Chronique politique.
Nouvelles diverses.
Dans la commune tl'A., aux environs de Brux
elles, M. le curé s'était servi de son influence pour
déterminer l'instituteur primaire ne point donner
dans son école un cours de langue française. Après
avoir mis en pratique, pendant quelque t mp», te
bizarre système d'enseignement, I instit u leur éprou
va des scrupules, et en fit part un collègue d une
commune voisine. Celui-ci parvint aisément le
convaincre que le bou sens et le sentiment de ses
devoirs devaient l'engager donner aux enfants qui
fréquentaient son école, un enseignement en rapport
avec les nécessités sociales et l'intérêt de la jeune
génération. L'instituteur de la commune d'A., prit
donc et exécuta la résolution de donner comme tous
les autres instituteurs primaires un cours de langue
française.
Mais il paraît que M. le curé a médiocrement
goûté la résolution de l'instituteur. Depuis le jour
où la langue française a fait partie du programme de
l'école, l'instituteur est l'objet de tracasseries, de
vexations du genre de celles que le rapport offieit 1
de 185o sur l'état de l'instruction primaire nous a
fait connaître et qui nous a appris comment cer
tains doyens et curés de communes rurales enten
dent la charité évangélique. L'instituteur s'est
adressé au gouvernement et l'on nous assure qu'eu
ce moment une enquête est ouverte sur cet te affaire.
Espérons que le gouvernement saura prendre des
mesures pour empêcher que l'instituteur ne soit
exposé d des persécutions qui, dans d'autres locali
tés, ont provoqué la ruine et même l'aliénation
mentale de ceux qu'elles atteignaient.
Conr d'assises de la Flandre occidentale.
Audience du 23 Mars. Le nommé Charles-
Louis De Busschere, fils d'Agiitsse, âgé de ad ans,
berger, né ('eurue et domicilié Mouscron, et
Auguste Naye, fils de Frédéric, âgé de 26 ans, ou
vrier, né Cruyshaulein et domicilié Mouscron,
convaincus de vols avec circonstances aggravantes,
oiiléléconddiniiés chacun cinq années de léclusion
sans exposition.
Dans la même audience, M. Mulle, secrétaire et
notaire Thielt,aéiéco'idainué, comme jury absent,
a une amende de 5oo francs.
I)u 33 Mars au 35 inclus.
Le premier convoi des troupes françaises du corps
expéditionnaire en Orient, est parti de Marseille le
ly, avec le général Canrobert.
La première lettre de M. de Monlalemberl M.
Dupin (celle que les journaux n'ont pas publiée), a
vivement irrité le gouvernement de Louis-Napoléon
et les membres du Corps-Législatif, qui lui sont
presque tous dévoués corps et âme. Il paraît qu'on
a hésité sur le parti prendre contre l'honorable
député. Il paraît avoir été d'abord question d'une
affaire d'honneur, et une commission de cinq mem
bres avait été nommée pour lui demander des expli
cations. Mais ensuite on s'est ravisé, et l'un a décidé
qu'il serait poursuivi comme coupable d'offenses
envers l'Empereur. 9
aiment et se sacrifieraient pour vous, et que je serais la
première vousen témoigner, s'il ne fallait qu'emprunter
tout de suite pour vous, mcrc Auvray, sept mille francs,
que vaudrait pour moi tout au juste, et encore pour vous
obliger, votre petite métairie. Car vous êtes une si bonne
femme, qu'en vérité ce serait conscience de ne pas se
mettre en morceaux pour vous.
Sept mille francs, tout de suite madame Fritau!
Comptez-les moi puisque vous le pouvez je vous vends
ma métairie sept mille francs comptant. Venons passer
l'acte, et demain je partirai pour Paris sans faute pour
embrasser encore une fois mon fils et donner un peu
d'aide ma fille. Je ne veut pas, moi, qu'un étranger qui
ne lui est rien la secoure plus longtemps et soit plus pour
elle que mon fils et que moi, cnlcudcz-vous, madame
Fritau
C'est juste, et je vous reconnais bien là, mère
Auvray; seulement, si vous voulez m'en croire, faisons
passer l'acte sous seings prives par M* Bailly, l'avoué qui
a votre confiance et la mienne. Ça fera pour vous que si,
par hasard (le hasard est si grand vous revenez avec les
sept mille francs, nous déchirerons l'acte, et tout sera
dit; vous rentrerez dans votre métairie.
O ma bonne dame Fritau que je vous reconnais
bien là. Vous êtes la meilleure des meilleures amies
Avec ça, reprit la veuve, que M* Bailly vous ren
seignera sur tout ce que vous aurez faire Paris.
C'est encore vrai ça, ma bonne dame Fritau! ah!
que je vous dois grand merci dans mon malheur
Que voulez-vous, mère Auvray, il faut savoir
dans l'occasion se mettre de côté pour les gens On est
trop heureux encore de 11c pas rendre service des
ingrats.
Le tolr même M* Bailly l'avoué, rengorgé, cpanouj)
Notre correspondant particulier nous apprend
qu'avant-hier, la fin de sa séance, le Corps-Légis-
latif'a été saisi par le procureur-général de la Seine,
d'uuy: demande eu autorisation de poursuites.
On avait pensé que l'emprunt français amènerait
des souscriptions très-supérieures son chiffre no
minal. Le Moniteur constate cependant que jusqu'ici
les 2jo millions ne sont pas couverts; il s'en faut
de i5 millions. 11 est vrai que la souscription ne
sera fermée que le 25; mais si les premiers jours
n'ont fourni que 235 millions, il n'est pas prubable
qu'on arrive au milliard promis par les enthousias
tes de l'opération, ni même aux 5oo millions dont
se contentaient les plus modérés.
Le chiffre de la souscription est très-satisfaisant
néanmoins, et il a permis au gouvernement d'abais
ser de 1/2 p. c. l'intérêt des bons du trésor.
Le Moniteur français publie les pièces de la cor
respondance anglo-russe relative au partage de
l'Empire ottoman. Nous en ferons connaître les par
ties essentielles. Disons tout de suite aujourd'hui,
que dans une note du a3 janvier 1853, lord Sey mour
raconte une conversation des plus intéressantes
qu'il avait eue avec le Tzar, le 14 du même mois, et
où celui-ci s'était exprimé ainsi
Maintenant, je désire vous parler en ami et en gent
lemansi nous arrivons nous entendre sur celte affaire,
l'Angleterre et moi, pour le reste peu m'importe; je tiens
pour indifférent ce que font et pensent les autres. Usant
donc de franchise, je vous dis nettement que si l'Angle
terre songe s'établir un de ces jours Constantinoplc,
je ne le permettrai pas; je ne vous prête point ces inten
tions, mais il vaut mieux dans ces occasions parler claire
ment; de mon côté, je suis également dispose prendre
l'engagement de ne pas m'y établir, en propriétaire, il
s'entend, car eu dépositaire, je 11e dis pas; il pourrait se
faire que les circonstances me missent dans le cas d'oc
cuper Constantinoplc si rien ne se trouve prévu, si l'on
doit tout laisser nu hasard.
Quant une expédition française dans les Etats du
Sultan, ajoute sir II. Scymour, l'Empereur a donne en
tendre qu'une telle démarche conduirait les affaires une
crise immédiate; que le sentiment d'honneur le forcerait
d'envoyer en Turquie une armée, sans délai et sans hési
tation; et que si le résultat d'un tel mouvement était le
renversement du Grand-Seigneur, il le regrettait, mais
qu'il serait persuadé de n'avoir rien fait qu'il ne fût forcé
de faire.
Le Tzar ne prévoyait pas une intervention de la
France unie l'Angleterre. Tout le monde a vu ses
prévisions trompées dans cette affaire.
Le Journal des Débats a reçu une correspondance
de Constantinople du 7, d'après laquelle la frégate
vapeur le Yauban et le vaisseau hélice le Char-
lemagne soni revenus de la Mer-Noii eavek des a varies
qui les condamnent pour quelque temps l'immo
bilité. 11 résulte des rapports des capitaines de ces
bâtiments que si les flottes étaient restées dans la
Mer-Noire, tous les vaisseaux auraient lait certaine
ment de grosses avaries, que plusieurs sans doute
auraient été jetés la côte, et qu'au jour de la
déclaration de guetre, ils auraient été dans l'impos
sibilité d'agir.
Le Corps-Législatif a terminé avant-hier dans ses
bureaux la discussion relative l'autorisation (les
comme un dindon qui se croit quelque chose et tout
bienheureux de la chute subite d'un bouillie qui était
parti du pays pour monter si vite jusque dans Paris au-
dessus de lui, qui ne s'était encore élevé, en fait de
dignités, qu'aux fonctions d'adjoint au maire de sa petite
ville; M" Bailly, l'avoué, le soir uiê ne, fil l'acte sous
seings privés, et répétant plusieurs fois, sans pitié pour
la malheureuse mère
x Voilà ce que c'est que d'avoir voulu voler trop
haut; si votre fils avait fait comme moi, vous n'en seriez
pas là, bonne femme
Le lendemain, madame Fritau, qui avait fait passer
l'acte sous seings privés, pour que personne n'eût vent
de son acquisition et n'accourût en offrir plus d'argent
qu'elle, déposait elle-même la mère Auvray dans la dili
gence. Elle était devenue propriétaire vil prix du reste
des biens dont elle avait déjà si traîtreusement attrapé les
premiers lots, la veuve de l'estimateur, de l'estimateur,
celle moitié du notaire de province.
l'Iu.-icurs circonstances m'ont empêché de suivre
plus longtemps, avec détails, l'histoire de Philippe
Auvray. J'ai seulement su que la prévention, cette douce
élucuhralion de la justice, si flatteuse surtout lorsqu'elle
prend son temps sur des innocents, et qui finit par attirer
In compassion publique jusque sur les coupables, le
tenait depuis plus de deux années en prison. Quand
viendra son jugement, dans deux ou trois ans encore
peut-être, pins ou moins; selon qu'il conviendra ces
messieurs de plus ou moins s'élucubrer, je ferai en sorte
de me tenir au courant pour mes lecteurs de la suite des
événements que je leur ai racontés. Je les reprendrai au
jour même où je les ai laissés, et n'oublierai ni l'entrevue
qui a dû être si déchirante entre la mère et le fils, entre
la pauvre bcllc-mèrc de campagne et la jeune femme
poursuites contre M. de Monlalemhert. Notre cor
respondant assure quesur sept commissaires, quatre
sont contraires la demande du procureur-général
de la Seine.
Tous les fonds ont subi une très-forte baisse la
Bourse de Paris d'avaiit-hier. Hier, ils se sont un
peu élevés.
La Chambre des communes a voté, dans la séance
du 20, l'augmentai ion de Vincome-taxproposée
par le gouvernement.
Sir Charles Napier est arrivé Copenhague, lundi
midi, bord d'une frégate vapeur. 11 a sollicité
aussitôt une audience du Roi.
Le gouvernement prussien vient d'interdire d'une
manière absolue, le transit des armes de guerre.
Un deuxième avertissement a été infligé la
Presse. Notre correspondance particulière en ex
plique la cause. C'est ensuite, le rappel d'un major
autrichien attaché au général Gortschakoff, rappel
dont le Constitutionnel fait une grosse affaire, et
donne comme mi premier indice de rupture de l'Au
triche avec la Russie; ce sont en troisième lieu, des
nouvelles de Coiisianlinople du 1.3 annonçant que
les flottes étaient toujours Beïcos, et qu'une pénurie
inquiétante de céréales se faisait sentir partout; c'est
enfin le départ de Berlin pour S' Pélersbourg, de
l'adjudant général du roi de Prusse, lieutenant
général Litidheim, avec une proposition de la plus
haute importance.
Si la paix pouvait par miracle sortir de là
Le prince de Huhenzolleru-Sigmariqgen et le
comte de Grœbeu, euvoyés le premier Paris, le
second Londres, pour expliquer aux deux gouver
nements, la neutralité de la Prusse, sont de retour
Berlin. Le prince de Saxe-Cobourg Gotha y est
arrivé aussi lundi dernier, et devaiten repartir jeudi.
Le prince de Prusse vient d'être nommé par le
Roi, colonel général de l'infanterie.
Le Times prétendait liier, propos de la corres
pondance anglo-russe, qu'après avoir essayé inuti
lement de s'entendre avec l'Angleterre pour le par
tage de la Turquie, le Tzar s'était adressé la Fiance
dans le même but et sans plus de succès.
Cette nouvelle, qui nous paraissait incroyable, est
aujourd'hui confirmée officielleineiil par le Moniteur
franç.uit lui -même. L'empereur de Russie, il faut
en convenir, aurait joué là un singulier rôle.
Une lettre de Beïcos, du 1 2 mars, dit que la veille,
la frégate vapeur anglaise la Rétribution et le va
peur français le Caton étaient partis pour i'einhou-
chure du Danube, avec mission de forcer une esta-
cade que les Russes ont établie et qui empêche les
navires de commerce de redescendre le fleuve qu'ils
avaient remonté pour le trafic.
Si les Russes s'opposent la destruction de celte
eslacade, la Rétribution et le Caton ont l'ordre de
faire feu. Il est probable que l'estacade est gardée
par une flutlille russe. Il a doue pu y avoir, l'heure
qu'il est, si le fait est exact, une petite action navale
sur ce point.
On lit dans le New-York-Herald du 4 mars
déshéritée du monde par un mariage de spéculation. Je
n'oublierai pas non plus Gantier, ce jeune homme si
désintéressé, si exquis de délicatesse dans ses Services,
au dire de l'opinion publique, ordinairement si injuste
envers les poétiques aines et si, par uu effet du sort, il
allait devenir le personnage dominant du drame dont je
lie connais, comme vous, que les premières scènes, je
serais heureux de l'accepter pour tel; 11e serait-ce qu afin
de rendre en tout et pour tout, le pas l'homme de
cœur sur l'homme d'argent noble lâche laquelle son
gent en ce moment plusieurs jeunes talents, qui pourront
mettre la main celle œuvre de haute réaction morale
avec plus de succès, mais non pas avec plus d'ardeur que
moi.
Toutefois, on pourrait presque annoncer des aujour
d'hui qu'Auvray, n'ayant pas éludé par la fuite ou autre
ment la prison préventive, aura bien de la peine se tirer
d'affaire, et même, en cas d'acquittement pur et simple,
resurgir dans le monde. Le monde pardonne tout
ceux qui se sauvent, n'importe comment, et leur tend
même volontiers la main. Ce qu'il accuse au fond, ce n'est
pas votre crime, c'est votre inhabileté le commettre.
Un mois de prison que l'on mérite peine et que I on
fait, lui paraît plus préjudiciable l'avenir d'un homme
que dix ans de galère que l'on mérite bien et dûment et
que l'on ne fait pas. Philippe Auvray, sauve l'étranger,
aurait peut-ctrc eu la chance, comme il le disait, de re
venir dans quelques mois banquier Paris; mais je doute
que maintenant, s'il échappe aux peines les plus sévères,
il puisse être autre chose qu'un chevalier d'industrie.
C'est d'ailleurs là le revers de la médaille de l'hoinmc
d'affaires improbe. La position seule change le noiu.
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