Chronique politique. leur fait tort en les chargeant de cette administra- lion pour l'amour de Saint-François et de son «ordre n'est-il pas craindre que quelques-unes, par faiblesse humaine, ne soient pas très-fidèles «dans cette gestion? car il e*t *i dangereux de manier de» denier* (Une vive approbation in terrompt la lecture de cette léponse). «Quant ce qu'ils disent que nul n'est obligé de confier ses aumônes des mains étrangères qu'il est crain- dre que ces aumônes ne soient pas distribuées d'une manière régulière, etc., etc. MM. du magis- trat répondent que, grâce Dieu, les personnes probes chargées des distributions sont l'abri de tout soupçon que les pauvres reçoivent intégra it leinent ce qui leur revient il est inutile d'avoir la moindre inquiétude cet égard. MM. du ma- gistrat pourraient croire aussi que les aumônes courraient plus grand danger en passant par les mains] des religieux; cependant! ils ne (veulent «suspecter personne. Mais les quatre ordres au- raient mieux fait de s'abstenir de pareilles obser- valions. Les quatre ordres"mcndiants, quoique agissant uniquement en vue de Dieu et pour le plue grand soulagement de* pauvre* n'avaient cependant pas non plus oublié de plaider leur propre cause ils demandaient au magistrat d'Ypres, et dès le début de leurs observations, pourquoi le règlement par lant des pauvres en général restait muet sur les ordres! mendiants et 'autres personnes religieuses ayant fait vœu de pauvreté? MM. du magistral répliquent que ces ordres mendiants savent si bien exploiter leur mendicité [huerlieden mendi- ciethegt zoo hebbelyk beleden) qu'il n'est uulle- ment nécessaired'y pourvoir par uneordonnance. On leur laisse comme de coutume leur quête mensuelle et on les laisse jouir des émoluments, provendes qui leur sont particulièrement dés ir linés. Les quatre ordres insinuent que des personnes sages et savantes déclarent l'ordonnance infectée des principes de Luther Le magistraCs'éroeul médio crement du reproche et répond que ces personnes avaient condamné l'œuvre sans l'avoir étudiée, sans avoir entendu ceux qui la pratiquaient et que juger sans entendre est peu sage. Enfin, ajoute M. Orts, j'ai entendu qualifier l'in tervention de l'autorité, dans l'œuvre de la charité publique, de eocialiste. Eh bien, il n'y a rien de nouveau sous le soleil cette accusation u'a pas été épargnée l'œuvre du magistral d'Ypres. Former une bourse commune des biens des pauvres, disaient les quatre ordres, est aussi dé- raisonnable que si l'on fermait une bourse com- mune de toutes les rjehesses de la ville. Cela sent, d'après eux, les principes des héré tiques qui avancent que les biens de la terre doivent être communs tous. Ces principes ont infecté bien des gens... (La suite et fin auptochain n*.) ~îl c lî»Q Accident sur le chemln^de fer. On lit dans le Moniteur: Un accident grave a eu lieu Rosoux, dimanche dr, au convoi parti de Liège midi. L'essieu de devaul de la locomotive s'est rom pu en pleine ôourse la machine a été jetée de côté et les trois premiers wagons, c'est-à-dire le wagon bagages, le bureau ambulant et un char-à-bancs, sont venus se briser sur le tender. Les six autres voilures du convoi sont restées en place. Le machiniste et le chauffeur ont été tués; le chef du convoi et le garde-bagages, ainsi que maniement des fonds d'aulrui, avec une élégance et un charme tout particuliers. Ces gens-là, par des moyens plus ou moins larges, plus ou moins expéditifs, plus ou moins dangereux pour eux-mêmes, deviennent tous riches quand ils ne meurent point deux pas du bagne. Ayant un esprit sans élévation, mais qui n'était dénué ni d'une certaine fanfaronnade d'expression, ni d'une cer taine facilité englober son profit la bonne foi publi que, Philippe Auvray avait rencontré le moyen de passer pour une intelligence des plus sûres et des plus vastes auprès de cette multitude sans portée et sans seconde vue dont M. Duferrier est un des types, et pour laquelle ce que l'on appelle posséder la triture des affaires, c'est- à-dire l'art de les embrouiller, résume toutes les capaci tés. Maintenant Auvray, comme il l'avait annoncé, s'était mis en quatre ans en état de ne plus avoir besoin de l'aide de sa mer». Il était arrivé au poste de premier clerc, siégeant, en premier aide-dc-camp de son patron, dans un cabinet spécial, d'où il dirigeait tous les ressorts de l'étude, où sans cesse il rêvait aux moyens de tenir un jour la place du seul chef qui lui restât, tandis que le fils de la maison s'occupait au bois de Boulogne, l'Opéra trois voyageur^ sont grièvement blessés cinq autres voyageurs sont contusionnés. Le convoi portail plus de cent personnes. Le feu a pris dans les débris des trois wagons brisés qui suivaient le tender; les autres voitures de ce convoi ont été préservées. Les fonds et valeurs ainsi que les dépêches postales ont été retirés temps. Des fonctionnaires supérieurs sont déjà arrivés sur les lieux de l'accident. Un convoi spécial, qtii était parti de Landen, a transporté les voyageurs Bruxelles, où ils sont arrivés la station, vers huit heures du soir. Du Mars au 8 inclus. Malgré les précautions prises par la police, l'en terrement de M. de Lamennais a été l'objet d'une manifestation et de quelques troubles, peu graves, il est vrai. Une dépêche de Constantiuoplé, en date du 17, publiée par les journaux anglais, porte que les am bassadeurs de Fi auce et d'Angleterre ont mis la disposition du gouvernement turc, deux steamers contre l'insurrection giecque, et que probablement les golfes de (Jonlessa et de Salouique seraient dé clarés en état de siège. L« guerre qui est sur le point d'éclater est, sans contredit, l'événement le plus colossal que les qua rante dernières années aient produit. Aussi, s'ef- loice-l-011 de tous côtés d'en éclairer les divers aspects. La longanimité que les puissances occiden tales ont apportée dans les négociations, a surtout été le sujet des discussions parlementait es eu A11- glelene, et les ministre» ont eu mainte lois l'occa sion de démontrer que le retard qui en est résulté a eu le double avantage de donner la Turquie et a ses alliés le ttmps de se préparer la guerre et d'isoler complètement la Russie. L'Economist, journal anglais qui traite avec une auloiilé incontestée toutes les questions d'intérêt matériel, envisage ce retard un point de vue nou veau, et démontre qu'il a fait gagner au commerce britannique une somme équivalente au moins aux frais qu occasionnel a la guerre. Cela tientala nature particulière des relations commerciales de l'Angle terre avec la Russie. Les poi ls russes sont fermés par la glace, de novembre it la tin de mars, et la naviga tion n'est possible que de mai novembre. Comme au contraire, les transports par terre sont plus faciles, se faisant en traîneau quand te sol est couvert de neige, c'est pendant l'hiver que les négociants parcourent les provinces, qu'ilsachelent les produits et les dirigent vers les ports d'où ils sont envoyés, successivement, de mai novembre, en Angleterre. Mais cause de i'exiguilé des capitaux en Russie, les négociants anglais sont obligés de iaire leurs agents russes, l'avance des fonds nécessaires pour les achats. Au moment du passage du Prulh, les capitaux avancés de celle façon par des maisons anglaises au commerce russe, s'élèvaieul 1 75 millionsdefrancs. Plusieurs centaines de navires engagés dans le com merce et montés par plusieurs milliers de marins anglais étaient celte époque dans les eaux et les ports russes. Si la guerre avait éclaté alors, avances, navires, marins, tout était perdu ou gravement compromis. Grâce au temps gagne par les négocia tions, l'Angleterre a été remboursée au moyeu des importât ions de l'été dernier; et ses marins et ses navires sont rentrés sains et saufs dans ses ports. L'imminence d'iiiiecoiiflagratioii a nécessairement rendu le commerce circonspect et aucune commande et ailleurs donner un cours rapide aux fonds que son père avait habilement amassés. Le notaire, d'ailleurs, n'avait aucunement le désir que son fils lui succédât il ne voulait pour un si riche rejeton que des honneurs, el pourvu qu'il le vil entrer comme auditeur au Conseil «l'État, il mourrait content. En attendant l'étude qu'il enviait, Philippe, encouragé par les spéculations de toutes sortes dont l'avait rendu témoin son patron, avait eu l'idée d'en faire pour son propre compte de plus étroites et de plus clandestines. D'abord il y avait consa cré ce qui lui restait des huit mille francs comptés par madame Fritau. Quelques opérations progressivement usuraires avec les clients de troisième ordre et les plus gênés de l'élude, avaient en peu de mois doublé son petit capital. Je n'ai guère besoin de dire qu'il n'en avait pas profilé pour rembourser le réméré île la veuve de l'esti mateur. Il savait bien que les prés Glaudions et le taillis Brulnrd valaient mieux que les huit mille francs, et cela seul eut pu le déciderjau remboursement, si d'une part il il n'eût compté qu sa façon de faire valoir, un capital était six fois plus productif en écus qu'en fonds de terre, et si, d'une autre part, il n'eût réfléchi que les prés Glau- 11'a été faite en Russie cet hiver, pour compte de négociants anglais. Il n'y a donc pas eu d'avances faire, et l'heure qu'il est, les sujets anglais n'ont rien eu Russie qui puisse être saisi ou perdu par suite de l'ouverture des hostilités. L«-s nouvelles de Madrid sont du 24. MM. Gonza - lez-Bravo et Bermudez de Castro avaient reçu des pas«eporls pour l'étranger.Qua Ire journalistes avaient été transportés a Cadix sanssans destination connue. Le Capitai. egénéral de l'Aragon écrit qu'à la date du 21, aucun fait nouveau ne s'était produitâSaragosse. On était la poursuite du régiment insurgé qui avait quitté la ville. Louis-Napoléon a ouvert avant-hier la session des Chambres législatives par un discours que nous analysons. La première partie est consacrée toute entière la question des subsistances; la seconde la guerre d'Orient. Louis-Napoléon y déclare que la France ne se décide la guerre que pour résister des empiéte ments dangereux. La Russie Constantiuoplé, ré gnerait sur la Méditerranée; la France ne saurait y consentir. Ceci a pour but de répondre ceux qui ont prétendu que la France avait moins d'intérêt dans celle guerre, que la Grande-Bretagne. Louis-Napoléon ajoute que la France n'a aucune idée d'agrandissement, et que le temps des conquê tes est passé sans retour. Dieu l'entende On s'attendait trouver dans le discours un pas sage relatif l'Autriche. 11 y est, mais au futur. L'Autriche entrera dans notre alliance, dit l'Ein- pereur, el viendra confirmer le caractère de mo- ralité et de justice de la guerre que nous entre- prenons. La Prusse n'est pas nommée dans la harangue impériale. Elle est comprise implicitement dans un passage où il est dit que l'Allemagne, jusqu'ici trop soumise la Russie, se dégage maintenant de cette influence et regarde pour prendre un parti, de quel côté ses intérêts se trouvent. La tribune des deux Chambres anglaises a été prodigue de qualifications sévères l'adresse de l'empereur Nicolas. Louis-Napoléon a voulu aussi lui dire son fait. Il appelle l'envahissement des Principautés une iniquité révoltante. Les orateurs du Parlement et Louis-Napoléon avaient été devan cés dans celle voie par la presse indépendante de tous les pays, el l'on peut dire qu'il y eût rarement plus d'unanimité dans la réprobation. Les journaux de Saint-Pétersbourg ripostent avec non moins de vigueur. On l'a vu par quelques citations produites cette place, il y a quelques jours. Voici un nouvel échantillon de leur polémique. Ce qu'on va lire est extrait du dernier numéro de XAbeille de Saint- Pétersbourg Que voulez-vous, s'écrie ce journal, rois et peuples de la terre Pourquoi levez-vous contre la Russie le glaive et le bouclier? Pourquoi ébranlez-vous la paix de la terre? Pourquoi rassemblez-vous vos vaisseaux sur l'Océan? Pourquoi, de tous les points de l'univers, les peuples courent-ils au combat? Ces menaces s'adresscnt-elles la Russie? Sachez que le roc battu par la tempête re dresse plus fièrement sa tête l'approche des vagues. N'était-ce pas vous, peuples et souverains, qui nous chantiez des hymnes de reconnaissance, quand, mettant fin aux luttes sanglantes de l'Europe, nous jetions sur le roc solitaire de l'Océan la couronne du géant Napoléon Et maintenant, que vous tournez contre nous, quand tous vous devriez combattre pour la chrétienté. Vous ne voyez donc pas, aveuglés que vous êtes par votre avarice et votre avidité de marchands, la honte et l'opprobre qui pèsent sur les Lieux-Saints Nous voulions, la croix la main, porter la paix aux fils de Jérusalem, et voilà que vous assistez Mahomet contre nous, les défen-eurs de la croix. dions et le taillis Brulard rachetés ne lui seraient per sonnellement d'aucun usage jusqu'à la mort de sa mère. Cette bonne femme avait donc vu la plus belle partie de son bien définitivement perdu pour elle. De plus, et c'était là le coup funeste, elle n'avait pas encore embrassé une seule fois son fils depuis quatre ans qu'il était parti. Elle en devint toute ridée, toute chélive, toute blanche-. C'eut été faire pitié même une femme Fritau, si l'appétit de l'or ou de l'agrandissement de la propriété, n'enlevait pasjusqu'à la moindre parcelle de pitié, comme la passion du vol sur les grands chemins ou au coin des carrefours une autre espèce d'affaires moins dissem blable qu'on ne veut y croire étouffe jusqu'aux cris les plus sanglants du malheureux qu'on assassine. Les opérations en petit de Philippe Auvray ne pou vaient longtemps convenir son impatience de fortune. Mais pour sortir de ces spéculations mesquines il fallait une tentative audacieuse; il le savait, cl ce n'était pas sans quelque habileté qu'il la préparait. La fille du colonel Duferrier servait de point de mire. (La suite au prochain n*.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 2