son, dit un de ces journaux, qui n'ait son fiévreux, qui n'ait en son mort; ce qui répand partout une teinte sombre de tristesse augmentée encore par cette file de corbillards qui passe du matin au soir. je n'achèverai pas l'existence amère que Dieu me destine. Je dirai Malheureux est le jour où je vis ma bien-aimée pour la première fois ce jour-là a été toute ma vie. Et vous, vous, Christine, loin de moi, recommcàcercz-vous aimer? aimer un autre que moi ou vivrez-vous sans amour?... Oh venez, j'ai tant souffert sans vous Nous irons en Espagne, Sévilie, dans la patrie de votre mère, dans ce pays où Ton aime dès que l'on existe, où l'on ne sait plus vivre quand on ne sait plus aimer Je vous appelle, je vous attends, Christine ma femme Ce soir, minuit, trouvez-vous au bord de la rivière j'y serai, et tout un avenir de bonheur est nous. Venez, chère Christine, venez Pendant que Christine lisait, un torrent de larmes avait son insu inondé la lettre d'Herbert. Elle éprouva un instant de trouble affreux. Elle aimait avec passion, mais elle était jeune, et l'amour n'avait pu donner encore cette âme pure l'audace qui brave tout, Elle se sentait frémir. Toutes les sages paroles entendues dans la maison paternelle, toutes les pieuses exhortations de l'oncle Guillaume, toutes les saintes prières apprises depuis l'enfance bourdonnèrent ses oreilles; son christ de Lois semblait la regarder; les grains de son chapelet étaient chauds encore de la pression de ses doigts. Oh mon rêve, mon rêve dit-elle Herbert qui appelle sa fiancée ma mère qui appelle sa fille Lui, la vie et Talnour elle, la mort et le ciel O mon Dieu! mon Dieu s'écria Christine en sanglotant. [La suite au prochain n\)

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Le Progrès (1841-1914) | 1853 | | pagina 2