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Chronique politique.
M. le cumte de Nesselrode, il y a quelques
mois, représentait comme une compensation néces
saire ce qu'il appelait dès lors notre occupation
maritime, l'envahissement des principautés du Da
nube. A notre tour, monsieur, nous croyons qu'il
est devenu indispensable de mesurer nous-mêmes
l'élenduede la compensation laquelle nous donnent
droit et notre litre de puissance intéressée l'exis
tence du la Turquie et les positions militaires déjà
prises par l'armée russe. 11 nous laul un gage qui
nous assure le rétablissement de la paix eu Urient
des conditions qui ne changent pas la distribution
des forces respectives des grauds Etats de l'Europe.
Le gouvernement de S. M. 1. et le gouverne
ment Britannique ont, en conséquetice, décidé que
leurs escadres eutreraienl dans la Mer-Noire et com
bineraient leurs mouvements de façon empêcher
le territoire ou le pavillou oltouiau d'être en hutte
une nouvelle attaque de la part des forces navales
de la Russie.
MM. les vice-amiraux Hameliii et Dundas vont
recevoir l'ordre de communiquer qui de droit
l'objet de leur mission, et nous nous plaisons es
pérer que celte démarche loyale préviendra des
conflits que nous ne verrions éclater qu'avec le plus
vif regret. Le gouvernement de l'Empereur, je le
répète, n'a qu'un but, celui de contribuer opérer,
des conditions honorables, un rapprochement entre
les deux parties belligérantes; et,.si les circonstances
l'obligent se prémunir contre des éventualités re
doutables, il conserve la confiance que le cabinet de
Saint-Pétersbourg, qui a donné de si nombreux
exemples de sa sagesse, ne voudra pas exposer
l'Europe, peine remise de ses secousses, des
épreuves que la haute raison des souverains a su lui
épargner depuis de si longues années.
Je vous autorise donner lecture de celte dé
pêche M.
Signé Drouyx-dk-lhuys.
Nous apprenons que le' conseil municipal de Bor
deaux a voté le 19 de ce mois, une majorité impo
sante, l'acquisition du tableau de Léon Coigoel, le
Tintoret peignant ta fille morteau prix de vingt
mille francs. Ce tableau fait partie de l'exposiliou
ouverte eu ce moment sous le patronage de la
Société de* Amis des Arts Bordeaux. O11 n'a pas
oublié qu'il avait figuré au deruier salon de Brux
elles.
C'est la première fois, croyons-nous, qu'une ville
de province en France consacre une somme aussi
forte l'achat d'un tableau de l'école moderne.
Plusieurs tableaux de l'école belge ont été acquis
par la commission directrice de l'exposition. Ou
cite entre autres ceux de MM. L. Robbe, Bossuet,
Four mois, Verwée, A. Bohm, etc.
Paris, 7 janvier, 8 b. du matin.
Le Moniteur universel publie un décret en date
du 5, ainsi conçu
Les jeunes soldats qui sont encore disponibles
sur la seconde portion du contingent de la classe de
iB5i sont appelés l'activité, a
Le rapport qui précède le décret le motive en ces
termes
Il avait été permis de laisser jusqu'à ce jour
dans ses foyers la seconde portion de celle classe;
mais la diminution considérable que vient de iaire
subir l'effectif général de l'armée, la libération de
-
les fauteuils, eu un mot devant tous les corps opaques qui
se rencuntièrcul sur son chemin, il alla se heurter le
front la muraille; cela si élourdinicnt, que le roi lui
cria lié monsieur, le mur est de pierre gare
vous
Cette apostrophe, prononcée d'un ton bienveillant,
ramena Malien au sentiment de sa situation. Pardon,
sire, dit-il; mais je ne vois pas devant moi, tant votre
soleil tn'éklouil. Ce garçon aurait-il de l'esprit mur
mura le roi. Pas si bêle .sire, répondit Malion, dont
les oreilles avaient une grande subtilité. Je n'ai, moi,
qu'un peu de courage et beaucoup de dévouement; je
suis comme le chien, qui s'attache au maître sans calcul,
cl se fait tuer l'occasion pour lui. Les hommes comme
loi sont rares, lui dit Henri. Veux-tu me servir Im
possible sire; j'appartiens, du haut en bas, M. le baron
de Beaulrcillis.
Durant co dialogue, Marie appuyée au bras de son
père, auquel clic se suspendait pour ne pas tomber, avait
une de ces expressions d'idcale beauté devant lesquelles
un peintre passe et s'incline sans essayer de les reproduire.
Son maintien modeste avait quelque chose de touchant,
et celle auréole de joie contenue qui rayonnait son
front lui donnait un caractère indéfinissable qu'une plume
inexpérimentée comme la nôtre tenterait vainement de
détailler.
Le roi, son dialogue avec Mahon terminé, contempla
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la classe de 1846» qui se trouvait tout entière sous
les drapeaux, rend nécessaire l'appel de la seconde
portion du contingent de la classe de iH5a, pour
mettre l'effectif en rapport avec les besoins impé
rieux du service.
Ou 8 Jnuvicr an 11 indu».
Le retard des courriers dans toutes les directions,
a mis la presse française en désarroi; aussi les jour
naux de Paris nous arrivent-ils absolument vides
de nouvelles.
La bourse de Paris a encore été mauvaise avant-
hier; il y a eu plusieurs exécutions.
Il est constaté que le commerce parisien souffre
beaucoup, et que le jout de l'an ne lui a apporté au
cune amélioration.
L'Angleterre trouve dans la brillante situation
de son revenu, une sorte de compensation aux té
nébreuses perspectives de la politique étrangère.
Les états oiiiciels de son dernier trimestre ne seront
publiés que dans quelques jours, mais on sait déjà
que les résultats sont des plus satisfaisants. Les
douanes donneront, pour toute l'année, un excédant
de 7,5oo,ooo lr. sur iS5i. L'accise donnera un ex-
cédaul de 5 millions, et les postes un excédant de
a,5oo,ooo fr.
Le ministère espagnol vient de destituer deux
autres sénateurs qui avaient roté avec l'opposition,
dans la discussion des chemins de fer; ce sont les
généraux Sanz et Lersuudi, capitaines généraux de
la Galice et de l'Andalousie; le dernier élait le chef
du cabinet qui a précédé celui-ci. Ils sont rempla
cés le premier, par le général Scliely, le second,
par le comte de Mirasol, l'un et l'autre membres du
Sénat.
Le Journal de Francfort publie sur les derniers
jours de M. de Radowil/., les' quelques détails inté
ressants qui suivent Sa Majesté le roi de Prusse
n'a pu communiquer avec le général pendant sa
maladie, malgré le désir ressenti des deux côtés;
mais les circonstances de la maladie ne l'ont pas
permis. Souvent, dans les derniers temps, le ma
lade répétait qu'il avait encore d'importantes cho
ses dire au roi. Les paroles qu'il prononçait sou
vent dans son assoupissement prouvent que son
esprit était sans cesse occupé encore des destinées
de la patrie. Un jour, il prononça dans cet étal, un
brillant discours politique; comme on le lui faisait
remarquer ensuite, il répondit Oui, je m'en sou
viens je rêvais que j'occupais mon siège dans la
seconde chambi e. ALgri somma.
Une ordonnance rendue Pise le 19 décembre
institue dans le gratfd-duché de Toscane un nouvel
ordre équestre sous le titre d'ordre du Mérite mili
taire. Le souverain est grand-maître de l'ordre; la
volonté souveraine seule disposera des décorations
de cet ordre, qui pourra être concédé aux sujets
toscans et aux étrangers. Le grade de chevalier de
première classe donnera le droit au chevalier non
noble d'être compris sans trais dans la noblesse de
la ville laquelle il appartientLes sous-olliciers et
soldats décorés de l'ordre de troisième classe au
ront droit 100 livres par an. Le cordon de l'ordre
sera rouge et noir.
Par suite de faits de falsification ou de corruption
en matière d'élections dans le canton de Fribourg
(Suisse), des poursuites avaient été dirigées contre
51 personnes appartenant, par parts peu prèséga-
Marie avec une admiration qu'il eut inutilement essayé
de dissimuler. Celte jciinc fille, avec son amour la fois
naïf, sincère et profond, l'intéressait puissamment. Il eût
alors voulu, mesure que son exaltation grandissait,
pouvoir lui offrir un monde, rien que pour s'attirer un
de ses regards de flamme ou mériter un de ses chastes
sourires. Henri IV, chacun le sait, avait été doue d'une
de ces natures éminemment iinprcssionables pour les
quelles tout se résume dans la sensation «lu moment. M.
de La Vritlèrc, heureux du bonheur vrai de sa fille,
promenait sur clic son regard empreint d'une ineffable
expression d'niuour paternel. Quant Hcaulreillis, on
eût pu croire, le voir ainsi radieux, que le Sainl-Jc-
rôinc du In chapelle Sixtine lui avait prête son extase.
Allons, allons! dit le roi j'espère que tout sera
prêt avant la nuit. Ce que Dieu et vous avez commencé,
notre chapelain (votre confesseur, Sainl-Rieul, l'aumô
nier des prisons, qui n'est pas mort il finira ce soir,
en notre présence, sous la grande uefde Saint-Gcriuain-
l'Auxerrois. N'est-ee pas, duc? u'est-ec pas, M. Magdc-
bourg oclievn-t-il en g'adressant La VrBlèrc et son
intendant. Vos volontés sont pour nous sacrées, sire,
répondirent la lois l'intendant et le duc. De telle
sorte, reprit le roi, que cette journée, commencée dans la
douleur, finira dons la joie il faut du soleil après la
pluie; n'est-ce pas, Malion
Le géant, qui ne s'attendait pas celte nouvelle apos-
les, aux deux partis. Le ministère public demandait
a la chambre des mises en accusation du tribunal
téuéral, le renvoi devant les assises, de 63 des préve
nus. Le tribunal a rendu le a(> décembre, une or
donnance de non-lieu, afin de ne pas replonger le
canton dans une terrible agitation.
La Bourse de Paris a encore été fort mauvaise, et
les exécutions y ont continué. Le Journal des Débat*
dit dans son Bulletin, qu'à moins d'une foi singuliè
rement robuste dans le maintien de la paix, 011 peut
se laisser ébranler et passer aux haissiers. On pour-
rail maintenant compter les spéculateurs la hausse,
ajoute-t-il.
Le vapeur anglais Caradoc, arrivé le 1" janvier
Ma rseille, y a apporté une proclamation adressée
par le gouvernement turc la population de Con—
staiitinople, la suite des troubles dont nous avoua
parlé. Le document a le mérite de faire connaître
oiliciellemciil la résolution prise par le Divan, d'ac
cepter les négociations. On y remarquera le passage
où il est dit que c'est la Russie qui demande la paix,
tuais que les négociations ne suspendront pas les
hostilités. Ces paroles prouvent que le parti de la
guerre est puissant da.ns la capitale et que le gou
vernement a besoin de le ménager.
Des correspondances de Coiistautinople disent que
les difficultés entre la Perse et l'Angleterre sont
aplanies, et que les relations entre la Turquie et la
Perse semblent aussi prendre une meilleure tour
nure. Le Journal des Débatsen donnant celte nou
velle, ajoute qu'il ne prétend pas en garantir l'exac
titude.
P. S. L'ordre donné aux flottes d'entrer dans la
Mer-Noire, est officiel. Le Moniteur français publie
ce sujet un dociuueul important que nous repro
duisons.
Nous avons publié la circulaire du ministre des
affaiies étrangères de France aux agents diploma
tiques auprèsdescours européennes. Ou a vu qu'elle
est destinée leur expliquer que le combat naval de
Sinope ayant trompé les prévisions de la France et
de l'Angleterre, il est essentiel que ces deux puis
sances se prémunissent contre une nouvelle éven
tualité de ce genre.
La Bourse de Paris s'est vivement émue de ce do
cument, et l'a accueilli par une nouvelle et forte
baisse. On s'est effrayé surtout d'une phrase où il
est dit que la Russie ayant un gage dans la possession
des principautés, il eu faut un la France et l'An
gleterre.
Le Journal de CEmpire lait suivre la publication
de la circulaire^ d'un article où il indique le résultat
que devrait avoir l'entrée des flottes. Jusqu'ici, la
hussie a travaillé l'aire de la Mer-Noire un lac
russe; la fermeture du Bosphore aux vaisseaux de
guerre lui va très-bien sous ce rapport. 11 faut désor
mais que ce passage leur reste ouvert, et qu'ils
puissent naviguer dans celte tner, y protéger le
commetçe, pourvoir ce que les bouches du Danube
et la passe deâoulina soient libres et convenablement
entretenues pour la iacilité de la navigation.
i. Ainsi, ajoute te Pays, de graves intérêts écono
miques et politiques réclament la libre circulation
des diverses puissances maritimes dans la Mer-Noire,
soit pour garantir la Turquie contre des tentatives
imprévues, soit pour protéger leur pavillon mar
chand partout uù il se dépluie, soit pour maintenir
les principes du droit des gens qui proclament la
liberté des mers et la liberté des cours d'eau na
vigables.
Iroplie, eut un mouvement de corps nerveux comme un
rêveur qu'on secoue. Oui, sire, rcpliqiia-t-il en pre
nant un air solennel pour se mettre la hauteur de cette
grande situation. Maintenant, poursuivit le roi, j'ai
encore un désir manifester; il dépend de vous, M. de
Rcaiilrcillls. Sainl-Rieul, dont le cœur était charge île
reconnaissance, attendit silencieusement l'aveu royal pour
s'y soumettre. Le roi reprit, en se tournant, vers Marie:
Il dépend aussi de vous, mademoiselle. Marie s'inclina.
011s resterez la cour, n'est-ce pas acheva le roi.
Marie, celle demande inattendue, prncha sa téte en
arrière avec une ondulation si ravissante; son front parut
s illuminer d'un si suave rayon; ses yeux, fixés sur Beau-
treillis, brillèrent de tant d'éclat, qu'il parut, la voir si
séduisante, que Dieu, venait de lui en ajouter encore un
de plus. Seulement, Mahon ne put dissimuler un sourire
qu'on eût pu prendre pour une grimace. Vous accep
tez, n'est-ce pas fit le roi, qui se méprit sur l'expression
que reflétait le visage divin de Marie. Marie choisit dans
le clavier de sa voix les notes les plus veloutées, et ré
pondit Oh sire, pour nous faire préférer le bruit
la retraite, les salons du Louvre aux frais ombrages de
La Vrillèrc, il faudrait, soyez-en sûr, un ordre formel
•sorti de la bouche de Votre Majesté. Eh bien s'écria
le roi d'un ton d'affectueuse autorité, Vcntrc-Sainl-Gris
je vous l'ordonne.
Gustave CIIADEUIL.