JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Dimanche, 3 Septembre 1834
14' Année
Vires acquirit eundo.
INTÉRIEUR.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal do*
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypbes, 2 Septembre.
Des (roubles ont eu lieu Courlrar, qui ont
gravement menacé la liberté des transactions
au marché de Lundi dernier. Un marchand de
grains a été tellement maltraitéqu'il est alité
et en danger de mort. A Menin, Mercredi der
nier, les carreaux de vitres de six boulangeries
ont été brisés et la foule a menacé d'envahir les
moulins de Mme veuve Petit. Nous remarquons
avec élonnement que cette agitation vient
surgir non-seulement au moment où le prix
des grains est déjà considérablement en baisse,
mais encore quand la baisse, pour faire de plus
grands progrès, n'exige qu'une condition la
sûreté daus les transactions commerciales. Ces
troubles non-seulement n'ont point d'excuses,
mais en outre doivent avoir pour effet de faire
renchérir les denrées alimentaires, en restrei
gnant l'offre et en diminuant l'approvisionne
ment des marchés.
11 y a une réflexion qui frappe Quand le
froment se vendait 40 francs l'hectolitre, le
travailleur souffrait, mais ne cherchait pas dans
le trouble de la tranquillité publique une amé
lioration son sort. Aujourd'hui, que le blé est
tombé un prix bien moindre (fr. 28-40). une
certaine surexcitation se remarque contre de
soi-disant accapareurs qui en définitive, ne
consomment pas le froment qu'ils achètent. Si
ceux qu'on qualifie d'accapareursdans des
moments de disette, ne faisaient venir des
approvisionnements des pays étrangers, les
souffrances de la classe ouvrière seraient bien
plus pénibles supporter.
Il importe qu'on rectifie les préjugés de la
population en celte matière, car ils occasionnent
souvent des malheurs dans des moments d'ex
aspération populaire.
il l
Nous apprenons qu'une vraie fête de fa
mille aura lieu dans notre arrondissement. Dans
une réunion composée d'un grand nombre de
bourgmestres et d'échevins, il avait été résolu
d'offrir un banquet M. le commissaire d'ar
rondissement, comme témoignage d'estime, de
confiance et de gratitude, pour les services que
ce fonctionnaire a rendus l'arrondissement.
En conséquence des listes de souscription ont
été mises en circulation et l'on nous assure
qu'en quelques jours, elles ont été couvertes de
plus de 250 signatures.
Nous croyons inutile de commenter le fait,
toutes les personnes qui connaissent M. Carton
en apprécieront la portée. Au moment où nous
écrivons ces lignes, MM. les bourgmestres de
l'arrondissement sont réunis l'Hôtel-de-ville
pour arrêter de commun accord les disposi
tions relatives celte fête.
-rrrr
L'installation de M. Samyn, nommé curé de
la paroisse S1 Nicolas, en remplacement de M.
Colson. décédé, a eu lieu Jeudi dr, avec solen
nité. Plusieurs hauts dignitaires ecclésiastiques
du diocèse ont assisté celte cérémonie reli
gieuse, suivie d'un banquet de plus de cinquante
couverts, qui a été donné dans le vaste réfectoire
du couvent des Dames de Rousbrugge. Toutes
les autorités civiles y étaient invitées, ainsi que
la seule autorité militaire qui réside Ypres,
M. le commandant de la place.
M. Samyn, né Menin, croyons-nous, a déjà
habité la ville d'Ypres; il a été pendant plusieurs
années professeur au Collège épiscopal de S1
Vincent de Paul et était en dernier lieu prin
cipal au CoIlége.d'Ostende.
Le marché aux grains a eu lieu aujourd'hui,
sans qu'on ait pu observer le moindre symp
tôme d'agitation. La tranquillité la plus absolue
a régné pendant l'heure fixée pour la vente des
céréales et la'sûreté la plus complète a rendu
les transactions faciles. Seulement ce qui a été
préYu, est arrivé, un approvisionnement très-
médiocre a été exposé en vente. Toutefois le
prix avait une tendance la baisse, mais le
froment de la récolle de 1853. continue encore
jouir d'une grande faveur. Voir la mercu
riale. 3e paye
L'Indépendance annonce aujourd'hui dans
son Bulletin politique la nouvelle qui suit:
a L'empereur des Fiançais est rentré hier soir
Paris, mais pour y passer deux jours seule
ment, le-départ de l'Empereur pour Boulogne
étant fix» jeudi.
On sait maintenant d'une manière positive
que dans cette excursion près de la frontière,
l'empereur Napoléon recevra dimanche ou lundi
Calais le roi Léopold. On dit aussi que dans
le courant de la semaine, mais après le départ
du roi des Belges, arrivera le prince Albert, dont
le séjour sera sans doute plus long et qui visitera
probablement les divers campemenlsdu Nord.
On lit dans Y Émancipation
Le bruit court dans les bureaux ministériels
de notre capitale, que le prétexte ostensible de
la retraite du cabinet belge se rapporte au
voyage du roi Léopold Calais.
On lit dans le Moniteur universel
Le gouvernement de l'Empereur et celui
de Sa Majesté Britannique ont résolu, d'un
commun accord que les fortifications de l'ar
chipel d'Aland seraient détruites et que Bomar-
sund serait évacué.
On lit dans le Mémorial de Courlrai
Mardinous pensions en avoir fini avec les
attroupements et que notre ville reprendrait
dans la soirée son calme habituel. Il n'en a pas
été ainsi; hâtons-nous de dire cependant que
nous n'avons aucun excès déplorer. Tout s'est
passé en menaces et en cris plus ou moins sé
ditieux.
Toulefois, comme vers neuf heures et demie
la foule allait sans cesse en augmentant sur la
Grand Place et dans la rue de la Lys, vis-à-vis
de la maison de M. Vercruysse-Bruneel, où des
carreaux ont été brisés, et que certains groupes
prenaient un air agressif, le commissaire adjoint
reçut l'ordre de faire la foule les sommations
d usage, après quoi la gendarmerie cheval
aidée des sergents de ville portant des torches
allumées, se mit en devoir de faire évacuer la
rue et la place.
Avant onze heures les curieux s'élanl retirés,
les plus mutins durent aussi battre en retraite,
en menaçant toutefois de revenir le lendemain.
Cependant la gendarmerie est restée sou» les
armes jusqu 3 heures du matin. Quelques
arrestations ont été opérées dans les groupes.
Comme la veille, les femmes et les enfants
étaient en majorité.
Hier, l'autorité prévenue que les rassemble
ments devaient recommencer dans la soirée,
prit de sages mesures pour parer toute éven
tualité.
Un arrêté du bourgmestre, publié au son de
la caisse dans toutes les rues, défendit jusqu'à
nouvel ordre les attroupements de plus de trois
personnes; une proclamation invita les habi
tants patsibîès testér die* eu* deux compa
gnies de la garde civique furent consignées
toute la soirée aux balles, tandis que la garde
cheval et un fort piquet de gendarmerie se
trouvaient dans la caserne du marché au bétail,
prêts monter cheval. La compagnie des
pompiers volontaires avait également reçu I or
dre de prendre les armes au premier signal.
Enfin, les autorités restèrent toute la soirée
en permanence l'hôtel-de-ville.
Heureusement, ces dispositions ont été inu
tiles, de 9 10 heures et demie, la foule sur la
place et dans la rue de la Lys n'a pas été moins
grande que les deux jours précédents, mais
c'était des curieux plutôt que des hommes dé
cidés troubler l'ordre. Quelques agents de
police ont suffi pour empêcher les attroupe
ments.
A onze heures, il n'y avait plus une seule
personne sur la place. Les veilleurs de nuit cir
culaient presque seuls dans les rues.
A 11 heures'/ai le sifflet d'une locomotive
annonçait l'arrivée d'un convoi spécial amenant
un demi-bataillon du 4e de ligne de la garnison
de Gand. Deux compagnies, sous les ordres du
major Sarraziu, sont entrées immédiatement
la caserne des halles, la 3e compagnie a conti
nue sa route pour Menin, où des troubles plus
sérieux avaient éclaté le malin.
M- le gouverneur, baron De Vrière, est arrivé
hier de Bruges, par le convoi du soir, et a eu
une conférence avec l'autorité locale l'hôtel
de ville,
"infini
Le Roi partira aujourd bui 2 heures pour
Ostende.
S. M. s'embarquera demain malin a bord d'un
des paquebots vapeur de l'Étal pour se rendre
Calais, où se trouvera S. M. l'empereur des
Français.
Le Roi couchera Calais et reviendra diman
che soir, Ostende.