JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
IV01,331. 13' Année.
Jeudi, 2 Février 1854.
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Yimies, 1er Février.
UNE HISTOIRE DE CE TEMPS-CI.
Le ministre de la justice vient de déposer les
projets de loi concernant la réorganisation de la
bienfaisance et sur les dons et legs chat itables.
Nous ne sommes pas opposés en principe aux
pri ncipalés dispositions de ces projets qui nous
semblent conformes aux véritables intérêts des
pauvres toutefois il y a deux prescriptions que
nous ne pouvons admettre: c'est l'adjonction
de droit la commission charitable du curé et
l'organisation de comités dans les localités qui
ont plus de deux mille âmes.
C'est une hérésie constitutionnelle que M.
Faider vient de commettre, en prescrivant, par
son projet de loi, l'adjonction du curé litre
d'autoritéaux administrations publiques de
bienfaisance. Le prêtre dans l'ordre civil n'a pas
de qualité et ne peut être revêtu d'une fonction
publique ce litre. Ensuite c'est faire une con
fusion de deux ordres temporel et spirituel elle
n'est pas tolérée par nos institutions constitu
tionnelles. Mais dans la pratique même, il se
ferait sentir une foule d'inconvénients qui dé
couleraient de la position d'antagonisme où le
clergé se confine l'égard de l'État. LeJournal
de Brugesdans un article que nous reprodui
sons expose avec beaucoup d« OOOOISIOA-^. CJUO
c'est fournir au clergé matière soulever des
conflitscomme il l'a fait dans toutes les ques
tions, où il se trouvait en présence des droits
imprescriptibles de l'Etat.
Il n'y a dans l'Etat aucune distinction d'ordres.
Les Belges sont égaux devant la loi.
La liberté des cultes est garantie ce qui exclut,
dans l'ordre constitutionnel, la prédominance de
l'un sur les autres.
L'Etal n'a pas le droit d'intervenir dans la nomi
nation des ministres d'un culte quelconque, d'où il
résulte que lorsque la loi leur confie une fonction
publique titre d'autoritéil dépend d'eux de la
remplir ou de ne pas la remplir.
Supposons que le pacte fondamental qui régit
actuellement les Pays- bas soit le même que le nôtre,
et que le ministère, dans ce pays où la majorité est
prolestante, présente un projet de loi sui-l'organisa-
tion des administrations de bienfaisance, et propose
les deux articles suivants
Le pasteur prolestant sera de droit membre de
la commission administrative. S'il y a plusieurs
I» pasteurs dans la même localité, cette prérogative
1» appartiendra celui de la paroisse la plus po-
puleuse.
Les ministres des autres cultes (et notamment
du culte catholique) ne pourront faire partie de
la commission administrative que pour autant
qu'ils soient élus par le conseil communal.
Que dirait le parti clérical belge d'une semblable
disposition Il s'indignerait, crierait l'intolérance,
prétendrait qu'il y a là violation des prescriptions
les plus formelles de la charte, oppression déplora
ble des droits de la minorité, et il aurait raison.
Eli bien l'hypothèse que nous avons posée pour
la Hollandeest devenue une réalité en Belgique, mais
avec cette différence que c'est au profit des ministres
'du culte catholique que M. Faider propose de con
sacrer un privilège exorbitant de laire, en matière
de bienfaisance publique, ce qu'il a été reconnu être
inconstitutionnel en matière d'enseignement moyen.
Que disent maintenant les organes de la droite
Ils disent qu'il faut savoir gré au cabinet actuel de
s'être complètement séparé des doctrines exclusives
du 18 août; mais ils se gardent bien d'essayer de
démontrer que la concession, qu'ils n'acceptent tou
tefois que sous réserve d'insuffisance, peut se conci
lier avec la Constitution de i83o. Nous les défions,
en effet, de fournir cette démonstration.
Que les ministres des cultes puissent être, comme
■pr
cWir I*- <3**-
XI.
(suite et fin.)
Revenu de ma stupeur, je compris que Caroline avait
tremblé devant la révélation d'une faute suspendue sur
sa tête, comme l'épce de Damoclès, par son séducteur,
et qu'elle avait mieux aimé le suivre que de s'avouer
coupable et souillée devant moi et ses enfants. Mal
heureuse faiblesse car j'eusse été peut-èirc dispose lui
pardonner; mais maintenant, tout était consommé La
fatale démarche Inquelle elle venait de se laisser aller
publiquement devait achever sa ruine.
Je ne pu9 en quelque sorte prévoir, en un instant,
toutes les phases de cette existence fléirie; et la vie de
Paris, et la déchéance successive, et la triste retraite qui
la verrait s'éleindre.
Oh que j'eusse voulu alors avoir succombé sur le
champ de bataille plutôt que de voircc foyer abandonné,
ces enfants désolés et devenus orphelins; car il faut bien
le reconnaître, la famille, c'est la mère.
Cependant il me restait de grands devoirs remplir
il fallait consoler les enfants, et, d'autre part, s'il se pou
vait, retrouver cette femme, au moins pour la (aire
pleurer sur sa honte; puis, ensuite, chercher partout,
partout, le traître, qui venait de porter, chez l'ami de
son père, le déshonneur, le veuvage et la mort.
ICSUUttCS llUJ Cil 3,
munaux siéger dans les administrations publiques
de bienfaisance, et qu'ils puissent y rendre d'impor
tants services, c'est ce que nul n'a jamais contesté,
c'est même ce qui est désirable, une telle situation
attestant la bonne harmonie de l'autorité et du
clergé. Mais le projet de loi place la question sur un
tout autre terrain. Il confère un privilège, injusti
fiable constitutionnellement et stérile dans la pra
tique, car déjà l'Émancipation déclare, au nom du
clergé, que quand le curé trouvera que sescollègues
de l'administration de bienfaisance ne seront pas
animés d'un esprit religieux, d'un zèle de charité
vraiment chrétienneil devra probablement se retirer
pour ne pas couvrir de son autorité morale des me
sures que consciencieusement il ne pourrait pas
approuver,
La même feuille ajoute qu'on se fait illusion,
dans l'Exposé des motifs, quand on considète la
présence du curé comme devant dans tous les cas
dissiper certaines défiances, que cela n'aura lieu
qu'en cas d'harmonie complète, laquelle est su-
boi donnée la condition que l'allimosphère des
La mort car le plus jeune des enfants trop attaché
sa mére, ne lit plus que languir et s'éteignit dans mes
bras en itic souriant, le pauvre petit ange, et en répétant
doucement ma mère
Amélie, plus âgée, comprit qu'elle se devait son
père elle vint avec moi, Paris; je la plaçai dans une
pension, d'où sa tristesse, et peut-être les petits airs
dédaigneux que prenaient ses compagnes la vue de sa
pauvreté, me la firent bientôt retirer. Elle avait dix-sept
ans alors niais tant d'infortunes l'avaient éclairée avant
l'âge. Aussi me parut-elle peu disposée rechercher le
monde. Elle me demanda un jour l'autorisation de pren-
I di e l'habit de ces dignes sœurs qui se consacrent, pour
tous plaisirs terrestres, soigner les malades, et soute-
nir les pas chancelants de la vieillesse. Seul et désolé,
occupé d'ailleurs retrouver les traces de celte femme,
dont je voulais, du moins pour tna vengeance, je l'avoue,
suivre le châtiment inévitable, et sachant, au surplus,
que mon enfant ne serait point irrévocablement liée, je
consentis.
Cependant, qu'étaient devenus les deux fugitifs En
approchant les dates avec les renseignements que je pu;
ne procurer a la police, je crus reconnaître ma femme et
son corrupteur dans ce couple qui descendit un soir, rue
du Puits qui Parledans un hôtel garni où, me dit-t-on,
ils ne séjournèrent qu'une nuit.
Ainsi, dit Ernest cet endroit, l'inconnue qui jeta
établissements de charité soit religiease, comme
celle des écoles.
C est encore le mot de M. Guizot qu'on jette en
avant dans cette circonstance, et dans la bouche du
parti clérical, on sait quelle signification il a prise.
L athmosphère est religieuse quand le clergé régit
tout en maître, elle est empesliférée quand on ne lui
fait point la part du lion.
La brochure intitulée La main-morte et la
charitépar Jean Van Dame est venue jeter
I abomination de la désolation dans le camp
d Israël, nous voulons dire des rétrogrades. Eu
combinant la liberté d'association avec le contrat
de société, on avait petit petit reconstitué des
mains-mortes réelles la sourdine, frauduleu
sement et subrepticement. Mais le malencontreux
Jean Van Dame vient de dévoiler ces pieuses
fraudes et ces saintes entorses données nos
lois. Aussi faul-il voir les feuilles cléricales s'é-
poumonuer en injures contre cet écrivain trop
vériilique, qui n'a que trop bien prouvé ce que
le parti clérical avait tant d'intérêt tenir dans
l'ombre.
Cette brochure produit une sensation trop
légitime peur ne pas exciter le dépit dans le
camp des réactionnaires. Ils sont démasqués et
c'esL la cause de leur extrême aiûlaliou. Ils
voient le moment ven» r.„. p
1 je n/ia
pratiques lent.breuses, ils ne peuvent se résoudre
accepter les nouvelles exigences de la société,
sans essayer de la tromper, tout en ayant l'air
delà caresser. Jamais, en effet, on n'a mieux ex
posé toute la mauvaise fo< du parti clérical, de
sou opposition sourde au nouveau régime, de
son astuce pour éluder, dans l'application, les
lois qui contrarient sa domination et en dernier
lieu de son âpre avidité d'accumuler les
richesses terrestres.
INTÉIUElJlt.
Berlin, jeudi.
La poste de Russie arrive l'instant. Le
Journal de Saint-Pétersbourg, en date du 20
janvier, contient une Dote portant que la noti
fication relative l'entrée des flottes alliées dans
la Mer-Noire n'ayant été faite que verbalement
au cabinet de Saint-Pétersbourg, celui-ci a cru
ce grand cri et s'évanouit la vue, sans doute des arbres
et du paysage champêtre qui se déroulaient devant elle,
c'était Caroline; car, d'après ce que nous savons de cette
histoire, nulle autre n'avait dû occasionner une si terri
ble émotion.
C'est évident, dit Frédéric, et il y eut quelque
chose de fatal, de providentiel daus cette coïncidence,
quelque chose de fantastique qui commençait le châti
ment. Il me semble qu'à ce mouienl-là elle dut revoir et
cet homme pâle et mort la vie conjugale qu'elle venait
de délaisser, et ces deux enfants sans mère, enfin tout ce
monde d'idées endormies qu'une première idée, un
souvenir fait vibrer en même temps, surtout sous la pres
sion du remords.
J'appris, continue cette lettre qui touche, je le vois,
sa fin, dit Ernest, j'appris que dès ce moment Caroline
se fit appeler madame Henri...
C'est bien cela, dit Ernest en s'interrompant.
Qui se fit aj peler madame Tlcnri, épuisa jusqu'à la
lie la coupe du dtsh inneur; abandonnée, comme cela
devait être, par Ai gantières, elle descendit tous les
degrés de l'échelle de la misère et de la honte. On la vit
aux bals publics surpasser les femmes les plus folles,
tantôt au b<as de rctuii.aut, tantôt celui de l'ouvrier;
un dernier échelon devait être atteint par elle... lors
que la juste Providence l'arrêta au seuil fatal pour la
purifier par le trépas. Dieu ne voulait pas que la mère