DE LIRKOXDISSEME
HENRI 1T ET LE LANSQUENET.
Jeudi, 22 Bée
M. Dumortier et M. Malou.'
Le Progrès parait le Jeudi et le DimarlcWe.^- Tout ce qui concerne' le journal doit
être adreW l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
'quons. M. Coomans ne, voudrait rien enten-
e7 Imprudents, leur dira'-il, ^fi voulez sacri-
libr»i;,s m3S>he ïoyeZ-VOUS ijas
us cédez aux çnce c'csfuue Partie votre
blé, ce'iie qui vous rest qUioutflffl?nte,a va'eU1'
par conséquent, v,, t(n>.^ien talion vous coû
tera/ plus cher.
les ïsraëlîles cainpinois écou-
cision. Nous reviendrons sur cette discussion.
LA VOIRIE VICINALE. -
Celles"chères il faut alors en e ^MLeii'a tera.'ient sans nul doute la voix Je leur prophète.
plus i Mais si, en punition de l'égt^s
enls
mre
autres que la liberté commerciale, qu'ilsinejpeu- .^aij|es aJJJent une aunée'léconde sans doute les
vent supporter paliemmenl. Le grand apélre hallitaotMieTurflhout iràient implorer leurs voisins I
du parti clérical, M. Loomaos s est moque de|ej se prosterneraient dejhé eux, comme autrefois
la Chambre pendant quelques séances, sous|ies f,ères de Joseph devint le ministre de Pharaon, j
sans se douter quH'c'esl le moy^^^ plus i Mais si, en punition de 1 égiSsiue de M. Coomans,
ce de restreindre les approvisionnements le Pays de Turnliout voyait se (champs désolés par-
fin, ils se contentent de toutes les mesures la gre e, de teUe sorte qu ,1 ne restât pas debou t,..
seul lelu de ble, tandis que les contrées environ-
i a A JL I n*v k. fl rl/,1 I I a I t1
prétexte de défendre la sortie des céréales, et il
a été appuyé par M. Malou. Pour faire com
prendre toute l'absurdité de la thèse cléricale
nous ne pouvons mieux faire que de reproduire
un article de la Gazette de Mous. Le voici
Il y eut autrefois une grande disette qui se répan
dit par toute la terre. Les sept vaches maigres
avaient mangé les sept vaches grasses. Cependant
Joseph, un libre échangiste hébreux, ouvrit ses
greniers et vendit son blé tous les peuples du
monde, ce qui ne laissait pas d'être une fort jolie
spéculation. Nous constatons que M. Coomans n'est
pas un Joseph il l'a avoué lut-înêrae. pïïtus.
chambre des représentants.
Si M. Coomans avait été Joseph, il eût mis triple
ligne de douanes aux frontières de l'Egypte, pour
empêcher les nations étrangères de venir prendre
chez lui le blé qui leur manquait, et tout ce qui
n'eût pas été M. Coomans, lût mort de. faim pour la
plus grande gloire de la protection commerciale.
Décidément M. Coomans est tout fait impropre
remplir le rôle de Joseph.
Supposons qu'une nouvelle famine désole toute
la surface du globeet que l'arrondissement de Turu
bout, favorisé d'une façon particulièreait une
année féconde,en récompense des vertus de M. le
patriarche Coomans j il arriverait sans doute, grâce
leur député, que les habitants de Turuhout nage
raient dans l'abondance et auraient h satisfaction
de voir leurs voisins mourir de faim, peut-être
même diraient-ils leur représentant mais,
M. Coomans, nous ne savons que faire de tant de
richesses, permettez-nous de disposer de notre su
perflu en faveur des étrangers qui nous donneront
en échange de bonnes livres sterlings dont nous
les priant de leur prêter jusqu'à la saison nouvelle.
Mais les voisitf^ usant de réciprocité leur répon
draient Si nous vous cédonsqine partie de notre
blé, celle qui-nous restera augmentera de valeur et,
par conséquent, nous coûtera plus cher, ainsi donc
Dieu et M. Coomans vous soient en aide.
Les habitants de Turuhout contristés de cette ré
ponse retourneraient chez eux et lapideraient sans
aucun doute M. Coomans, leur prophète, ce qui
serait bien fait.
Ou voit où nous mèneraient les théories écono
miques de M. Coomans, en admettant même, sup-
piwitimi kKsuujefj que MAI Ûp t5ri»u<Atere, Orts èt
Lesoinue n'eussent pas dû sérieusement admettre,
en admettant, disons-nous, celte bienfaisante excep
tion d'une bonne récolle au rr^lieu d'une mauvaise
récolte générale. Que serait-ce donc, si M. Coomans
prohibait la sortie des grains avec yne récolle mé
diocre, alors que les pri-x sont iort élevés et que
nous avons besoin des récolles étrangères pour sa-
i
(suite.]
VIII.
LES EXHORTATIONS D'CN SAINT HOMME.
Pendant que ces événements s'accomplissaient, Saint-
Rieul Bcaulrcillis, dans une misérable voiture traînée au
pas par deux haridelles dont la maigreur tournait au
squelette, arrivait enfin dans le cantp de l'armce royale.
Il ne recueillit dès lors sur son passage que des injures
c'était qui le menacerait d'un horizon et montrerait le
poing au traître qu'un châtiment exemplaire attendait.
Un aumônier, le christ la main, prit place ses
côtés, et tenta, par ses exhortations, de l'amener l'aveu
complet de son crime. Le malheureux Saint-Ricul se
débattait rlc son mieux contre les pressantes sollicitations
de son vénérable compagnonmais il lui devint bientôt
facile de se convaincre de l'affreuse vérité. Vous n'avez
plus rien attendre des hommes, mon lils, dit le prêtre
d'une voix solennelle; pensez Dieu, dont la miséricorde
est infinie et auquel le pardon est facile envers le cou
pable qui se repent. Bcaulrcillis laissa tomber sa tète sur
sa poitrine, épouvanté de i'abime insurmontable dans
lequel il était si soudainement tombé.
Devant lui et faisant lace lu porte Saint-Denis, se
tisfaire aux demandes de nos propres \consomma-
teurs?ll arriverait que le mouvement d'fmportatioii
cesserait instantanément et que la hausse se main
tiendrait jusqu'à la saison prochaine.
.-se r »t> rg-v.
La Chambre s'est occupée de la Reprise des
rivières et cours d'eau qui sont encore dépen
dantes de l'autorité provinciale. L'Yser et ses
alïlueuls sont au nombre des voies fluviales
dont la reprise doit s'opérer par I Etat. Une
motion d'ajournement a été présentée par M.
Dumoi lier,mais combattue énergiquement, elle
a été repoussée par 44 voix contre 27. MM.
Vanden Ûeereboom et Malou ont proclamé fer
mement la nécessité de prendre etifin une dé-
La discussion qui a eu'lieu S~ propos des cré
dits portés au budget des travaux publics pour
routes, prouve combien l'esprit de parti peut
aveugler certains hommes Celte discussion est
curieuse sous plus d'un rapport, car elle prouve
chez les uns, une complète ignorance des be
soins de leur localité, chez les autres un aveu
gle esprit de parti et un profond mépris pour
les intérêts de leurs mandants. M. Dumortier
s'est distingué comme d'habitude l'honorable
député de Koulers trouve, lui, <7110 depuis plus
de vingt ansle système des voies de grande
communication est en réalité terminé. M. Du
mortier est Tournaisieu et Tournai il peut en
être ainsi, mais M. Dumortier n'eut pas dû ou
blier qu'il représente actuellement la Flandre
et qu ici tout reste faire nous concevons que
M. Dumortier puisse la rigueur ignorer cette
situation exceptionnelle de notre proviuce, mais
cela prouve que la Flandre ferait mieux de
nommer des enfants du pays qui connaissent
ses besoins et ses intérêts, que de servir de re
fuge tous les candidats malheureux du parti
clérical.
Que veut du reste MDumortier La suppres
sion de la division de la voirie vicinale au dé
partement de l'intérieur ou au moins son trans
fert au déparlement des travaux publics. El ce
vœu est traduit en proposition formelle par M.
Deman-d'Allenrode il n'y a rien là qui nous
surprenne,tout le monde connaît la fougue du
représentant de Louvain, mais ce qui a lieu de
nous étonner c'est de voir M. Malou s'associer
cette espèce de croisade contre le service le
plus utile et le mieux organisé du ministère de
I intérieur nous avions toujours supposé M.
Malou, défaut de bon vouloir, une certaine
dose de bon sens et d'expérience, et nous ne
I eussions pas cru capable lui, ancien ministre
de ballre eu brèche une institution qui rend de
véritables services au pays; quand ou a la pré
tention de gouverner un pays il faut avaut tout
dressait une potence que dix fanaux circulaires éclairaient
d'une lueur rougeâtre. A ce sinistre aspect, Bcaulrcillis
tressaillit, et, se tournant vers les exempts: Messieurs,
leur dil-il avec une exaltation pleine de dignité et cette
contenance ferme qui ne descend pas jusqu'à la faiblesse,
faites, je vous en conjure, que je parle M. de Turennc.
i II y a là-dessous une erreur qu'un mot de moi pourra
bientôt expliquer. Nous avons ordre, répondit l'exempt
d'un ton bref, de vous conduire au supplice, et nous
I vous y conduisons; notre mission, messire, ne va pas
au-delà.
L'aumônier s'empara alors des inains de Saint-Rieul
entre lesquelles, moitié de gré, moitié de force, il s'em
pressa de mettre le christ, en disant d'une voix que la
charité faisait vibrer A cciui qui a beaucoup péché,
il sera beaucoup pardonné, a dit un Dieu qui est inort
pour nous. Confesse tes égarements, mon fils, pour mieux
l'aider mourir. Oh je voudrais avoir en ce moment
assez d'éloquence pour l'exprimer d'une manière tou
chante tout ce que ta position m'inspire de pilié, du
regrets, de douleur, de craintes pour ton salut éternel
Oh mort lils, au nom de la divine Marie, mère des affli
ges, au nom du Christ, ce grand rédempteur auprès
duquel les fautes les plus graves trouvent rémission,
repons-toi, repeus-tni
Beaulnillis enfonçait ses ongles dans sa chair pour!
s'assurer qu'il n'était pas, comme il devait raisonnable
ment le croire, le jouet d'un rêve, d'une hallucination,
d'un cauchemar. Mais ses yeux étaient bien ouverts, et il
était bien réellement en l'ace d'une mort ignominieuse.
Je jure, cria-t—il la foule qui l'entourait, je jure la
face du ciel, devant Dieu, que je suis innocent du crime,
quel qu'il soit, dont ou veut me charger. On se trompe...
on se trompe! Je suis Jean Saint-Rieul Bcaulrcillis,
lieutenant des lansquenets. A la corde la eorde
hurla la foule. Mon fils s'écria l'aumônier en se lais
sant glisser aux genoux de Bcaulrcillis, as-tu une mère
Morte répondit machinalement Saint-Ricul. Un
père Mort aussi Eh bien sur leur tombe où
j'irai prier ion défaut, sur leur tombe où je déposerai,
après loides larmes et des fleurs, oh mon fils, je t'en
supplie, humiiic-i oi I
Bcaulrcillis se redressa sur la banquette de la voiture,
cl là, d'une voix éclatante qui retentit jusqu'aux der
nières profondeurs de la foule, il s'écria Je suis in
nocent Cette parole échappée de 1 âme domina un
moment ce concert d'imprécations et de colèresce
murmure étrange, effrayant, qui fait toujours frémir
ceux contre lesquels il est poussé, et porta ça et là l'ébran
lement dans la conscience de quelques-uns des specta
teurs.
A la corde la corde J répondit la masse stupide