JOURNAL D'YPRÉS ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acquint eundo.
M' 1,383. 14' Année. Jeudi, 3 Août 1814.
Tpres, 9 Août.
FEUILLETON DU PROGRÈS.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4francs. J Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Dans la nuit du Lundi au Mardiun orage
épouvantablej a éclaté sur nos environs. Le
fluide électrique a touché, vers une heure trois
quartsla tour de la collégiale de S* Martin,
heureusement sans y mettre le feu mais non
sans produire des dégâts la toiture. Peu de
minutes après ce coup de tonnerre, la foudre
est tombée de nouveau sur un arbre deux
kilomètres environ de la villesur la route de
Zoouebeke.
Il paraît qu'à Vlamertinghe, un arbre a été
brisé. Nous n'avons pas appris que cet orage si
violent ait été la cause d'autres accidents, seu
lement la pluie torrentielle qui l'a accompagné,
a fait verser les avoines, mais sans produire trop
de dégâts.
Le public qui peut apprécier aujourd'hui le
programme du concert de M. Fischer, devra
reconnaître que nous sommes restés au-dessous
de la vérité, en disant que cette féle musicale
dépasserait toutes celles qui ont été données
Ypres depuis J)ien longtemps.
Artistes d'un talent hors ligne et qui ont fait
leurs preuves dans la capitale et les principales
villes du pays, choix exquis de morceaux, tout
garantit un succès complet et une soirée déli
cieuse.
Aussi la liste de souscription qui circule de
puis ce matin seulement se couvre-t-elle de
signatures.
Tous les dilettanti de notre cité veulent se
procurer quelques heures charmantes, non-seu
lement pour eux-mêmes, mais encore et surtout
aux nombreux étrangers qu'ils ont invité et
l'égard desquels ils exerceront une hospitalité
sympathique, cordiale^et artistique.
VILLE D'APRES. Conseil commcnal.
Séance publique du Mardil'doût 1154.
Présents: MM. le Baron Yanderstichele de
Maubus bourgmestre président Alphonse
Vanden Peerebooméchevin Pierre Beke
Théodore Vanden BogaerdeCharles Vande
Brouke, Boedt-LucienLegraverand, Iweins-
Fonteyne, Martin Smaelen, Edouard Cardinael,
TtlINDAQ. (suite.)
Mich.l était pâle et consterné; il répoadit d'une voix émue
Maître, la reconnaissance et le dévouement que je Voua ai jurés
m'ordonnent d'obéir; j'irai.
La nouvelle du départ de Michel avait, comme nous avons dit,
causé une oonsternation universelle; on le voyait A regret s'éloigner
de ses amis, et d'ailleurs on redoutait les malheurs qui pouvaient
lui arriver en route. Car, i cette époqne, les chemins n'étaient pas
sûrs. Des compagnies indisciplinées de soudards français et des
bande* de flamand# rebelles échappés la déroute de Roosebeke,
parcouraient les campagues. llsdétroussaient les voyageurs, pillaient
et dévastaient tout ce qui se trouvait sur leur route, et comme des
méohaDts qu'ils étaient, ne respectaient pas même les églises et les
monastères.
Les craintes que le départ de Michel inspirait, étaient donc bien
fondées et la douleur de ses amis bien légitime.
Notre jeune Yprois s'occupa bientôt de ses préparatifs de départ.
Marie disposait ses bagages et elle y mettait ce soin dont une femme
qui aime est seule capable. De temps en temps Michel regardait
Marie et Marie attachait ses yeux sur Michel. A lors de grosses larmes
roulaient sur leuis joues pâles; car Michel et Marie s'aimaient d'un
amonr ardent et vierge. Jusqu'à ce jour, ils n'avaient jamais osé
s'avoner leur passion et portant cet amour, qui les attirait invinci
blement l'un vers l'autre, était depuis longtemps le but de toutes
leurs actions.
La veille du départ de son bien-aimé. Marie errait triste et pen
sive dans uue allée du jardin paternel; elle pleurait. Miohel, avant
ds partir, voulut revoir las liuux qui lui rappelaient tant de doux
Auguste De Ghelcke, Ernest Merghelynck, con
seillers.
M. le secrétaire donne lecture des procès-
verbaux des séances du 6 et 29 Juin 1854. La
rédaction en est approuvée avec une modifica
tion, dont il sera fait mention au présent procès-
verbal.
Le Conseil est saisi, par la commission des
Hospices, d'un volumineux dossier contenant
divers plans avec mémoires explicatifs, pour
l'agrandissement de l'Hôpital civil. Il est renvoyé
la commission des finances, qui fera son
rapport.
Il est donné lecture d'une circulaire de M. le
Gouverneur de la* province, demandant des
renseignements sur les conseillers composant la
série sortante au lr Janvier 1855. Comme tous
les membres du Conseil ont donné leur démis
sion, cette circulaire ne peut pas recevoir d'ap
plication la ville d'Ypres.
Le Conseil approuve l'adjudication faite de
la vente du foin la Plaine d'exercice et de la
location des herbages aux étangs de Zillebeke
et de Dickebusch. La Plaine d'exercice a été
adjugée pour 765 fr., les herbages Zillebeke
pour 943 et ceux Dickebusch pour 1,931 fr.
L'assemblée discute la question de savoir,
comment seront alignées les barraques et bou
tiques en plein vent sur la Grand'Place pendant
la semaine de la kermesse. Un croquis a été
dressé et le Conseil décide qu'elles seront pla
cées en forme de bataillon carré dos dos, avec
uu passage entre les rangées.
Ces constructions temporaires pourront être
faites en face du TVieuwwerk jusqu'à l'axe du
prolongement de la rue de Dixmude, partir
d'une dislance de 15 mètres des maisons du
côté sud de cette partie de la place et sur l'ali
gnement des Halles. Une légère taxe de un fr.
par mètre carré sera payée et la moitié en sus
sera due par les boutiques faisant face la place.
En outre, le kiosque sera placé en face du
IVieutoicerk. Le Conseil est d'avis que ces me
sures réglementaires doivent être strictement
appliquées, car il importe de pouvoir maintenir
la liberté de la circulation sur la Grand'Place et
d'éviter autant que possible l'encombrement.
souvenirs; ils se rencontrèrent. C'était par une soirée d'hiver belle
et pure; le ciel était brillant d'étoiles la lune colorait les objets
d'une teinte monotone. Marie était assise sur un banc rustique,
quand le hasard amena Michel devant elle.
Marie, lui dit le jeune homme d'une voix tremblante, pourquoi
pleurer ainsi
Oh Michel je pleure sur toi. Que de dangers tu auras cou
rir! je pleure sur moi-même, car votre présence n'était elle pas tout
mou bouheur. Si l'on eut pu voir le visage de la naïve jeune fille,
la rougeur qui le couvrait, on eut deviué sans peine que l'affection
de Marie pour le jeune homme n'était pas de l'amitié, mais l'amour
le plus passionné.
Les deux amants s'assirent l'un côté de l'autre sur le même
banc, et gardèrent longtemps le silence. Car, lorsqu'une forte pas
sion bouleverse notre âme, les sensations que nous éprouvons nous
dominent tel point que U parole peut peine s'éohapper de nos
lèvres.
Et moi aussi, Marie, dit enfin Michel, dans le coeur duquel les
dernières paroles de son amante paraissent vibrer encore, votre
présence était tout mon bien, tout mon bouheur, un sourire de vous
faisait ma joie, un regard de vos beaux yeux me consolait de toutes
mes peines, c'était pour vous plaire que je travaillais aveo zèle et
ardeur; vous étiez et vous serez encore sans cesse présente mes
pensées. Ob voyez-vous Marie, s'éeria Michel, hors de lui, voyez-
vous Marie, o'est que je vousN'sobevez pas, Michel, s'écria
Marie, d'une voix tremblante ou plutôt achevez, achevez... j'ai
besoin d'entendre ce mot si doux sortir de votre bouche, Oh dis-moi!
dis-moique tu m'aimes, ajouta la jeune fille en rougissant.
Oui je t'aime, je t'aime, Marie, interrompit vivement Miohel,
en se jettant aux pieds de U jeune fille; je t'aime plus qne la
lumière, je t'aime plus que !a vie, Marie.....
Enfin, l'assemblée épuise son ordre du jour
public, en approuvant le budget de la Garde
civique pour l'exercice 1855. Il offre en recette
comme en dépense une somme de 1,600 fr. Une
allocation de fr. 1,459-10 devra figurer au
budget communal pour 1855pour faire face
aux frais obligatoires de la milice citoyenne.
Le Conseil se constitue en comité secret et la
séance continue.
VILLE D'Y PRES..
Résultat du concours de bestiaux
du 31 Juillet 1844.
Boeufs, i* classe.
La i' prime, 200 fr. et une médaille en vermeil
au sieur Philippe Vereecke, boucher, Dixmude.
La 3* prime, 100 fr., au sieur Louis De Witlo,
marchand de bestiaux, Nieuwcappelle.
Boeufs, 3* classe.
La 1' prime, i5o fr. et une médaille en vermeil,
au sieur Philippe Vereecke, boucher, Dixmude.
La 3* primeqS fr., i M. Robert Van Woumen,
propriétaire, Dixmude.
Génisses.
La 1* prime, 100 fr. et une médaille en vermeil,
au sieur Pierre Carpentier, cultivateur, Cuerne.
La s* prime, 5o fr., au sieur Philippe Vereecke,
boucher, Dixmude.
Vaches.
La prime unique, 100 fr. et une médaille en ar
gent, au sieur Philippe Vereecke, boucher, Dix
mude.
Veaux (dits Jaerlingen.)
La 1* prime de 60 fr. et une médaille en argent,
au sieur Charles Van Dromme, boucher, i Ypres.
La 3' prime, 3o fr., au sieur Félix De 3reu, bou
cher, Ypres.
Moutons.
La i* prime, 20 fr., au sieur Charle&Vao Dromme,
boucher, Ypres.
La 2* prime, 10 fr., au sieur Philippe Vereecke,
boucher, Dixmude.
Porcs.
La 1* prime, 5o fr., au sieur Ives Dutoit, mar
chand de bestiaux, Zonnebeke.
La 3' prime, 25 fr., au sieur Pierre Bossaerl,
charcutier, Ypres.
Avis.
A Monsieur le Maire de la ville <f Ypre*
M* j'ai l'honneur de vous dire que j'ai trouvé un
portefeul de Mr Verhaeghen Henri demeurant
Et moi, repartit Marie, dont la timidité naturelle avait fait place
l'exaltation, et moi aussi Michel! je t'aime! cet amour a rempli
mon cœur dès l'eufance, il sera étemel et saisissant les mains du
jeune homme, elle ajouta je suis heureuse, maintenant, Michel;
oh bien heureuse. Mon cœur était trop plein de oette passion pour
en pouvoir garder le secret plus longtemps.
Les deux amants restèrent longtemps dans la même position; la
lune répandait sur leur visage une teinte d'une ineffable douceur.
On eut dit un séraphin adorant la vierge Sainte; leurs traits respi
raient en efiet quelque chose de divin. C'est que Michel et Marie
goûtaient ce bonheur céleste qu'il ne nous est donné d'éprouver
qu'une fois dans la vie, l'instant où pour la première fois on peut
se dire j'aime et je suis aimé.
Marie se leva enfin.,... tu reviendras, Miohel, dit-elle d'un ton
assuré, car tous lesjours je prierai pour toi ma puissante patronne, et
jamais on De prie la Sainte Vierge «nvain.
Oui, oui je reviendrai, Marie, ton amour me donnera la force de
combattre les ennemis qui pourraient m'altaquer et la proteotioa
divine me fera sortir victorieux de ces combats. Oui, ma bien
aimée, je reviendrai et alors
La jeune fille rougit; tu m'as compris, Marie, continua Michel
alors je me prosternerai aux pieda de ton père et le eiel bénira une
union qui fera noire bonheur. Eu attendant mon retour, gardons
dans nos cœurs le secret de notre amour. Les services que je vais
rendre ton père seront de puissants motifs qui militeront en ma
favenr.
En oet instant nn nuage voila l'astre de la nuit. Michel et Maris
tremblèrent; car, cette époque, les idées superstitieuses avaient un
grand empire sur les esprits; mais bientôt le nuage disparut.
Je prévois des obstaoles dit Michel, mais je ne les crains pas,
Marie, si tu me promets.. ..—Je te promets,je te jure d'être fidèle