JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Nn 1.333. - 19* Année.
Jeudi, 9 Février 1954
UNE NUIT EN BATEAU A VAPEUR.
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-r
ïpres, 8 Février.
Augmentation du crédit pour lu
voirie vicinale.
La Chambre des représentants, dans sa séance
de Lundi dr, vient de voler une augmentation
de 200,000 fr. au crédit pour la voirie vicinale,
sur la proposition de MM. Van Renynghe,' De
Naeyer, Alph. Vanden Peereboom et Roden-
bach. Nous donnons, d'après les Annales parle
mentaires, le discours prononcé cette occasion
par M. Alph. Vanden Peereboom, en regrettant
de ne pouvoir en même temps donner celui de
M. Van Renynghe; par suite d'une lacune dans
le compte-rendu des débals de la] Chambre,
l'envoi de la feuille qui doit reproduire cette
partie de la discussion, n'ayant pas été faite.
Le ministère s'est opposé cette augmenta
tion de subside pour la construction des routes
pavées et empierrées, sous prétexte que la
situation du trésor ne pouvait supporter une
aggravation de charges, mais la législalure n'a
pas mal volé des allocations de crédits pour
dépenses improductives; on peut bien faire un
léger sacrifice pour créer des œuvres qui exis
teront longtemps, et dont l'utilité n'est pas
contestable.
Nous espérons bien qu'au second vote cet amen
dement sera maintenu et que la Chambre n'é
coulera pas le ministèrequi probablement
essayera de faire adopter la proposition primi
tive. Si depuis quelques années, beaucoup de
routes ont élé construites, un grand nombre
restent encore établir, et ce ne sont pas les
moiiis nécessaires. Le sacrifice fait par l'Étal est
léger, en proportion des charges imposées aux
communes, et il n'est pas croire qu'une exten
sion trop forte soit donnée la voirie vicinale,
aussi longtemps que les localités, qui ont un
intérêt dans la construction d'une route, doivent
intervenir pour un tiers dans les frais.
M .Alp. Vandcupcereboom. Messieurs, je re-
rctte vivement que M. le ministre de l'intérieur ait cru
evoir, cette année, combattre l'amendement que nous
avons présenté et qui n'est que la reproduction de celui
qui nous avions mis en avant l'année dernière. La Cham
bre voudra bien se souvenir que, lors de la discussion du
budget de 1853, il y a un an peine, M. le ministre de
pml—fa—éhé—
(suite).
Cependant le docteur commença son histoire.
Il y a trois siècles, nous dit-il qu'à travers les
vitraux gnrnis de plomb de la galerie vermoulue du châ
teau de Sédan, sur le bois de laquelle on distingue encore
la trace de peintures sans doute bien riches au temps où
elles furent faites, on entrevoyaiterrante et pensive,
avec des vêtements de deuil et de blonds cheveux se dé
roulant en longs anneaux sur de blanches épaules, une
forme céleste de quatorze ans peine. C'était la triste et
touchante héritière de la principauté de Sédan et du litre
seulement en vertu du traité de Câtcau-Cambresis
de duchesse de Bouillon, Charlotte de La Marck, dont
vingt princes se disputaient diplomatiquement la maio
sans consulter son cœur, comme on se dispute une riche
dépouille. C'était qui, de la France ou de l'Empire,
jetterait cette proie dévorer, suivant des intérêts qui
oubliaient toujours ceux de la victime, quelque seigneur
dévoué au souverain de l'une ou de l'autre. La France
l'emporta, et une injustice, entre cent, du roi Henri IV,
se basant sur ce qu'un testament fraternel du dernier
souverain du nom de La Marck exigeait que l'héritière de
Sédan ne fût alliée qu'à un seigneur du culte réformé,
confisqua Charlotte au profit d'un de ses capitaines de
fortune, vieillard sexagénaire, du nom, alors de fraiche
l'intérieur, loin de combattre ramendement que nous
avions eu l'honneur de déposer sur le bureau, le soutint,
au contraire, et voulut bien nous accorder un bienveillant
appui.
Cet amendement paraissait devoir être adopté, lors
qu'une proposition d'ajournement surgit et qu'il fut
convenu, pour aiusi dire de commun accord, entre les
auteurs de l'amendement et le gouvernementque cette
discussion serait reportée l'epoque de i'examen du bud
get de 1854.
Les différentes causes pour lesquelles on crut nécessaire
d'ajourner l'examen de l'amendement n'existent plus
aujourd hui. C'est pour ce motif que nous avons cru
devoir le représenter.
Eu le déposant nous nous attendions certainement ce
que l'on ne manquerait pas de nous objecter la situation
du trésor, et ce qu'on viendrait conclure que, dans les
circonstances actuelles, la présentation de cet amende
ment est tout fait inopportune.
Messieurs, les premières années que j'avais l'honneur
de siéger dans celle Chambre, lorsqu ou me parlait de la
situation financière, j'étais jusqu un certain point ému
par les objcclious qu'on me présentait ce point de vue.
Mais, depuis lors, j'ai pu, par des exemples fréquents,
me convaincre que la situation financière est, connue vous
l'ont déjà dit plusieurs honorables collègues, une chose
extrêmement élastique. Ainsi, uans certaines circonstan
ces, lorsqu'on veut empêcher l'adoption d'une proposition,
immédiatement la situation financière apparaît. Mais
quelques jours après, souvent dans le même budget, le
gouvernement ou un de ces membres qui se sont montrés
les plus grands partisans du trésor, veut-il faire admettre
une dépense nouvelle, la situation disparait; on n'en
parle plus.
Je crois, d'ailleurs, pouvoir faire remarquer que j'ai
plus que tout autre le droit de tenir assez peu compte de
la situation financière.
Je dois déclarer que si elle est mauvaise, je n'ai pas
contribué la rendre telle, et que toutes les lois qu'on est
venu nous proposer de grandes dépenses, j'ai dans pres
que toutes les circonstances et en quelque sorte systémati
quement, volé contre lion pas parce que j'étais contraire
ces dépenses en elles-mêmes, mais parce que je ne
voulais pas les voter avant qu'on n'eût fait droit nos
réclamations pour la voirie vicinale.
On me demandera: où, dans quelle caisse, prendrons-
nous l'argent nécessaire pour payer les 200,000 fr.
Messieurs, quand où a trouvé dans la caisse de l'Etat l'ar
gent nécessaire pour majorer de 5 millions le budget de
la guerre, pour armer Le Duc de Brabant, pour augmen
ter les traitements des agents diplomatiques, pour aug
menter les traitements des professeurs du conservatoire
de musique; lorsque bientôt on trouvera dans cette
caisse t,700,000 fr. pour dépenses du génie et de l'ar
tillerie, et qu'on y trouvera bien autre chose encore il
me semble que lorsque dans une caisse on trouve tant de
date, de Turenne de La Tour iVOlichiergejamais le
docteur n'eut consenti dire de La Tour d'Auvergne, ne
tenant, avec Ainelot de La lloussaye et bien d'autres, les
Turcnnc que comme d'heureux usurpateurs de ce grand
titre d'Auvergne il (ut évident pour tous les bons
Sédanais,continua-t-il, que la pauvre enfant était immolée
au détriment de leur pays, et, lorsque eut lieu le mariage,
nul cri de joie ne s'éleva pour proclamer, suivant l'usage
de la principauté, que les époux étaient bien soudés.
D'ailleurs le nom glorieux et vénéré des La Marck, que
les collatéraux cux-mêincs commençaient perdre dans
celui de comtes de Maulevrier, allait faire place une race
nouvelle il semblait aux habitants que, par ce change
ment seul, on les forçait d'abdiquer leur nationalité,
d'autant plus précieuse pour eux que, dans un territoire
étroit, toujours on en sent mieux le prix et l'orgueil. La
suite ne prouva que trop qu'ils ne s'étaient pas trompés
dans leurs prévisions ce fut aux jours d'intrigues où,
par le fait des imprudences du premier et du second de
ces intrus, ils virent leur principauté rayée de la liste des
petites puissances neutres et libres, et passèrent corps,
biens et croyances la merci d'un ministre de Louis XIII
et de ses successeurs. A cette fièrc devise, tour tour
menaçante ou heureuse pour plus d'un empereur ou d'un
roi N'a pas qui veut La Marck fut substitué auprès
de notre sanglier parlant, rejeté du pied d'un cliéne
ardennéen la base d'une tour d'origine plus que dou-
choses, il ne serait pas impossible, en cherchant bien, d'y
trouver aussi 200,000 fr. pour la voirie vicinale.
Il me parait quo la propriété foncière, en insistant
fortement pour obtenir, je ne dirai pas un avantage mais
une justice, est d'autant plus fondée dans ses réclamations
qu'elle contribue plus largement au soutien des chargea
générales de l'État.
La situation financière, dites-vous, est mauvaise. Mais
qui a-t-on demandé d'abord de vouloir la rendre
meilleure? C'est la propriété foncière. Il y a peine
quelques semaines que nous avons voté une loi sur la
répartition du contingent de l'impôt foncier, qui donnera
une augmentation de recettes de 500,000 fr. Or, si la
propriété foncière, en donnant l'État ce nouveau pro
duit de 500,000 fr., vient vous en demander 200,000, il
faut avouer que ses prétentions sont fort modestes et que
le trésor, qui reçoit 500,000 fr., aurait fort mauvaise
grâce de se plaindre de ce qu'on lui en demande 200,000.
Ce sont des marchés que tout le monde voudrait faire.
Tout le monde donnerait volontiers 200,000 fr. pour en
recevoir 500,000.
Lorsque nous parlons, dans cette enceinte, au nom de
l'agriculture, j'entends un grand nombre d'orateurs ap
puyer nos réclamations. Tout le inonde voue l'agricul
ture un culte sincère, et je dois dire que ce culte n'est
pas nouveau, puisqu'il est, lui aussi, renouvelé des Grecs.
Mais dans les temps anciens, on ne se contentait pas
de montrer des sympathies l'agriculture, on faisait
quelque chose de plus, que nous ne faisons pas. En géné
ral, l'époque où nous vivons, on accorde des éloges,
mais on se borne cela.
Or, il me paraît que l'agriculture, pas plus que d'autres
industries, ne peut vivre purement et simplement des
éloges qu'on lui donne.
Messieurs, je croirais faire injure la Chambre, si je
voulais lui démontrer que les meilleurs encouragements
qu'on puisse donner l'agriculture sont les subsides pour
l'amélioration de la voirie vicinale.
Il est évident que ces encouragements peuvent se ré
pandre partout,- qu'ils ne constituent pas un privilège
pour telle province plutôt que pour une autre il est
évident que l'amélioration de la voirie vicinale profite
non-seulement aux communes, mais encore aux grandes
communications de l'État, dont elle forme des affluents,
et qu'ainsi elle contribue largement améliorer la ri
chesse publique.
L'utilité de la voirie vicinale est tellement incontestable
que, dans cette Chambre, les partisans même les plus
constants, les plus théoriques de la non-intervention
gouvernementale, veulent bien reconnaître que, dans
certaines circonstances, en matière de voirie, l'interven
tion du gouvernement est un devoir.
C'est ainsi que, dernièrement, l'honorable M. Julliot,
qui est la personnification la plus constante du système
de la non-intervention de l'État, a bien voulu rcconuailre
que le gouvernement, en ce qui concerne la voirie, doit
tcuse I'undiqué ROBun qui se lit encore, on ne sait
trop pourquoi, aux armes de la ville. Charlotte fut obligée
de quitter le vêtement de deuil auquel elle s'était vouée
depuis la mort de son père et de son frère mais elle n'en
demeura, croit-on, que plus fidèle au deuil de l'âme. On
assure que le lendemain même de ses funestes noces, elle
fut meurtrie au bras de son époux, qui lui reprochait
brutalement de n'avoir pas souri comme une heureuse
épouse aux larmes du public groupé, morne et silencieux,
sur son passage.
Peu de jours après, la Porchaison étsnt venue, le
nouveau prince souverain est invité une battue de san
gliers dans les bois si renommés du monastère de Saint-
Hubert, qui sont l'une des sept anciennes branches de la
forêt d'Ardennes et forment la limiledu duché de liouillon.
Turenne exigea de Charlotte qu'elle assistât cette chasse,
pour que sa bonne mine et son contentement y démen
tissent, disait-il, tous les bruits fâcheux qui eominen-
çiienl courir sur leur mariage. Un pressentiment trou
blait sans doute la princesse, car elle essuya maintes
heures, employant prières et larmes, d'obtenir de son
mari la révocation de cet ordre. Il fut inflexibleet une
nouvelle brutalité de lui eut bientôt fait plier son caprice
fragile roseau. Charlotte donc, assise sur une haquenéc
pâle mais moins pâle encore que le visage de sa pâle maî
tresse, s'en alla, sous la conduite de son époux, qui
pressait méchamment l'omble doux, au grand rendez-