Chronique politique.
DISCOURS prononcé V ouverture de la session
ordinaire de i854 5 du Conseil Provincial, par la
Gouverneur de la Flandre occidentale
(suite et fin.)
La loi provinciale ayant consacré le principe que les pouvoirs
doivent des pensions de retraite aux employés qu'elles salarieut.
tous avez, dans vos sessions de 1840 et 1845. mis ce principe eu
pratique, en arrêtant des règlements qui assimilent pour le taux de
la liquidation, aux foootionuaires de l'État, les titulaires d'emplois
provinciaux. Mais votre sollicitude s'est étendue plus loin que celle
de la loi; vous avez recherché les combinaisons qui pouvaient le
plus utilement conduire rétablissement d'une caisse rie veuves et
d'orphelins au moyen de retenues sur le traitement des employés
provinciaux. Le nombre de nos agents n'étant pas assez grand pour
rendre une pareille institution viable, vous avez regret abandonné
ce projet. Plus le chiffre du personnel contribuant est élevé et plus
les caisses de retraite offrent des garanties; c'est une vérité élémen
taire. Vous avez donc examiné quelles étaient les catégories de
fonctionnaires dont le nombre répondait ces conditions de sucoès,
et vous avez successivement établi des caisses de pension en faveur
des secrétaires communauxdes gardes champêtres et de leurs
veuves et orphelins.
Nous nous occupions de l'examen d'une mesure autrefois mise eu
pratique dans cette province, et qui tendait étendre le bienfait
d'une caisse de prévoyance tous les employés communaux, lors
qu'une proposition, adressée au Conseil par nue de nos adminis
trations urbaines, est venue confirmer nos premières appréciatious
dans cette matière.
Un arrêté du préfet du département de la Lys, du 20 février
1806, a établi une caisse de pensions daus l'intérêt des employé» de
la préfecture, des sous-préfectures, des mairies, des secrétaires des
communes, des commissions d'hospices et de bienfaisance, des
employés des octrois, des messagers, gardes champêtres et sergeuls
de ville.
Toutefois, oette caisse n'avait pour objet que l'allocation de
secours et de pensions aux titulaires seuls. Dans la caisse provinciale
qu'il s'agirait d'établir, puiseraient également Us veuves et les
orphelins. Cette institution dans laquelle viendraient se fondre, et
c'est possible, les caisses partielles déjà existantes, et dont l'avenir
serait assuré par le concours de tous les employés provinciaux et
communaux, constituerait une œuvre laquelle applaudiraient tous
les hommes séiieux. Nous ne nous dissimulons pas toutes les
difficultés d'organisation et d'exécution, mais elles ne seraient pas,
je pense, insurmontables. Sous l'administration française, les
préfets avaient rendu la participation la caisse obligatoire Aujour
d'hui sous l'empire de notre régime de liberté et d'ail rauchisseuu nt
des communes, cette participation ne pourrait être que facultative,
a moins que les administrations dont les employés relèvent, ne les
obligeassent contribuer l'institution. Ce sont là, du re»te, des
questions délicates et difficiles qui feraient l'objet d'une instruction
spéciale, si l'Assemblée accueillait favorablement le projet.
En vous entretenant, Messieurs, de nouvelles mesures de pré
voyance introduire, je ne puis oublier de signaler votre atten
tion les renseignements que renferme le rapport de votre députa-
tion, sur les opérations des caisses de pensions et de secours qui ont
été successivement établies Ostende, Blankenberghe, Heyst, la
Panne et Nieuport, en faveur des pêcheurs, de leurs femmes et de
leurs enfants. Les sommes payées aux divers ayants-droit pour 1855,
s'élèvent 21,873 francs. Les recettes,consistant en faibles retenues
sur le salaire des pêchenrs et dans une part des primes que le
Gouvernement alloue la pêche nationale, se sont élevées, pour la
même année, fr. 22,889-16. La récapitulation de 1 actif des
différentes caisses, depuis l'époque de leur organisation jusqu'à la
fin de 1853, donne une somme de fr. 58,110-13, qui est placée
a intérêt. Ce résultat est des plus heureux, si l'on songe que ces
institutions, l'exception de celle d'Ostende, qui est la plus
ancienne, ne datent que de 1853, et que même, l'une d'elles, celle
de Nieuport, n'a été créée qu'en 1851.
Messieurs, la satisfaction que j'éprouve, en me retrouvant chaque
année devant vous, vous entretenir de tant d'intérêts qui vous
sont chers, m'exposerait donner cet aperçu das développements
trop étendus, si je n'étais également préoccupé de la crainte d abu
ser de la bienyeillante attention que vous avez coutume de me
prêter.
Plusieursaffaires importantes vont vous être soumises permettez-
moi, avant de terminer, d'en recommander une seule, dune
manière particulière, votre plus sérieux examen.
C'est le projet que nous reproduisons, d'établir un coooours
périodique pour le meilleur système de stabulation mis en pratique
par nos cultivateurs.
Toutes les questions qui se rattachent l'agriculture sont de leur
nature capitales, car toutes ont pour objet la recherche des moyens
de multiplier les produits de la terre, et, par conséquent, de rendre
plus facile l'alimentation du pays. Si les questions agricoles doivent
toujours figurer au premier rang des études de l'administration
publique, combien ne doivent elles pas préoccuper davantage les
esprits, lorsque, comme aujourd'hui, l'on peut mesurer plus sûre
ment toute 1 étendue des maux qui seraient la conséquence de deux
années de récolte insuffisante venant coïncider avec les entraves
commerciales résultant des nécessités de la guerre. (1}
Pour conjurer le danger de pareilles éventualités, le gouverne
ment a. dans ces dernières années, cherché développer les sources
de la production par le défrichement des landes, l'instruction et les
encouragements agricoles, l'amélioration des voies de transports,
l'institution des comices, l'importation du drainage, et tant d'au
tres mesures qui ne sont pas toutes suffisamment appréciées encore,
mais qui le seront indubitablement un jour.
Lorsqu'il y a quelques années, la science préconisait le drainage,
il se trouvait bien peu de personnes en Belgique qui ne considéras
sent point cette pratique comme une des innovations théoriques et
basaidées, contre lesquelles l'économie agricole doit se tenir en
garde.
Le drainage cependant, n'a pas tardé convaincre bien des
incrédules de la fécondité de ses résultats; il est vrai que ces ré
sultats n'étaient pas de ceux qui ne se manifestent qu'à la longue;
ils avaiant l'avantage d'être immédiats, de frapper première vue,
de répondre aux essais les plus timides.
Aujourd'hui, il est proavé par les expériences faites sous nos
yeux, dans notre province, et par des agronomes qui siègent parmi
vous, que le drainage, tant par la suppression des sillons qu'il
autorise, que par l'effet plus puissant qu en reçoivent les engrais,
procure une augmentation de produits équivalentes 18 p. ol9
En évaluant un tiers de la superficie de nos terres labouiables,
celles qui sont susceptibles d'être améliorées par le drainage, nous
trouvons que la récolte de 55,000 hectares pourrait ainsi être
augmentée de 18 p. °/o.
Nous ayons, Messieurs, la conviction profonde que la production
agricole dans notre province n'a besoin, pour recevoir une au-
d) D'après le relevé de la situation générale de la Belgique
(période décennale 1842-1850], l'insuffisance de la production du
Paya, en céréales diverses, est de 1,400,451 hectolitres. C'est
l'équivalent du produit de 62,921 hectares.
gmentation bien autrement considérable, que de la cotnbiuaison de
quelques procédés, dont la coQséqueuoe doit être la création d'une
plus grande somme d'engrais; celte conviction, fondée également
sur l'expérience de faits irrécusables, nous fait attacher une im
portance particulière l'adoption par l'Assemblée du projet d'un
coucours de stabulation.
N jus espérons que le conseil qui s'est toujours montré si souoieux
des intérêts de uotre agriculture, ne repoussera pas ce moyen,
iutaiilihle nos yeux, d'introduire un stimulant nouveau dans cette
biauche de la richesse publique.
Lu terminant. Messieurs, permettez-moi d'espérer que la bien
veillance constante dont vous avez daigné tu'houorer pendant le
oours de vos sessions précédentes, ne me fera pas défaut cette fois
encore, cl qu'il sera permis votre députatiou et moi, d'y puiser
l'assuraucc que nos travaux ont continué mériter votre approba
tion.
Des arrêtés royaux accordent
1° Un subside de vinjjl mille francs la com
mission administrative de la roule de Rt-iiyiq'he
au hameau de la Luzerne pour la restauration
de celte roule
2° Un subside de douze mille cinq cents francs
la commission administrative chargée de la
surveillance des travaux de couslruclinu du
chemin de l'operinghe par YVestvleteren, au
Korlekeer et Oostvlelerenpour le pavage
dudit chemin;
3° Un subside de sept mille francs aux admi-
islralious communales de Langemarck et de
Zonnebeke pour la construction d'une route
vicinale qui relie ces deux localités;
4° Un subside de deux mille francs la com
mission administrative du chemin de Becélaere
Dadizeele, pour l'empierrement de ce chemin;
5° Un subside de sept mille francs la com
mission administrative chargée de la direction
et de la surveillance des travaux de construction
du chemin de Wervicq Cruys-Eeckepour
|e pavage dudit chemin.
Du 15 au 19 Juillet.
Nous nous sommes occupés fort peu de la confé
rence de Bamberg, parce que l'opposition aux vues
de la Prusse et de l'Autriche qui s'y était manifestée,
nous paraissait sans importance, en ce sens que les
deux puissances n'y auraient aucun égard. 11 est cer
tain aujourd'huic'est encore le Moniteur fronçai
qui l'annonce, que l'adhésion des confédérés de
Bamberg est acquise au traité de Berlin. L'alliance
russe est dé'iumvenient sacrifiée par eux, et la
Bavière et la Saxe elles-mêmes n'exigent plus que
l'Autriche intervienne en Turquie pour faire des
conditions aux deux parties belligérantes la lois.
Nous n'avons pas de nouvelles de Madrid plus
fraîches que celles d'hier a part-celles qui se trou
vent dans une dépêche télégraphique publiée par le
Moniteur fronçait. Nous trouvons au milieu de mille
faits plusou moins hasardés, consignés dans diverses
correspondunce's, que le maréchal Narvaez avait
disparu de sa résidence depuis plusieurs jours. Ce
fait indiquerait qu'il fait cause commune'avec les
insurgés; aussi, en douions-nous.
L'empereur d'Autriche a levé le séquestre mis sui
tes bieusdes ducs de Litta, qui ont demandé rentrer
en Lombardie.
Il ne faut jamais se presser d'annoncer les nou
velles d'Amérique. Il est rare qu'un arrivage con
firme ou ne démente pas un fait annoncé par un
arrivage précédent. Ainsi, dans ces derniers temps,
le général Sanla-Anna, président du Mexique, a été
tour tour vainqueur et vaincu, quand il a voulu
réprimer l'insurrection du général Alvarez. Encore
aujourd'hui, ou ne sait qu'une chose c'est qu'il est
rentré Mexico.
Ces jours passés, il avait refusé et renvoyé amen
dé Washington, le traité Gadsen, adopté par le
Congrès américain (on s3'1 qu'il s'agit d'une cession
de territoire aux États-Unis, prix d'argent); main
tenant, on annonce au contraire qu'il l'a accepté
purement et simplement.
P. S. Par le télégraphe, les nouvelles de Madrid
sont du 3. Les insurgés étaient aux environs d'Aran-
guez, qui est au midi de Madrid, tandis que l'Alcala,
où ils s'étaient dirigés tout d'abordest du cftlé
opposé. Le gouvernement attendait des renforts de
i troupes dans la capitale.
On trouvera daus une dépêche annonçant la
défaite complète de l'armée turque en Asie, par le
général russe Andronikoff.
Nous en sommes encore aujourd'hui, quant aux
nouvelles de Madrid, la dépêche du 3, laquelle
nous a déjà appris hier que le gouvernement atten
dait des renforts.
Attendre des renforts! c'est une preuve qu'on les
désire et qu'on en a besoin. Il faut en conclure que
la première rencontre, le 3o juin, entre les insurgés
et les troupes royales, n'a eu rien de décisif.
Ona,inalà propos, dans le premier moment, com
pris au nombre des insurgés, le générai Oribe. Il est
resté étranger au mouvement.
Le nom du général Narvaez n'est pas encore pro
noncé non plus. Ce qui a pu le faire croire sympa
thique aux insurgés, c'est le mandat d'arrestation
lancé contre son aini particulier, M. Sevillano, mar
quis de Fuentès de Duero.
Celte insurrection d'Espagne,aprèstoutes les cri
ses ministérielles provoquées par le déplorable vole
du Sénat dans la question des chemins de fer, est de
la part des généraux, une entreprise d'autant plus
coupable, qu'ils n'ont certainement pour mobile,
eux personnellement, que l'ambition et la soif de
l'or. Politiquement, ils ne sont pas plus libéraux
que M. Sartorius, le chef du cabinet; ils le sont
beaucoup moins, car en général, part quelques
hommes du parti modéré, les Mon, les Pidal, les
Isluritz, les Martinez de la Rosa et quelques autres
qui voudraient sincèrement le régime constitution
nel, il n'y a que des absolutistes en Espagne. Ces
absolutistes sont les uns pour don Carlos ou pour la
république (la république en Espagne dérision et
les autres pour la Reine; mais au fond, nul ne veut
ni ne comprend la liberté. La preuve, c'est que
depuis 20 ans, il n'y a pas eu un changement de
ministère qui n'ait été suivi de proscriptions ou
d'ordres d'exil, et les hommesd'Ëtal de tous les par
tis peu près, ont eu recours ces mesures en arri
vant au pouvoir. Croire que les généraux Dulce,
O'Dorinel et les autres se révoltent en faveur de Ja
liberté, c'est donc par trop débonnaire.
Des troupes françaises de débarquement vont être
envoyées daus la Baltique. Notre correspondance
particulière porte leur effectif dix mille hommes.
Le MoRNtNG Herald dit que ces troupes vont être
embarquées Cherbourg, sur quatre vaisseaux de
ligne de la marine anglaise, quelques batesux va
peur et quelques transports. Les vaisseaux de ligne
sont 1'Algie:lis et I'annibal hélice, l'un et l'autre,
portant 91 canons; le Saint-Vincent, de ici, et le
Royal William, de 120, Cette détermination
d'envoyer des troupes daus la Baltique, dit le Mor-
n1ng LIérald, indique un mouvement hostile, sé
rieux il s'agit, sans doute, de quelque grand coup,
de la prise de possession et de l'occupation de quel
que position militaire importante.
Le général Baraguey-d'Hilliers est nommé com
mandant en chel du corps expéditionnaire. Il s'em
barquera d'ici très-peu de jours.
Le roi Olhoii montre un grand mauvais vouloir
l'égard de ses ministres. Il a résisté pendant plu
sieurs jours la demande qui lui était faite, du reu-
voi de M. Wendland, son secrétaire, plus quesuspect
d'avoir correspondu avec les insurgés. Les ministres
ont dû en venir jusqu'à menacer M. Wendland de le
faire embarquer de vive force. Ceci se passait le 27,
et une dépêche du 28 nous apprend qu'en effet M.
Wendland est parti ce jour-là.
P. S. Le Moniteur Français publie une dépêche
de Madrid du 4. Cette capitale était tranquille.
Une dépêche de Vienne annonce que le prince
Gortschakoff, fils du général de ce nom, y est arrivé
mercredi soir, apportant de Saint-Pétersbourg, une
réponse peu satisfaisante.
Des dépêches de Vienne, de Londres et de 3erlip,
s'accordent dire que la réponse de l'empereur Ni
colas est arrivée daus la première et dans la dernière
de ces capitales. Un journal de Berlin prétend sa
voir le sens précis de cette réponse, le Tzar s'engage
évacuer le territoire ottoman (moins la ligne du
Sereth en Moldavie,qu'il veuteonserverpour motifs
stratégiques), condition que la France et l'Angle
terre s'en retireront aussi, et que l'Autriche n'y en
trera pas. L'empereur de Russie demande des ga
ranties qu'il ne sera rien entrepris contre lui pen
dant les négociations.
Le Timet publie une dépêche un peu différente
dans les termes, mais qui a la même portée peu
près. Ce journal pense quececi n'est pas la paix.
Nous sommes de son avis.
A la rigueur, la France et l'Angleterre pourraient
consentir négocier en gardant leurs positions; ce
serait néanmoins une grandeimprudence, parce que
le temps qui s'écoule leur est très-onéreux mais
retirer leurs troupes du territoire turc,avant la con
clusion déhniti ve de la paix et l'obtention des garan
ties qu'elles sont en droit d'exiger de la Russie con
tre le retour de pareilsévènements, ce serait se met
tre complètement la merci de cette dernière.
Si la réponse est telle qu'on le dit, il est donc pro
bable que les armée» combinées marcheront en
avant, t-t elles feront bien, car le temps presse.