JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 1,399. 13e Année.
v Jeudi. 13 Octobre 1853.
Vires acquirit eundo.
LA FAMILLE HOLLANDAISE.
INTÉRIEUR.
Chronique politique.
Y
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Vpren, 12 Octobre.
Le principalnous pourrions dire l'unique
grief que les partisansde l'énseignement clérical
articulent contre l'enseignement laïque, peut se
résumer en ces mots l'instruction religieuse
est bannie des écoles civiles, la religion ne
peut y exercer son empire
Cette accusation est grave au point de vue
religieux et même social: mais est-elle fondée?
Ou n'est-elle qu'un moyen coupable de concur
rence destiné produire une vive impression
sur certains esprits disposés souvent croire
sans examen
Entre ces deux hypothèses, l'hésitation n'est
pas permise; non, la religion n'est point bannie
des écoles civiles Que se passe-t-ilen effet,
au Collège communal de notre ville: tous les
jours les élèves sont conduits la messe, le
dimanche ces mêmes enfants assistent en corps
la grand'messe, et l'après-midi au salut. Tous
les deux mois et plus souvent, si les parents le
désirent, les élèves remplissent leurs devoirs
religieux. Les enfants qui n'ont pas fait leur
première communion sont conduits, aux jours
et heures indiqués par MM. les curés, leurs
paroisses respectives pour y recevoir des leçons
de doctrine chrétienne. A I établissement même
les instituteurs, régents et professeurs font
souvent réciter le texte du catéchisme leurs
élèves ainsi que Mgr. levéque de Bruges le pres
crit lui-même dans une circulaire adressée par
lui aux directeurs des établissements épiscopaux.
Voilà des faits, ils sont incontestables nous
interpellons tous les hommes de bonne foi et
leur demandons: l'instruction religieuse et la
religion elle-même sont-elles bannies de nos
établissements d'instruction moyenne?
Mais s il était vrai de dire, et nous ne le pen
sons pas,que malgré toutes les mesures prises et
indiquées ci-dessus, l'enseignement de la reli
gion n'est pas donné dans les institutions
laïques d'une manière suffisante, qui donc,
s'il vous plait, en serait la faute et sur qui, aux
yeux de Dieu et de la société, en retomberait la
responsabilité?
Serait-ce sur l'autorité civile qui fait conduire
fréquemment les élèves aux églises paroissiales,
qui veille ce qu'ils remplissent tous les devoirs
que la religion prescrit, qui leur enseigne le
texte de la doctrine chrétienne conformément
(«DITE ET FIN.)
Herbert la regarda longtemps, et un torrent de larmes
s'échappa de ses yeux. Guillaume prit la main du jeune
homme, et la serra en silence.
Monsieur, murmura Herbert, oh j'ai peur Ce
n'est pas là ma Christine C'est une ombre sortie de la
terre ou un ange venu du ciel qui a pris sa place...
Non, ce n'est plus là Christiuc, répondit tristement
Guillaume.
Après quelques minutes d'une douloureuse contem
plation, Herbert s'écria Christine, chère Christine!...
Au son de cette voix, la novice tressaillit; elle se leva
toute droite et répondit Herbert
Comme autrefois, la voix de son ami qui disait
Christine Marthe-Marie avait répondu Herbert
Le cœur du jeune homme battait avec force; il s'élança
vers la novice, lui prit les mains
C'est moi, c'est Herbert s ecria-t-il en s'agenouil-
lant devant elle.
La novice fixa sur lui ses grands yeux noirs, le regarda
longtemps, et une faible rougeur passa sur sop front, puis
•lie redevint pàlc, et dit doucement Herbert
aux prescriptions mêmes de levêqne serait-ce
enfin sur l'autorité civile qui, de l'aveu même
du journal la Pairiede Bruges, l'organe de
Mgr. Malou, s'est jetée aux pieds des évêques
pour les supplier de vouloir bien accorder de
jeunes Belges, leurs coin patriotes, les bienfaits
de l'instruction religieuse que des missionnaires,
au péril de leur vie, vont porter aux Indiens,
aux Chinois, aux têtes plates et aux peaux
rouges.
Non, la responsabilité des conséquences que
l'abstention des ministres du culte pourrait
entraîner, ne retomberait point sur l'autorité
civile, elle retomberait sur ces hommes qui se
vantent, dans leur orgueil insensé, de tenir,
depuis trois ansle pouvoir civil en échec et
d'entraver l'exécution d'une loi de l'Etat.
S'il est vrai, comme c'est noire opinion, que
l'aulorilé civile a fait son devoir, il ne lui reste
qu'à persévérer dans la voie où elle est entrée.
La confiance des pères de famille lui est acquise
et ceux qui sèment, sur le sol de l'intolérance, la
passion et la haine, recueilleront les fruits
amers de leur œuvre de parti.
Samedi dr, est moi là Bruxelles, un des hommes
qui a des premiers concouru poser les bases
de notre nationalité. M. François-Xavier De
Langhe décoré de la croix de fer et chevalier
de l'ordre Léopold.
Nommé en 1810, auditeur au conseil d'Etat,
par l'empereur Napoléon il fot en 1811 sous-
préfet de l'arroudissemeiit de Bruges. Membre
des Etals-Généraux, il se signala par son éner
gique opposition au gouvernement hollandais.
Membre du Congrès national, son nom figure
plus d'un titre dans les discussions de notre
code politique. Membre de la Cliambre des re
présentants pour le district d'Ypres, il y prit
une très-grande part toutes les questions
importantes, et particulièrement aux questions
de finances. La perle de cet homme de bien
sera vivement sentie.
Du 9 Octobre au 12 inclus.
Quelques journaux ont paru s'étonner de la présence
de lord Westinorcland Ollmutz et de l'absence de M. le
baron de Bourqueney. Un journal français, le Paysdit
Je ne pensais pas vous revoir sur la terre.
Chère Christine, nous avons bien souffert, bien
pleuré; mais des jours heureux se lèvent enfin pour nous!
Mon amie, ma fiancée, nous ne nous quitterons plus
Marlhe-Marie, retirant avec effort ses mains des mains
d'Herbert, recula vers le Christ
Je suis la fiancée du Seigneur, murmura-t-ellc
d'une voix tremblante, il m'attend.
Herbert poussa un cri de douleur.
0 Christine, chère Christine! rappelez-vous nos
serments, nos promesses, nos amours, nos larmes, nos
espérances. Vous m'avez quitté en jurant de m'aimer
toujours. Christine, si vous ne voulez pas me faire mou
rir de désespoir, souvenez-vous du passé
Marthe-Marie resta les yeux fixés sur le crucifix, ses
mains, convulsivement jointes, levées vers lui.
Seigneur, murmura-t-elleparlez son cœur
comme vous avez parlé au mien; c'est un noble cœur
digne de vous aimer. Plus fort que moi, Herbert pourra
vivre encore, même après avoir beaucoup pleuré...
consolez-le, Seigneur...
Christine mon premier amour Christine, aimée
avec constance pendant l'absence Christine, le seul bien,
la seule espérance de ma vie m'abandonnerez-vous
que M. le ministre d'Angleterre Vienne n'a assisté aux
manœuvres du camp autrichien qu'en sa qualité d'officier
général. Aucun des membres du corps diplomatique
n'avait été invité.
Une correspondance de Jassy, en date du 19, annonce
que ie prince Gortschakoff venait de porter la connais
sance de tous les chefs de corps de l'année expédition
naire, l'instruction qui lui a été envoyée de Saint-Pélcrs-
l bourg par le ministre de la guerre, afin de prescrire les
mesures qui doivent être adoptées par l'armée russe
pour prendre ses quartiers d'hiver en Valachie et en
Moldavie.
La grande nouvelle donnée par l'Assemblée nationale,
n'est ni confirmée ni démentie. Les journaux les plus
accrédités la passent sous silence, et le Siècle la révoque
en doute, ce qui rentre du reste dans son rôle belliqueux.
Nous avons dit que la Correspondance autrichienne lui
donnait quelque degré de vraisemblance. La Gazette
nationale de Prusse dit aussi que le résultat des confé
rences d'Ollmutz est favorable au maintien de la paix
générale. On dit, ajoutc-t-ellc, que l'Angleterre ne
conseillera pas, la vérité, la Porte-Ottomane, d'ac
cepter la note de Vienne, mais qu'elle ne l'en dissuadera
pas. Si la guerre éclatait, l'Angleterre conserverait une
position d'observation et ne seconderait pas la Porte.
Cette dernière observation ôte beaucoup de sa valeur
1 affirmation pacifique qui la précède.
La Gazette de Cologne dit aussi, d'après sa correspon
dance de Berlin que dans les cercles bien informés, les
nouvelles d'Ollmutz sont très-pacifiques. Elle ajoute que
la Russie est disposée faire des concessions.
A Ollmutz, s'il faut en croire les journaux allemands,
on s'est occupé aussi des difficultés soulevées entre
l'Autriche et les États-Unis pour l'affaire Costa. On assure
que tous les gouvernements se sont prononcés contre le
cabinet de Washington, et que leurs ambassadeurs ont
reçu ordre d'insister pour une réparation.
Le gouvernement du grand-duc de Toscane vient de se
créer des embarras avec le gouvernement anglais, par
l'arrestation et l'incarcération d'une jeune Écossaise, M"*
Cuningbam, qui se trouvant aux bains de Lucques avec sa
famille, faisait du prosélytisme anti-catholique, en dis
tribuant dans les campagnes environnantes des traduc
tions italiennes de la Bible et un livre de propagande
protestante intitulé Le voyage du Pèlerin. M"' Cunin-
gham avait été plusieurs fois avertie de mettre un terme
ces distributions, et du danger auquel elle s'exposait.
N'ayant point tenu compte de ces avis, elle a été arrêtée
et conduite en prison. Sa famille appuyée par la légation
anglaise, a fait en vain des démarches auprès du grand
duc pour obtenir sa mise en liberté. M. Scurlett, chargé
d'affaires Florence, en a référé lord Clarendon, le
chef du Forcing-Office; celui-ci vient de déclarer publi
quement qu'il désapprouvait la loi toscane et qu'il ferait
tous ses efforts pour obtenir la mise en liberté de M"*
Cuningbam.
Ceci est, comme on voit, le second volume de l'affaire
des époux Madiaï. On se souvient que ces derniers, sujets
toscans, avaient été condamnés aux travaux forcés pour
un fait analogue, et qu'ils ne furent rendus la liberté
ainsi Ce cœur qui fut tout moi m'est-il fermé pour
toujours
Les yeux tournés vers le Christ, les mains toujours
jointes, la novice, comme si elle n'eût plus su parler qu'à
Dieu, répondit doucement
Seigneur, il souffre comme j'ai souffert versez
donc sur lui le baume dont vous avez guéri mes bles
sures En lui laissant la vie, prenez son âme comme
vous avez pris mon âme. Donnez-lui cette immense paix
qui descend sur ceux que vous aimez.
O Christine, ma bien-aimée s'écria Herbert en
s'emparant encore des mains de Marthe-Marie, regardez-
moi donc, tournez vos yeux veJs inoi, voyez mes larmes!
Amie de mon cœur, il me semble que tu sommeilles...
réveille-loi ne te souvient-il plus de nos doux rendez-
vous? des saules qui se penchaient sur l'onde de ma
barque où nous avons vogué toute une nuit en rêvant le
bonheur de vivre ensemble Regarde, regarde La lune
se levait comme elle se lève en ce moment. La nuit était
belle comme la nuit d'à-présent est belle encore. Nous
étions l'on près de l'autre comme je suis ce soir près de
toi; on nous a séparés, et maintenant nous pouvons rester
ensemble... Christine, as-tu cessé d'aimer? as-tn tout
oublié