Chronique politique.
INTÉRIEUR.
provincçs du royaume. Ces nominations sont
au. nombre de 44; plus, deux chevaliers qui
ont été promus au "grade d'officier.
Au moment de mettre sous presse, nous ap
prenons, dit Y Ami de l'ordre, que le gouverne
ment a décidé qu'il maintiendrait le tracé du
chemin de fer du Luxembourg par Ciney, con
formément la loi votée par les Chambres.
On écrit de Bursl-lez-Alost Celte année, les
héritiers Lenssens. cultivateurs de notre com
mune, ont planté un journal de terrain aveedes
pommes de terre provenant de semence. Ces
pommes de terre n'ont été nullement attaquées
par la maladie. Jusqu'ici leurs tiges sont encore
vivaces comme en pleine floraison.
Il ne se passe pas un jour que ce phénomène
n'attire des curieux de quatre cinq heures aux
alentours. On peutêtre assuré que chaque butte
fournira le triple de la récolte, comparative
ment aux autres.
On est obligé de garder ces pommes de terre
jouretnuil; chacun en veut avoir quelques-unes
pour les planter l'année prochaine.
Les nouvelles des grains sont généralement
en hausse aujourd'hui.
A Nantes, les blés ont monté d'un franc par
hectolitre au dernier marché; Rouen, Ven
dredi, la hausse a été de fr. 1-75; Marseille,
elle est de 2 fr., et une dépêche télégraphique
de Londres d'aujourd'hui signale un mouve
ment de hausse de 3 4 shillings par quarter.
Le mouvement est également en hausse la
halle de Paris d'aujourd'hui, mais nous n'avons
pas encore les cours exacts au moment où
nous mettons sous presse. Constit
Du 18 Septembre an 11 inclus.
Le régime impérial, malgré ses prétentions ré
genter l'opinion, etmêtneà la mépriser quelque peu,
est obligé de compter avec elle, témoin l'article du
Moniteur français d'aujourd'hui, sur les achats de
grains faits l'étranger. A une première déclaration
qui paraissait assez explicite pour l'avenir, il a fallu
en ajouter une pour le passé, dire quel chiffre
s'élevaient les achatseifectués et déclarer encore une
fois que le gouvernement n'avait aucune intention
de se livrer au commerce des grains.
Dans les circonstances où se trouve la question
d'Orient, il était permis de révoquer en doute l'ar
rivée prochaine de l'empereur de Russie Yarsovie
et sa visite au camp d'Olmutz, annoncées l'une et
l'autre par une feuille allemande. Une lettre de
Vienne, adressée VIndépendance, assure cependant
que le Tzar sera Varsovie le 20 de ce mois, et qu'il
pourrait être par conséquent le 26 au camp d'Ol
mutz,où l'empereur d'Autriche est déjà depuis hier.
Malgré la lettre de l'Indépendance, nous doutons
encore.
Le jury fribourgeois, siégeant Bulle, vient de
prononcer son verdict pour la catégorie d'accusés
qui s'étaient soustraits par la fuite, l'enquête diri
gée contre les auteurs de l'insurrection du 32 avril"
dernier. Sur onze d'entr'eux, neuf,ont étçjacqiiiilés,
et parmi eux deux Ai ttfcis notabilités de l'ancien'
Sonderbund.
Le grief imputé au ministère dit (Va^d-Du chë de
Luxembourg était fondé; mais U faut le veslieiridre
au seul ministre des affaires éu-angèi$§: JJne làt'lre
adressée l'Indépendance dit qnâ^jtfttdujffiala'ncè de
ce fouetionnaire a été le prétexté,%iqouJh cause, de
la retraite du cabinet. y 1
La découverte de la conronfce tfe^Hongrie, près
d'Orsowa, est confirmée. Elle a"é*é#?toauvée enfouie
dans la terre avec les autres insignes du couronne
ment, tous intacts, sauf le manteau de Saint-Etienne
qui a été un peu détérioré par l'humidité. Les
circonstances de cette découverte ne sont pas encore
expliquées.
La Bourse de Paris a été encore très-mauvaise
avant-hier. La situation finançière, la question des
subsistances et la question d'Orient ont eu leur part
dans les craintes des spéculateurs.
On pense que la Banque de France va élever son
tour le taux de son escompte. C'était prévoir, car
il y a une solidarité bien effective entre elle et la
Banque d'Angleterre.
Nous avons si souvent parlé de la question d'O
rient, que nous n'y revenons pas volontiers. Toute
fois il se passe en ce moment une chose trop
singulière pour n'être pas signalée. On. comptait si
positivement sur l'adhésion de la Turquie la note
de Vienne, qu'on trouve très-osé de sa part et très-
mal d'y avoir demandédes modifications. Si la Russie
refuse comme c'est prévoir, et que le Divan ne
cède pas purement et simplement, le Times et le
Pays déclarent, au nom de l'Angleterre et de la
France, que la Turquie sera abandonnée elle-
même, et qu'elle aura seule vider sou différend
avec son redoutable ad versa ire.
Abandonner la Turquie elle-même,c'est bientôt
dit. Mais est-ce possible On y met, il est vrai, une
réserve. L'abandon n'aura lieu que si l'intégrité de
l'Empire-Ottoman n'est pas menacée. Nous vou
drions bien que les docteurs du Times et du Pays
prissent la peine d'expliquer par quel procédé l'on
pourra savoir àpriori, que l'intégrité sera maintenue.
On aurait beau faire si la guerre éclatait malheu
reusement, la France et l'Angleterre n'auraient que
le choix entre prendre parti pour la Turquie, ou se
déshonorer en laissant les Russes vainqueurs s'éta
blir COnstautinople.
En attendant, le Times nous apprend que de nou
veaux ordres d'agir ont été donnés par l'empereur
de Russie au prince Gortschakoff, et la Gazette des
Postes de Francfort dit de son côté que le corps
d'armée du général Luders, qui jusqu'à ce jour ne
s'était pas mis en mouvement, a franchi la frontière
russe.
La question des subsistances ne disparaîtra pas
de sitôt de l'ordre du jour. On signale de partout
peu près, le retour de la hausse sur les céréales.
On dirait que le dissentiment entre les membres
du cabinet espagnol, est une question de procédure.
La Correspondance générale de Madrid du 7 septem
bre, dit que le ministre de la marine a obtenu une
consultation de M. Corliua, d'où il résulterait qu'il
a été parfaitement dans son droit en signant l'ordre
royal relatif l'affermage des charbons des Vapeurs
des Philippines. Le conseil des ministres ayant exa
miné le travail de M. Cortina, a cru remarquer dans
tous ces actes se passent en plein soleil, quand le
principe religieux, qui est toute justice et toute,
mansuétude, est compromis par les blessures inces
santes qu'on fait en sou nom la raison, la loi, la
vérité, la prudence et surtout la religion elle-
même, la presse n'oserait pas avertir? Elle u'oserait
pas dire tout ce qu'on prépare l*avenir par une
semblable conduite Mais pour avoir bâillonné une
partie de l'Europe, on ne l'a pas condamnée au
silence intérieur. On n'a pu décréter que les âmes
ne se révolteront pas dans leur foi de cet abus sans
exemple d'une autorité morale.
Comprend-on qu'en même temps qu'on déclare
en Hollande qu'on ne s'inclinera pas devant la loi,
on proclame ailleurs la nécessité de la soumission
l'arbitraire. Ah le parti clérical se trompe s'il croit
que ces dernières années ont avancé ses affaires.
Jamais il n'a tant perdu de fait que depuis qu'il se
prélasse aveuglement dans son triomphe. On dirait
pourtant que, parmi ses hommes d'affaires, il y en a
qui, attachés son sort par intérêt bien plusque par
affection, commencent supputer les chances et
s'en effrayer. Sinon que signifierait cette résolution 1
prise par je ne sais qui, mais que les journaux nous
ont fait connaître, que tous les biens appartenant
aux corporations, en Belgique, allaient être convertis
en bonnes rentes sur fonds publics. Il ne manquait
plus que ce trait pour la peinture: Sauvons la
caisse S® Ignace va l'école chez Bilboquet 1
Nous voyons par les journaux de Courtrai,
que M. le ministre des travaux publics est venu
visiter les travaux du chemin de fer avec M.
Noël, directeur de l'administration des ponts et
chaussées. M. le ministre n'est venu en ville
que pour visiter les Halles et examiner les tra
vaux de restauration qu'on exécute la collé
giale de S® Martin.
Au banquet offert au roi et la famille
royale, M. Delfosse a pris place la table des
princes, l'exclusion de l'évêque de Liège qui
se trouvait dans les rangs des convives ordinaires.
Le Messager de Gand fait ce sujet la re
marque suivante
Le spirituel a voulu usurper sur le tem
porel. Or, cette tentative a eu tant de succès
que le prélat qui passe pour l'homme d'esprit
et de tact de l'épiscopat, Mgr de Liège, a ré
pondu ces anachronismes par une leçon de
convenance. II s'est volontairement et sans au
cune réclamation conformé au règlement admi
nistratif, et il a abandonné la préséance aux
autorités laïques. En homme d'esprit, il a fait
la distinction des dates; en homme de tact, il a
compris que des collisions inintelligentes et ir
ritantes ne peuvent que compromettre ce qu'on
voulait exalter.
11 paraît qu'à Malines et Louvain on n'est
pas du même avis.
Le Moniteur publie les nominations dans
l'ordre Léopold faites par le Roi, l'occasion
du voyage de la famille royale dans diverses
dépôt sacré les cheveux de votre mère; de là vous pourrez
les voir et prier devant l'autel qui les aura reçus.
Cbristine suivit la supérieure; elles s'avancèrent en
silence sous les galeries couvertes qui ferment les quatre
côtés du préau. Leurs pas seuls retentissaient sur les
dalles de pierre; le coin du ciel qu'on apercevait au-des
sus des murailles était voilé de nuages; le jour éclairait
mal les murs noircis par le temps tout était solitaire et
silencieux. Ce n'était pas un de ces couvents où les jeunes
tilles que l'on élève apportent la jeunesse, le bruit, le
mouvement côté du calme austère de la vie religieuse
c'était un couvent entièrement adonné au silence, la
prière, au dépouillement de soi-même, et il n'y a que les
âmes ou très-simples ou très-élevécs qui puissent com
prendre la beauté de ce grand calme. Les âmes malades
comme celle de Cbristine devaient reculer intimidées
l'aspect de ce saint lieu.
La supérieure s'arrêta devant une petite chapelle
dédiée la Providence. On voyait que cette chapelle était
aimée. De nombreuses offrandes étaient venues l'orner.
On eût dit que là le repos était encore plus grand qu'ail
leurs; il v faisait plus sombre. Dans cet angle des murs,
le soleil "disparaissait plus tôt qu'à l'autre extrémité du
cloître. La supérieure prit les cheveux de la mere de
Christine et les déposa sur l'autel. Christine, genoux
par terre, ou plutôt affaissée sur elle-même, s'écria
Mon Dieu je ne vous les donne pas, vous me les
arrachez
Ma tille, dit la supérieure en posant doucement sa
main sur l'épaule de Christine, veillez vos paroles,
vos pensées Dieu est là sur cet autel sous vos pieds,
il y a des tombes; ces dalles sont des tombeaux. Sœur
Van Ambcrg, restez ici quelques instants en prières, puis
vous nous suivrez quand nous traverserons cette galerie
pour nous rendre au chœur.
Christine resta seule; elle était debout, immobile,
n'osant faire aucun mouvement. La soirée était douce et
sereine: un silence de paix régnait partout. L'herbe qui
croissait dans le préau était éclairée par les premiers
rayons de la lune. Les tombes que le gazon recouvrait
n'avaient rien de sinistre. C'était un saint repos après
une sainte vie; mais aux regards troublés de Christine,
nulle chose n'apparaissait dans sa vérité. L'obscurité
naissante, le voisinage des morts, les vêtements noirs
qu'elle portait, ce nom de sœur Van Amberg qui semblait
dire qu'elle n'était plus Christine comme autrefois, ces
hautes murailles qui l'entouraient, tout la glaça de ter
reur. Elle se sentait étouffée, elle se crut descendue
vivante dans une tombe; elle eut peur du bruit de ses
sanglots, qui se prolongeaient sous les arcades du cloître,
de l'ombre de sa personne, qui s'agrandissait sous les
rayons de la lunede ce silence qui lui laissait entendre
ses soupirs et ses larmes. Elle ne pria pas, elle regarda
avec effroi autour d'elle, et resta sans mouvement ap
puyée contre un muraille.
Du haut des voûtes de l'église, le son d'une cloche se
fit entendre; son tintement égal et lent semblait venir du
ciel; il était la fois triste et doux Christine l'écouta.
Son imagination malade voulait y retrouver une voix qui
semblait l'appeler de loin travers toutes les vagues de
l'Océan; puis la jeune fille crut encore y entendre comme
le murmure de l'âme de sa mère qui l'appelait du haut
des cieux; les cloches enfin semblèrent dire Christine:
Priez priez et Christine leur répondit tout
bas Je prierai quand je serai libre; je ne peux pas
prier ici
Tandis que tant de trouble et de tumulte se succédait
au fond du cœur de Christine, dans l'enceinte de ces
mêmes murailles d'autres cœurs paisiblement joyeux
disaient Béni soit le Seigneur, qui nous a donné notre
tranquille retraite, le repos de chaque jour et le grand
bonheur de l'aimer Une porte, au fond de la galerie,
s'ouvrit une longue procession de religieuses passa
devant Christine, lentement, en silence, la tête baissée
puis les novices, vêtues de blanc, passèrent, puis les
postulantes, avec leurs longs vêlements de laine noire
qui traînaient sur les dalles. La dernière d'entre elles
s'approcha doucement de Christine, lui prit la main pour
la faire se lever, et idu doigt lui montra la porte du
chœur cette porte ouverte laissait voir les lumières qui
brûlaient sur l'autel, et les religieuses, les premières
arrivées, s'agenouillant devant le sanctuaire. Christine
se leva et entra dans le chœur, mais elle ne pria pas.
(La suite au prochain n'.)