sommes jaloux de rendre aussi complète et aussi
fidèle que possible.
Et d'abord, une rectification. Nous avons dit, d'a
près les journaux français, il y a quelques jours,
que l'Autriche avait conclu'un traité avec la France,
l'Angleterre et la Turquie, d'après lequel, dans cer
taines éventualités, elle était autorisée occuper une
partie du territoire ottoman. Nous avons appris
bientôt après, qu'il n'y avait point eu de traité,
mais un arrangement direct entre l'Autriche et la
Turquie, auquel la France et l'Angleterre n'ont rien
eu voir, le Snllan étant juge souverain de la con
venance qu'il y avait pour lui accepter le secours
que lui offrait l'Autriche contre les insurgés grecs.
En fait, et par la tournure deschoses, l'arrangement
en question est demeuré inutile, au moius pour le
moment.
Le second lait sur lequel nous devons revenir,
concerne l'organisation du pouvoir exécutif du can-|
ton de Berne. On sait que le parti conservateur et
le parti radical, dont les forces se balancent d'après
les dernières élections, avaient adopté un moyen de
conciliation consistant désigner quatre membres
de chacun des deux partis et donner la présidence
un membre de celui des deux qu'indiquerait la
majorité du grand conseil.
Celte convention a été fidèlement exécutée. Dans
sa séance du 6 juin, le grand conseil a composé l'ad
ministration de quatre radicaux, MM. Stœmpfii,
Migy,Steiner et Lehman, elde quatre conservateurs,
MM. Fischer, Brunner, Fueter et Dœlher. La prési
dence a été donnée M. tSlœsch, conservateur.
Le lendemain le pouvoir exécutif a inauguré son
mandat, et sa première opération a été d'appeler
la vice-présidence de M. Stœmpfii, chef du parti
radical, qui, par le fait de cette élection, se trouve
désigné naturellement au choix du grand conseil,
pour être investi de la présidence l'époque de
l'expiration des fonctions du chef du parti conser
vateur, M. Blcesch.
En attendant, avec la présidence, M. Blœsch a pris
le département des cultes; M. Stœmpfii les affaires
étrangères et les travaux publics; M. Fueter les
finances, et Mi Fischer l'intérieur.
Une troisième affaire a occupé tous las journaux,
dans ces derniers jours. Celle-ci s'est passée en
Californie. l>à, le consul français, M. Dillon, avait
contribué dissoudre une bande d'aventuriers qui
se proposaient d'aller reconquérir une seconde fois
la Sonora, sous le commandement de M. de Raoues-
set-Boulbon. Plus tard le consul du Mexique
embaucha les individus de cette bande, pour aller
défendre la même province contre les incursions des
Indiens. Cet embauchage étant interdit par les lois
du pays, des poursuites judiciaires furent intentées
contre le consul mexicain, et M. Dillon fut cité
comme témoin. Se prévalant des termes d'une con
vention conclue le i3 février i853 entre la France
et les Etats-Unis, M. Dillon a refusé de comparaître.
l.a convention, en effet, l'en dispensait en termes
exprès, et déclarait le consul de France inviolable.
Malgré cela, le juge persista, et pour vaincre les re
lus réitérés de M. Dillon, il le fit appréhender au
corps et conduire sa barre. Là, M. Dillon refusa de
témoigner et protesta contre la violence qui lui était
faite.
Cette altitude fit réfléchir le juge, car le lende
main, au début de l'audience, il abandonnait la
prétention d'exiger la déposition du consul et la
communication des pièces déposées la chancellerie
du consulat de France. M. Dillon, qai avait amené
son pavillon n'a pas considéré cette réparation
hospices et nuisibles aux fabriques d'églises et aux con
grégations religieuses Mais qu'y faire? On n'a pu
autoriser l'acceptation de dons et legs, en 1848 et 1849,
qu'en faveur des associations religieuses ayant la person
nification civile; la cour de Bruxelles et la cour de cassa
tion ont fait justice des arrêtés illégaux de MM. de Tbeux
et d'Anclhan, aussi bien que desarrélésdu roi Guillaume.
Les gens bien pensants ont assurément la permission
de maudire la magistrature, même après les vingt-quatre
heures de grâce que l'on accorde tout plaideur malheu
reux; mais, pour n'oser la maudire tout haut, ce n'est
pas précisément une raison de crier que les pauvres sont
spoliés, juste quand ils reçoivent beaucoup plus que de
coutume, et moins encore de tenter, sans franchise, de
fustiger le pouvoir judiciaire sur le dos du gouvernement.
Ce sont, en effet, les associations dont nous avons con
staté les efforts persévérants et variés pour usurper la
personnification civile qui ont été atteintes par le retour
la légalité. Un écrivain ne s'y est pas trompé. Si la
question de la bienfaisance publique est grave, c'est,
dit-il, qu'elle en cache une autre, celle de la person-
iiificnlion civile, objet des plus vifs désirs du clergé.
Mais connaissant la repulsion profonde qu'inspire la
main-morte, il n'a point osé attaquer la question de
(2( La charité est-elle libre? toc. cit.
comme suffisante, et a annoncé qu'il attendrait les
ordres de son gouvernement pour reprendre les
communications officielles avec les autorités cali-
foruiennes.
Les dernières nouvelles des Etats-Unis nous ont
appris que le ministre des affaires étrangères
Washington, M. Marcy, avait exprimé ses regrets
l'envoyé de France, et lui avait promis que toute
réparation serait faite M. Dilion.
Que répondra l'empereur de Russie h fa note de
l'Autriche? C'est chercher la solution de cette
question que le Journal de» Débat» d'aujourd'hui
consacre un article de trois colonnes. Cet article,
signé par M. de Sacy, nous apprend que la note de
l'Autriche a été disculée à-Berlin, et que le cabinet
prussien a fini par y adhérer et promis de l'appuyer.
Les conclusions tendent obtenir de l'empereur
Nicolas les ordres nécessaires pour arrêter les pro-»
grès de ses armées, des assurances pour la prochaine
évacuation des Principautés, et son consentement
traiter de son différend avec la Porte dans un congrès
européen.
On ne s'attend pas une acceptation pure et sim
ple; on ne croit pas que l'empereur Nicolas puisse
s'abaisser jusque la, après tout ce qu'il a dit et écrit,
et ce propos le Journal de» Débat» cite le fait sui
vant
Un jour M. de Rochow (mort depuis peu de temps
Berlin, insistait en faveur d'une médiation des quatre
puissances Finissons, Monsieur, repondit l'Empereur,
avec une impatience mal contenue; la Russie, que je.
sache, n'est pas encore tombée si bas qu'elle ail besoin
du consentement des autres puissances quand il lui
plaît de faire la guerre au Sultan ou de traiter avec lui
des conditions de paix.
Vers le même temps (janvier H54-), la Tzar disait
qu'au mois de mars, il serait prêt a entrer en cam
pagne avec une armée de sept cent mille hommes,
et maître, s'il le voulait, de marcher droit sur Con-
slantinople et de s'en emparer, malgré toutes les
conférences et tous les projets de médiation.
On se flatte cependant, qu'à l'heure qu'il est. ses
idées se sont modifiées; déjà en avril, on avait, dit-
on, triomphé de sa répugnance pour un congrès eu
ropéen. Eu même temps, on est frappé de la lenleur
que la Prusse et l'Autriche ont mise exécuter leur
convention du aoavril,et l'on suppose que ce temps
a été mis profit, pour avertir une dernière fois
l'empereur de Piussie. On aurait apprisqu'il se mon
trait plus conciliant, et c'est alors seulement et le 2
juin, que la note de l'Autriche aurait été envoyée b
Saint-Pétersbourg.
On ne croit donc pas b Vienne et Berlin un
refus catégorique, et ou y prévoit l'ouverture d'une
nouvelle période de négociations.
Le Journal de» Débat» craint qu'au point où les
choses en sont arrivées, le Tzar n'écoute pas les con
seils de la raison et de la sagesse. Nous partageons
ces craintes, et nous ajouterons qu'au point de vue
de l'honneur d'une grande nation comme la Russie,
céder avant d'avoir combattu outrance, est une
chose impossible.
A Berlin, le i3, on persistait croire h une entre
vue dn roi de Prusse avec l'emperenr de Russie.
Rien de nouveau de la Baltique. Ou estime que la
flotte française adûrallierlaflotteanglaisele i2juin.
Ce n'est pas dans une réunion préparatoire, mais
au moment même du poil pour sa réélection, mer
credi dernier, que lord John Russell a prononcé le
discours dont nous avons parlé. Il a été réélu im
médiatement après, l'unanimité, par une simple
levée des mains.
front, il a pris un biais pour y préparer les esprits et
les amener peu peu ses lins (s).
Aassi, donnant un conseil au parti clérical, il l'engage
formuler son programme sans restriction, marcher
son but sans détours.
Qu'il dise (4) franchement, nettement, que cette
liberté qui lui est chère avant toutes les autres, c'est la
liberté d'associations radicale, complète; c'est la fa
it culté de créer des personnes artificielles jouissant de
n tous les droits des personnes naturelles.
La constitution a aboli la mort civile pour lesciloyens,
qu'il demande l'abolition de la mort civile pour,les
associations.
Et ailleurs H n'y a qu'un moyen (5), c'est de dc-
mander la liberté, non-seulement pour lui, mais pour
tous, c'est de réclamer le complément de la liberté
d'association et le droit pour tous les citoyens de créer
telles personnes artificielles qu'ils trouvent bon, avec
tous les droits qu'ils trouvent bon.
Si étranges que puissent paraître ces doctrines, profes
sées surtout au nom de la liberté et par un esprit incon
testablement éclairé, on ne s'en est pas éloigné dans la
(31 Partis et transaction, par H. LL-licselle, 2* partie, p. 11.
(4) Idem, p. 30.
5 Ideui, p. 12.
Les élections sont terminées en Hollande. Le parti
ministériel y a perdu 5 voix, que le parti Thorbeke
a gagnées. La Chambre nouvelle ne siégera qu'au
mois d'octobre prochain; elle comptera, dit-on, 3i
ministériels, 19 partisans de M. Thorbeke, 14 catho
liques et 5 voix arbitrairement désignées sous le
titre d'anti-révolutionnaires.
Par le Franklin, arrivé au Havre, nous avons reçu
les journaux de New-York du 3 juin. Les difficultés
avec l'Espagne paraissent décidément devenir assez
graves; on croyait généralement que les demandes
de M. Soulé n'avaient pas été accueillies, et que le
président enverrait au congrès un message exposant
l'état critique des relations avec l'Espagne.
En attendant, il vient, dans une proclamation, de
condamner de nouveau les entreprises particulières
contre Cuba.
L'Autriche vient de conclure avec la Turquie un
arrangement par lequel elle est autorisée occuper
éventuellement la Moldavie et la Valachie-
La nouvelle est importante, et officielle d'ailleurs,
elle nous vient par le Moniteur français. Malheu
reusement, ce journal ne l'accompagne d'aucune
réflexion ni commentaire, en sorte qu'on ne saurait
en préjuger la portée précise. L'occupation peut-elle
être immédiate? La Turquie ne demanderait pas
mieux sans doute. Dans ce cas, ce serait la guerre
immédiate de l'Autriche contre la Russie, et il fau
drait s'attendre voir l'arméeautrichieune marcher
eu avant, aussitôt que le cabinet de Vienne aura
appris que sa dernière note a été rejetée par le Tzar.
L'observation que fait notre correspondant de
Paris sur la portée de cet arrangement, mérite
quelque attention.
En résumé, pour savoir quoi s'en tenir, il est
prudent d'attendre des explications ultérieures.
Une nouvelle presque aussi grave se trouve dans
le bulletin agricole de Paris, lequel constate, sur le
prix des grains, une hausse alarmante et qui a pour
cause le mauvais temps et encore plus les besoins de
la consommation.
Le gouvernement prussien va réaliser la moitié de
son emprunt de 3o millions de thalers, autorisé par
les Chambres. Une dépêche de Berlin, du iB, dit que
le taux de l'émission sera de 94 4 1/2 p. c., avec
un droit de commission de 1 p. c. Quatre membre»
de la maison Rothschild étaient Berlin, ces jours
passés, sans doute pour conclure cette affaire. Toute
fois, leur nom n'est pas mentionné dans la dépêche.
Pour vaincre l'opposition que lui faisait la Cham
bre des députés, on se souvient quele gouvernement
du Grand-Duché de Luxembourg avait prononcé la
dissolution de cette assemblée. Les élections ont eu
lieu le 14; vingt-un des membres sortants ont été
évincés, et ls gouvernement a conquis une majorité
considérable. Dansl'arrondissemenl de Luxembourg
pourtant, tous les candidats de l'opposition ont été
nommés.
La session des Chambres brésiliennesa été ouverte
par l'Empereur en personne, le 7 mai. Le discours
impérial constate une situation satisfaisante, mais
n'offre pas pour nous d'autre intérêt.
Les nouvelles de Montevideo sont du 4 mai. L'a
vant-veille, le corps auxiliaire de l'armée brési
lienne, fort de 4hommes, avait fait son entrée
dans la ville, la grande satisfaction de tous les
ennemisdudésordre etde l'anarchie. Il avait franchi
la frontière le 28 mars, ayaut mis 35 jours partir
de là pour atteindre sa destination.
Les journaux français ne nous disent plus rien
aujourd'hui du traité conclu entre l'Autriche et la
Porte, qui était hier la nouvello importante du jour.
1
pratique autant que l'auteur semble le supposer. II suffit
pour s'en convaincre, de consulter l'apologie des actes de
l'administration antérieure 1847, publiée par un écri
vain catholique (6). Résumons, dit-il, la mise en pra-
tique de la charité, telle qu'elle se présente dans les
actes de 1830 1847, et indiquons les conséquences
qui en découlent
1° Nous y trouvons la liberté la plus étendue en
faveur des fondateurs d'institutions de bienfaisance de
toute espèce (notez qu'il comprend sous ce titre,
n même les donations instituant des couvents, telles que
celle dont l'acceptation a été autorisée par arrêté du 12
février 1839 que l'auteur cite), tant sous le rapport do
leurs libéralités que sous celui du choix laissé aux fon-
n dateurs pour désignation des personnes ou des établis—
sernents appelés par eux pour distribuer leurs aumônes
ou pour administrer leurs fondations.
2" Nous y voyons l'aptitude des personnes succcs-
sives, les évéques, les curés, les fabriciens, les mem-
bres des administrations locales, les bourgmestres, les
administrations des hospices et des bureaux de bien-
faisance, pour diriger les établissements privés dont les
fondateurs leur confient l'administration.
(6] Législation et culte sicde la bienfaisance en Belgiqueetc.9
par H. lie K.eiohove, p. 567.