i" 1.384* 14 Amiéc. Dluiaiiclke, 6 Août 1864. J0EM1L D'YPRES ET DE I/ARROYDISSEIIENT. Vires acquirit eimâu. lie pouvoir civil traqué par les modérés et les conciliants. FEUILLETON DU PROGRÈS. tuimdagt (suite.) «e,,s- ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4 francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. l'pres, 5 Août. La société, en tout temps, s'est trouvée conti nuellement exposée des assauts partis soit du camp de l'absolutisme, soit du côté des déma- gogues qui, sous prétexte de liberté absolue, ne la veulent, comme les despotes, que pour eux seuls. Le pouvoir civil qui est l'émanation ae la société ou de la nation, l'agent exécutif de ses volontés et le défenseur de ses intérêts, se trouve toujours en butte des tiraillements successifs, partis des points les plus opposés. Chez une nation comme la nation Belge, où tout individu a le droit de faireentendre sa voix, où le pouvoir civil obéit aux volontés de la majorité des mandataires choisis par les élec teurs, le gouvernement ne peut être que l'ex pression de l'opinion publique, moins que I intrigue et l'indifférence en matière politique ne favorisent des combinaisons et des actes pro fitables au petit nombre et au détriment de la grande majorité des citoyens. Nous traversons une phase de notre existence comme nation qui exerçera dans l'avenir une influence durable sur les destinées du peuple Belge. Il s'agit de savoir, si la Constitution de 1830 sera une vérité ou si, comme tant d'autres lois fondamentales, elle sera faussée au profit d'un parti politique. Le ministère actuel n'a pas la force de s'opposer aux empiétements d'une faction qui, par ruse ou par force, pèse sur le pouvoir civil, pour en faire l'instrument de ses passions et de ses intérêts, et dans la dernière session, plusieurs fois les minisires, qui sont les agents les plus hauts placés du pouvoir civil, ont mollement défendus les intérêts généraux de la société, pour favoriser les empiétements du parti qui, par modération et conciliationpré tend tout absorber et se mettre en lieu et place de la nation. Depuis qu'une atmosphère de despotisme s'est étendue sur l'Europe, le parti clérical qui, en 1848, semblait si heureux de s'abriter sous la bannière libérale, a repris toute son audace Quand elle revint le soir de oe pénible pèlerinage, son pire la fit appeler, et lui dit ma bonne Marie, je viens d'apprendre que Pierre deWinler, bourgeois de Gand, vient passer quelques jours Ypres. Je veux lui faire une réception brillante, ear, Pierre de Winler est riche; les affaires que j'ai laites avec son père, Dieu veuille avoir sou âme, ont considérablement augmenté mes richesses; je l'aimait beaucoup, et je veux faire son fils, une réception digne de nous. Ayez soin que tout soit convenablement disposé pour lui et pour ses Le lendemain matin, Marie s'empressa de faire exécuter les or dres de son père. Les préparatifs étaient peine achevés, qu'un messager se présenta chez Jean Fieriu, pour annoncer que son mai- tre, Pierre de Winter, le suivait de près. C'était vers le milieu du jour, l'heure où la cloche (werk.-klok.) annonce aux ouvriers la oessation des travaux, les rues et les places étaient pleines de ces hommes laborieux qui allaient prendre leurs repas; les oloebes des églises et des mouasteres sonnaient l'Angélus, et tous répondaient cet appel en récitant les prières d usage. Un ël ranger se présenta la porte du faubourg de Gand; le capitains chaigé de veiller A la garde de cette porte, l'arrêta un instant pour lui demander sou nom; il répondit d'un ton fier Pierre de Winler. bourgeois de Gand, et passa outre. Pierre de Winter moulait un cheval de prix, couvert d'un harnais maguiGque; lui-même portait un costume de la plus graude richesse, le pourpoint de drap écarlate que laissait voir un manteau de velours bleu, jeté uégligemment sur ses épaules, était urné du précieuses fourrures; des pierreries bril laient sur sou chaperon. sur ses vêtements et jusque sur ses chaus sures. Il était suivi de plusieurs serviteurs cheval et d'un grand nombre de varlels, conduisant des roussins chargés de bagages. Le Bourgeois de Gand traversa presque toute la ville, jutant de temps en temps un regsrd dédaigneux aux ouvriers qui se rau- Fortement disciplinée, rompue au joug, celle faction remue toutes les nalions qui ont voulu conserver leurs libertés et est la très-humble adulatrice des despotes qui sont parvenus, en certains pays, détruire les institutions parle mentaires. Abusant de la liberté, là où le pouvoir civil doit l'accorder tous, par modération et par conciliationle cléricalisme mine l'autorité, du moment qu'il n'en dispose pas son profit exclusif. Partout il essaye de faire prévaloir, par ruse et par astuce, ses intérêts particuliers et essentiellement hostiles ceux de la nation. Déjà, eu 1841, nous avons eu un ministère mixte, qui, sous prétexte de calmer l irritation, s'est avisé de sacrifier les prérogatives les plus importantes du pouvoir civil aux exigences des chefs du parti de la réaction cléricale. Ce n'était pas au nom de la modération et de la conciliation qu'on traquait le pouvoir civil et qu'on lui imposait le joug, mais pour le besoin de la cause, MM. De Decker et Dechamps avaient inventé alors l'irritation généralece qui voulait dire que les absolutistes étaient furieux d'avoir été forcé de céder la place aux libéraux. C'était donc connu,onétait irrité et la presse pouvait alors se livrer tous les excès et Dieu sait si, en 1841, elle s'en faisait faute. Les hommes dévoués au cléricalisme montaient des petites manifestations extra-légales comme l'adresse du sénat;mais enfin on pouvait se faire une raison de ce qu'on voyaitirritation générale de MM. De Decker et Dechamps était la clé de ce remue-ménage. Mais aujourd huinous voyons les mêmes allures du cléricalisme se pratiquer au nom de la modération et de la conciliation et nous trou vons cette turbulence quelque peu contradic toire avec les beaux sentiments qu'on affiche. On se dit modéré et I on proclame hautement qu'on veut prendre le tout et abandonner le reste au pouvoir civil; l'on se dit conciliant et l'on injurie tour de bras, par la presse,tous les hommes qui fout obstacle aux visées du cléri calisme. Singulière modération que celle qui consiste vouloir disposer en despote du do maine temporel par des personnes interposées Drôle de conciliationque celle qui se pratique le fiel dans le cœur et l'insulte la bouche Si on met en regard les beaux sentiments affichés par le cléricalisme avec ses actes sau vages, il est impossible de ne pas se demander, comment peut-il se faire que des hommes qui se disent des vases de prédilection, des dépôts de vertu, tiennent aussi peu conformer leur conduite aux beaux préceptes qu'ils prêchent journellement Et cependant, en voyant ce qui se passe sous nos yeux, nous devons avouer que jamais le pouvoir civil n'a été aussi odieusement traqué,que depuis que la modération et la con ciliation se trouve être le mot d'ordre du parti réactionnaire. Jamais nous n'avons remarqué autant d'en train parmi nos concitoyens, aux approches d'une kermesse communale. Tout le monde s'apprête célébrer dignement la fête de la patronne d'Ypres. Les uns se bâtent de finir le» costumes des personnages qui doivent figurer dans le cortège historique, les autres font des préparatifs pour recevoir confortablement les nombreux étrangers qui se sont engagés venir séjourner Ypres, pendant les fêtes. Le tir l'arc, donné par la société de S' Sébastien, fera accourir de nombreux archers de tous les points du pays et du nord de la France. Le tir aux pigeons comptera un grand nombre de concur rents. Mais le sujet dont on s'entretient le plus est la fameuse procession, dans laquelle figure ront plus de trois mille personnes. Il n'y a qu'une chose qui ne peut pas nous faire défaut, pour que la fêle communale de 1854 réussisse entièrementet c'est le beau temps. Espérons qu'un soleil brillant fera ressortir les magnifi cences de notre kermesse, c'est pour le moment l'ami le plus impatiemment attendu et dont la présence procurerait certes le plus d'agrément. B A l'occasion de la kermesse communale et de l'inauguration de la statue de la patronDe d'Ypres, Notre-Dame de Thuyne, le bureau de geaient des deux côté] de la rue pour voir passer ce splendide cortège, il s'arrêta rue du Sud eu face la maison "de Jean Fierin. Une foule de curieux entouraieut l'étranger et sa suite Maître Fierin avait hâte de faire connaître tous que l'homme qui se présentait en si hiillant équipage était son hôte; il alla au-devant de lui en jetant sur la foule un regard d'orgueilleuse satisfaction. Après les compli ments d'usage, le Gantois descendit de cheval et. suiyi de son hôte, il entra dans la maison. Marie attendait l'étranger dans la grande salle où la table était mise; en le voyant, elle lui fit un gracieux salut; Pierre de Winter y répondit peine, il se permit même de jeter la jeune fille un de ces regards qui indignent une honuéle femme, et qui la fit rougir elle baissa les yeux et allait se retirer, quand sou père, la reteuant, dit Pierre: mou hôte, voici ma fille Marie; votre fille unique, je crois, fit l'étranger. Oui, ma fille, mon enfant unique. Elle sera fort riohe, maître, répondit le Guntoii Le repas était servi; le Bourgeois d'Ypres fit prendre son hôte la place d'honneur; le festin était splendide, car Marie avait suivi les ordres de son père, et n'avait rien négligé pour recevoir l'étranger avec une fastueuse hospitalité. Le lendemain de sou arrivée, Pierre de Winler alla trouver le riche Yprois, qui se trouvait au jardin, assis sur le même banc où quelques semaines auparavant Marie avait reçu les serments de Michel; et prenant place côté de lui. maître, dit-il, j'ai vous entretenir d'une affaire importante. Parlez. Gt le bourgeois, qui pressentait déjà la demande que l'étraDger allait lui faire si je puis vous servir en quelque chose, songez que voire père fut mon ami et que je n'ai rien refuser A son fils. Maître fieiin, répondit le Gantois, je suis jeune et riche, j'ai résolu de me choisir une com pagne, et mou ohoix est tombé sur vetre fille Marie; je vous la demande en mariage. Jean Fierin était heureux de la demande qui lui était faite, tons ses vccux étaient comblés-, car Pierre deWinter était nche et appar tenait une des premières familles de la bourgeoisie de GandIl chercha toutefois dissimuler sa joie, et, après avoir paru hésiter o# instant, il répondit votre demande m'honore. Pierre de Winter. mais permettez-moi de vous demander, si vous aimez ma fille, si ma fille vous aime. Le Bourgeois de Gand se prit i rire; plaisante demande, s'écria- t-il enfin j ai peiue apperçu votre fille, et d'ailleurs entre gens comme nous, maître, il n'est point d'usage qu'on se fasse la cour araut le mariage; c'esi une coutume que nous laissons aux manants; le soiu des Il dites publiques ne nous permet pas d'employer notre temps de pareilles bagatelles Pour de gens des notre conditionne mariage est une affaire qui accroît nus richesses, étend nos alliances et augmente notre puissance. Écoutez. Maître Fierin, ajouta le Gantois, en se rapprochant de son hôte, Philippe Van Artevelde vient d'être tué a la bataille de Roosebeke; il réunissait en ses mains tous les pouvoirs, sa puissanoe était sans bornes. Bien que les Gautois aient uommé pour le remplacer François Agricola, le vide qu'a laissé la mort de Philippe n'est point comblé, car Agricola est un homme faible et saoi ambition; eh bieu, moi, Pierre de Winter, Bourgeois de Gand, je veux lenverser ce rival et m'emparer de toute l'autorité dont Philippe Van Artevelde était investi. Pour ce faire, il faut de l'argent. J'épouserai votre fille, Maître, et vous lui donnerez pour dot la moitié de votre fortune. Vierge Marie, s'écria le Bourgeois, la moitié de ma fortane Eh sans doute, continua deWinter, la moitié de vo're for tune sera-ce donc acheter trop cher la célébrité qui s'attachera désormais a votre nom vous plaindre* vous encore du sacrifice que vous aurez fait,quand voup verrez votre fille, mon épouse, traverser les rues deGaud en triomphe, recevoir les hommages des bourgeois les plus fiers; quand vous la verrez s'asseoir la table des seigneur» les plps nobles, et marcher l'égale des comtraars de Flandre Et qui sait si plus tard on ne sera pas bien aise de m accorder des lettres do noblesse; qui sait si je ne Serai pas fait baron, comte, due peut être et mes enfants, vos descendants. Maître Fierin, hériteront de mef titres comme ils hériterout de ma puissance. |la évita an grsiina

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 1