JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
'M01,373. 148Anaée
Jeudi, 29 Juin 1*51.
A mesure que l'immixtion scandaleuse du
clergé catholique, dans les luttes électorales,
prend du développementl'opinion publique
inquiète de voir des ministres du culte se livrer
aux plus ignobles saturnales politiques, réfléchit
au moyen de mettre un terme cette intrusion
abusive de l'élément religieux dans le domaine
temporel. On se demande de quel droit le prêtre
intervient dans les affaires politiques. Il n'est
pas citoyenil est prêtre avant toutet comme
tel, il a fait acte d'obédience un souverain
étranger. On s'est recrié contre la prétention
de l'empereur de Russie qui voulait exercer un
protectorat sur certains sujets du sultan. A juste
titre, on y voyait un acte qui devait avoir pour
résultat de détruire l'autorité du sultan sur les
populations grecques, pour la transférera l'em
pereur de Russie.
Mais ce qui a soulevé l'indignation de l'Europe
contre le czar, est pratiqué par la hiérarchie
catholique romaine qui, partout où elle est éta
blie, ne reconnaît d'autres lois que les bulles
des papes, et fraude ou transgresse les prescrip
tions civiles. Si elle n'ose ouvertement se mettre
en lutte avec l'autorité civile, par l'intrigue et
la ruse, elle tâche de la tromper. A l'aide des
électionselle place la législaturede ses
hommes d'affaires qui, pour de l'argent ou des
avantages honorifiques, trahissent les intérêts
de leurs concitoyens pour faire prévaloir l'in
fluence cléricale.
Nous disons que l'opinion publique a été
scandalisée de cette façon d'agir et nous pou
vons ajouter que l'impression produite par les
alluresinlolérables du clergé dans un grand nom
bre de districts électoraux, se traduira bientôt en
mesures positives. Il est, en effet, anormal qu un
ministre du culte s'avise d'intervenir dans les
luttes électorales, soi-disant dans l'intérêt de la
religion, qui ne peut être que compromise par
cette ardeur militante. Et, en effet, le prêtre ne
doit-il pas être le soutien religieux de tous les
fidèles, et s'il lui arrive de prendre parti pour
l'un contre l'autre, dans un but politique, ne se
fait-il pas l'adversaire de ceux qui veulent, en
matière temporelle, autre ebose que lui, tout
en ayant pour eux le droit et la raison. On se
LA MAIN-MORTE ET LA CHARITÉ,
plaint de ce que la ferveur religieuse s'attiédit,
mais qui la faute Peut-on voir dans l'éner-
gumène quiaprès avoir calomnié et injurié
une de ses ouailles parcequ'elle aspire une
fonction publique, va offrir le saint sacrifice de
la messe, le ministre d'un Dieu de paix et
d'amour? Et celui qui a été traqué par ces ar-
délions en soutane, croit-on qu'il oublie jamais
les avanies qui lui ont été faites ou qu'ou a
voulu lui faire
On n'attendra plus longtemps avant que le
public ne s'occupe mûrement des mesures
prendre pour empêcher les ministres du culte
quitout considérer, doivent obéissance et
respect aux lois de l'État, d'intervenir dans les
luttes électorales, soit comme citoyen, soit com
me prêtre. Citoyen, il ne l'est pas par sa mission,
il se dit lui-même cosmopolite, mais membre
actif de la milice romaine avant tout. Comme
prêtre, la gestion des intérêts publics ne le
concerne en rien puisque son divin maître a
dit mon royaume n est pas de ce monde. De
quel droit ces curés et ces desservants font-ils
ces courses nocturnes pour intimider l'électeur
et intriguer en faveur d'individus qui souvent
ont moius de moralité que d'autres) qui ont le
tort de ne pas vouloir être îes humbles valets
de l'épiscopat? Il arrivera un moment où la
nation saura faire cesser ces scandaleuses ma
nœuvres cléricales la mesure en est presque
comble et il serait prudent de ne pas la faire
déborder.
Chronique locale.
M. Dumortier tomberait en pâmoison en apprenant
que l'on dénia aux fabriquas d'églises l'exercice des droits
que la Constitution confère tous les Belges, nous
l'avouons; mais on ne peut tout obtenir la fois. Ce que
l'on demande est une vraie révolution, et en révolution
même, il faut de la modération. Que diantre lorsqu'il
s'agit de bouleverser le sens commun ceux qui n'ont
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 28 Juin.
fjjiim—lui n.i «r—ffiii. il>
par jean van damme.
VIII.
(suite.)
L'université catholique recevrait des évêques, ou se
donnerait elle-même tous les droits imaginables pour
conquérir une prééminence incontestée et n'emploierait
plus, comme autrefois, des voies détournées pour con
stituer sa guise le jury d'examen l'université de
Bruxelles prendrait encoreplusde droits, s'il est possible,
afin de ne pas laisser le champ libre sa rivale; et, pour
trouver des auxiliaires, ou combattre l'influence des fa
briques d'églises exerçant les droits que la Constitution
confère tous les Belges, libéraux et catholiques, crée
raient l'envi une masse de corpuscules, composés de
trois personnes au moins, très faciunl collegium, si toute
fois, on n'abroge pas aussi ce vieux brocard en décrétant,
pour plus de facilité, qu'un seul individu suffit pour être
réputé collège.
Ces myriades de personnes artificielles jouissant de tous
les droits des personnes naturelles auraient l'avantage de
pouvoir se multiplier l'infini et incontinentsans
exposer aux douleurs de la gestation, aux embarras de
l'allaitement,aux soucis de l'instruction et de l'éducation,
et sans devoir atteindre cet âge de 24 ans, de 25 ans
Exposé des opérations du Coni lté de Secours,
Institué par résolutiou du Conseil, en date
du 30 Décembre 1853.
Le Comilé de Secours nommé en séance du Con
seil communal, le 3o Décembre i853, a été installé
le 4 Janvier suivant; il était composé comme suit
Cinq membres du conseil, le collège, le major de
la Garde civique, les curés de» quatre paroisses,
deux membres de la commission administrative des
Hospices, deux du Bureau de bienfaisance, le chef-
homme de la Société royale de S* Sébastien et le
membre trésorier de la commission directrice de la
Société de la Concorde,
même, que des fragments d'une législation socialiste
fixent aux personnes naturelles pour qu'elles puissent
revendiquer l'exercice des droits civils et politiques.
Le plus humble citoyen pourrait rêver une personne
artificielle qu'il parerait de toutes les grâces en même
temps que de tous les droits; et sur-le-champ, un fiât
lux étant prononcé, l'enfant de son imagination ferait
son entrée dans le monde, ni jeune, ni vieux, toujours du
même âge; puis, tous les autres citoyens s'inclineraient
devant sa beauté et respecteraient ses droits 11 serait
immédiatement légal des fabriques d'églises de M. Du-
morticr exerçant les droits que la Constitution confère
tous les Belges C'est prodigieux n'y pas croire
Le fiât lux biblique avait la vertu de débrouiller le
chaos; mais ne semble-t-il pas que le fiât lux moderne
mettrait simplement le chaos la place de l'ordre? Et
non contentes des droits politiques, nos personnes arti
ficielles jouiraient encore des droits civils Elles auraient
la faculté d'acheter et de vendre; de recevoir des libé
ralités par les actes entre-vifs ou de dernière volonté, de
dernière volonté surtout, car celle-là se peut eiprimer
dans le mystère, sans témoins, l'abri des regards
inquiets de la famille, ce qui favorise merveilleusement
les suggestions et les captations; elles auraient la faculté
de plaider et de transiger, droit d'autant plus utile qu'on
les accuserait pins souvent de posséder, par des moyens
Par leurs soins des listes de souscription ont été pré
sentées domicile la date du 17 Janvier i854, ces
listes étaient closes et constataient une recette de
fr. 11,593-68.
Plus tard M. William Chantrell a versé la somme
de fr. 4o7~85, provenant des recettes sur la ligne du
chemin de fer entre Ypres pt Comines, avant la
reprise de celte section.
Enfin, les troncs pour les pauvres,déposésdans les
établissements publics, ont produit la somme de
fr. 658-2i.
Desorteque les ressources générales du comité de
secours se sont élevées la somme de fr. 12,659-7 1.
Dès sa première séance, le comité résolut de
fournir des secours aux indigents du Bureau de
bienfaisance, ainsi qu'à toutes les personnes qui,
cause de la cherté des substances, se trouvaient
momentanément dans le cas de devoir être secourues.
1) fut également décidé, dès le principe, que du
pain serait vendu prix réduit et que des soupes
seraient distribuées gratuitement.
Le prix d'achat du paiu fut fixé aux deux tiers du
prix officiel.
Le comité voulant livrer aux indigents du pain
d'une qualité plus nutritive que celui qui est géné
ralement vendu, résolut de faire cuire, sous sa sur
veillance, la boulangerie établie l'Hôtel-de-ville.
A la suite de ces décisions, deux listes furent dres
sées l'une comprenant les noms des administrés du
Bureau de bienfaisance, l'autre ceux des personnes
qui, ne recevant aucun secours public, devaient
cependant être assistées pendant lacrise alimentaire.
La première liste comprenait les noms d'environ
970 chefs de famille représentant 2,700 personnes;
total pour les deux listes 1,820 familles (5,802 per
sonnes).
La première distribution de pain prix réduit
eut lieu le dernier Lundi du mois de Janvier i854;
ces distributions ont continué depuis lors jusqu'au
12 Avril dernier, de la manière suivante
Les Lundis, Mercredis et Vendredis pour les per
sonnes ne participant pas aux secours publics; l,es
Mardis et Samedis pour les indigents du Bureau de
bienfaisance.
Cinquante deux distributions ont eu flèù pendant
lesquelles il a été vendu, prix réduit,80,3x3 pains.
Ce service a coulé, en déduisant le produit de la
vente du paiti 20 centimes, la somme de fr.
8,402 -35.
Les distributions de soupe ont commencé le 22
Janvieretont fini le 4 Mars. Elles avaient lieu quatre
fois par semaine et ont été faite» un nombre
illicites, le bien d'aulrui; elles sont immortelles; elles
accumulent sans cesse, et pour peu que l'esprit religieux
s'intéresse leur sort, elles finissent par conquérir d'é
normes quantités de biens, non-seulement au préjudice
des héritiers légitimes «t arrachés trop souvent la fai
blesse des mourants, mais encore au préjudice des inté
rêts vitaux de la société.
Des esprits étroits, mesquins, arriérés, indignes de
porter le nom de libéraux qu'ils s'attribuent, verront
peut-être tout cela beaucoup de difficultés. Ne pour
rait-on pas, par faveur spéciale, par égard, si l'on veut
pour de vieux préjugés, renoncer conférer aux personnes
artificielles les droits politiques dont jouissent des per
sonnes naturelles? On rabattrait quelque chose du pro
gramme, cela est vrai; l'abolition de la mort civile pour
les associations, cri de guerre proposé, très-ronflant,
nous en convenons, et destiné son succès d'autant plus
grand qu'il serait moins compris, l'abolition de la mort
civile ne serait pas bien complète.