S' Sébastien. Un subside de 1,000 fr. avait été
donné par la caisse communale pour l'achat des
prix des oiseaux supérieurs qui consistaient en
magnifiques couverts aux armes de la ville et
de la société.
Malheureusement le temps variable qui a
précédé la journée de Dimanche a retenu beau
coup d'archers d'assister cette belle fête. Au
moment même de se rendre la perche, le
cortège a été mis en désarroi par une ondée
très-inopportune. Toutefois au moment fixé
pour le commencement du tir, le temps s'est
rasséréné et depuis lors nous avons joui de
quatre magnifiques journées. Le nombre d'ar
chers, malgré l'attraitque présentait le concours
n'était que de deux cent cinquante-trois. La
grande procession annoncée pour Mercredi a eu
pour effet d'empêcher beaucoup d'archers de
prendre part au tir, parceque beaucoup de
monde s était réservé de venir voir la solennité
communale et religieuse de la pose de la statue
de Notre-Dame de Thuyne.
Voici le résultat du tir qui n'a été terminé
que Lundi, une heure, et qui a été suivi im
médiatement par la remise des prix.
La soiiee du Dimanche, a été remplie par un
concert, comme nous avons rarement le bon
heur d en avoir et d'un bal qui a été très-auimé.
Disons que les artistes qui ont bien voulu con
courir cette exécution musicale, sont déjà
brillamment connus. M. Fischer a une réputa
tion toute faite et les éloges que nous pourrions
lui consacrer, ne l'augmenterait pas. M"8 Ser-
neels, Ier prix de chant du Conservatoire de
Bruxelles, nous a fait entendre une voix magni
fique, maniée avec une méthode parfaite et un
goût d'artiste consommée. C'est une jouissance
pleine de délices que de pouvoir assister des
soirées musicales où des artistes comme M"8
Sernecls se font entendre. M. Lehon est un jeune
premier violon déjà remarquable même dans
notre Belgique qui compte parmi ses enfants
des Bériot, des Yieuxtemps, etc Enfin, comme
habitants d'Ypres nous applaudissons avec
d'autant plus d'entrain aux succès de M. De
Wulf,q ue c'est unYprois; nous jouissons double
ment en entendant M. De Wulf exécuter au
piano avec cette légèreté et celle précision digne
d un grand artiste, des morceaux des grands
maîtres, en premier lieu comme Yprois et en-
suite par l'effet que produit de la belle musique
bien exécutée.
Le succès de ce concert a été complet, aussi y
avait-il beaucoup de monde attiré par la répu
tation dont les exécutants étaient précédés. Il y
en aurait eu davantage, si la température n'avait
été aussi élevée dans la salle de la Petite Place.
Mais la grande chaleur avait retenu grand
nombre de personnes de se rendre au concert.
Toutefois le bal qui a suivi la fêle musicale a
duré, avec beaucoup d'entrain, jusque vers deux
heures du malin.
Ce concours qui se fait pour la première fois
Ypres, avait attiré dans les quatrevingt-dix
concurrents. Il n'y a eu que quatre tireurs qui
aient abattu les deux pigeons d'une manière
valable, c'est-à-dire de façon ce que l'oiseau
abattu soit venu tomber entre les «feux cercles
figurés sur le terrain.
Yoici comment les prix ont été décernés
Ce jeu organisé par la société établie au
Mortier o or, avec le concours de la ville, a eu
lieu sur la Grand'Place. Les prix ont été gagnés
comme suit: le premier par M. Heyze.Constant,
de Courtrai le 2e prix par M. Vande Wiele,
Victor, de Zele le 3e prix par M Liégeois,
d'Ypres; le 48 prix par M, Allard, d'Ypres; le
58 prix par M. Desramault. Henri. d'Ypres. La
médaille d'éloignement a été décernée la so
ciété de Zele, et celle du plus grand nombre
la société de Roulers.
La soirée du Mardi a été consacrée la fête
champêtre donnée par la société de la Con
corde, en son-jardin. Une charmante illumina-
lion, favorisée par une belle soirée d été, a
rendu ce bal très-animé. Rarement on a aussi
bien vu réussir celte fêle dansante. Aussi n'a-t-
elle été terminée que vers une heure du matin.
S'il est une fête qui a tenu les promesses du
programme, ou, pour parler plus exactement,
qui a dépassé tout ce qu'on pouvait prévoir et
espérer, c'est, sans contredit, la cérémonie si
imposante de l'inauguration des statues des
ducs de Bourgogne placées dans les fausses croi
sées des Halles et la bénédiction de l'image de
Notre-Dame de Thuyne, patronne de la ville.
De mémoire d'homme, pensons-nous, fête
pareille n"a été donnée Ypres; celles qui eurent
lieu en 1833 peuvent seules y être comparées.
Nous sommes d'autant plus fondés être fiers
de notre fête que, livrés nous-mêmes, sans
garnison aucune, tout a dû être fait Ypres,
par et pour Ypres, et que cependant, de l'aveu
des nombreux étrangers qui encombraient la
ville et qui avaient vu les processions de Bruges,
de Gand, de Bruxelles, de Lille et de Matines,
notre cortège Yprois pouvait, avec avantage,
être comparé ce qui s'était fait dans ces
grandes cités, grands enfants gâtés du gouver
nement.
Aussi, rendre compte de notre fête est une
tâche difficile, impossible même, car il est des
choses qu'on ne peut décrire, il faut les voir, il
faut, si l'on peut parler ainsi, les sentir et se
taire, car si lexpression ne fait jamais défaut
l'idée, elle est impuissante souvent rendre un
sentiment profondément éprouvé; et d'ailleurs
si, chassant toute émotion on acceptait le rôle
peu poétique de simple narrateur, comment
décrire les détails de ce cortège immense qui
défilait pendant une demi-heure et dont le
développement était de quatorze l ,500 mètres;
pareils détails peuvent-ils après tout se classer
dans les colonnes étroites d'un journal et ne
méritent-ils pas les honneurs d'une publication
spéciale C'est là un lihrello qui devrait se faire,
ou plutôt qui se fera et se fera fort vile et fort
bien, car si nous ne craignions d'être indiscrets,
nous dirions qu'une main qui manie aussi bien
la plume que le pinceau, est déjà peut-être
l'œuvre.
Contentons-nous donc de jeter un rapide
coup-dœil; d'autres le soin de décrire les
splendeurs et les magnificences de la fête.
Mais d'où viennent ces joyeuses fanfares qui
font vibrer l'air et résonnent d'un bout de la
ville l autre? C'est une section de la musique
de nos pompiers qui, perchée dans la galerie du
beffroiappelle la fêtecomme lors des
joyeuses entrées de nos souverains, la popula
tion Yproise en joie et en liesse.
Et d'abord voyez l'imposante tête de colonne,
elle est composée des gendarmes qui, disons-le
bien vite, ont rendu, Mercredi, pour le main-
lien de l'ordre, de très-grands services; ils
étaient peu. mais ils étaient bons, le public leur
doit des remercîments.
Puis voici venir les vieillards de l'hospice du
Béguinage et les pensionnaii eSf"du Nazareth,
vieux bourgeois d'Ypres dont l'œil se mouille
encore, quand la corde si sensible de l'amourdu
clocher vibre au fond de leur âme; autour d'eux
forment la haie les jeunes élèves de l École
communale, ils sont revêtus de la blouse de
l'ouvrier, ces enfants qui devront bientôt ga
gner, la sueur de leur front, leur pain quo
tidien, et qu'on cherche rendre meilleurs par
l'instruction, de leurs petites mains ils agitent
des banderolles multicolores ils sont heureux,
car déjà ils aiment leur ville natale, ils sont
fiers, car ils semblent comprendre qu'ils rem
plissent un devoir de piété filiale en escortant,
eux si jeunes encore, ces vieillards qui se cour
bent sous le poids des années contraste heu
reux et qui fait naître de belles et bounes
pensées, c est l'avenir soutenant ee que le passé
appelle lui.
Mais voici le vieux Ypres qui s'avance. Voyez
ces corporations; les orfèvres, les tisserands,
les foulons, les drapiers, c'est ces corpora
tions laborieuses et puissantes que nous de-
La titit$ mu frochm*
2
COUVERTS.
Oiseaux n* 1M. De Becr, Fclix, d'Ypres 12
n" 2, M. Vcrcecke, d'Aellre6
n* 3, M. Ardennois, de Bruges (S' Pierre). 6
n" 4, M. Leconle, François, deQuaregnon. 4
n* 3, M. Àeruoul, Martin,d'Y|>res(Hoekje). 4
Les oiseaux supérieurs n"' t et 2, ont été abattus le t,r
jour, 2 nouveaux oiseaux ont été posés Lundi matin ils
ont été abattus par
COUVERTS.
Oiseaux n" t, M. Papillon, d'Ypres4
n" 2, M. Hubeau, de Tourcoing (S1 Arnold). 2
MÉDAILLES.
Prix d'éloigncnient, la société de Quaregnon.
Prix de tenue, la société du Château, de Tourcoing.
Prix de nombre, la même soeiété.
Concert et Bal.
M.irie snliissait tout le prestige de oelle puissance; aussi nés ngea-
t-elle pas un in,tant résister aux volontés de son père. Elle espérait
que la puissance liivme amènerait quelqa'évènenient inattendu, et
qu'on miracle viendrait mettre un tel me s.-s angoisses.
File d-sirait le retour de Vliobel avec impatience. Avant l'arrivée
de Fieire de Winter, elle l'avait sollicité plusieurs fois; mais, depuis
cette fatale journée, elle n'osait même plus prononcer le notn de
s..n amant dans la crainte de trahir son secret, et de voir Michel
éloigné d'elle pour toujours.
Elle lui avait envoyé plus d'un messager, mais tous avaient été
obligés de rebrousser chemin devant las bandes de pillards qui occu
paient les toutes du pays.
V mgt fois elle s'était décidée A tout avouer son père, se jeter
A ses genoux et A lui demander grâce et pitié; mais le regard irrité
^8 Jean avait chaque fois arrêté ses paroles. La pauvre Marie
dépérissait A vue d'oeil ses joues se creusaient et son visage jadis si
frais et si ruse était d'une pâleur mortelle.
Cependant le jour fixé pour le mariage approchait; ou était A la
fin du carême Maître Fierin surveillait avec activité les préparatifs
des fêtes spleudides qu'il voulait donner celte occasion; il faisait
acheter de oopieuses provisions, et disposait 1rs appartements
Maiie é'ail plongés dans un morne accablement; elle regardait
tous ces apprêts, comme un condamné l'instrument do supplice.
Le jour de pàques, vers l'heure de vêpres, un nombreux et bril
lant cortege de cavaliers et de dames se présenta la porte extérieure
du faubourg de Gaud, ilsétaient suivis d'un nombre considérable de
varlets conduisant des chevaux et des muleta, chaigés de bagages
C'éuieu' Pierre de Winter et les premiers bourgeois de Gand qu'il
avait inviie, a aou mariage. Parmi eux on remarquait François Ac-
keirnau, Fiore Vsndeu Bosselle et Agricole, la capitaine des Gau-
Tir aux pigeon».
1r prix M. Rooryck, Tierre, d'Isenbergbe.
2" idem M. Garlcync, Bernard, de Moorseele.
5" idem: M. Lefèvre, Constant, de Bovinckhove.
4" idem M. Dainbre, de Kemmcl.
Tir la sarbacane.
fête champêtre.
FISOCEgHIOiV
ET CORTÈGE HISTORIQUE.
lois lui-même. Plusieurs compagnies de la inilioe bourgeoise de Gand
esoortaient les illustres voyageurs. Ils firent leur eutrée dans la ville
d'Ypres, drapeau* déployés et au son cies liomj elles. Eu voyant
ce cortege brillant, digne d'un prince, Maître Fieiiu boudit de joie
et d'orgueil. Il courut au-devant de Pierre de Wiuter, eu s'écriant
soyez le bien v*nu, mon gendre
Les Gantois mirent pied a terre et vinrent prendre place dans la
grande salle de la maisnu de Jean Fierin. Ils étaient réunis depuis
quelques instants, quand la tapisserie qui couvrait une porte fut sou
levée, et Marie parut conduite par son pere. Elle était entièrement
velue de blanc; son vêlement d'une riolie étoffe était de la plus
grande simplicité Un long voile blanc et transparent cachait
moitié ses traits; un jeune eufant partait la queue de sa longue robe
traînante.
Marie était maigre, son regard était fixé, ses beaux yeux noirs
semblaient éteints, les pommettes .saillantes de ses joues s'étaient
colorées d'une teinte rosée par l'émotion qu'elle éprouvait la vue
d'une assemblée aussi nombreuse.
Aux conversations bruyantes avait succédé le silence le plus pro
fond- Tous les regards étaient attachés sur Marie; elle tremblait
comme une fieur agitée par un vent d'orage Maître Jean présenta sa
fi'le H Pierre de Winter, son futur époux; Marie baissa les yeux et
faillit s'évanouir. A la voir eu ce moment, on eut dit uue jeune
vierge surp ise par la mort et enveloppée du funèbre liuceuit. Que
vous êtes pale, Marie, dit Pierre de Winter, en cherchant adoucir
le son de sa voix ordinairement si tude? Dans sou trouble, elle ne
trouva pas un mot a répondre. Elle a été grièvement malade, se
hâta de dire Jean Fierin, mais elle est mieux maintenant L'annonce
un peu brusque de son mariage,.»... l'émotion, le chagrin de quitter
sa ville natale. Bah fit de Wiuter avec fatuité, cela passera quand
elle sera ma femme. Mon père, s'écria Marie, mon père, je ne me
sens pas bienj'ai besoin d'airJean Ficiin sortit avec la leuue
fille et vint annoncer bientôt que celte indisposition n'aurait pas d
suites.
On «e mit table. Le repas fut joyeux, on parla quelque peu de
Marie, on vanta tout haut sa beauté, sa tournure gracieuse, mais ou
riait tout bas. Quel air niais disait l'un, une vraie figure ue cire,
disait l'autre.Quelle gaucherie, murmurait un troisième. Plusieurs
de ces propos parvinrent aux oreilles de Pierre de Wiuter qui, pour
toute réponse, se contenta de regarder les railleurs d'un air efitonie,
et, imitant un boiume qui compterait de l'argent, il leur indiqua
clair» meut (ce que du reste lous savaient bien) que l'intérêt avuil
été son seul guide dans cette allaite.
Pendant ce temps, Marie était étendue sur son lit en proie au
plus violent désespoir. Elle ne pleurait plus, la source de ses larmes
était tarie: mon Dieu! mon Dieu s'écriail-t-elle, tout est «loue
perdu, plus d espoir Michel, mon bien aimé, que vais je
devenir? Micbel p'ardonne moi comment résister aux or ircs
d'un père je hais cet homme, c'est toi que j'aime, Michel, toi
qui me mépriseras peut-être! toi qui, dans ta colere,donneras une
autre femme ton amour et ta foi; oh j'en dois mourir 1Mou
Dieu, pourquoi m'avez vous donué la vie, si ce u est pas potn aimer
Michel, pour être aimée de lui, pour être toute a lui et deinaiu, a
cette heure, je serai l'épouse d uu autre....* cela n'esl-il pas impos
sible et pourtant cela sera.Vierge Marie! n'êtes vous donc
plus ma mère !.Vr..
Marie passa toute la nuit dans ces affreuses angoisses. Elle n'avait
pu ttoover un imitant de repos, quand ou vint lui annoncer le ma tin
que tout était préparé pour la cérémonie du mariage.