Chronique politique.
Le magistrat de Gand créa la même année la
Chambre de* Pauvre*.
Api ès celle réforme vigoureuse, i laquelle le cler
gé séculier prêta son concours, tandis que les moines
la 11poussaientet après des succès attestés par
Meyer et banderus, tout ne fut cependant pas dit.
Les adversaires ne s'étaient point tenus pour battus
et les décrets du Concile de Trente, qui tendaient
rendre l'administration de la bienfaisance publique
aux évêques (Session 22, cl)VIII et IX) vinrent
singulièrement ranimer leur zèle. La publication de
ce Concile rencontra cependant une forte opposition
de la part de toutes les autorités civiles du pays,
ainsi que l'attestent tous nus juristes, Auselmo,
Slockmans, etc., opposition nettement fondée, en
tre autres sur les principes hostiles la charité
laïque.
Une défense nouvelle de ces principes devenait de
rechef nécessaire. La commune le comprend comme
elle l'avait compris trente années auparavant.
Gilles Wytsius, pensionnaire de Bruges, publie,
en iStia.sou traité De continendi* et alendi* dotni
pauperibu*, et ce traité calque sur Vives lut, deux
années après, suivi d'un règlement du magistral de
la même ville sur la nouvelle oiganisation de la
charité, calqué sur le règlement d'Ypres. Wytsius
raviva les ancienues récriminations il lut surtout
violemment attaqué par un moine auguslin de
Bruges. Ce moine appelé Laurent de Villaoiceatio,
dédia au roi Philippe 11 un écrit virulent dans lequel
il taxe toutes les réformes opérées depuis ï55o, y
compris naturellement les théories de Vivès et le
règlement d'Ypres, le produit de l'hérésie et du lu
théranisme la mendicité, d'après Laurent de Villa-
vincentio, est une œuvre pie: aussi blàme-t-il
vertement le clergé séculier et l'évêque de Bruges
d'avoir toléré pareilles réformes.
M. Orts, après avoir cité quelques passages de ce
pamphlet, constate avec buuheur pour la Belgique,
qu'uu adversaire aussi fougueux n'était point belge
Laurent de Villaviucenlio ne tenait au pays que par
uu seul côté, il était docteur de l'Université de Lou-
vain et l'on a vu plus haut comment VAima-Mater
avait jugé l'œuvre du magistral d'Ypres.
Malgré ce tapage, après une longue lutte, le Con
cile de Trente ue tut, en définitive, publié chez nous
qu'avec des restrictions; la sessiou 22 notamment
n'a été reçue que sous la réserve de la luperinten-
danee et adminiitrution jutqualor* u*itée, par lot*,
magistrat* et autre* yen* laïque* *ur hôpitaux et
autre* fondation* pieute* 1
M- Orts voudrait pouvoir annoncer que ces con
quêtes du pouvoir civil resteront définitives après la
lutte. 11 n'en lut pas ainsi un recul va se ma ni tester;
mais il s'explique- Jusqu'alors, le Belge était libre
et maître chez lui. Philippe 11 règne d'Espagne eu
Belgique; le duc d'Albe est aux portes et la guerre
civile le suit.
L'indépendance du pays périra dans le naufrage;
quoi d'étonnant que l'indépendance du pouvoir civil
y périsse comme la première
Cette issue regrettable fournit M. Orts l'occasion
de terminer sou avant-dernière séance par des pa
roles patriotiques que nous ne pouvons textuelle
ment reproduire mais dont nous essayerons de rap
peler le sens: n'oublions pas, dit. l'honorable
professeur, avertis par cet exemple, et propos de
charité,que la Belgique doit être bonne voisine pour
l'étranger qui la respecte; soyons bienveillants,
sympathiques surtout pour l'exilé; mais n'oublions
jamais que la main de l'étranger dans nos affaires
(I) L'abbé Flcury commet donc une grave erreur, en
supposant, dans son Histoire ecclésiastiqueque le Con
cile de Trente a été publié chez nous sans restrictions.
Flcury s'est, il est vrai, rapporté Slrada.
cure sans doute l'insouciante charité de quelque poétique
intelligence. Des nuits de larmes et une élégie Com
ment mademoiselle Dufcrrier ne serait-elle pas revenue
sur son chapitre D'autant que son père se joignait, sans
s'en douter, au premier clerc, pour conspirer contre elle.
Ce qui l'avait intéressée dans Garnier, ce n'était pas sa
;>ersonne, c'étaient ses penchants. Du moment qu'elle
crut en reucontrcr de pareils dans Auvray, il n'y eut pas
de raison pour que le premier, qu'elle ne voyait plus, lût
oublié pour le dernier, que son père recevait sans cesse.
Auvray n'hésita pas longtemps; il se décida acheter
une étude, celle de sou patron de Paris; il se décida, spé
culant sur une dot venir comme font presque tous les
clercs de notaire d'aujourd'hui, sans s'inquiéter de savoir
comment ils rempliront leurs engagements, si, chose que
du reste ils prévoient impassible, un riche mariage vient
leur manquer. Mais c'est alfaire convenue présent
aebetez toujours; il n'y a que fort peu de parents qui
réfléchiront en faveur de leurs tilles, que la plupart des
jeu ue* notaires n'ont pas de loisir dans leurs mariages
de s'arrêter aux bagatelles du sentiment. Auvray traita
fui toujours fatale la patrie (Un tonnerre d'ap-
plaudisssemeuts et de trépignements accueillit celte
magnifique péroraison).
Eu descendant de la chaire M. Orts reçoit les plus
vives félicitations et l'auditoire se retire vivement
impressionné de celte belle séance. L'un des repré
sentants de l'arrondissement d'Ypres que nous avons
vu parmi les assistants doit surtout s'être senti fier
du noble exemple donné par sa ville natale.
Conr d'assises de la Flandre occidentale.
Audience du 7 et 8 mar*. Les nommés: 1*
Félix Naesseus, fils de Melauie, âgé de 19 ans, ou
vrier, uè Meuiebeke et domicilié Gand; 2' Charles
Bouckhuyl, fils de Louise, âgé de 17 ans, vacher, lié
a Gand et domicilié Ceurne; 3* Charles De Bel, fils
de Liéviu, âgé de sa ans, tisserand, né Oostroose-
beke et domicilié Meuiebeke 4* Ives Verhulst, fils
de François, 32 ans, tisserand, né Oostroosebeke
et domicilié Meuiebeke, et 5° Louise Bouckhuyl,
femme dlves Verhulst, âgée de 4 ans, fileuse, née
et domiciliée Meuiebeke; convaincus de vols avec
circonstances aggrava mes, ont été condamnés, savoir
Le premier sept années de travaux forcés, le second
cinq années de travaux forcés, le troisième deux
annéesde travaux forcés et le qualrièniuetcinquièine
chacun dix années de la même peine, tous l'ex
position et rester après avoir subi leur peine pen
dant douze ans sous la surveillance spéciale de la
police.
Charles-Louis De Corle, co-accusé, a été acquitté.
Audience du 9 mar*. Le nommé Benoit Brul-
saert, fils d'Albert, âgé de 3o ans, cultivateur, né
Wesloutre et domicilié Dickebusch, convaincu
d'attentat la pudeur sur une fille de 8 ans, a été
condamné 6 armées de réclusion et l'exposition.
Du 9 Map» au 11 iuclus.
A l'exemple du gouvernement français, le cabinet
anglais vient d'adresser ses agents diplomatiques
et consulaires, aux gouverneurs des colonies et aux
commandants des stations navales, des instructions
poui la protection commune, sur tous les points du
globe, des sujets et des intérêts de la France et de
l'Auglelerre.
Nous avons dit que lord John Russell avait obtenu
de la Chambre des communes, le renvoi, du i3 mars
au 27 avril, de la seconde lecture du bill relatif la
réforme électorale. Nous expliquerons quand le
moment sera venu, en quoi consiste la réforme
projetée. Nous nous bornerons dire aujourd'hui
qu'elle compte nombre d'adversaires dans le parti
tory, mais que l'opinion publique en général lui
a fait un accueil favorable. Si le ministère en a
demandé l'ajournement, c'est qu'il a voulu oblenir
des Chambres, avant tout, le vote des subsides
relatifs l'armée et h la flotte, que la guerre rend
nécessaires. C'est ce qu'a déclaré lord John Russell,
et il a ajouté
Mais il existe un motif plus puissant pour ajourner
celte seconde lecture. La Chambre sait quel est l'aspect de
nos relations extérieures. Elle connaît dans tous leurs dé
tails les négociations qui avaient pour but d'assurer la
paix de l'Europe; mais, jusqu'à ce jour, toutes les négo
ciations ont échoué, et la France et l'Angleterre ont
adressé la Russie une réquisition d'évacuer les Princi
pautés immédiatement ou duns un délai déterminéen
déclarant qu'elles considéreront un refus comme l'équi
valent d'une déclaration de guerre. On aura la réponse
de la Russie la fin du mois, et si elle est négative,
comme cela n'est pas improbable, le devoir des ministres
serait de déclarer au Parlement, par un message, que
S. Al. n'est plus en paix avec tous les États continentaux
de l'Europe.
donc avec son patron, qui se montra aussi facile suç les
moyens de paiement qu'exigeant snr l'énormitc de la
somme. On convint de cinq cent mille francs.
Deux mois peine après, il fut grand bruit dans
Paris du mariage de mademoiselle Duferrier avec M.
Philippe Auvray. Les cinq cent mille francs du prix de
l'élude furent payés, dit-on, le lendemain du contrat
d'alliance, et l'on assurait en outre qu'après la mort du
colonel, le jeune notaire hériterait d'une somme au inoins
égale la dot. Ce qui est positif, c'est que Philippe
Auvray, dans cet enivrement de prospérité, ne songea
pas renvoyer sa mère une somme qui la dédommageât
de la perte des prés Giaudions et du taillis Bruiard. Avec
un peu de vérité maligne, je pourrais même avancer que
le notaire aurait volontiers oublié qu'il avait une mère.
Mais peu importe La bonne femme avait encore eu un
beau jour. Elle avait appris, seulement il est vrai lors
qu'on avait été obligé de demander son consentement au
mariage, que son fils, que son Philippe, était, depuis deux
mois, notaire royal Paris, notaire dans la capitale 1
(4a suite au prochain
Le bruit s'est répandu h la Bourse de Londres,
que le Tzar avait mis l'embargo sur tous les navires
anglais stationnant dans les ports russes. Mais ce
bruit, contredit par les déclarations positives faites
par le gouvernement russe il y a déjà quelques mois,
n'a pas trouvé une créance générale.
Les dépêches de Corfou, du 23 février, présentent
l'insurrection grecque comme arrêtée dans son essor
par l'indifférence même des populaiionssnr lesquel
les les agents de la Russie comptaient le plus. La
citadelle d'Arta continuait résister toutes les
attaques.
Les réclamations de la Russie contre la neutralité
de la Suède sont toujours pendantes, c'est dire
qu'elles 11'ont été ni admises ni retirées. D'un autre
eôlé, on écrit de Copenhague que la Russie insiste
pour que le Danemarck refuse aux escadres anglo-
tiauçaises tout moyen d'approvisionnement.
Les nouvelles de Madrid sont du 27 lévrier. Celte
capitale était tranquille. On y savait que les rebelles
de Saragosse n'avaient pas été atteints dans leur
luile, et l'on supposait qu'ils avaient pu se réfugier
eu krauce.
Le courrier de France nous apporte aujourd'hui
une de ces nouvelles affligeantes, qui font voir le
triste régime auquel la presse est soumise chez nos
voisins, et eu comparaison duquel la censure la plus
ombrageuse serait pour les journaux un bienfait
itiappiéciable. Le gouvernement impérial, en verlu
de la législation qu'il a créée lui-même après le a
décembre, avec un machiavélisme bien intelligent
des ressources dont il avait besoin pour assurer sou
pouvoir despotique, vient de suspendre, pour deux
mois, t'Assemblée nationale. La suppression com
plété du journal suivra de près sans doute. En attén
uant, la suspension est motivée sur un article publié
propos du discours d'ouverture de la session. Nous
venons de relire cet article avec la plus grande atten
tion il n'y a pas une phrase, pas un mot, pas une
allusion d uù l'on puisse induire, nous ne dirons pas
un blâme, mais la plus légère critique de la conduite
du gouvernement.
Une nouvelle Irès-imporlatile est donnée par la
Gazette de la Baltiquequi se publie i. Steitin.
L'empereur de Russie, par un ukase du 27 février,
aurait détendu l'exportation des céréales par les
ports de la Mer-Noire et de la mer d'Azoff. Celte
mesure arrive uti peu tard heureusement pour affa
mer l'Europe, mais elle ne facilitera pas les appro
visionnements ultérieurs dont 011 pourrait avoir
besuiii.
Le gouvernement autrichien contracte un ein-
pruul de So millions de florins, qui doit être exclu
sivement couvert par des souscriptions dans l'inté
rieur du pays. La souscription sera ouverte le 7
mars et close le 17. Les obligations seront de a5o fl.
p. c. Le prix d'enchère n'est pas encore connu
ou pense qu'il ne dépassera pas 9».
Une partie du régiment de Lordoue qui s'est ré
volté Saragosse, est parvenue se réfugier en
France. Les journaux français annoncent qu'un
détachement de 240 hommes est arrivé Pau, mer
credi i' mars.
La Gazette de Madrid publie deux décrets du 27
février, qui suppriment ce régiment et le rempla
cent par celui de Cueuza, supprimé en 1793 et dont
la 1 éorgauisallon est ordonnée.
Le gouvernement prussien vient d'obtenir de la
seconde Chambre, un projet de loi qui relire au
jury, pour la remettre aux tribunaux ordinaires, la
connaissance des délits politiques et de la presse.
La carte payer pour la guerre a été présentée
avant-hier au Corps-Légtslatll, par le gouvernement
français. Ces cartes-là se paient d'avance, sans pré
judice des règlements ultérieurs laite, et de la
liquidation définitive qui arrive souvent bien tard,
mais qui art tve toujours, et parfois avec un grand
cortège de calamités, comme en iliit et ifiiS.
La carte payer présentée par M. Baroche, n'eat
que de DEUX CENT CINQUANTE MILLIONS. Ou
va les demander l'emprunt. Une guerre qui com
mence est toujours populaire chez nos voisins. Il èn
devait être ainsi de celle qui se prépare et que nous
trou vous juste au fond, tout en déplorant les cruelles
nécessités qui l'amènent. Le sang et les larmes se
comptent plus tard, mais comme il faut nécessaire
ment les compter, les partisans de la guerre devraient
bien savoir souffrir qu'il y ail des partisans de la
paix. Ceci soit dit a propos de M. de i'ersigny et dé
la suppression de VAssembles nationaleirappée
dans son existence pour être restée plus longtemps
fidèle que d'autres, au fameux mot impérial dit
banquet de Bordeaux.
Le Parlement anglais a reçu aussi avant-hier,
communication de sa carte payer. Le chancelier