JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMEiYT. 1,905. 13e Année. 1853. Vires acquirit eundo. LA FAMILLE HOLLANDAISE. INTÉRIEUR. ■'■-fii et .ïNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs. SERT10NS: Annonces, ia ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. ïpbes, 38 Septembre. Tous les journaux libéraux signalent les manœuvres déloyales des organes de lepiscopat l'approche de la fin des vacances des insti tutions d'instruction moyenne. Tous les hommes impartiaux remarquent avec dégoût le charla tanisme honteux qu'on met en œuvre, pour nuire aux établissements laïcs et glorifier les collèges épiscopaux. Enfin, il faut que le cynisme des feuilles épiscopales soit violent, pour que Vin- dépendance le signale avec une énergie qui ne lui est pas habituelle, dans l'article que nous reproduisons Voici l'époque de la rentrée des classes. C'est le moment pour la presse cléricale, d'exalter les éta blissements d'instruction publique qui relèvent du clergé et de déprécier les établissements de l'Etat ou, pour parler plus exactement, tous les établisse ments laïques. Cette année, pas plus que les précé dentes, cette presse ne manque ses habitudes. Si elle se bornait la première des deux tâches que nous venons de signaler, elle serait dans son droit et nous n'aurions garde de la troubler dans ses efforts. Que les journaux cléricaux battent tant qu'il leuïv plaira la grosse caisse en faveur des maisons d'édu cation fondées, dirigées ou patronées par l'autorité ecclésiastique, peu nous importe! Qu'ils consacrent leurs colonnes vanter la force des études, la mora lité de l'enseignement, l'abondance et la santé de la nourriture dans les établissements dits religieux, leur aise! Dieu nous garde de le trouver mauvais! Nous aurions vraiment trop faire s'il fallait relever le charlatanisme de certaines réclames de ce genre s'élalant la première page des feuilles cléricales. Mais si ces feuilles usent de leur droit en vantant ainsi outre mesure et tout propos les établisse ments d'instruction publique relevant du clergé, il n'en est pas lout fait de même quand, pour faire valoir ces maisous d'éducation, elles accumulent les calomnies contre tous les établissements qui ne sont point placés sous la tutelle épiscopale quand, par exemple, elles écrivent, comme le fait l'une d'elles, aujourd'hui même Les établissements laïques forment sans peine v des piliers d'estaminets, des libéraux au petit pied, des admirateurs de Voltaire et de Proudhon; mais les établissements religieux seuls peuvent former des fils dociles et soumis, des citoyens dévoués leur patrie et vraiment utiles la société. (suite.) La supérieure se tut. Christine resta la tête baissée sur sa poitrine; elle avait écoulé, mais sans cesser de pleurer; son cœur demeurait fermé pour toutes les voix qui disaient d'oublier celui qu'elle aimait. La supérieure joignit les mains, et pria tout bas auprès d'elle; clic ne dit pas la jeune fille la démarche qu'elle avait faite auprès de son père elle renferma dans son cœur l'espérance de la ren voyer un jour sa famille; mais, pleine d'un saint zèle, elle essayait du moins, par ce séjour momentané au cou vent, de dompter cette âme ardento et insoumise. Un jour, on envoya Christine soigner une sœur qui était malade. Chaque religieuse se relayait auprès de ce lit de douleur. Christine, en entrant dans la cellule de la religieuse, fut ctonnée de voir qu'elle avait perdu l'aspect austère et triste de toutes les autres cellules. La fenêtre entr'ouverte laissait venir un rayon de soleil. Sur une petite table posée près du lit, il y avait un verre rempli de fleurs, luxe défendu dans l'intérieur du couvent. Un bouquet blanc ornait une image de la Vierge. Un livre pieux était ouvert auprès de la religieuse. Elle sourit doucement de l'étonnemcnt de Christine. Ma sœur, lui dit-elle, venez respirer la bonne Ces quelques ligues constituent une beileet bonne calomnie comme des feuilles cléricales seules ont l'audace de s'en permettre, et qui pourrait bien être passible d'un autre châtiment encore que la répro bation publique, si ce qu'on a de mieux laire n'était pas de laisser cette dernière le soin de faire justice de semblables imputations. 11 va sans dire que la phrase que nous venons de reproduire est précédée d'une longue diatribe contre l'enseignement donné par l'Etat. Croyez-en la presse cléricale :au point de vue littéraire et scientifique, cet enseignement est déplorable au point de vue religieux, c'est bien pis encore il étouffe l'esprit de famille, il détruit le respect des enfants pour leurs parents, leur soumission envers leurs maîtres; plus de conduite, plus de réserve, plus de retenue; bref, l'État enseignant ne rend aux pères de famille que de petits monstres en échange des enfants qui lui sont confiés. C'est la suite de cette Catilinaire contre l'en seignement de l'Etal que vient l'analhème général, que nous avons reproduit, coutre tous les établisse ments laïques, sans exception. Et le parti au nom duquel s'impriment de pareil les infâmies s'indigne qu'on ose l'accuser de deman der le monopole de l'enseignement au profit du clergé; il ose prétendre qu'il est le seul véritable partisan de la liberté Il dit aux_péres de famille Dans tout établissement laïque, quel qu'il soit, on ne peut faire de vos enfants que des piliers d'estaminet et des socialistes de la pire espèce; qui conque ne place pas son fils dans un établissement relevant du clergé, ne peut pas espérer que ce fils devienne un honnête homme et un bon citoyen; il sera forcément un chenapan, une sorte de bandit. El dire cela, ce n'est pas demander le monopole de l'enseignement pour le clergé ce n'est pas se poser en adversaire de la liberté d'euseigueinent En vérité, on ne sait de quoi il faut le plus s'éton ner, quand on jette les yeux sur la presse cléricale, de son cynisme ou de son hypocrisie car elle a trouvé moyen de cumeler ces deux vices qui sem blent s'exclure elle est cynique dans ses calomnies, hypocrite dans ses protestations en faveur de la liberté. Elle ne recule devant rien pour essayer de nuire l'enseignement de l'Etat; elle joue l'indi gnation quand on lui reprochede visera la suppres sion de tous les établissements que l'épiscopal ne tient pas dans sa main. Cynique et hypocrite! c'est cependant au moins trop de moitié odeur répandue dans cette chambre. Saint François de Sales a écrit de sa propremainqu'ilfallaitrendreagréable la chambre des malades, qu'il fallait y porter des fleurs pour égayer la vue. Ma sœur, les anges du ciel descendent près du lit de ceux'qui souffrent, car ceux qui souffrent avec un cœur soumis sont aimés de Dieu. Voyez, notre demeure s'égaie mesure que nous approchons du mo ment de la quitter. Elle a l'air de se préparer pour une fête, car n'est-ce pas une fête de s'envoler vers le ciel Ma sœur, lui dit Christine, souffrez-vous beaucoup? Oui, je souffre, et je crois que je vais mourir. Hélas mon Dieu, vous êtes bien jeune J'ai confiance dans le Dieu qui m'appelle, je suis prête aller le trouver. Êtes-vous depuis longtemps au couvent? Depuis dix ans. Dix ans grand Dieu Ce temps a passé bien vite, il m'a consolée des chagrins que j'avais emportés en fuyant le monde. Des chagrinsdites-vous vous avez pleuré Oh parlez-moi, je vous en prie, ma sœur J'ai perdu mon fiancé trois jours avant le jour fixé pour notre mariage. Il est mort sous mes yeux; j'aurais voulu mourir avec lui Dieu ne l'a pas permis. J'ai fait du moins ce qu'il dépendait de moi de faire, j'ai quitté le Mme la duchesse d'Orléansarrivée Bruges le 22, y a passé la journée du 23, qu'elle a con sacrée visiter, avec ses deux fils et pied, les principales curiosités de la ville la cathédrale, l'hôpital S( Jean, le Musée, la fameuse cheminée du Franc, etc. S. A. R. est partie le 24, 11 heures du matin par le train ordinaire. Elle a refusé un convoi spécial seulement, une voiture-salon a été mise sa disposition. Arrivée Malines, elle y a prisa 3 heures et demie, le convoi de grande vitesse partant pour Cologne. La Patrie de Bruges dit que, quoique l'heure du départ de la duchesse d'Orléans n'eût pas été annoncée, une foule considérable s'était portée la station. En attendant l'arrivée du convoi, S. A. R. et les princes s'étaient retirés dans le bureau du chef de la station, pour échapper aux regards du public. Lorsque le train est arrivé, la duchesse, tenant la main un fort joli bouquet, a pris place avec ses deux fils dans la voilure qui lui avait été réservée. Elle a recueilli sur sou passage les hommages respectueux des spectateurs. On lit dans le Précurseur dAnvers Un journal de Bruxelles annonçait, la se maine dernière, que des spéculateurs étrangers faisaient des offres au gouvernement belge pour le rachat des lignes de chemin de fer qui sont sa propriété. Celle nouvelle a été démentie par Un autre journal, se disant bien informé. Quoi qu'il en soit, nous ne serions pour notre part, nulle ment étonné que des spéculateurs,n'importe de quel pays, fissent des tentatives pour acquérir et exploiter les railways de l'État. Ce serait pour eux une excellente affairedont ils tireraient personnellement profit, mais c'en serait une mauvaise pour la Belgique c'est Une idée que notre gouvernement ne saurait admettre, même comme simple hypothèse. 11 sait bien qu'il doit, tout prix, dans l'intérêt national, demeurer maître absolu des grandes lignes de chemin de fer. monde, je suis venue prier pour lui et attendre le mo ment de le rejoindre. Séparée pour toujours de celui que vous aimiez Oh que vous avez du souffrir, ma sœur Séparée sur la terre, mais non pour toujours, ré pondit la religieuse encore, ajouta-t-ellc, j'ai vécu au près de lui ceux qui ne sont plus ne sont pas bien loin de ceux qui ne vivent que pour prier. Et vous n'avez pas pleuré toujours, toujours J'ai pleuré, ma sœur, et vos larmes m'ont fait sou venir de nies larmes d'autrefois; mais je suis restée plus longtemps que vous dans le monde, j'avais déjà appris le connaître. Tout se sépare sur la terre; on se quitte par la mort, par l'oubli, par les changements même dans les affections on s'aime moins après s'être aimé beaucoup. Tout est triste, on pleure un peu partout. Eh bien moi, je suis venue demander aux espérances éternelles de me consoler des espérances brisées de la terre. La vie est courte; les plui heureux sont ceux qui voient au-delà. J'ai vécu paisible arec un souvenir, je meurs paisible avec une espérance. Christine ne questionna plus, mais ses larmes cou laient et intérieurement son cœur répondait qu'elle pleurerait toujours, cl qu'il lui fallait ou vivre arec Herbert ou mourir. I

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Le Progrès (1841-1914) | 1853 | | pagina 1