JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 1,SST. w f Année. Jeudi. *3 Février «854. IXË MIT EX BATEAU A VAPEUB. ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c.Provinces,4francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Y pu es, 22 février. J La main-morte sous le masque de la liberté des bonnes-œuvres. Depuis 1B30 le clergé et les fanatiques dej l'ancien régime ont essayé de réédifier la main- horte sous toute espèce de prétexte, eu cachant toutefois soigneusement leur but et en niant, audacieusement la portée de leurs manœuvres j frauduleuses. Pendant quelque temps cela aj réussi ou croyait avoir fini avec les abus de l'ancien régime, et après la révolution, personne ne se doutait que la Belgique pût redevenir l'Eldorado monacal du vieux continent. Il était de mode, cette époque, de traiter les Jésuites) et leur influence délétère de rêve creux j la main-! morte était un/ànfo/Tie, et la dîme, une btllevisée. Cependant toutes ces ruines de l'ancien ré gime ont tout doucement ressuscité et repris une vitalité qui menace l'avenir de la société laïque. Les Jésuites ont une existence floris sante en Belgique et extorquent de plus belle des donations rondelettes et des testaments dont l'importance peut être évaluée par millions. L'exploit du B. P. L'Hoir, l encontre de la famille De Buck, peut être cité comme un té moignage en faveur de la fécondité des récoltes testamentaires La dîme n"a pas repris ses allures vexatoires d'autrefois. Cependant quelque chose d'analogue existe la campagne eu faveur de l'université catholique. Une capitation est perçue chez les notables de la commune par le curé qui taxe ses ouailles d'après leur fortune présumée,abso lument comme l'autorité communale. Ajoutons que si le cultivateur relarde le payement de ses impôts, ce n'est pas la taxe ecclésiastique qui reste en souffrance. Mais, rien n'a plus excité le fou-rire des feuilles catholiques que la main-morte C était un fantômeune vraie farce que d'occuper l'opinion de celte vieillerie. Il n'y avait que des sots qui pouvaient croire la résurrection de la main-morte. Les journaux tles évéques niaient avec une impudence cléricale. Il n'y avait rien d'illégal, dans l'érection des couvents, seule ment on voulait faire de bonnes œuvres. i. (suite). Ali! mère Auvray, en voilà un homme que votre fils c'e6l lui qui ira loin Vous avez eu là une lière idée, allez, de l'aviser dans l'étude de mailrc Heurteloup. Un fier homme aussi que M. Heurteloup En ont-ils eu de la prospérité ces Heurteloup depuis le bisaïeul que j'ai connu bedeau de la paroisse Saint-Christophe. Il avait bien un fils qui était gentil coinmc un archange ab solument comme votre enfant quand il était petit, mère Auvray. Ii parlait déjà tout seul, que ceux de son âge ne disaient encore ni Ani D. C'était un miracle, quoi Et qui avait des attentions auprès de toutes les belles dames de la paroisse, le petit futé C'est comme ça que niadatnc de Bec-de-Lièvre, qui passait bien pour la plus grande, la plus puissante et la plus riche daine du pays avant que maître Colenlin, qui faisait ses affaires... Ah mais, un entendu, mailrc Cotentin, qui faisait déjà lés affaires des autres en grand Un homme qu'on aurait dit un homme d'à-présent, comme qui penserait votre fils, mère Auvray... - Je disais donc que madame de Bbc-de-Lièvre, dont les fils avaient encore la révolution droit de pêche et de chasse sur les terres des enfants Cotentin; liquéfie danle passait pour très-riche, très- riehe, ce qui était un vrai leurre ce qu'il paraît avant que lo notaire eût débrouillé ses affaires, rccom- Les moines sont des petits saints et lés non- nettes sont des anges descendues sur la ter re. Bref, tout était confit de sainteté et de béatitude et il n'y avait que des ennemis de la religion qui trouvassent redire cette exploi tation sans merci et sans pitié dej la société laïque, sous prétexte de religion. Le moment était venu d'examiner la valeur et la légalité des actes d'après lesquels toutes les associations religieuses.sous toute espèce de nomset d habillements, s'étaient reconstituées. Les tribunaux avaient eu plusieurs fois con stater l'illégalité des soidisant contrais de so ciété, en vertu desquels une main-morte frau duleuse élailétablie.en dépit de nos institutions, qui n'admettent pas l'anarchie. Une clameur fanatique s'éleva de tous lés coins du pays contre celte audace du pouvoir civil, qui pous sait l intolérance jusqu'à vouloir faire observer la loi Le ministère libéral fut insulté avec acharnement. Mais les manœuvres cléricales furent mises en lumière et l'opinion publique s'émut de celle mauvaise foi de la caste cléri cale qui, en cachette, désobéissait sans vergogne aux lois du pays. Une brochure parut sous le titre la Main morte et la Charité, écrite par Jean Van Da.hiie, pseudonyme transparent, soifs lequel on a re connu M. Frère, ancien ministre des finances. Cet écrit qui n'est pas une de ces œuvres éphé mères qui passent avec la question qui les a inspirées, restera et sera un monument qui témoignera pour l'avenir de la mauvaise foi. de l'esprit d'astuce et de l'avidité des richesses delà gent cléricale.L'auteur a, par une masse de pièces authentiques, de jugements des tribunaux et des cours d'appel, démontré clairement, évi demment, qu'en faussant les lois civilesle clergé était parvenu parsemer le sol de la Belgique de main-mortes et qu'aujourd hui, sous lecouverlde la bienfaisance et de la liberté de la charité, il veut faire sanctionner ce qu'il a édifié subrepticement. Non-seulement, les moitiés sont revenus en Belgique, ce qu'on croyait impossible eu lf}30, mais les couvents y pullullenl plus que du temps de Marie-Thé- inanda tant et si bien le petit du bedeau Heurteloup audit Cotentin, qu'on 1e prit tout do suite dans l'étude; d'où vient la fortune des Heurteloup, dont le premier, je dis le fils du bedeau, épousa, de clerc en maître, l'étude du patron, cause de sa grande conduite, comme qui dirait votre fils, mère Auvray, et continua île même, tant qu'il en resta gérer les affaires dos de Bec-de- Lièvre, dont le dernier, qui était seigneur de la seigneurie de Bonncniare, appartenant pour le présent hua Heurte- loup, est mort l'Hôlel-Dicu de Chàicaudmi en odeur de sainteté, d'aucuns, qui sont méchants, disent de bêtise. En vertu de quoi on dit Heurleloup-Cotenlin, Heurteloup père et Heurteloup fils, qui est le patron du vôtre, mère Auvray. Et des alliances 1 en ont-ils fait des alliances arec tout ec qu'il y a de plus huppé dans la bourgeoisie, prendre que les Arnouliu qui tiennent aux Gacholtc, aux Ramponncou, tout ce qu'il y a de mieux dans ie pays, et finir par les Gobichous qui ne finissent pas, tant ils sont d'une grande famille u Madame veuve Fritau, qui possédait, comme on en a pu juger, une fort belle teinte de ce galiinathias qu'on appelle la pratiquene l'eût pas cédc, comme on voit, aux d'Hozier de Sérigny pour la digestion des généalogies de sa commune. Elle tenait particulièrement ces deux sciences de défunt M. Fritau, qui avait eu de fréquents rapports avec les grosses des notaires en qualité d'esti mateur de biens litre lucratif de cultivateur reconnu entérite, qui s'en va de ça de là, entre le vendeur et lèse, et si jamais le système clérical peut s'éta ler son aise, dans un siècle, la Belgique aura rétrogradé jusqu'au moyen âge. Cet écrit de M. Frète, bien qu'on ait taché de I étouffer sous l eleignoir, a produit une pro fonde sensation. L'aveuglement a cessé et on a compris où la liberté de la charité devait nous mener. Aussi les feuilles cléricales ne pouvant réfuter aucune des allégations de ce publiciste éminent, se bornent éditer des lazzis pitoyables et répondre par des plaisanteries des faits graves, par lesquels il est prouvé, que les saints hommes et les pieuses religieuses ae tiennent aucun compte de la loi, et se placent au-dessus de toutes les dispositions légales qui ne sont pas leur convenance. Pour atténuer les révélations si accablantesde M. frère, les journalistes la solde des évéques ont trouvé plaisant d'assimiler les sociétés de lec ture, les loges maçonniquesaux couvents; même ils ont trouvé que les jardins de zoologie avaient quelque ressemblance avec les cloîtres Mais toutes ces plaisanteries d'tiu goût très-équivo que, ne témoignent que de leur embarras; celte lactique ne pourra guère réussir, et daus un prochain n*, nous établirons les différences qui existent entre les sociétés anonymes, civiles et commerciales et les conventions frauduleuses combinées pour aboutir reconstruire la main morte, celte lèpre des pays où la religion catholique est professée. i* La Chambre a adopté, Samedi dernier, le projet de loi qui donnera la faculté au ministère d'indemniser les villes démantelées, des perles que l'absence de garnison doit leur occasiouucr ainsi qu'une compensation la profonde per turbation économique qu'elles ont subir. Aucune modification n'a été faite au projet de la section centrale, auquel le ministre des finan ces s'était rallié. Depuis quelque temps l'Observateur publie des lettres de l'avocat, Jollrand, qui après avoir été un des démagogues du Trou, et rédacteur du Débat socialde mémoire socialiste, est devenu le prôneur de la main-morte, sous pré- l'achctcur, s'occupant beaucoup moins d'indiquer la vr.iio valeur du terrain que de tirer de sou mieux du sac deux moutures, cl au besoin, vraytacha suppléant le notaire, dont jamais il ne cesse d'être le confident, si ce n'est le complice. La mère Auvray avait écoulé avec une perpétuelle extase madame brilau, assise avec elle au pas de la porte cl qu elle n avait eu garde <1 interrompre dans sa nomen clature si légèrement entremêlée de délicates flatteries, bien faites pour présager la grandeur d'Auvray fils. Madame Fritau reprit, immédiatement après haleine: Quand vous avez envoyé votre fils faire des classes la ville pourtant, incre Auvray, je vous le demande, qu'est-ce qu'on ne disait pas?... Qu'il aurait mieux valu le laisser meunier comme feu votre homme; que c'était vous ruiner eu pure perte; que celait de l'orgueil qui vous porterait peine: que vous en feriez un monsieur qui ne vous considérerait plus. Ah pour ça, sceria la mcrc Auvray, j'ai tou jours répondu que c'était des bouches de Satan, des lan gues de vipères, et que je connaissais bien mon Philippe, moi Et moi aussi, mère Auvray, vous n'en ignorez, je n ai jamais dit autrement que vuus. Vous pourriez me rendre témoignage que je l'ai deviné un homme avant qu il soit né. Si bien-que j'ai voulu le tenir sur les fonts baptismaux avec votre cousin Biélry, qui propos de ça) vient de mourir idiot, Dieu l'ail dans son paradis Je

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1