JOURNAL D'YPRES ET DE I/ARRONDISSEMENT.
W" 1,393s 14' Année. Jeudi, 7 Septembre 1954.
Vires acquirit eundo.
FEUILLETON DU PROGRÈS.
T(JLHDAG.- (suite.)
INTÉRIEUR.
Voyage du Roi.
ABONNEMENTS Yprm (franeo), par trimestre, 5 francs 50c. —Provinces,4francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
ïprei, 6 Septembre.
Nous n'avons jamais aimé la modération ni la
conciliation, bien entendu dans le sens qu'au
jourd'hui on donne ces paroles, et les faits
qui se sont succédé sont venus nous donner
raison. A quoi, en effet, ont servi les déplorables
concessions faites, dans ces derniers temps, au
parti clérical et la France? Le parti clérical
n'a-t-il pas graduellement élevé ses prétentions,
la France n'a-t-elle pas multiplié les siennes?
Ce sont là, eu effet, les véritables embarras de
la situation, les causes réelles de la chute du
ministère. Les journaux cléricaux veulent en
vain attribuer la retraite du cabioet la mani
festation de l'Association libérale; certes, cette
manifestation est grave, elle prouve que le libé
ralisme n est pas mort et que si l'opinion cléricale
s'avisait de goûter du pouvoir, son règne serait
de courte durée; mais les véritables causes de la
retraite du ministère sont les prétentions tou
jours croissantes de notre clergé et de la France.
N'y a-t-il pas lieu de s'étonner de l'efferves
cence qui éclate sur tous les points du pays, au
sujet de la cherté des denrées alimentaires au
moment même où ces denrées ont essuyé une
baisse considérable, au moment où leur prix se
rapproche du taux normal. Il y a quelques
mois, le froment allait au prix de 47 francs et
la classe ouvrière subissait ce prix avec un ad
mirable esprit d'ordre et de résignation; aujour
d'hui il est 27 francs et le peuple murmure
et se passionne contre la cherté qui n'existe
plus il ne s'apperçoit pas qu'il poursuit un
fantôme. N'est-ce pas une preuve qu'il cède
des excitations, des suggestions dont il n'a su
calculer ni les fondements ni la portée. A Dieu
ne plaise que nous accusions nos adversaires
d'avoir soudoyé les fauteurs de ces désordres
mais ne sommes-nous pas fondés leur repro
cher d'avoir semé, les germes des idées qui se
font jour aujourd'hui. Ainsi, Courtrai et
Menin n'a-t-on pas combattu Monsieur Ernest
Vanden Peereboom en désignant comme acca
pareurs les personnes les plus honorables qui
appuyaient sa candidature? L'on savait très-
bien que l'on manquait la véHté, c'étaient de
simples manœuvres électorales, oui, mais c'é-
Le jeune Yprois rassembla ses forces, et l'aide do son amante il
parvint jusqu'à la frêle embarcation. Mais là ses forces l'abandon-
nèrent de nouveau, il s'évanouit. Mdrie parvint placer Michel dans
la barque. Elle allait l'y suivre après avoir détaché l'amarre merci,
priait-elle, Vierge saiute, merci de votre puissaute protection, car
c'est vous, mère de Dieu, qui nous avez sauvés Sauvés, s'écria
tout ooup une voix terrible, oh pas encore, Marie tressaillit, elle
avait reconnu la voix menaçante de Pierre deWinter, elle avait senti
sa main de fer tomber sur son épaule. La jeune fille avait lâché
la corde. La barque qui portait Michel évanoui s'en allait la dé
rive.... Ah, s'écria le Gantais, te Voilà enfin en mon pouvoir; ma
vengeance sera complète déjà ma main a immolé le misérable pour
lequel tu m'as outragé, el mainteuani toi aussi tu deviens ma proie,
oh l'mjure sera bien vengée car je te mènerai Gand, je te mon
trerai tous ceux qui out été témoiùsdc ma bonté, mà Vie se ta trop
courte pour té faire expier tdtt crime, femme tu as pu être l'épouse
do Pierre deWinter, la première bourgeoise de Gand.eh bien main
tenant tu; seras son humble servante, sou esclave... Jamais,
jamais, lâche assassin, s'écria, d'une voix altérée par les souffrances
et là éolêré, Michel Van Hart qui arrivait pâle, couvert de sang
Semblable on lautôme vengeur. Est-ce toi, toi ou ton ombre
s'écria Pierre épouvanté. C'est moi, moi Michel Van Hart,
répartit le jeune homme, j'étais étendu sàpirant dans oelté barque,
taient aussi des germes de haine, d'irritation el
de fureur populaire qui portent aujourd'hui
leurs fruits.
Dans leur réunion de Samedi dr, Messieurs
les bourgmestres ont décidé que le banquet
offert M. le commissaire d'arrondissement,
aura lieu le Mardi, 19 de ce mois, 1 heure,
et que le grand local des Halles serait demandé
cet effet a l'autorité communale d Ypres. ils
ont procédé ensuite la nomination d'une com
mission organisatrice qui s'est rendue chez M.
Carton pour luiadresser une invitation officielle
pour la fête.
On se rappelle que M. Charles Van Praet a
passé, au mois de Mai dr, avec la grande dis
tinction, son 2e examen de doctorat.
Nous venons d'apprendre, qu ayant continué
ses éludes, M. Van Praet vient d'obtenir, Ven
dredi dr, devant le jury combiné de Liège et
Bruxelles, la grande distinction, pour son exa
men de docteur eu droit administratif et poli
tique.
Boulogne, 5 septembre.
Le Roi et le duc de Brabant sont partis ce
matin pour accompagner l'Empereur Bou
logne. Le voyage s'est fait en poste. Ce matin
dès 7 heures toutes les troupes de Calais étaient
sous les armes; garnison effective et garnison
fictive étaient rangées en bataille devant le palais
impérial, hôtel Dessin. Dans la cour de I hôtel
sont venus se placer un peloton du 55e léger et
un piquet de gendarmes, les uns formant la
garde l'honneur les autres destinés former
l'escorte aux voitures impériales. Des postillons
couraient franc étrier depuis le matin pour
faire disposer les relais de poste le long de la
route, et ce n'est pas peu de chose, car les atte
lages nécessiteront 24 chevaux.
Pendant que les derniers préparatifs de départ
se font, la fenêtre du premier étage s'ouvre et
l'Empereur parait au balcon: il est en grand
uniforme et vient fumer l'air le cigarette dont
la Vierge Marie m'est apparue,elle m'a dit: Michel lère-toi, Marie
est eu péril va combattre! je me suis senti revivre, la barque était
près de la rive, mes forces étaient revenues comme par miracle, et
me yoici, infâme prêt te punir de toutes tes trahisonsPierre
avait lâché Marie qu'il avait jusques là retenue. La jeune bile
éperdue, ne sachant où fuir, se précipita dans les fossés en s'écriant,
Vierge Marie, vous que j'ai priée si ardemment dans votre
chapelle de Neuve-Église, ayn pitié de moi! Eq cet endroit le
fossé est très-large et profond Par une protection toute spéciale de
Notre Dame, la jeune tille n'alla pas au foud de Peau, elle surnagea,
une main divine s'était étendus vers elle. En voyant du rempart la
jeune fille en péril, André Paelding suivi de quelques hommes se
jeta dans une barque pour lui apporter secours.
Pierre de Winter saisi de terreur oonsidéra longtemps Michel. Le
jeuue Yprois était debout sur un amas de décombres, sa figure pâle
était encadrée de longs cheveux noirs retombaut en désordre sur
ses épaules. Ses yeux semblaient lancer des ilammes. De toute son
armure il n'avait onnservé que les cuissards, sa poitriue découverte
était tâchée du sang qui coulait de sa récente blessure; il s'appuyait
sur sa longue rapière. Est-ce une ombre se demandait Pierre
homme ou fantôme, s'écria-t-il enfin, qui que tu sois, je te com
battrai. Le Gantois Tépée la main, s'avança sur Michel; mais
André Paelding et ses hommes avaient atteint le rivage; ils se
précipitèrent sur lui; Pierre voulut fuir mais la main de Dieu
s'étendait sur lui, l'épouvante glaçait ses membres. Rends-loi
s'écria Michel qui l'avait atteint le premier rends-toi repétèrent
les Yprois qui l'entouraient de toute part. Le Gantois bondissait de
il fait ici ample consommation. Quelques in
stants après la porte du perron s'ouvre son
tour et l Empereur descend dans la cour pour
passer les troupes en revue.
Vous avez là une belle compagnie, dit-il,
I officier qui commandait le détachement d'in
fanterie; combien d'hommes le bataillon a-l-il
fourni pour ma garde.
Douze, sire.
Cette garde impériale, recrutée dans les dif
férents corps, s'organise très-difficilement; le
soldat français ne brille pas par la taille et l'em
pereur a déjà été obligé de diminuer de ses pré
tentions premières ce sujet.
Tout en passant le détachement en revue,
l'empèréUr a désigné quelques soldats qui pou
vaient entrer dans ce corps d'élite. En ce mo
ment le roi et le duc de Brabant ont paru
leur tour; les deux souverains se sont salués
sans se donner la main, et l'ordre de faire avancer
les voilures ayant été donné, LL. MM. se sont
mises en route pour Boulogne.
Le roi est monté le premier en voiture, l'em
pereur a pris sa gauche, le duc de Brabant s'est
assis en face. Les personnes de la suite ont pris
place dans quatre voitures, attelées chacune de
quatre chevaux et précédées d'un courrier.
Le trajet de Calais Boulogne a été fait en 2
heures les chevaux étaient rendus; en arrivant
l'un d'eux est tombé mort.
Le long de la côte se déroulait sur une éten
due de plus d'une lieue, le camp de Boulogne,
dont on voyait les blanches tentes resplendir au
soleil; de. loin, les barraques de la cavalerie
couvertes de chaume, ressemblaient aux sillons
d'une terre labourée. A l'aide d'une longue vue,
on pouvait voir les hommes rangés en bataille
devant le cordon des tentes et présentant les
armes trois quarts de lieue de dislance au
souverain qui passait sur la route.
La ville de Boulogne était pavoisée de pavil
lons de toutes couleurs; entrées par la porte de
Lille, les voitures sont allées sans s'arrêter jus
qu'à l'hôtel Brighton situé dans le faubourg de
Capicure, où l'empereur a sa maison montée.
A l'entrée, lesCent-gardes de l'empereur atten
daient pour lui faire escorte.
rage'mais toute résistance était inutile... Il fut fait prisouuier et
eufertué dans les oachots du Zaeibof.
La joie des Yprois fut grande quand ils apprirent cette nouvelle,
mais elle fut plus grande encore quand il fut connu que le brave
Michel Van Hart était sauvé et que sa blessure était peu dangereuae.
Dans la maison de Maître Fierin, la joie était peinte sur
tous les visages c'est que ce jour là devait se célébrer le mariage de
Michel Van Hart et de Marie Fierin. La confrérie de S1 Sébaslien
fière de son confrère Michel, se joignit au cortège qui couduisit les
futurs époux l'église de S1 Martin. Celte fois eucoie le Prévôt
Christophe de Dixmude, avait revêtu des habits sacerdotaux res^
plendissants d'or et de pierreries, réservés pour les jours de grande
solennité. La vaste basilique était de nouveau remplie d'une foule
immense de bourgeois armés, d'ouvriers el de manauts, attirés celte
fois moins par la ouriosité, que par 1 intérêt véritable que toos
prenaient au sort des fiancés.
Quand le prêtre, a'adrrsaut la jeune fille, lui dit: Marie
Fierin, fille de Jean, consentez-vous prendre pour votre époux
légitime, devant Dieu et devant les hommes, Michel Van Hart? et
que la jeune fille, sa maiu dans la main de Michel eut répondu 001
dune voix distinote bien qu'altérée par 1 émotion, dunauimes
applaudissements que ne put réprimer le respect dû au lien saint,
partirent da tous les points du temple.
Fendant que cette scène touchante -e passait l'église S< Martin,
un spectacle d'une autre nature avait lieu sur la Grand Place.
Le magistrat en vertu de aes droits et de ocux que lui avait délé
gué* Jean Van Oultra, vicomte d1 Ypres, avait depuis peu cité Pitrru