JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquirit eunda.
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M° 1,353. 13* Année.
Jtendl, 36 AVpU 1354.
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Tpbes, 19 Avril.
VILLE B'YPRES. Conseil communal.
Séance publique du Mardi, 18 Avril 1854.
Présents MM. le Baron Vanderstichele de
Maubus bourgmestre, président Alphonse
Vaoden Peereboom, échevin, Théodore Vanden
Bogaerde, Pierre Beke Boedt-Lucien Legra-
verand Martin Smaeien Edouard Cardinael
Auguste De Ghelcke Ernest Merghelynck
Boedt. avocat, Charles Becuwe, conseillers.
La séance est ouverte par la lecture des pro
cès-verbaux des réunions du Conseil des 16 et
23 Janvier, 3 Février et 2 Mars 1854; la rédac
tion en est approuvée.
Il est donné communication des pièces adres
sées au Conseil. M. le secrétaire donne lecture
d une lettre de M. le commandant du génie de
la place, au sujet du nivellement de la partie
des remparts cédée la ville, en face de la sta
tion du chemin de fer. Il a été convenu que la
ville, en obtenant cette cession de terrain,
aurait nivelé le parapet depuis le front derrière
le magasia poudre suç l'Esplanade jusqu'au
cavalier au bout de la rue au Beurre. M. le
président fait connaître, qu'il était dans l'inten
tion du collège, de faire exécuter ce travail
pendant l'hiver prochain et d'adjuger ces tra
vaux de terrassement par petits lots des
ouvriers sans ouvrage. Il sera répondu en ce
sens M. le capitaine du génie.
Une autre lettre de M. le commandant du
génie, transmettant une dépêche de M. le colonel
du génie, directeur des fortifications, est com
muniquée au Conseil. Comme il s'agit de la con
servation du mur d'enceinte partir de la porte
de Thourout jusqu'à la porte de Lille, et comme
conséquence, de l'inutilité d'un chemin de ronde
l'extérieur des parties de l'enceinte non dé
molies, le Conseil s'occupera de cette pièce la
discussion du n° Il de l ordre du jour.
Enfin, une troisième dépêche est soumise au
Conseil concernant l'appropriation des bâti
ments de l'arsenal et de la grande caserne,
l'institution des enfants de troupe. Comme le
plan soumis au ministère de la guerre semble
être trop coûteux, on demande l'administra
tion communale, si elle trouverait des inconvé
nients supprimer la petite rue dite du Zaelbof.
Cette suppression permettrait de mettre en
communication directe la grande caserne et
l'arsenal, de façon placer ces deux immenses
locaux la disposition de l'Ecole des enfants
de troupe. Comme il est défendu de supprimer
une voie publique, sans avoir procédé une
enquête et accompli plusieurs formalités, le
Conseil est d'avis de répondre en ce sens au
gouvernement et de donner suite ce projet.
Enfin, le premier article de l'ordre du jour est
épuisé par la lecture d'une lettre de la Société
agricole de l'arrondissement d'Ypres, tendant
demander l'autorisatioa de pouvoir tenir une
foire au bétail le Mercredi de la Semaine sainte,
de chaque année, sans préjudice aux jours de
foire déjà octroyés. Ensuite la société émet le
vœu de voir porter quelques modifications au
règlement sur le concours du bétail gras.
Comme l'obtention d'un octroi demande une
instruction préalable, qui doit être terminée
avant l'ouverture de la session du Conseil pro
vincial, l'assemblée décide qu'il y a lieu de
remplir les formalités exigées pour être auto
risée tenir celle nouvelle foire au bétail. En
ce qui concerne les changements demandés au
règlement du concours, une commission qui
s'est déjà occupée de cette question, sera de
nouveau saisie de celte affaire.
Le compte du Collège communal pour l'exer
cice 1853 est soumis au Conseil. Il présente en
recette une somme de fr. 19,959-98; en dé
pense celle de fr. 19,671-81; l'exercice est clos
avec un excédant de fr. 298-19.
La radiation d'une inscription hypothécaire
prise en faveur de l'administration des Hospices,
en garantie d'un capital prêté, est consentie sur'
la production de la quittance de rembourse
ment.
Plusieurs actes de ventes d'arbres et de bois
taillis, tenues par la même administration cha
ritable, sont approuvés.
Le cahier des charges pour la location d'une
ferme de 37 hectares sise S' Pierre-lez-Ypres
et occupée par Thery, qui a renoncé son droit
de bailest approuvé avec la clause que l'ad
ministration des Hospices aura ledroitde pren
dre un délai de huit jours avant d'adjuger défi
nitivement, afin de pouvoir se procurer les
renseignements indispensables sur la solvabilité
et la moralité du deraier ou de l'avanl-dernier
enchérisseur.
l'i\E NUIT Ei\ BATEAU A VAPEUR.
i.
(suite).
Longtemps il crut pouvoir résister; longtemps il se
détourna de ce visage qui prenait chaque jour plus
d'empire sur ses sens; mais «et œil de serpent, qui se
relevait incessamment sur lui, finit par le vaincre et
l'attachera soi; et la vue comme la pensée de M. de
Longueil n'eut plus désormais qu'un point de contem
plation, qu'un objet de désir: madame de Saint-Estève!
Jusqu'alors cependant ils ne s'étaient rien dit que
du regard, et pas une parole directement portée n'était
Venue en aide leur pensée intime. Mais enfin, dans une
fête où madame de Saint-Estève avait été la reine recher
chée et admirée de tous, où elle, avait fait oublier pour
elle seule toutes ses timides rivales, elle engagea la
conversation avec plusieurs personnes parmi lesquelles
se trouvaient les deux époux. Le jour qui commençait
poindre, la fatigue qui commençait naître, jetaient
leur douteuse pâleur et leur mélancolie sur les toilettes,
et les guirlandes fanées, couvertes de poussière, et les
pas incertains qui ne se traînaient plus qu'à peine sur le
carreau glissant du salon, et les accords mourants de
l'orchestre, tout annonçait que le bal allait finir. Bientôt,
en effet, la danse se rompit entièrement; et la maîtresse
du logis, pour ne pas permettre la société d'aller res
pirer la dangereuse fraîcheur du matin avant que se fût
complètement éteinte la chaleur de la fêteproposa
quelques-uns de ces jeux dont la naïve innocence n'était
bien souvent qu'un prétexte pour arriver de plus
sérieux passe-temps.
Or, dans celui de ces jeux qui fut accepté par la
compagnie, on demandait chacun, sans espoir, bien
entendu, d'arriver une franche réponse, quelle était sa
plus secrète pensée.
Quand le tour de madame de Saint-Estève fut venu,
elle se leva, fit un mouvement comme si elle se disposait
sortir, et feignant de ne pas trouver son éventail, elle
pria M. de Longueil de le lui chercher.
Votre plus seçrcte pensée, vous, madame, était
sans doute la crainte d'avoir perdu votre éventail dit
de Longueil en le rapportant.
La physionomie de madame de Saint-Estève chan
gea tout coup d'expression un regard, aussi prompt
dans ses effets que peut l'être un brûlot appliqué sur la
Une autre résolution de la même adminis
tration charitable est soumise l'approbation
du'Conseil. Il s'agit d'ouvrir un compte-courant
avec la Banque de Flandre, de façon ce que
tous les capitaux disponibles puissent produire
iatérêl. Mais il est une clause de cette résolution
que le Conseil ne peut sanctionner, c'est celle
qui dispose, que les lirranciers et fournisseurs
ne seront payés que dans les huit derniers jours
du mois. L'assemblée décide que le collège
adressera, la commission, des observations
contre cette mesure réglementaire aussi peu
favorable aux artisans qu'aux intérêts de l'ad-r
ministration elle-même.
Le Conseil, pour parer l'insuffisance des
ressources de la caisse de retraite de la ville,
ordonne le reversement de l'allocation inscrite
au budget communal, sous le libellé deux
pour cent des reveeus ordinaires pour fonds de
reserve et subside en faveur de la caisse de
retraite. Elle se monte la somme de 3,500 fr.
M. le conseiller Becuwe, organe de la com
mission chargée d'examiner la demande du sieur
Valcke-Hage tendant obtenir une prolonga
tion d'octroi pour son usine gaz, donne lec
ture d'un rapport sur la situation des lieux de
l'usine et l'établissement dwrappareils de fabri
cation. Ensuite il lit un résumé des allégations
produites I enquête par les voisinsqui s'op
posent ce qu'une nouvelle autorisation de
fabriquer le gaz d'éclairage soit accordée, ainsi
que du mémoire et de la réfutation de l'impé
trant. Après a vair entendu la lecture de ces deux
pièces très-étendues, le Conseilsur la propo
sition de M. Becuwe, décide que tout le dossier
sera communiqué domicile MM. les con
seillers et qu'on portera cette question l'ordre
du jour d une prochaine séance.
Communication est donnée l'assemblée du
compte, de l'exercice 1853, des salles d'asile. II
offre eu recelte la somme de fr. 4,012-49 et
eu dépense celle de fr. 3,106-53. Cet exercice
est clos avec un excédant de fr. 905-96. Le
budget de 1854 de cette institution est formulé
comme suit recettes fr. 4,0d5-96, dépenses
fr. 3,100; excédant fr. 955-96. Ces pièces sont
prises pour notification.
Le Conseil epuise son ordre du jour public,
en examinant un projet de délibération, tendant
demander au gouvernement les indemnités
auxquelles la ville peut prétendre, conformé-
proue d'un navire, rencontra les yeux de Longueil.
Ma plus secrète pensée, lui répondit tout bas une
voix de femme, ma plus secrète pensée... je n.'ose peine
l'exprimer... car c'est une pensée de remords, monsieur,
ajouta cette voix; quand on s'est fait soi-même un jeu de
la paix d'aulruion n'a pas droit de se plaindre, s'il ar
rive qu'un jour on perde la sienne voilà pourquoi je
ne ine plains pas de vous, monsieur... mais je me tais,
continua madame de Saint-Estève; il est juste encore que
vous me jugicx trop peu favorablement pour me com
prendre.
Elle achevait peine, qu'elle disparut comme un
éclair, laissant Longueil ébloui de ce qu'il venait d'en
tendre.
Le lendemain il parut triste et préoccupé; il ne don
na pas un seul baiser son fils; il trouva sa femmo sans
grâce et sans esprit, et sa présence l'importunait; il ne
put songer sans un frémissement d'espoir et d'orgueil,
que peut-être il était aimé de celte femme, l'idole adorée
par tant de soupirants malheureux. En vain la raison lut
crie de ne pas succomber dans une lutte qui doit être si
fatale an vaincu la raison est sans force et n'a que
d'inutiles arguments opposer l'ardente soif de la vanité.