JOURNAL D'YPRES RT DE L'ARRONDISSEMENT.
M" 1,374. 14e Année.
Dimanche, 2 Juillet 1854.
Vires acquint ëundo.
LA MAIN-MORTE ET LA CHARITÉ,
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Pnor.RÈs parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce quf concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
fpRERi l°r Juillet.
Aujourd'hui, au tribunal siégeant en matière
civile, s'est arrangée une affaire dont il a été
fait mention plusieurs fois. On se rappelle que
le sieur Jaspin avait été appréhendé au corps et
écroué en prison, en vertu d'un arrêt de la cour
d'appel de Gand le condamnant trois mille
francs de dommages-intérêts, pour avoir calom
nié le sieur Ranosden. Cette arrestation avait été
faite pendant le séjour Ypres du sieur Jaspin,
qui était venu plaider, avec l'avocat de Paepe,
de Gand, une cause dans laquelle était intéressé
le sieur Lahousse,deWervicq. Après qu'un référé
a eu lieu devant le président du tribunal, l'in
carcération avait été maintenue. Mais aujour
d'hui, une opposition a été faite pour divers
motifs et un arrangement est intervenu qui a
.rendu au sieur Jaspin la clef des champs. Le
payement dés dommages-intérêts auquel il avait
été condamné a été garanti par une hypothè
que sur immeubles, par le sieur Lahousse de
Wervicq, au profit des ayants-droit de M.
Ramsden, et hier après-midi quatre heures,
la levée de l'écrou a été consentie et signée.
Celte affaire avait fait arriver en ville plusieurs
avocats de Courtrai et de Gand. Mais on nous
a dit que le sieur Jaspin a seul plaidé en sa
faveur, en chambre de conseil; l'avocat De Paepe
n'a pas jugé propos, quoique présent, de pren
dre la parole en cette cause.
En ajoutant l'annonce du sinistre causé par
l'incendie, au Ploegsteert, que la malveillance
ne semblait pas étrangère la destruction par
le feu, de cette ferme, appartenant M. Delà
Fallèque, propriétaire Lille, nous étions dans
le vrai.
Mercredi soir, un individu étranger la ville,
rodait autour du Palais de justice. Un commis-
greffier qui lavait vu circuler sur la place lui
demanda s'il avait besoin d'une pièce du greffe.
Oui, réf>ôtldit-il, je dois être écroué en prison.
Il lui fut expliqué comme quoi ceux qui avaient
commis un crime ou lés condamnés cette
peine pouvaient seuls être enfermés en prison.
C'est juste, reprit-il j'ai commis un crime. Je
suis l'auteur de l'incendie de la ferme du Ploeg
steert et je viens me livrer la justice.
PAR JEAN VAN DAMME.
Il paraît que cet individu, dont nous ignorons
le nom, était domestique gages du fermier
Rriail et qu'il avait été renvoyé au mois de
Mars dernier. La vengeance lui a fait commettre
ce crime, qui a eu des conséquences si terribles.
Par arrêté royal du 27 Juin 1854, un subside
de trois mille francs est accordé l'adminis
tration communale d'Ypres, pour l'aider con
tinuer la restauration du bâtiment des Halles
ep cette ville.
-■ no a «-■
TILLE D'YPRES. Conseil communiai..
Séance publique du Jeudi29 Juin 1854.
Présents MM. le Baron VaDderslichele de
Maubus, bourgmestre, président; Alphonse
Vaaden Peereboom échevin Pierre Beke
Théodore Vanden BogaerdeCharles Vande
Brouke, Boedl-LucienLegraverandHenri
Iweins-Fonteyne, Martin Smaelen, Edouard
Cardinael, Ernest Merghelynck, Boedt, avocat,
Charles Becmve, conseillers.
La séance est ouverte trois heures et demie
par la lecture du procès-verbal de la réunion
du Conseil du 30 Mai dernier. La rédaction en
estapprouvée sans changement.
M. le président fait connaître que l'autorité
communale a fait des démarches pour obtenir
que la grille destinée servir de clôture la
port.e de Dixmude soit aussi large que le batar-
deau jeté travers du fossé d enceinte. M. le
capitaine du génie est très-disposé accéder
ce vœu, mais il demande que la ville veuille
prendre sa charge le supplément de dépense
qui en résultera. Comme il ne s'agit que d une
somme de trois cents francs, le Conseil s'em
presse d'y consentir.
M. le président fait connaître que M. Valcke,
sous-adjudicalaire de l'entreprise pour la pose
de la grille la porte de la Station, a proposé
une modification aux pilastres de cette clôture.
Au lieu de les faire en rustique simulant la
pierre détaillé, il les a coulés de forme octogo
nale et croit ce. modèle préférable celui
qui a reçu l'approbation du Conseil. Quelques
membres croient qu'il y aurait lieu d'examiner
la réalité de cette allégationmais la majorité
VIII.
(suite et fin,) 1
L'orateur veut donc également, sous prétexte de la
liberté, que chacun puisse fonder telle institution qu'il
trouve bon, devenant par ce fait seul un établissement
d'utilité publique, admise en cette qualité dans la société,
jouissant d'une existence propre et indépendante, et par
ticipant aux droits civils. L'expression de la volonté du
fondateur devient une loi de l'Étal Remarquez qu'il ne
s'agit point d'institutions établies par des particuliers
isolés ou associés, en vertu de leur droit individuel,
soumises aux règles du droit commun, et qui se dissol
vent ou périssent avec eux, mais d'institutions destinées
leur survivre, permanentes, immuables, perpétuelles
et irrévocablement imposées la société.
Elles auront, comme corps moral, des droits et des
devoirs remplir dans la société; et pourtant, les manda
taires de la société, un degré quelconque, ne seront pas
appelés reconnaître ces fondations et leur utilité pu
blique Elles seront régies par des statuts que le fonda
teur rédigera selon son bon plaisir, et quoique inconnus
de l'autorité publique et n'étant publiés nulle part, l'au
torité en assurera l'exécution, les tribunaux en feront
l'application
est d'avis que le plan dressé et approuvé par
l'autorité communale doit être exécuté sans
modification d'aucun genre.
La porte de la Station sera inabordable aux
voitures pendant deux.jours,, Lundi et Mardi,
3 et 4 Juillet, par suite des travaux faire au
pavement de la rue. Le passage sera établi
partir de Mercredi matin.
M. le président donne successivement lecture
des comptes du corps des Sapeurs-Pompiers,se
rapportant l'exercice 1.853. Ilssontapprouvés
par le Conseil dans l'ordre suivant
1* Compte de la masse des instruments, recette
fr. 75-96 dépense fr. 5^-07 excédant fr.
20-89, lequel excédant, déduit de l'avance faite
par le capitaine commandant, il reste encore
dû de ce chef fr. 913-27.
2° La masse commune présente en recelte la
somme de fr. 2,252-21, et en dépense celle de
fr. 276-05, excédant fr. 1,976-16. Il était dû
encore sur une avance faite par le capitaine
commandant une somme de fr. 1,776-25; après
déduction faite il reste encore un excédant de
fr. 199-91. Pour la première fois, depuis 1827,
le corps des Sapeurs-Pompiers a restitué toutes
les avances faites par la caisse communale pour
l'habillement des hommes.
3° Compte de la musique des Sapeurs-Pom
piers: recettes fr. 914-62; dépenses fr. 911-86;
excédant fr. 2-76. En 1853, la musique a fait
en tout 37 services payés non compris quatre
services pour la société des Frères d'armes de
l'Empire et dix services gratuits, comme con
certs, sérénades, etc., ce qui fait 52 services.
Il faut noter qu'il y a eu 101 répétitions, soit
deux par semaine. La musique a donc été
réunie 152 fois pendant l'année 1853.
Le Conseil vote des remercîments l'officier
chargé de cette comptabilité tenue avec un ordre
parfait.
Le sieur Lapiere s'est adressé l'autorité pro
vinciale afin d'être autorisé établir un dépôt
de chaux près de la Station et tout contre une
voie d'évilement. Un procès-verbal de coramodo
et incommodo a été ouvert, et comme nulle
opposition n'a été faite ce projet, fe Conseil,
sans discussion, émet un avis favorable.
A quel gouvernement, en effet, déclare l'orateur, con
fierait-on le droit de déclarer que l'œuvre imaginée par le
premier venu, fût-il le plus ignorant ou le plus sot des
hommes, est nécessaire ou utile, et qu'elle doit être
désormais, et pour la suite des siècles, considérée comme
un corps dans l'État Il y a eu des gouvernements ab
surdes, immoraux, tyranniques, et il y en aura encore;
donc ce n'est plus dans les pouvoirs publics que doit
résider la puissance souveraine, mais tout citoyen dqit
être souverain
Il y a eu des gouvernements qui ont encouragé l'im
moralité en décrétant que toutes les filles-mères avaient
droitàdcs secours de leur commune; il y en a eu d'autres
qui ont institué les tours pour les enfants trouvés et
vous laisseriez, après cela, aux gouvernements le droit de
charger un collège échevinal, par exemple, de la survpilr
lance des maisons de débauche Vous reconnaîtriez aux
pouvoirs publies le droit de faire des lois sur le mariage
et la famille Évidemment, c'est impossible. Mais qui les
fera Eh mon Dieu, on s'en passera, et vive la liberté
L'orateur donne en faveur de son système d'excellents
motifs Il y a quelqu'un qui a plus d'esprit, plus de
sens commun que les gouvernements c'est le public
(1) Dans sou ardeur iusurrecliounelle coutre les gouvernements,
l'orateur attribue l'institution des tours pour les enfants trouvés au
gouvernement impérial. C'est une erreur historique dont uous
ferons justice ailleurs.
c'est tout le monde On avait dit avant lui Il y a
quelqu'un qui a plus d'esprit que Voltaire, c'est le public,
c'est tout le monde. L'expression était assez sujette
critiquer, car il' est' assez difficile de concevoir qu'il y ait
quelqu'un qui soit tout le mondemais, au fond, la dic
tion qe manquait pas de vérité. L'orateur y a fait une
variante, Voltaire >1 a substitué les gouvernements-
c'est adroit il y a aujourd'hui des gouvernements qui
sont si voltairiens
11 a en outre ajouté que ce quelqu'un, qui est tout le
monde, a non-seulement plus d'esprit, mais encore plus
de raisop, plus de sens commun que les gouvernements.
Adressée Voltaire, là fleur de rhétorique pouvait tout
au plus blesser son amour-propre; appliquée aux gouver
nements, l'orateur en déduit la négation de laurs droits.
C'est là souvent le danger des fleurs de rhétorique; elles
énivrent ceux qui respirent leurs parfums et leur inspil
rent les idées les plus originales.
Puisqu'il y a quelqu'un qui est tout le monde, ayant
^plus de raison, plus de sens commun que les gouverne-
ments, nous ne voyons pas pourquoi on ne chargerait pas
ce quelqu un-là, de toutes les fonctions gouvernementales
1 et même des fonctions de bourgmestre; l'oraTeur est trop
modeste, assurément, pour ne pas s'empresser de pro
clamer que le quelqu'un qu'il nous a fait connaître estime
j prix égal les bourgmestres et les gouvernements.
I [2] M Ch. de Brouckere, toc. cit.