JOURNAL D'YPRÉS ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Hu 1,379. 14" Aiiiicc.
Jeudi, 20 Juillet 1851
Vires acquirit eundo.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces, 4 francs.
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être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypbes, 19 Juillet.
Le Journal desBaziles. rédigé par des prêtres,
vient de faire une rare découverte. 11 annonce
pompeusement que le vœu du pays est de voir
cesser le scandale des fonctionnaires faussant
par leur influencela libre manifestation élec
torale. C'est du fruit nouveau et une inspiration
pieuse sans doute que d'interpréter ainsi la
pensée du pays, mais il ne faut pas oublier que
le prêtre q,u4 a écrit cet article, oublie sa mission
en s'occupant de politique et donne bien plus
descandaleque le fonctionnaire politique,qui,in
jurié,calomnié,par la presse soi-disant religieuse,
intervient dans les élections pour faire élire les
hommes qui jouissent de ses sympathies au lieu
de ceux qui patronnent les feuilles morales et
honnêtes qui les traînent journellement ou heb
domadairement dans la fange. Le fonctionnaire
politique a une mission temporelle et doit s'oc
cuper des intérêts matériels qui sont du domaine
de la société laïque. Mais le prêtre, lui, qui
usant et abusant du confessionnal et du prône,
intervient dans le domaine politique, reste-t-il
bien dans les limites dé ses attributions spiri
tuelles Pet puisqu'il est question ici de scandale,
n'est-il pas autrement scandaleux de voir un
ministre des autels, l'injure la bouche et le
fiel dans le cœur, dénigrer des hommes qui
souvent sont plus honorables et plus respectables
que lui? Et pourquoi cette haine, cette passion
contre des hommes qu'à l'église il traite de
bien-aïmés frères Parceque si quelqu'un esl
infidèle sa mission, c'est le prêtre qui s'occupe
de politique au lieu de rester dans le sanc
tuaire, parceque le prêtre a été dressé non plus
pour être simplement un ministre du culte,
mais a été pétri dans le but de servir d'instru
ment politique, et si quelqu'un faussepar son
influencela libre manifestation électoralec'est
le prêtre par ses mensongespar ses calomnies
pieuses, par ses insinuations perfides. Voilà ou
gît le scandale et d'où soufflera la tempête, car
il ne sera pas toujours dit que l'intrigue cléricale
aura le dessus. Momentanément elle semble
triomphante et elle menace tous ceux qui ne
veulent pas subir le joug de la théocratie mise
en œuvre par des hommes d'affaires. Mais il ar
rivera un moment où on demandera un compte
sévèreaux ministres du culte catholique-romain
auxquels on a créé la position la plus libre qu'il
soit possible d'imaginer, et qui n'a de semblable
dans aucun pays, même dans ceux que l'on con
sidère comme catholiques par excellenceEt c'est
quand le clergé jouit d'une liberté aussi inouïe
comme dit M. de Gerlache, d'une situation aussi
exceptionnelle, qu'il jette le désordre et la dés
union en tout lieu. 11 démontre que quand il
invoque ailleurs la liberté, c'est pour en abuser
et en jouir seul au détriment du plus grand
nombre.
Qu'on laisse donc les fonctionnaires tran
quilles et qu'on cesse de les injurier, ils ont fait
leur devoir comme agents du pouvoir civil en
opposant leur influence celle bien autrement
abusive du clergé, et si le ministre de l'intérieur
a voulu autre choseil a trahi les intérêts qui
lui sont confiés. La morale de ceci prouve que
non-seulement le prêtre veut dominer partout,
mais qu'il ne souffre pas même de contradiction
et que son intolérance égale au moins ses
allures de despote.
I
On nous communique avec prière d inser*
tion, les deux dépêches suivantes:
Ypres 4 Juillet 1854.
Monseigneur,
Le Conseil communal de notre ville a décidé de
compléter la restauration du monument des Halles
par la pose des statues qui autrefois décoraient la
façade méridionale de cet édifice.
Ces statues, dues au ciseau du statuaire Puyen-
broek, sont terminées, elles sont au nombre de treize
plus un lion tenant l'écusson de la cité. Elles repré
sentent Notre-Dame de Thuyne, patronne de la ville
d'Ypres, ainsique les souverains et souveraines de la
Flandre, depuis Philippe-le-Hardi jusqu'à CharlesV.
La Vierge sera placée au centre, contre la tour du
beffroi.
Le Conseil désire que l'inauguration de ces sta
tues ait lieu avec grande solennité; cet effet une
procession presqu'exclusiveinerit religieuse sera, si
faire se peut, organisée. La cérémonie aura lieu le
Mercredi, 9 Août, c'est-à-dire pendant la fête com
munale de la Thuyndag, instituée en commémora
tion du célèbre siège de i383 et en l'honneur de la
patronne d'Ypres.
Nous désirerions, Monseigneur, que la statue de la
Vierge pût être bénie au moment de l'inauguration,
mais nous serihns heureux surtout si vous consen
tiez donner vous-même cette bénédiction solen
nelle, c'est la faveur que nous avons l'honneur de
solliciter au nom du Conseil communal.
L'image de la patronne d'Ypres, symbole de l'idée
religieuse si vivace chez nos pères..., placée contre la
tour du beffroi d'Ypres, symbole de la puissance
communale de nos ancêtres..., bénie par un digni
taire de l'église, né Ypres..., durant la fête instituée
en commémoration du célèbre siège de notre cité...,
voilà, pensons-nous, un ensemble de circonstances
heureuses et qui sont de nature donner la
solennité proposée, un caractère tout spécial, un
caractère éminemment Yprois.
Agréez, Monseigneur, l'assurance de notre consi
dération la plus distinguée.
le collège des bourgmestre et écibvin9,
(Signé) Alpb. v and en PEEREBOOM.
Par ordonnance: -
le secrétaire,
(Signé) jt. De Codt.
Bruges, le 15 Juillet 1854.
Messieurs,
Par votre dépêche du 4 de ce mois, vous me priez,
au nom du Conseil communal de la ville d'Ypres,
de bénir moi-même la nouvelle statue de Notre-
Dame de Thuyne, que cette ville inaugurera le 9
Août prochain, pendant la Fête communale de la
Thuyndag, instituée eu mémoire du célèbre siège
de i383 et en l'honneur deNotre-Dame de Thuyne,
patronne de la ville d'Ypres.
L'affection bien sincère que je porte ma ville
natale, et le désir que j'éprouve de contribuer de
toutes mes forces sa prospérité et sa gloire, suffi
raient, Messieurs, pour me faire accepter avec em
pressement l'invitation que vous m'adressez; mais le
sentiment tout la fois religieux et patriotique qui
l'a dictée y ajoute pour moi un nouveau prix et un
nouvel attrait. J'éprouve une joie bien vive en
voyant la population d'Ypres s'associer avec élan
la pensée de ses zélés magistrats pour restituer, son
antique et toute puissante patronne, la place d'hon
neur que des temps malheureux lui avaient ravie, et
rendre an magnifique monument, qui rappelle
d'une manière éclatante la grandeur d'Ypres, sou
caractère chrétien. Si Notre-Dame de Thuyne a su
préserver nos pères des plus affreux malheurs, dans
les temps passés, elle saura aussi proléger notre
chère cité des dangers qui pourraient la menacer
l'avenir.
Que n'avons-nous pas droit d'espérer de sa géné
reuse intercessionaujourd'hui que les libertés con
quises en i83o,et une jeune dynastie grandissant
sur les degrés d'un trône occupé par un roi bon, sage
et impartial, promettent la Belgique des jours les
plus heureux et les plus prospères Oui, j'en ai la
confiance, Notre-Dame de Thuyne sera, l'avenir,
comme elle a été dans le passé, pour la ville d'Ypres
une patronne aimée et toute puissante.
Je bénirai donc moi-même la nouvelle statue de
Notre-Dame de Thuyne, le 9 Août prochain, sur le
bâtiment des Halles, où elle sera placée. Il ne reste
plus qu'à s'entendre sur les détails de la solennité
religieuse, détails qu'il sera facile de régler, lorsque
les mesures projetées, dont vous faites mention,
auront été arrêtées d'une manière définitive.
Recevez, Messieurs, l'assurance de ma haute con
sidération.
•j- J.-B., Évêque de Bruges.
On assure que la société de musique les
Fanfares amateurs, de Gandaurait l'intention
de se rendre notre festival du 13 Août. En
tous cas, le comité a décidé d'en faire la pro
position l'assemblée générale. La société des
Fanfares amateurs est une des plus belles sociétés
musicales du royaume elle se compose de 80
exécutants.
Nous faisons des vœux pour que l'assemblée
générale adopte la proposition qui lui est sou
mise.
Rarement la ville d'Ypres a été plus animée,
nous pourrions presque dire agitée, qu'elle ne
l'est en ce moment; ici, l'on prépare les ap
partements destinés aux nombreux étrangers
que l'on attend là, on restaure les façades des
maisons, il n'est plus un seul pinceau disponible
dans la ville entière. Partout on prépare des
costumes; les fleurs et les plumes se vendent
par kilogrammes, les draps d'or par hectomètre
et les autres tissus plus communs par quantités
telles qu'on pourrait, sans exagération, évaluer
plus d'un myriamêtre le développement des étof
fes achetées.
H y a émulation partout émulation entre
paroisses, émulation entre les organisateurs des
divers groupes, émulation entre les divers
quartiers de la ville, émulation enfin entre les
habitants d'un même quartier. De ce zèle, de
cette émulation générale, résultera, sans contre
dit, un ensemble qui ne laissera rien désirer.
Parmi les quartiers qui se distingueront le
plus, dit-on, on cite la Rue de Lille et celle des
Récollets; qui méritera la palme?
Dans un de nos derniers n", nous avons dit
que fe cortège et procession du 9 Août ne pas
serait pas derrière l'église de S4 Pierre, mais par
la rue des Sœurs-Noires.
Un habitant de la rue de Lille nous écrit pour
nous faire connaître qu'une réclamation contre
cette décision de la commission a été faite et
signée par un grand nombre de personnes ha
bitant la partie sud de la rue de Lille cette
pétition a été remise Lundi, 17, et le même soir
une lettre émanant de la commission a lait con
naître que la pétition a été favorablement ac
cueillie et que le cortège passerait par la rue
des Plats et devant l'église S4 Pierre. Nous
ne pouvons trop remercier, ajoute notre cor
respondant la commission qui a bien voulu
donner, notre demandeune réponse aussi
prompte que favorable.