JOURNAL D'YPRÉS ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N°1.380. 14e Année
Dimanche, 23 Juillet 1854.
Vires acquint eundo.
Tpbes, 22 Juillet.
FEUILLETON DU PROGRÈS.
TUUVDAG.
INTÉRIEUR.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout oe qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne i 5 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Un journal de celte ville critique, en termes
.assez vifs, le choix des souverains dont les sta
tues seront inaugurées le 9 du mois d'Août, par
ce motif que cet six princes ne sont pas beau
coup près ceux qui méritent le mieux cet hon
neur.
La réponse cette critique est très-facile.
Les travaux que l'on exécute la Halle sont
des travaux de restauration qui dit restaurer
dit rétablir.
Il exislaitautrefoisdes statues dans les fausses
croisées; on rétablit ces mêmes statues.
On n'en substitue pas d'autres parce qu'on
restaure et qu'on ne crée pas.
Nous ne voulons certes pas conlester le mé
rite de quelques-uns des comtes indiqués par
le journal auquel nous répondons, bien que
quelques autres d'enlr'eux aient été, pour la
Flandre, d'odieux tyrans, de véritables fléaux,
mais, on nous permettra de faire observer que,
sous les ducs de Bourgogne, la Flandre en par
ticulier, et les provinces Belgiques en général,
réunies sous un même sceptre, parvinrent un
haut point de prospérité et de gloire.
Nos souverains cette époque traitaient de
puissance puissance avec les empereurs et les
rois, ils profitaient de leur haute influence pour
assurer la prospérité matérielle dans l'intérieur
du pays, tandis que leur bannière aux armes
de Bourgogne et de Flandre se montrait victo
rieuse l'étranger et faisait reculer parfois, jus-
ques sous les murs de la capitale, l'oriflamme
fleurdelisée qui avait triomphé Bouvines.
Nous ferons remarquer eucore que les choix
des princes dont les statues seront placées, a été
fait par la commission royale des monuments,
après mur examen et discussion, et nous croyons
que le public et nos administrateurs peuvent
être parfaitement rassurés. L'opinion des hom
mes spéciaux formant cette commission peut,
avec avantageêtre mise en parallèle avec
l'opinion respectable du reste du correspondant
anonyme du Propagateur.
On nous assure qu'il est question de l'arrivée
en notre ville, pour le 9 Août prochain, de
plusieurs évêques au nombre desquels on cite
spécialement Mgr de Liège et Mgr de Gand.
Iceux Anglois mirent leur siège
devant la ville d'Tpre et se logèrent ès faux-
bourgs qui lors estoyent assez plus grands et am
ples que ladicte ville, devant laquelle ceux de
Gand envoyèrent au seoours desdicta Anglois
grand nombre de peuplelesdiots Anglois
et Gantois, considérants le peu de prouflit qus
jusque lors ils avoyent faict audiot siège, après
avoir esté devant ladicte ville neuf scpmaine
continuelles partirent d'illeo et distribuèrent
leurs gens par la vrestquartier en diverses gar
nisons. Lequel partement des Anglois et Gan
tois iesdicts' d'Y pre tinrent pour miraculeux
l'attribuant une Notre Dame de miracle estant
illeo aux frères mineurs, qu'ils appellent Nostre
Dame Van den ThoinEn mémoire de ce. ils
font encoires tous les ans une procession géné-
ralle, le huictiesme d'aougst qu'ils disent Tunne-
dag. [Annales de Flandre de F. d'Oudegherst [1
ehap. CLXX1X.]
Le huit du mois d'août de l'an 1384, une foule considérable rem
plissait les rues et les places de la ville d'Ypres. a leurs costumes, ou
distinguait les chevaliers, les bourgeois, les tisserands et les manants;
[1 Pierre d'Oudegherst, historien et jurisconsulte, était originaire
de Poperinghe. Il mourut vers la fin du xvi5 siècle.
Dans la soirée du 9 Août, les statues inàhgu-
rées l'après-midi de ce jour, seront éclairées
la lumière électrique et aux feux de Bengale.
C'est pour la première fois, pensons-nous,
que celle^application de]l'électricité sera faite
en notre province cette expérieuce se fera le
9 dans des circonstances toul-à-fail exception
nelles. Le 9 Août est le deuxième jour de la
pleine lune; si le temps est beau il y aura
clarté parfaite la lumière électrique aura donc
faire l'astre de la nuit ce sera une foi'te
lutte. Les feux de Bengale de diverses cou
leurs, jetteront sur nos monuments|ce» lueurs
pittoresques qui font ressortir, en couleurs si
vives, les détails curieux de nos antiques édi
fices.
UJ» U»8 <BJ»
Nous reproduisons aujouidhui un feuilleton
intitulé la Tuyndag, quia paru dans le Progrès
il y a douze ans.
Nous pensonsjque nos lecteurs reliront avec
plaisir ce feuilleton lout-à-fait de circonstance
et dont la reproduction nom semble très-oppor
tune en ce moment.
L'Association libérale de Bruxelles, par suite
d'une décision prise la semaine dernière, s'est
réunie mercredi soir en assemblée générale pour
renouveler la commission administrative et exa
miner la question de savoir.s'il y avait lieu de
réviser le règlement.
M. Fontainas présidait la séance. Aux instan
ces qui ont été faites pour l'engagerainsi que
les autres membres de la commission démis
sionnaire rentrer en fonctions, il a répondu
que sa démission et celle de ses collègues n'im
pliquaient pas un atliédissement de zèle, qu'ils
entendaient lous|resler membres fidèles et actifs
de la Société, mais que le renouvellement inté
gral du comité était indispensable pour faire
tomber les accusations de coterie dirigées contre
la Société.
Les autres membres du comité ont adhéré
pleinement celte déclaration. L'association a
émis ensuite un blâme contre VObservateur qui
avait publié, de la séance du 5 juillet, un
compte-rendu que plusieurs membres ont taxé
d'inexactitude et de malveillance.
mais toute distinction de caste paraissait oubliée en oet instant, tous
lesrangs étaient confondus; car, l'année précédente, tous ceshommes
s'étaient rencontrés sur les remparts de la ville, tous avaient com
battu ensemble, et les liens de la fraternité formés au moment du
péril, ne s'étaient pas rompus après la victoire.
De nombreux étrangers qui étaient venus prendre part l'allé
gresse de nos ancêtres, se mêlaient cette foule joyeuse on remar
quait, entr'autres, des marchands de Bruges, des bourgeois de
Térouane, des moines de Saint-Bertin, des batelieis de Damme et
des chevaliers français suivis de leurs écuyers et de leurs varlets.
Tous interrogeaient avidement les habitants de notre ville, et nos
ancêtres leur racontaient avec joie et orgueil les détails du siège de
l'année précédente et les prouesses des Yprois.
Le chevalier Jean de Jumont, seigneur de Merlemont, qui avait
vaillamment combattu la bataille de Roozebek.* et que, durant le
aiège d'Ypres, le comte de Flandre Louis de Maie avait ebargé de
la défense de la ville de Courtrai, ne se montrait ni le moins curieux
de oounaitre les diverses circonstances du siège fameux, ni le moins
enthousiaste du courage des Yprois.
Il pressait de questions son hôte JeanVanWei hem, qni était bien
même de lui répondre puisque, l'année préoédente, il fusait partie
du magistrat, eu qualité d'écbevin.
Oui, sire chevalier, disait le bourgeois d'Ypres, il y a juste un
an aujourd'hui que notre ville fut délivréepar S' Jean mon pa
tron il était temps;... presque toutes nos munitions étaient épuisées
et la famine commençait nous faire sentir ses horreurs.—. Mais la
mère de Jésus-Christ, ajouta le pieux bourgeois en se découvrant, la
Vierge Marie, notre puissante protectrice, a récompensé notre cou
rage et notre fidélité; elle a béni nos armes et nous a accordé une
victoire signalée sur nos ennemis. Aussi le magistrat a-t-il institué
Enfin il a été décidé qu'une commission de
sept membres serait chargée de réviser le rè
glement qu'elle présenterait sou rapport dans
le délai d'un mois, et qu'en attendant qu'il soit
statué sur ses propositionselle administrerait
provisoirement la Société.
Un poil a eu lieu pour la nomination de celle
commission, qui se trouve composée de MM. da
Bonne, ancien représentant; Prévinaire, repré
sentant Deligecommissionnaire de Foulage
Mascart, avocat; Orts pèfë, ancien représentant;
Broustin, notaire, el Léopold Riche, brasseur.
- rii'l 'i111r «Jliiii.
La guerre d'Orient cède le pas en cè moment
l'insurrection de la Péninsule Espagnole. Celte
révolte de l'armée contre lë gouvernement de
la reine Isabelle contée ce gouvernement des
potique inspiré par des favoris se propage et
menace d'englober toute l'Espagrtë. Pam^elune,
Burgos, Vittoria, Valladolid, Sarragosse el Gre
nade se sont prononcés pour le mouvement.
A Barcelone, l'insurrection est plus radicale
qu'ailleurs, car Barcelone est toujours l'avant-
gjrde du progrès.
Peut-être, l'heure qu'il est, le pronuncia-
mento est-il vainqueur sur toute là ligne. La
reine-mèreMarie-Christiue le mauvais génie
de l'Espagne, est en fuite on lui prépare des
appartements la Mdlmaisori. Sa fille Isabelle
tremble sur son trône chancelant.
Dieu sait quelles destinées sont réservées ce
triste pays qui, depuis vingt ans, se débat dans
les convulsions de l'émeute grâce aux projets
liberticides de ceux qui conseillent fa reine.
On écrit de Gheel Un fait remarquable qui
se passe dans notre localité, montre quelles
étranges garanties de soulagement les malheu
reux obtiendraientsi la bienfaisance publique
étaiteonfiée par la loi aux associations religieuses.
Nous avons ici un hospice d'aliénés desservi
par une congrégation d'Augustî'nès. Les bonnes
sœurs de charité, comme M. I'évêque de Bruges
les appelle, n'admettent presque exclusivement
dans l'hospice que des prêtres on des religieuses.
Ce qui est plus curieux, c'est que les sœurs qui
habitent l'hospice sont au nombre de quatorze
et que rétablissement ne renferme que huit
lits l'usage des malades! Plus des trois quarts
une fêle que nous appelerons Tuindag (2) et qui sera célébrée chaque
année le huit du mois d'août (S), jour anniversaire de notre déli
vrance. Audit jour, une proçession parcourra nos rues, en chantant
des cantiques d actions de grâces et des hymnes de reconnaissance.
Cette fête, maître Jean, sera célébrée avec ivresse par vos des
cendants; chaque année pareille époque, ils raconteront avec fierté
les prouesses de leurs anoétres.
Eh. Sire chevalier, notre victoire mérite bien qne l'on en con
serve le souvenir, nos Yprois se sont battus comme des lions, et,
chose admirable, sur une population de deux cents mille âmes...
Votre ville a deux cents mille habitants
Deux cents mille habitants au moins, en comptant ceux des
faubourgs et ceux de la ville. N'a vons-nous pas plus de 4,000 métiers
tisser le drap et les étoffes de laine, qui occupent chacun 30 ou 40
personnes Ajoutez cela la noblesse, les bourgeois, les monastères
et les abbayes. Eh bien, sur une population aussi considérable, nous
n'avons pas en un seul traître, pas un seul lâche punir. Du reste,
nous en eussions fait prompte et bonne justice; car le 8 juin, l,r jour
du siège, le msgiltrat rassembla les milice» sur la place du marché et
fit publier son de trompe une ordonnance portant que tout homme
[2) Cette fête fut nommée Tuindag des deux mot» flamands tuas,
haie et day, jour, e cette ville [d'Ypres} n'était défendue que par
de grands fossés, par un mur de gazon et une hait dt pitui, peu
près comme Strabon rapporte que les belges avaient coutume de
fortifier leurs ville*. Devrez, histoire de la Belgique, tom. III;
Lesbroussart, notes sur les annales de P. d'Oudegherst. m
[3[ Du temps de Pitrre d'Oudegherst, la fête de la Tuindag se
célébrait encore le 8 août de chaque année, elle fut fixée dans la
suite, comme ell* est encore aujourd'hui, au premier dimanche du
même mois.