Jeudi, 16 llari 1654. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 1!,S43. 13' Année. Vires acquint eundo. Ypues, 15 Mars. LA CHARITÉ AU XVIe SIÈCLE A YPRES. UNE NUIT EN BATEAU A VAPEUR, m. j Ce n'est pas que Philippe Auvray se comporte avec sa femme de celte manière que l'on est convenu d'appeler mauvaise. Non il ne l'injurie jamais de grossières pa roles. Encore moins se transformeraii-il en bétc brute, comme ces êtres, indignes de compter parmi les hommes, qui descendent jusqu'à porter leur lourde main sur une femme. Non niais il fait pire vous allez en juger, si vous comprenez la moindre parcelle des sentiments de la femme. ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Marché au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Nous avons reproduit, dans nos précédents D®'d'après Y Observateur, quelques extraits des' remarquables conférences de M. Orlsprofes seur l'Université libre, sur l'histoire de la charité en Belgique. Ces extraits, nous les avons reproduits avec une fierté bien légitime, puisqu'ils démontrent tous qu'au commencement du XVIe siècle, notre bonne ville d'Ypresa pris l'initiative d'une réforme qui a été bientôt mise en pratique par les cités les plus considérables de la Flandre et des pays voisins et qui a mérité les éloges les plus honorables du plus grand souverain des temps modernes, de l'empereur Charles-Quint lui-même. Le règlement d'Ypres de 1523 sera souvent invoqué dans les discussions importantes que l'examen des lois sur l'organisation de la charité provoquera bientôt dans nos Chambres légis latives. Nous croyons donc qu'il importe que les faits, se rapportant ce règlement, soient parfaitement connus. Notre but aujourd'hui n'est point de faire l'historique de la remarquable institution con nue sous le nom de Bourse commune d'Ypres. Gemeene Beurse) etdont le règlement de 1525 fut la charte, c'est un travail trop étendu pour le cadre de notre journal nous désirons seule ment rectifier quelques erreurs commises invo lontairement sans doute par plusieurs des écri vains qui se sont occupés de ce point historique, erreurs relatives aux auteurs du fèglement. A qui appartient l'honneur de l'initiative de l'importante réforme formulée par le règlement d Ypres Ce règlement, dit M. Orls, (et dans un pré cédent n° nous l'avons dit, d'après lui), ce rè glement ne fut que la traduction en actes des idées de Vivès. Ce règlement, dit l'abbé Carton, dans son travail sur l'état ancien de la mendicité dans la Flandre occidentale (et le Propagateurd'après lui, le répète): ce règlement était l'œuvre du prévôt de S1 Martin, grand vicaire de l'église de Térouane, et de tout le clergé du diocèse. (suite). Le colonel Duferrier est mort subitement. C'est une attaque d'apoplexie, disent les uns; c'est une goutte d'acide prussique, disent les moins indulgents. Mais, d'une voix générale, on attribue cet événement de quelque manière qu'il soit arrivé, congestion cérébrale volontaire ou involontaire, un grand malheur privé. Sur ce chapitre encore, toutefois, on varie; car on n'a que des données, des bruits. Les uns prétendent que le colo nel s'est aperçu, mais trop tard, qu'il avait entraîné sa fille unique un mariage tout de spéculation de la part de l'époux, et que, par suite, elle ne compte dans la maison que pour l'argent et non pour le coeur de femme et d'amie dont elle a dû faire son plus noble apport dans la communauté de sentiments, non moins que d'intérêts, de ce contrat conjugal, ayant pour premiers mots notre vie, toute notre vie, tous nos instants jusqu'il la mort; et pour derniers la vie de nos enfants, des enfants de nos enfants. Les autres insinuent que le colonel s'est engagé, par l'intermédiaire de son gendre, dans un mode de apéeulqlion des plus chanceux, et qu'il y a perdu de sa fortune, naguère ai brillante, tout ce qu'il n'avait pas A noire tour, mieux informés, nous disons j le règlement est l'œuvre du magistrat d'Ypres au magistrat d'Ypres seul revient tout I honneur de l'initiative C'est lui qui le premier a for mulé par écrit les idées de réforme et les a tra duites en règles positives. Que Louis Vivès ail eu les idées de réforme, que le règlement d'Ypres ptomulgue, c'est pos-1 sible, mais la citation d'une simple date suffira pour prouver que l'œuvre écrite du magistrat est antérieure celle de cet écrivain. Le livre de Vivès: De subventione paupertim. parut en 1526 le règlement d'Ypres avait élé élaboré en 1525 et définitivement approuvé le 3 Décembre de celle année. La citation de ces dates authentiques n'admet pas de réplique. Que le règlement de la Bourse commune ait été communiqué au prévôt de S' Martin et au clergé, nous l'admettons volontiers, mais celle, communication fut faite, comme on dirait au jourd'hui simplement pour renseignement et avis et afin surtout d'obtenir le concours du clergé et des prédicateurs, concours très-utile, presqu'indispensable pour le succès de l'œuvre, une époque où l'influence du clergé était immense et où h ligne *éparalive entre le pouvoir civil et le pouvoir canonique, était tracée d'une manière peu positive et presqu'in- délerminée. Mais celte communication faite au prévôt de S1 Martin ne permet pas de conclure, que ce règlement fut l'œuvre du clergé, surtout quand des faits et des textes prouvent le contraire. Voici les faits le règlement, après avoir par faitement fonctionné pendant cinq ans, de 1525 1530. fut violemment attaqué celle époque, spécialement par les ordres mendiants; on pré tendit que ce règlement était hérétique, con traire l'évangile, l'esprit des Saints Pères, dicté par Satan. A qui s'adressèrent ces inju rieuses attaques? Aux auteurs du règlement, c'est-à-dire au magistrat et non au clergé d'Yp res. Déjà en 1530, le magistrat d'Y près avait fort souffrir. Qui répond ces attaques? Les magistrats, pareequ'ils sont les auteurs du règlement. Qui réfute les allégations des opposants? Les magistrats qui ont fait le règlement? D'ailleurs, le clergé régulier, les ordres men diants surtoutqui étaient considérés comme les prolétaires cléricaux de l'époque, auraient- ils osé attaquer, avec violence, une œuvre du prévôt de S1 Martin personnage d'autant plus important qu'il était grand vicaire de l'église de Térouane Enfin qui, pour résoudre la difficulté, envoya le règlement l'avis de la Sorbonne de Paris? Le magistrat par sa lettre du 26 Décembre 1530 Du reste, des textes mêmes prouvent l'évi dence, que le magistrat et non le clergé fut l'auteur de l'ordonnance. Dans le texte même de l'approbation de la Sorbonne, du 16 Janvier 1530 (1531 nouveau style), on lit formam provisionis pauperum per mag1stratum yprensem 1nductum. En tête du règlement annexé celte approbation, on lit encore An subventio pauperum juxtà sub~ scriptam formamse inclyto senatu Iprensi a quin- que et amplius annis excogitatam.... Magistrat! sénat! ces textes sont formels, ils sont connus de nos adversaires. En effet, le Propagateur du. 17 Mai 1831, donnait un extrait d'un journal français relatif au règlement d Ypres, et pu bliant la traduction partielle de l'acte d'appro bation de la Sorbonne, on y lisait, col. 3®, page Ie la forme de provision des pauvres conçue par la magistrature d'YprES.... Dans le dernier n° du même journal, 11 Mars, page 1®, col. 3e, on lit encore cette traduction l'illustre sénat d'Ypres (et non le clergé) expose ensuite la Sorbonneetc. Ces réflexions et ces citations suffiront, pen sons-nous, pour faire restituer au magistrat civil d'Ypres, l'hoaneur d'une initiative que, par erreur sans doute, on avait voulu attribuer d'autres; celte erreur, le journal du clergé en notre ville la commet dans son dernier n", mais tout en la commettant, il fournit la tra duction de textes qui démontrent le contraire de ce qu'il affirme et nous fournit heureusement des armes pour combattre son opinion. Mais si l'honneur de l'initiative revient l'au torité civile seule, le clergé d'Ypres (de 1525) En 1550, les prisons ecclésiastiques étaient en honneur. Voir le Propagateur du 11 Mars dr, page 1*, col. 2, in medio. donné en dot sa fille. Le fait est que Philippe Auvray et sa femme ne firent pas, en apparence au moins, un important héritage. Seulement le notaire fit répandre le bruit que M. Duferrier, ayant réalisé en espèces, depuis peu de mois, toute sa fortune, la leur avait, en quelque sorte, livrée de la main la main. Chose bizarre, tant est aveugle notre époque la confiance dans les gens qui font nos affaires, alors que nul de ceux qui n'avaient pas de rapports directs avec Auvray ne croyait ce prétexte, tous ceux qui lui avaient confié leurs intérêts prirent ses dires pour argent comptant. Donc, il y n deuil dans la maison du notaire Auvray; tout est en deuil, jusqu'à la livrée; car Philippe a une domesticité livrée, non qu'il y tienne beaucoup, l'exemple de tant d'autres, pour son propre compte, mais parce qu'il sait qu'avec ces oripeaux on coule une glace sur laquelle les rayons des yeux de tout un public viennent se réfléchir, et que, partant, ce public se laisse prendre comme une ailouclte au miroir. Il y a deuil sur tous les habits. Pour ce qui est du cœur, ou soit l'habi tude n'en parlons pas. Cependant une seule physionomie a l'aspect de la tristesse c'est celle de la fille du colonel. La mort d'un père, coupable avant elle et plus qu'elle d'une alliance mal assortie pour lot caractères, lui fait encore mieux comprendre l'isolement de son cœur; et il semblerait que, sous ses crêpes funéraires, c'est d'elle-même qu'elle porte le deuil. Bertrand, attelle les chevaux la calèche de madame, et conduis-la au bois de Boulogne. Vous ne viendrez donc pas vous promener avec moi une seule fois, mon ami Toutes mes heures sont prises pour les affaires; vous ne l'ignorez pas, madame. Madame,toujours madame! Soyons doncun peu moinscérémonieuxs'ilsc peut, et aimons-nous davantage.. Roman que cela Vous me répétez toujours ce mot, et pourtant il n'y a pas une année que vous poétisiez toutes vos paroles I autour de moi. i 11 serait mal et cruel vous, madame, de me

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1