Chronique politique. Le Roi, peu près rétabli de son indis position, doit partir Mardi, 12 septembre pour Tournay. Si nous en croyons des personnes bien in formées, dit le Courrier de l'EscautM. le lieutenant-général Greindl aurait le portefeuille de la guerre cet officier supérieur aurait pour ■successeur dans son commandement M. le lieu- tenant-général Fleiiry-Duravcommandant la 2e division Mons, qui passerait ainsi au commandement de la 1™ division d'infanterie et territoriale; et M. le lieutenant-général Vanderlinden le commandement de la 2e division d infanterie, ainsi que celui de la division terri toriale, emploi qu'il occupe seul en ce moment. Nous recevons l'instant, dit la Patrie de Bruges, la nouvelle d un terrible malheur qui est arrivé le 5 septembre, Waereghem, où croyons-nous, avaient lieu les courses aux che vaux. Deux estrades se sont écroulées, et plus de cent personnes, dit-on, sont blessées ou contusionnées. On cite parmi les blessés M. le représentant Magherman, qui aurait la cheville broyée et des lambeaux de chair enlevés. On écrit de Blankenberghe, 8 septembre Le directeur du trésor, M. Gillet, de Bruges, S'étant avancé seul trop avant dans la mer, cet après-midi, vers midi et demi, s'y est noyé un aide baigneur a failli périr aussi, mais celui-ci a été rappelé la vie La malheureuse femme de M. Gillet, pour faire une surprise son mari, s'était rendue son insu Blankenberghe ce midi, et y a appris celte IrisLe mort. On écrit de Matines Tous les officiers de la garde civique ont donné la démission de leurs grades respectifs, depuis le lieutenant-colonel jusqu'aux sous-lieutenants, comme protestation contre I humiliatiou bien gratuitement infligée la légion par M. le bourgmestre de Pauw, qui jugé convenable de ne pas la requérir pour aider réprimer les troubles dont Matines a été le théâtre pendant ces jours derniers. il a >1 il 0 <s~m On lit dans le BroederminOn a répandu le bruit Gand qu'une pensionnaire de l'hospice Saint-Antoine aurait élé enfermée vivante dans un cercueil. Lorsque les préposés aux inhumations se sout présentés pour emporter le cercueilla vieille femme serait sortie de son sommeil léthar gique et aurait frappé sur le couvercle. Les croque-morts auraient rapporté la bière l'hospice et se seraient retirés avec le corbillard. D'autres versions assurent que l'on ne se serait aperçu du fait que pendant que l'on s'était arrêté une autre maison pour prendre un second cadavre. On dit en outre que la mort réelle ou sup posée de la femme n'avait eu lieu que depuis six heures, lorsqu'elle fut enfermée déjà dans son cercueil. Si le fait est exact, on ne saurait trop blâmer une conduite aussi précipitée et aussi irréfléchie. Du 10 Septembre au 1S Inclus. Noire correspondance particulière rapporte une conversation de l'empereur des Français, dont on parle beaucoup Paris, et qui ne fait pas prévoir uue paix prochaine. La Revus des Deux-Monde» du r de ce mois, con tient sur l'étal financier de nos voisins, un article de M. Léon Faucher qui fait une vive sentation Paris. Le savant économiste établit d'une manière irréfu table que les ressources du budget ne peuveul suffire aux dépenses faites l'intérieur de la France. Le budget «1e «855 a élé présenté avec un chiffre de 891 millions de recettes pour les contributions indirectes. Or, ce chiffre dépasse celui de i85.3 de 40 millions, et celui de 18S4 de 60 raillions. Il est impossible quels consommation ailleenaugmenlant d'une manière indéfinie, quand la population reste la même; i85a a élé une année exceptionnelle la prendre pour base, et eu couclure que les années sui«antes donneront une augmentation proportion nelle égale celle de cette année-là, c'est un leurre. Cependant les dépenses intérieures ont été augmen tées en proportion des recettes promises et attendues. Ces receltes manquant, il faudra pour les com penser a voir recours l'emprunt ou l'impôt. Ce n'est pas tout il faut aussi suffire aux dépenses ur gentes de la double guerre que la France soutient au Nord et l'Orient; le crédit pourra-t-il donner ibo 3oo millions chaque année? Cela ne se peut pas. M. Faucher propose de demander l'impôt i5o mil lions, qu'il croit devoir être produits très-lacilement- Nous ne voulons pas examiner si une taxe sur les alcools, si le rétablissement des 17 centimes sup primés l'année dernière sur l'impôt foncier, si le droit d'un décime sur le sel, sont les moyens les plus efficaces et les moins lourds supporter pour les populations laborieuses; mais nous parions bien qu'on n'emploiera pas l'une des ressources proposées par M. Faucher, et qui consiste réduire d'un cin quième les traitements supérieurs 10,000 fr., et d'un dixième les traitements inférieurs 10,000 jusqu'à 2 ,000. Que diraient les fonctionnaires de l'Empire El parquels liens seraient-ils retenus s'ils étaient obligés d'offrir en holocauste ces dotations énormes,scandaleuses,dont le maître les a comblés? L'article de la Revue des Deux-Mondes se termine par deux paragraphes très-audacieux (par le temps qui court), et que nous transcrivons cause de cela. Voici donc ce que M. Léon Faucher ose dire du gou vernement absolu Toutes les forces dont il dispose, on peut les détacher de lui. Qu'il éprouve un revers, et la désertion ou bientôt convertir cet échec en déroute. Les sources du crédit se ferment devant lui dès que le besoin le presse. Quelle sûreté en effet peut-il offrir aux prêteurs? Y a-t-il une autre loi que sa volonté dans l'Empire Si le despote est de bonne foi, il tiendra ses engagements. S'il a moins de scrupulesque de caprices, qui le rappel- lera au respect des cootrats Les gouvernements sans contrôle deviennent tôt ou tard des gouver- nements sans frein. Lecrédil naît des institutions; il ne s'attache pas aux personnes. Dans les termes de comparaison que cette guerre met sous nos yeux, mesure que l'on s'éloigne du pouvoir absolu on voit grandir la richesse des gouvernements. La Russie est au bas de celle échelle, et je regrette pour mon pays d'avoir en faire l'aveu, l'Angleterre est incon- teslablement au sommet. Notre correspondant de Paris pense que la Revue des Deux-Mondes sera frappée d'un avertissement. Nous u'eu serions pas surpris. Des correspondances de Naples annoncent que le gouvernement a défendu de coter la Bourse le der nier emprunt russe. Le chargé d'affaires de Russie, en apprenant le fait, a remis une note au ministre des affaires étrangères, menaçant de prendre ses passeports si des explications satisfaisantes ne lui étaient pas données. La session des Chambres hollandaises a été close le 4. Les nouvelles de Constantinople par la voie ordi naire sont du a5 août. L'artillerie de siège française y était arrivée, tous les navires turcs avaient été mis en réquisition pour Varna, et l'on supposait que l'expédition de Crimée partirait le i» septembre. Le général Mustapha-Pacha qui commandait l'armée d'Asie, est tombé en disgrâce la suite de sa défaite par les Russes, le 5 août; il est remplacé par le général Guyon. Une dépêche publiée par l'agence Havas prétend que la reine Marie-Christine est atteinte d'une exal tation cérébrale qui donne de vives inquiétudes. On suppose que celte princesse aura atteint, le 1* sep tembre, la frontière de Portugal. Le général Dulce, qui avait remplacé le général Concha Barcelone, a déjà demandé son rappel Madrid. Les journanx allemands prétendent que la réponse de la Russie ne contient pas un refus aussi formel qu'on l'avait dit. Ils expliquent le fait ainsi Le cabinet de Vienne ayant en quelque sorte exigé l'ac ceptation des quatre bases pacifiques, l'empereur de Russie aurait répondu par un refus bien arrêté. Le roi de Prusse, au contraire, s'étant borné conseiller l'acceptation de ces bases le Tzar se serait montré plus conciliant, et disposé charger le cabinet de Berlin d'une œuvre de médiation. Nous ne savons trop si le cabinet de Berlin est bien en position de faire accepter une paix quelconque; nous en dou tons. Il y a une vive irritation contre lui i Paris et Londres. Hier encore, le Morning Chronicle disait ceci, qui nous regarde un peu: a Au lieu d'avoir toujours les yeux fixés sur la Vistule ou le Volga, le roi de Prusse ferait très-bien d'arrêter quelquefois son regard sur le Rhin. La Gazette d'Augshourg donne quelques détails sur les conventions arrêtées entre Omer-Pacha et le général Hess pour l'occupation des Principautés par les troupes autrichiennes. Les Autrichiens, dit-elle, mettront des garnisons dans les dix-huit villes'ou villages importants de la Petite et de la Grande Va- lachie, majs tous les gués du Danube, toutes les têtes de pont sur la rive valaque et tous les points fortifiés de Kalafal i Galalz et Ibraïla recevront des garnisons turques. Omer-Pacha passera avec 60,00b hommes, 24,000 cavaliers et 120 canons, la Jalomnitza, et s'avancera jusqu'à la rivière de Buseo, où il établira son quartier-général. Après que les Russes auront évacué Galatz et Ibraïla, les Turcs continueront leur marche en avant sur les deux rives du Bas-Sereth, et prendront position dans ce rayon. Le Journal de Saint-Pétersbourgnous avons au jourd'hui son numéro du 3i août, continue de gar der le silence sur la prise de Bomarsund. Un correspondant de Paris nous donne de nou veaux et navrants détails sur les ravages laits par le choléra, bord des flottes de la Mer-Noire. Il 11'y a pas d'autres nouvelles d'Orient. Hier le télégraphe électrique a annoncé tort, paraît-il, la nomination du général Guyon au com mandement de l'armée turque d'Asie. On assure aujourd'hui, et le fait est plus vraisemblable, que ce commaudemerit est confié lsmaïl-Pacha, le lieute nant le plus renommé d'Omer-Pacha, et qui s'est illustré par la manière dont il s'est maintenu Kalafat pendant tout l'hiver dernier. On compte beaucoup sur la capacité d'Ismaïl-Pacha et sur l'effet moral que sa nomination doit produire sur les trou pes. Une commission composée d'officiers anglais et français se rendra eu même temps que lui sur les lieux, pour s'assurer de la véritable situation des choses. Une dépêche de Dantzick du 4 septembre, publiée par les journaux anglais, porte que le 2, dans la soirée, on a tait sauter un des forts de Bomarsund, La conflagration était visible une distance de 3o milles. Le nouveau fort a brûlé pendant deux jours et deux nuits. Tous les Français vont rentrer en France immédiatement. Un bâtiment vapeur russe, sous pavillon parlementaire, était l'ancre au milieu de l'escadre anglaise Ledsund dans la journée du 2. Le général russe Bodisco, fait prisonnier Bomar sund, estarrivé au Havre,avant-hier,avec sa famille. Nous connaissons depuis avant-hier une dépêche télégraphique de Trieste, annonçant qu'à la date du 28 août, le maréchal S1 Arnaud aurait adressé aux troupes expéditionnaires un ordre du jour dans lequel il leur dit qu'une expédition eu Crimée et contre Sébastopol doit être considérée comme le meilleur moyen d'aboutir la paix. C'est donc dé cidément de la prise de Sébastopol qu'il s'agit. L'en treprise est grande et difficile; elle sera glorieuse si le succès vient la couronner. Nous verrons enfin là si les Russes sont capables de se défendre autrement qu'en reeufant devant l'ennemi, et en brûlant tout derrière eux. Plusieursjournauxallemands prétendent que telle sera leur tactique, celte fois, comme en 1812. Le gouvernement russe a donné l'ordre de réduire en cendres partout où l'ennemi se montrera, les villes et les villages; ceux qui n'obéiront pas cet ordre, seront punis comme traîtres. 11 a élé ordonné en même temps d'accumuler les grains et les blés pour qu'ils puissent devenir plus facilement la proie des flammes. Voilà ce que dit la Presse de Vienne. Nous lui laissons la responsabilité de cette assertion. La campagne dans la Baltique est terminée. Les troupes françaises vont rentrer en France; le maré chal Baraguey-d'Hilliers, arrivé ûantzick, est déjà en route pour Paris. Les flottes retourneront eu Angleterre et en France pour y passer l'hiver. Le télégraphe nous donne des nouvelles de Con stantinople jusqu'au 5t août. Le duc de Cambridge et le prince Napoléon étaient partis pour rejoindre l'expédition en Crimée. Dans le Caucase, Schamvl a fait éprouver aux Russes un échec considérable. Le roi de Danemarcka ouvert la session du nou veau conseil d'État, institué par le décret du 26 juil let. Des trente membres que le gouvernement a appelés composer provisoirement ce conseil de la monarchie, vingt-neuf ont accepté ce mandat. M. Madvig, ancien ministre du culte, ex-professeur s l'Université, l'a décliné comme incompatible avec ses convictions politiques. Le comte de Moltke Bre- gentveld, ancien président du conseil, a été nommé président de l'assemblée. Les séances du conseil d'Etat sont secrètes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 2