Chronique politique.
qu'il revêle el quelque palliatif qu'on ait recours,
ne C(iin|MH'te-t-il point l'abdication du droit de ceux
que la loi avait chargés, mais ceux-là Seuls, mais
sérieusement, de l'accomplir?
La nomination des bureaux ne procédant plus du
principe consacré par la loi, et la loi elle-même
étant éludée, sur la proposition el en quelque sorte
avec le concours du gouvernement (i), resle-t-il
du moins l'avantage de contrebalancer, par le nom
bre, an sein de ces bureaux, l'influence qui ne peut
tarder s'y produire en ser.s contraire de nos insti
tutions. Par le nombre, dis-je, mais en vérité, ce
mot-là est risible quand il s'agit de l'opposer l'unité
fit être.' Vous aurez donc cinq ou six braves gens de la
commune,assemblés pour surveiller et contrôler un
établissement d'instruction, d'une part; et de l'autre
vingt piètres, regardant par les yeux, écoutant parles
oreilles et dominant dans la personne d'un confrère,
assis là tout seul, il est vrai, mais investi de toute
leur autorité saciée et armé de leurs haines el de
leurs moyens redoutables. La lutte est-elle possible?
Et que sera-ce dans des communes où presque toutes
les positions indépendantes sont circonvenues et où
les autres sont complètement empêchés, quand elles
ne sont pas les auxiliaires de l'ultramontanisme
Que sera-ce, disons-nous, mais n'est-ce pas déjà ce
pouvoir invisible qui a pesé sur la Chambre, et
l'iusu, peut-être, de la plupart de ses membres, le
jour du vote funeste que nous déplorons.
Quant l'article 4 du règlement de l'Athenée
d'Anvers, M. Frère-Orban s'étonne de n'y point
trou ver de modifications, ainsi qu'on en avait obtenu
sur d'autres points, peut-être moins graves; mais il
déclare un peu plus loin ne pas voir d'infraction,
dans ce règlement, la Constitution, ce dont on est
bien obligé de 6'élouner un peu aussi. Art iS. de la
Constitution Nul ne peut être contraint d'une
manière quelconque aux actes et aux cérémonies
d'un culte, ni d'en observer les jours de repos- El
l'art. 4 du règlement de l'Athenée d'Anvers prescrit
au professeur de religion et au préfet des études de
s'entendre pour veiller l'accomplissement des
devoirs religieux par les élèves. A cela nulle réservq,
si ce n'est une interprétation, tout épislolaire, du
bureau administratif, interprétation qui n'engage
que ceux qui ne devront jamais l'appliquer; et quel
ques explications de tribune dont les évêques tien
nent. el avic raison leur point de vue, fort peu de
compte. Cette déclaration a été, d'ailleurs, le seul
point vulnérable du discours de M. Frère, discours
auquel personne n'a répondu non plus qu'à la lo
gique de M. Verhaegenlogique des choses plutôt
que des mots.
(I) Lettre du 2 février 1854, de M. le ministre de l'in
térieur M. le cardinal-archevêque de Malines Je suis
disposé user de mon influence pour faire entrer un
ecclésiastique dans la composition du bureau adminis
tratif des établissements susdits.
On nous prie d'annoncer que la soirée musi
cale donnée hebdomairement l'estaminet le
Saumonle Mercredi, par le Cercle philanthro
pique, ne'pourra avoir lieu au jour fixé, la
semaine prochaine, cause du jour des Cendres
qui tombe au lr Mars. Elle est donc remise au
Mercredi, 8 Mars, huit heures du soir.
grands égards des mamans et des petits soms de leurs
filles; ces banquets différés souvent tout exprès pour le
posséder son heure, où l'on se faisait un devoir de
laisser refroidir les mets pour attendre sa venue après
l'acte imprévu qui le retenait au sein des grimoires tim
brés ces banquets enfin où son aimable et toujours
jovial couplet, sollicité depuis le rôti, enivrait toutes les
oreilles de l'épicerie, de la draperie et de la chapellerie,
entre la poire et le fromage du dessert inexprimable
couplet après lequel chacun faisait circuler l'oreille du
voisin Est-il gentil, 31. Philippe, et coininc il est
savant Oui, quand je vous cil réponds qu'il est savant
A preuve, que M. Heurtcloup ne se géne pas pour sortir
et le laisser sans lui dans l'étude, qui n'en va pas plus mal
pour ça, allez On dirait que c'est déjà lui qui est le
notaire Et que ce sera un fier honneur, ajoutait un
autre, pour ceux qui l'auront dans leur famille, je vous
le dis
Le fait est que toutes les mamans engageaient leurs
filles se montrer prévenantes vis-à-vis de M. Philippe
Auvray, et que toutes les petites souriaient, baissaient
l'œil, le relevaient, puis rougissaient de la plus accortc
manière l'intention de. M. le premier clerc, parce
qu'elles n'avaient d'idée* que pour lui. Mais aujourd'hui,
c'était peine s'il eût daigné suivre leurs pas dans la
prairie glissante, et fredonnant le fameux air Il est plus
dangereux de glisser sur le gazon (jue sur la glaee. Il ne
leur dispensait plus ses grâces qu en grand seigneur, et
si le mol de petites bourgeoises n'était pas dans sa bouche,
il était eerlsiiiciucnt dans son esprit. Ce n'était pas pour
Par arrélé royal en date du 16 Février 1854.
il est accordé au colonel Jacqmin, Jean-Bap-
tiste-Joseph, commandant de place de première
classe, une pension annuelle et viagère montant
la somme de trois mille deux cents francs.
Du 33 Février au 35 inclus.
Des lettres de Route du io février, adressées au
Journal de* Débats, disent que la veille, y février,
jour anniversaire de la proclamation de la république
romaine, il a été jeté un assez, grand nombre de pa
piers où on lisait des eoioa la republica sur les
perrons de quelques églises el sous les porches de
plusieurs palais. 1-e soir on a eu regretter un as
sassinat sur une des places centrales de la ville;
cependant, on s'accordait regarder ce meurtre
coin tue totalement étranger la politique. Du reste,
ou ne remarquait aucun mouvement insolite dans
la population, el, sauf quelques patrouilles de pulice,
les rues étaient tranquilles et fréquentées comme
l'ordinaire.
Il paraîtrait exister un peu plus d'agitation dans
les provinces, produite par le haut prix des denrées
alimentaires. Un parlait dans le commencement de
la semaine, d'une émeute Pérouse el d'une seconde
a Ravenne. On disait même qu'un soldat pontifical
aurait été tué dans la première de ces deux villes.
Dans la séance de la Chambre des communes du
iti, lord John Russeli, répondant une interpellation
de M. d'Israëli relative la lettre de l'empereur des
Français, s'est exprimé en ces termes
Le gouvernement de S. M. a reçu du gouvernement
français, une communication portant que l'empereur des
Français croyait désirable qu'un dernier appel fût fait
l'empereur de Russie par une lettre autographe, l'effet
de terminer la malheureuse querelle soulevée entre la
Russie et la Turquie, et de prévenir ainsi des hostilités.
La réponse du gouvernement de S. M. a été qu'il n'avait
aucune objection faire cette démarche, pourvu que les
termes proposés dans la lettre fussent conformes aux pro
positions de la conférence de Vienne.
Une copie de la lettre a été communiquée au gouver
nement de S. M., l'cpoque où l'on demandait son appro
bation. Nous avons suggéré quelques modifications qui
ont été faites avant l'envoi de la lettre S* Pétersbourg;
mais le gouvernement n'a pas reçu la lettre amendée,
avant son envoi destination. Le gouvernement de S. M.
est toutefois responsable de la substance de la lettre telle
qu'elle a paru, quoiqu'il n'en approuve pas toutes les ex
pressions; mais il n hésite pas dire qu'il approuve en
tièrement la démarche faite par l'empereur des Français
et espère qu'elle sera couronnée de succès. A la date des
dernières nouvelles de Paris, aucune réponse n'avait été
reçue.
Si l'on tient compte de la réserve quo sa position
imposait lord John Russeli, on trouvera que les
mots souligyés ne manquent pas de portée.
Il faut remarquer aussi qu'il n'a pas été interrogé
sur l'opportunité el la convenance de la publication
de la lettre, que par conséquent il n'a pas été obligé
d'en dire son avis.
La Bourse de Paris continue de se maintenir la
baisse, et l'on y disait avant-hier que M. de Castel-
bajac était attendu de Saint-Pétersbourg d'un mo
ment l'autre, ce qui implique le refus du Tzar.
elles qu'il projetait son alliance, et, en passant les Con
trats de mariage des hauts clients de maître Heurtcloup,
souvent déjà il s'était dit, en parfait notaire, que la prin
cipale clause était que ce fût une affaire.
Donc, j'ai dit, reprit-il. que, pour être notaire, il
convenait maintenant de faire son droit, et je conclus
qu'il n'y a pas d'excellent notaire sans cela c'est la sécu
rité des familles, la garantie de la validité des minutes.
l'arle-t-il parle-t-il votre fils Ça serait M. le
procureur du roi qu'il ne parlerait pas mieux.
Non, non, dit la mère Auvray en serrant avec
effusion la main de sa voisine, ça serait M. le procureur
du roi qu'il ne parlerait pas mieux; et maître Bnilly,
l'avoué, ne m'aurait pas plus désorganisée dans le procès
d'Antoine Outrcquin avec la femme en concubinage de
Joseph Dulliot. Pour en revenir aux choses, ce n'est pas
moins vrai que Philippe veut être notaire et avocat
Notaire et avocat C'est que j'ai peur que ça ne me rende
trop glorieuse, ma chère dame Fritau.
u lia h bah laissez pi;i 11er lcsjaloux Marchez,
marchez toujours, mère Auvray
Oui, mais combien te faudra-t-il pour cela, Phi
lippe se prit réfléchir la bonne femme; tu es un
savant je m'en rapporte ta judiciaire; tu sais que nous
ne sommes pas riches depuis que nous avons perdu le
moulin.
Ne dites donc pas ça, mcrc Auvray, vous n'avez
rien perdu. Le moulin est votre disposition, et quand
votre fils le voudra, foi de veuve Fritau, je ne suis pas
femme faire un tort mon filleul: preuve, je n'en
On n'a pas oublié certainement l'article où la
Journal des Débats affirmait que l'Autriche aurait
déclaré au comte Orloff qu'elle considérerait comme
une déclaration de guerre, le passage du Da nu ho et
l'occupation permanente des Principautés.
Malgré l'autorité du Journal des Débatt, nous
avions quelque peine croire des décisions aussi
tranchées.
Une correspondance de Vienne adressée au Jour
nal de Francfort, dit qu'on y a lu l'article du Jour
nal de* Débute avec un grand étonnemenl. Le cor
respondant poursuit en ces termes
Comment supposer que, comme l'annonce le Jour
nal des Débats, l'Autriche ail pu faire une telle déclara
tion la Russie, déclaration qui devait nécessairement
amener la guerre que le cabinet autrichien veut éviter
Car la Russie, dans le sentiment de sa grandeur et de sa
puissance, ne pourrait se soumettre celte déclaration
sans déchoir de sa considération cl de son importance
morale.
Cependant, nous regardons non-seulement comme
possible, mais comme probable et inêmc comme certain.,
que l'Autriche, de même qu'avant l'occupation des Prin
cipautés danubiennes clic a déconseillé cette mesure en
faisant voir toutes les complications qui devaient en ré
sulter, maintenant encore déconseille au cabinet russe, en
employant le langage de la plus noble amitié, de franchir
le Danube, et en général de commencer une guerre offen
sive en Turquie, en rendant ce cabinet attentif aux suites
incalculables cl dangereuses que pourrait avoir une telle
guerre pour l'intégrité de la Turquie et l'équilibre euro
péen. Fasse le ciel que ces conseils trouvent un favorable
accueil
La traduction que nous avons donné de la réponse
delord John Russeli, l'interpellation de M.d'Israëli
sur la lettre de l'empereur des Français, avait été
faite d'après le Globe. Depuis, nous avons reçu le
Times, qui apporte aussi cette réponse, mais en des
termes un peu différents. On n'y lit pas, par exem
ple, que lord John Russeli ait émis l'espoir que la
démarche de Louis-Napoléon sera couronnée de
succès. Voici du reste la version du Times, dont les
sténographes sont d'ordinaire plus exacts que ceux
des autres journaux
Le gouvernement de S. M. se tient pour responsable
d'avoir donné son agrément cette lettre, mais non pas
toutefois chaque mot en particulier ou chaque phrase
qu'on y a employés. Le gouvernement ne pouvait qu'ap
prouver la démarche que l'empereur des Français a faite
et considérait comme un effort louable de sa part, de pré
venir, s'il est possible, la guerre qui nous menace, et
d'amener l'empereur de Russie consentir aux proposi
tions que lui, l'empereur des Français, considère comme
honorables. Je n'ai plus qu'à ajouter qu'aucune réponse
n'a encore été reçue ces propositions.
Ce qui nous paraît singulier dans les deux ver
sions, c'est que lord John Russeli ait dit que la lettre
de l'empereur des Français était conforme la note
de Vienne. Nous avons prouvé le premier jour
qu'elle en diffère essentiellement.
La Polkshalle de Cologne s'occupe, comme tous
les journaux, de la lettre de Louis-Napoléon. Cette
lettre, dit-elle, n'est autre chose que l'écho des ma
nifestes adressés par son oncle la veille d'une
guerre. La parenté est visible. On y reconnaît le ton
auquel le premier Napoléon avait habitué l'Europe
au commencement de ce siècle.
La Volkshalle aurait bien dû nous dire si, dans son
opinion, l'Europe serait maintenant d'humeur
veux que ça qu'il déclare ce qu'il lui faut pour s'ense
mencer dans Paris, el vous verrez ce que je sais faire
pour le fils du meilleur ami de défunt Fritau Allons, ne
vous gênez pas, monsieur Auvray, parlez, vous n'avez
qu'à ouvrir la bouche?
Il y a là-dessous un pïégc contre ma mcrc, car la
mère Fritau est incapable de me prêter la somme gratis,
pensa Philippe, mais qu'importccommentccla me vienne,
pourvu que je l'aie
Eli bien madame Fritau, puisqu'on me presse
tant, dit-il tout haut, on ne peut vivre Paris moins
de deux mille francs par an et cela pendant quatre ans.
Joachiin Chauchat, que vous avez connu, n'a dépensé ni
moins d'argent, ni moins de temps pour arriver où vous
le savez. Après cela je ferai comme lui, je me tirerai
lestement d'affaire.
Deux mille francs parait pendant quatre ans, ça
fait deux, quatre, six, huit mille francs. Huit mille francs!
c'est bien de l'argent tout de même, monsieur Auvray,
eut l'air de répondre en hésitant la veuve de l'estimateur.
Oui, bien de l'argent murmura malgré elle la
pauvre vieille qui avait déjà vendu le moulin Auvray.
u J'y ai beaucoup réfléchi, il ne faut pourtant pas
moins que cela sous peine de végéter el de n'arriver
rien. 11 n'y a d'ailleurs qu'à Paris que l'on appreono
traiter les affaires en grand. El vous verrez ce que ces
gcns-là appellent des affaires en grand. Qu'est-ce qui
voudra de moi Paris, continun-t-il, avec des habits
comme ceux-ci, par exemple
{La suite au prothaiH n*.)