JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
M? 1.S5S. 12' Année* Mmanehe, 16 Avril 1664.
I/article «3 de la loi sur l'instruc
tion primaire.
UNE NUIT EN BATEAU A VAPEUR.
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Apres, 15 Avril.
Le ministère de conciliation et de modération
vient de soumettre un projet de loi linitif et
désorganisantinterprétant machiavéliquemenl
l'art. 23 de la loi du 23 Septembre 1842. il
s'agit de rejeter sur les communes une plus
forte part des dépenses de l'enseignement pri
maire, mais ce projet est combiné de façon
constater la déloyauté du gouvernement vis-à-
vis de communes qui onl loyalement et géné
reusement rempli les obligations que la loi leur
impose et récompenser celles qui onl ouverte
ment méconnu leurs devoirs. Ce ne serait pas
la première fois du reste que le gouvernement
aurait entraîné les villes et communes dans des
dépenses considérables, pour finir par les aban
donner après et même les rendre victimes de
leur bonne foi. Nous trouvons un article étendu
ce sujet dans le Journal de Bruges, qui mérite
d être reproduit
Le ministre de l'intérieur a présenté, dans la séance du
20 marsun projet de loi destiné modifier l'art. 23 de
la loi du 25 scplcfnbre 1842, sur l'enseignement primaire.
Cet article stipulait que l'intervention de la province et
de l'État ne pourrait être réclamée que lorsque les com
munes auraient consacré, eu faveur de cet enseignement,
une allocation au moins égale au produitde deux centimes
additionnels au principal des contributions directes.
Soit que le législateur n'eût pas prévu le poids de la
eharge que celte disposition imposerait l'État, soit que
le ministère de M. de Theux lût moins favorablement
disposé pour l'enseignement primaire, cet article fut in
terprété dans ce sens que l'État ne s'était obligé d'inter
venir que lorsque les ressources des communes étaient
insuffisantes.
On commença donc par dénier tout droit obtenir des
subsides aux communes qui consacraient une partie de
leurs revenus des dépenses non obligatoire^. Ainsi
parce que les villes faisaient des dépenses de pavage,
d'éclairage, faisaient exécuter des travaux d'embellis
sement ou d'assainissement, subventionnaient des éta
blissements d'instruction moyenne, etc., on leur refusa
toute espèce de subside pour l'enseignement primaire. On
scruta ensuite les budgets des communes moins impor
tantes, on diminua leurs subsides en proportion des res
sources qu'elles s'étaient créées.
Le principe fut donc consacré de n'admettre l'obligation
de l'intervention de l'État qu'en faveur des communes
pauvres. Or, ou appelle de ce noin les communes dont le
budget est restreint, c'est-à-dire, celles où les charges
locales sont peu près nulles.
(suite).
I.
Jcconnais,dit-il, deux caractères, l'on dans l'homme,
l'autre dans la femme, qui ont entre eux de singuliers
rapports le caractère du spadassin et celui de la coquet
te. Mêmes dispositions, mêmes mœurs les rapprochent.
Ils mettent dans l'attaque une égale confiance, une égale
vivacité, parce que, si l'un est sûr de son adresse, l'autre
est sûre de ses attraits; et, pour tout dire, le spadassin est
moins dangereux, moins coupable encore que la coquette,
parce que, dans le grand nombre des combats qu'il livre
ses adversaires, il s'exposa des dangers semblables
aux leurs, parce qu'il peut rencontrer en face de son épée
un homme dont l'habileté sera au pair de la sienne, pafee
qu'enfin il a dans sa poitrine un cœur dont le sang peut
jaillir grands flots sous une lampe ennemie... Mais où
trouver le cœur d'une coquette
r Qui aurait habité le Cours de la ville d'Aix, en Pro
vence, vers l'an 1760, eût été même d'apprécier la
justesse de ma comparaison.
En effet, c'est là que vivait une dama qui le hasard
•apricieux et souvent mauvais distributeur, avait départi
tous les avantages qui font la beauté la plus brillante et
La conséqucncedevaitêtrenécessairement que les com
munes étaient intéressées se créer le moins de ressources-
possibles, et que celles-là étaient dignes de la protection
du gouvernement, qui consacraient les moindres sommes
l'administration publique.
Ainsi deux communes sont voisines l'une de l'autre;
dans l'une les administrateurs trouvent qu'il est utile de
voler des allocations pour des objets d'utilité publique;
dans l'autre on néglige la voirie communale et les chemins
vicinaux, les fossés, les aqueducs, les ponts, on n'a nul
soin des indigents, des malades, on ne réprime pas la
mendicité, Tes bâtiments communaux sont mal entretenus;
la première impose des charges aux habitants, elle a des
ressources, elle est riebe, la seconde n'a pas de charges
locales, elle est pauvre.
Voilà le système qui est appliqué depuis 1846. M.
Rogier avait voulu revenir des idées plus saines; mais
il trouva l'interprétation de M. de Theux plus commode,
et il suivit la même marche dans la distribution des
subsides.
Nous avons donc eu le triste spectacle de communes
qui consacraient renseignement primaire, non-seule-
incnt dix centimes additionnels, mais trente ou quarante,
et qui l'on refusait tout subside; d'autres, au contraire,
qui remplissaient peine les obligations de la loi, et qui
voyaient le gouvernement venir leur aide. La bonne
administration était punie, la mauvaise récompensée.
Aussi les conséquences de ce système ont été désas
treuses pour l'instruction primaire; les communes qui y
avaient donné leurs soins, qui y consacraient une grande
partie de leurs revenus, voyant que plus elles faisaient et
plus elles étaient maltraitées, ont mis un frein leur
zèle au lieu de deux ou trois écoles, elles n'en ont plus
qu'une, au lieu de rémunérer convenablement leurs
instituteurs, elles ne leur ont donné que ce que la loi
leur prescrivait.
Elles ont agi comme les sujets des gouvernements du
bon plaisir, qui cachent soigneusement leurs richesses
pour ne pas être taxés arbitrairement par les agents du
pouvoir.
Le ministère actuel va plus loin, le zèle pour l'instruc
tion est probablement encore trop ardent, il faut le ré
primer. D'après le nouveau projet de loi, ce n'est plus
deux centimes additionnels qu'il faudra y consacrer, c'est
un tiers de la dépense que la commune devra couvrir avec
ses propres ressources, avant d'être en droit de réclamer
aucun secours de l'État et elle n'aura droit ce secours
que lorsque ses revenus seront insuffisants pour couvrir
les dépenses déclarées obligatoires par la loi ou reconnues
comme telles par la députation permanente.
Ainsi, plus les besoins de l'instruction sont nombreux
et (dus les charges communales augmentent moins les
habitants seront imposés et plus ils auront droit aux
secours de l'État et de la province. C'est un avis dont les
conseils communaux peu soucieux des intérêts de leurs
administrés n'avaient pas besoin, mais dont les autres
feront aussi leur profit. Faire des dépenses, s'imposer
extraordinairemenl et perdre par là ses droits la parti-
la plus dangereuse la fois. Jeune encore, son destin
l'avait rendue veiive, pour que, sans doute, elle possédât
plus de liberté; il l'avait rendue riche, pour que, sans
doute, elle exerçât plus d'influence et s'inspirât de plus
d'audace. Elle était belle tel point qu'on l'admirait
seulement d'en entendre parler. Elle, n'avait pas été heu
reuse pendant le mariage disproportionné qu'elle avait
d'abord contracté; elle en avait toujours éprouvé du dé
sagrément et de l'ennui. Aussi, par un esprit de ven
geance, goûlait-ellc un plaisir de femme sans âme,
troubler Ta tranquillité de ceux qu'elle croyait plus heu-;
reux qu'elle; vive, légère et changeante comme un feu
follet, elle était invulnérable comme l'acier, et rien au
inonde n'avait de droits l'émouvoir, lui faire com
prendre la sensibilité. Parmi ses conquêtes, aussitôt reje
tées qu'obtenues, elle comptait déjà un pauvre jeune
homme qui, désertant tous ses devoirs, toutes ses occupa-
lions sérieuses, avait été contraint de se mettre comédien;
un officier qui, la suite d'une escapade faite pour elle,
avait été dépouillé de son grade; lin autre jeune homme
qui avait malheureusement perdu la vie dans un duel,
plusieurs autres encore qui avaient abandonné, toujours
pour elle, leurs amantes, leurs parents et leurs épouses.
Quelques-uns pourtant s'étaient courageusement consolés
dei rigueurs de l'inhumaine, et avaient en un instant
soufflé sur lcur6 espérances d'entière séduction pour les
cipation aux allocations de l'État, est une condition trop
dure pour qu'on se résigne s'y soumettre.
Si les vues du gouvernement n'étaient pas clairement
exprimées dans l'exposé des motifs, nous craindrions en
les faisant ressortir d'être accusés de malveillance ces,
vues tendent diminuer les dépenses de l'instruction
primaire, restreindre par conséquent son action. Par
suite des changements proposés, dit M. le ministre, les
communes seront amenées régler les budgets stolaires
avec toute l'économie que comporte le bien du service.'
Elles éviteront toute exagération dans les dépenses pour
ne pas devoir auqmenter sans nécessité leur part contri
butive.
Telles sont les propres expressions du ministre. C'est
ne pas y croire. Les budgets scolaires ne sont donc pas
réglés avec économieon apporte de Vexagération dans
les dépenses. Est-ce dans les constructions de maisons
d'école est-ce dans la rémunération des instituteurs.
Nous ne croyions pas en vérité que les communes lussent
coupables de ces méfaits, nous n'avons vu nulle part des
palais construits pour des écoles, des instituteurs expo
sés se corrompre par l'abus des richesses. Quand on
considère Ses locaux dans lesquels sont quelquefois pres
sés des centaines de petits enfants, on se prend re
gretter que l'on ne leur laisse pas plus d'espace pour se
mouvoir, plus d'air respirer. Quand on se représente
un malheureux instituteur obligé de passer sa vie dans
cette .atmosphère, user ses forces maintenir l'ordre,
épuiser sa poitrine dans les efforts pour se faire entendre,
étouffer quelquefois une belle intelligence par un labeur
ingrat, on ne s'avise pas de faire la réflexion que cet
homme qui perçoit un salaire de trais ou quatre cents
francs, est une cause d'exagération dans les dépenses de
la commune, que le gouvernement est obligé de propo
ser une loi destinée réprimer la trop grande générosité
dont on use son regard.
Oh si le passé des ministres actuels n'était pas de na
ture l'aire considérer comme une injure le soupçon
qu'ils sont hostiles la diffusion de l'instruction primaire,
si les nombreux discours prononcés par M. Piei-cot, bourg
mestre de Liège, ne témoignaient pas de ses sympathies
pour l'instruction des classes ouvrières et des populations
rurales, nous verrions dans ce projet un système machia
vélique destiné arrêter les progrès, faire obstacle au
perfectionnement moral et intellectuel du peuple belge.
Plaise Dieu qu'on n'y voie pas une nouvelle concession
au parti clérical Quoi qu'il en soit, la modification de la
loi, faite dans ce sens, est un acte hostile l'enseigne
ment primaire elle sera la cause de la désorganisation
de ce service dans un grand nombre de communes, un
obstacle aux améliorations dans les autres.
Les prétextes de cette mesure sont la marche ascen
dante du contingent de l'État dans sa part contributive
aux frais de l'instruction primaire; l'insuffisance des
sommes votées par certaines communes l'exagération
dans les dépenses des écoles constatée dans d'autres
communes.
éteindre tout jamais dans leur cœur. 11 y en avait qui
s'étaient pris tout coup noyer leur tristesse et l'amer
tume de leurs regrcls dans le vin; mais beaucoup clans le
combat, avaient perdu la paix, le bonheur, et quelques-
uns la rie.
Elle vint imaginer un divertissement d'un genre
qui lui parut original. Elle entraîna vers elle un enfant
cle dix-sept ans peine, né avec une funeste exaltation
d'esprit et une telle ingénuité de caractère, qu'il ne savait
rien dissimuler de son fol enthousiasme.
Madame de Saint-Estève (c'était le nom de cette
femme) prenait un malin plaisir exciter chez le jeune
Paul de Foresta celte disposition aux émotions vives
qu'elle avait remarquée en lui. Les transports de senti
ment qu'elle savait lui inspirer par sa coquetterie, lui
semblaient un ravissant spectacle, un inépuisable sujet
de moqueries, qu'elle étalait avec délices devant les
rivaux de l'insensé, non moins insensés que lui de penser
que peut-être un jour ils en seraient moins indignement
traités.
Par un reste de bonne ou de mauvaise fortune, que
sais-je? Paul de Foresta avait une sœur nouvellement
mariée, dont il était fort aimé. Elle fréquentait assez le
monde et ses sociétés pour être au courant de toutes les
aventures qui faisaient le sujet des conversations. Pauvre
jeune femme qui ne se doutait pas des fatalités- qui