Les derniers relevés de la souscription pour l'em
prunt uational autrichien accusent une somme de
492 millions de florins.
Le Journal de Saint-Pétersbourg du 1* septembre
est entièrement muet sur l'affaire de Bomarsund.
En revain li -, il publie une très-longue relation de
deux incendies qui ont éclaté simultanément le a5
août Saint-Pétersbourg, et qui ont dévasté une
partie considérable (100 maisons) du quartier de
Narva. On trouve dans son récit le passage suivant
Nous citerons ici une particularité, dont le sens
profond sera compris de toute âme chrétienne.
Dans la 4* compagnie se trouvait la maison
Ivanoff, en construction. Cette maison était au cen
tre même de l'incendie, au milieu des flammes les
plus ardentes, de sorte qu'il était absolument impos
sible d'en approcher. Les échafaudages qui l'entou
raient furent entièrement consumés, sauf un mât
placé l'un des angles. On voit que le pied de ce mit
a été brûlé, mai» le sommet en est resté intact, et ce
qu'il y a de remarquable, c'est que, non-seulement
il n'a pas été carbonisé l'extérieur, mais que même
il n'a pas été noirci par la fumée. Cette partie est
terminée par la Croix que l'on érige ordinairement
lors de la fondation d'une maison.
Toute réflexion, toute explication est ici su
perflue Tout a brûlé, la Croix seule est restée
intacte
Ceci est écrit avec l'intention évidente d'insinuer
que Dieu protège la croix grecque et les armes de la
Russie.
L'expédition de Sébastopol doit être en ce mo
ment en Crimée. Le Moniteur de la Flotte dit qu'elle
se compose de 436 voiles, savoir 100 bateaux va
peur de toute dimension, tant anglais que français;
3oo navires de transport, et 36 vaisseaux de ligne.
Le même journal évalue 60,000 hommes le corps
expéditionnaire.
Le maréchal Saint-Arnaud a dû prendre passage
bord de la Fille de Paris, qui porte le pavillon de
l'amiral Hamelin et que remorque le vapeur Napo
léon.
Une dépêche reçue de Galatz, 1* septembre,
Vienne, porte qu'un grand nombre de chaloupes
canonnières françaises et anglaises sont entrées dans
le Danube par l'embouchure de Sulina, dans la
journée du 3i août. Une autre flottille de chaloupes
canonnières devait entrer par l'embouchure de
Kilia. On assurait que les Russes avaient détruit
toutes les pompes et autres objets nécessaires pour
l'extinction des incendies Odessa, Reni, Braïlow,
Galatz et Ismaïldans l'intention de réduire en
cendres ces différentes villes, s'ils étaient contraints
de les abandonner.
Le rejet par la Russie des quatre propositions des
puissances, n'est pas considéré par l'Autriche com
me un casus belli. C'est ce que le cabinet de Vienne
a fait savoir ses agents diplomati lues l'étranger.
Tout en faisant occuper les Principautés par ses
troupes, l'Autriche continue donc de maintenir sa
neutralité. Cette attitude ne nous surprend pas;
nous avons dit que telle elle serait, dès le jour où
nous avons eu connaissance du traité austro-turc.
Les derniers détachements de» troupes françaises
sont partis d'Aland pour la France, le dimanche 3
de ce mois.
La junte de Madrid vient de se dissoudre. Elle a
annoncé le fait par une proclamation de son prési
dent, le général San-Miguel, motivée sur ce que le
concours de la junte est désormais inutile en pré
sence d'un gouvernement national constitué ét de la
garde nationale réorganisée.
L'emprunt de 56 millionsderéauxestdécidément
conclu sous la forme d'une garantie donnée par la
Banque de Saint-Ferdinand, aux traites tirées par le
gouvernement sur les caisses coloniales jusqu'à con
currence de cette somme.
Le maréchal Narvaez, qui a reçu ses passeports, se
rendra, dit-on, en France, aux eaux de Vichy. Les
comités électoraux de Madrid se sont réunis le 3
pour la première fois. Une ordonnance royale, in
sérée dans la Gazetteréduit de moitié le port des
lettres pour les lettres affranchies.
Les prisons étaient encombrées par suite des ar
restations faites au sujet des derniers événements.
On parle d'amnistie; le général San-Miguel la ré
clame, et les journaux les plus avancés se joignent
lui pour la demander.
Une dépèche privée en date du 6, porte que
l'ordre et la conflance se rétablissent; que les
éleclionset surtout le choléra occupent les esprits,
v> et qu'en somme il n'y a aucun fait important
signaler.
L'expédition de Sébastopol absorbe l'attention
publique. Les journaux français ne parlent que de
cela, si bien que le camp et les revues de Boulogne
en sont oubliés.
Tous les renseignements s'accordent dire que
l'expédition a dû partir le 3 septembre. Il paraît
toutefois que quelques généraux, craignant que les
armées alliées ne fussent pas assez fortes pour tenter
l'entreprise, y étaient opposés; mais le maréchal
Saint-Arnaud était d'un avis contraire, et son avis
ayant prévalu Paris, n'a plus rencontré d'opposi
tion Varna.
Le refus du Tzar de traiter sur les hases arrêtées
parles puissances occidentales, n'étant pas un casus
belli pour l'Autriche, ne pouvait pas, plus forte
raison, eri être un pour la Prusse. Le gouvernement
prussien vient d'adresser ses agents diplomatiques
auprès des États secondaires de l'Allemagne, une
circulaire dans laquelle il apprécie ce refus et fait
connaître la ligne politique qu'il veut suivre et qu'il
recommande tous les Etals germaniques. L'assu
rance réitérée de l'évacuation complète des Princi
pautés, et la promesse de la Russie de s'en tenir
désormais la défensive, garantissent, dit-il, l'Au
triche contre toute attaque de la Russie et impliquent
de la part du Tzar, l'abandon de ses prétentions au
droit d'occuper et de retenir les Principautéscomme
un gage. Le gouvernement prussien conclut que
tout casus belli disparaît pour l'Allemagne.
Quant aux quatre conditions posées par les puis
sances occidentales, le cabinet de Berlin ne les trouve
pas assez conformes aux intérêts allemands, pour
que les Etats germaniques doivent les adopter comme
base indispensable des négociations futures. Si la
Prusse les a appuyées Saint-Pétersbourg, c'était
seulement dans l'espoir de contribuer au rétablisse
ment de la paix; mais elles sont son avis d'une
réalisation difficile, spécialement en ce qui concerne
le protectorat commun sur les principautés et sur
les sujets chrétiens du Sultan. Il craiut même que
l'exercice de ce protectorat ne devienne une source
de dangers pour l'Allemagne.
Le gouvernement prussien termine sa circulaire
en exprimant l'espoir que l'Autriche s'abstiendra de
tout acte agressif contre la Russie, et réglera sa po
litique exclusivement 6ur les intérêts allemands.
L'envoyé de Prusse la Diète germanique est
chargé de soumettre ces principes l'assemblée et
de les faire agréer par elle.
Conclusion Pour cette campagne, la France et
l'Angleterre uedoi vent compter que-sur elles-mêmes.
C'est déjà beaucoup du reste que l'Autriche cou
vre du côté du L'anube, et leur ait permis de porter
toutes leurs forces sur la Crimée.
Le Fremdenblatt de Fienne du 8 septembre parle
d'un complot grec qui aurait eu pour but l'assassinat
du prince Napoléon, du duc de Cambridge et des
deux généraux commandants en chef des armées
alliés. T.es principaux conjurés seraient arrêtés.
Le Journal de Saint-Pétersbourg du 3 septembre
publie la proclamation de Louis-Napoléon l'armée
d'Orient, qui se terminait par une faute de français.
La feuille russe trouve la pièce curieuse; elle ne la
commente pas, parce que, dit-elle, elle se commente
suffisamment d'elle-même; mais elle la rapproche
de la proclamation adressée aux habitants de Bucha-
rest par le chef des troupes turques son entrée
dans celte ville. Ce rapprochement vaut bien mieux
qu'un commentaire. On trouve, en effet, dans la
proclamation de l'empereurdes Françaisdes phrases
injurieuses la Russie, dont les vaisseaux, y est-il
dit, restent honteusement dans leurs ports, et qui
attend avec anxiété sur quel point la France et
l'Angleterre porteront leurs coups. La proclamation
d'Halira-Pacha, au contraire, se distingue par un
ton mesuré,et l'on y remarque cette phrase Deux
Empires, ennemis en ce moment, peuvent être
amis demain et doivent s'estimer, mêmeau milieu
des horreurs de la guerre. Il faut convenir
qu'Halim-Pacha parle mieux que Louis-Napoléon,
et que la politesse turque l'emporterait cette fois sur
la politesse française, si la nation pouvait être res
ponsable des fautes de français et du défaut d'urba-
njté de Louis-Napoléon.
Le Moniteur français publie une lettre de Con-
stantinople qui peut être considérée comme un
article du journal officiel lui-même, car elle est sans
date, et explique pourquoi l'on va attaquer Sébas
topol. L'auteurde cette lettre expose très-nettement
le plan de campagne des armées alliées. Si le coup
de main (ce sont les termes du Moniteur) réussit, on
espère que la paix en fera la conséquence. Si d'ici
peu de jours on ne peut s'emparer de Sébastopol,
les armées se rembarqueront, et l'attaque sera re
nouvelée l'année prochaine.
Nous ne savons ai Sébastopol tombera devant les
forces alliées; mais ce grand fait se réalisât-il, nous
ne croirions pas une paix immédiate ou prochaine
pour cela, car ce serait pour la Russie une raison de
plus de continuer la guerre.
Les journaux anglais se préoccupent autant et
plus que les journaux français, de l'expédition de
Crimée. Le Times dit que le service des transports
seul a coûté jusqu'ici 75 millions de francs l'An
gleterre; il doit s'élever une somme plus forte pour
la France, qui a envoyé en Orient un nombre
d'hommes plus considérable.
Le Times croit que l'empereur de Russie, lors
qu'il a commencé celte guerre, n'avait pas cru
qu'une expédition contre Sébastopol fût possible.
u Sachant,ajoute le Timesqu'il y avait peu de risques
courir pour ses fortifications si elles n'étaient attaquées
que par des forces navales contre lesquelles elles avaient
été formidablement armées et préparées, il croyait sa
flotte en sûreté derrière les tours et les batteries de Sé
bastopol et de Cronsladt. Pour attaquer par terre la Cri
mée et ses fortifications, il fallait de 60 80,000 hommes;
et, considérant les réductions opérées dans l'effectif des
troupes tant en France qu'en Angleterre au début de
cette querelle on regardait Saint-Pétersbourg comme
excessivement improbable qu'une pareille armée pût être
en route avant la fin de cet été pour effectuer un débar
quement sur la côte, et cependant, avant cette époque
même, ce gigantesque projet est réalisé, le fait est
accompli.
Malgré les renforts que la Russie a dû envoyer en
Crimée, le Times pense que les armées coalisées au
ront de leur côté l'avantage du nombre et d'être
prêtes. Si l'armée russe ne l'est pas de son côté, ce
sera bien sa faute; elle est avertie depuis longtemps.
Les dernières nouvelles de Madrid disent que
cette capitale a repris, en apparence au moins, sa
tranquillité habituelle et qu'on y semble absorbé par
le travail préparatoire aux élections. Plusieurs ré
unions ont eu lieu pour choisir des candidats les
progressistes l'ont partout emporté.
Il est permis de croire que la nouvelle de la mala
die mentale de la reine Christine était conlrouvée.
Depuis la dépêche télégraphique qui a annoncé le
fait, il n'en a plus été question, et les correspondan
ces reçues par la voie ordinaire sont muettes sur ce
point.
-Le télégraphe avait aussi prétendu tort que la
Reine-mère avait atteint dés le 3o août la frontière
du Portugal. Elle n'y est arrivée que le 3, et sans
accident, sous la conduite du général Garrigo, le
même qui avait été fait prisonnier i Vicalvaro le 29
juin, et qui la reine Isabelle avait fait grâce de la vie.
On commence exécuter le décret qui ordonne
la saisie des biens de Marie-Christine et du duc de
Rianzarès. Le Diario espunol annonce que le gou
verneur delà provinced'Oviedo a mis sousleséques-
tre les mines de charbon situées dans celte province
et appartenant au duc de Rianzarès. La saisie a été
pratiquée également sur les mines et les chemins de
fer de Siero et Langreo.
Le même journal parle d'excès regrettables com
mis dans la province de Badajoz, où dans beaucoup
de localités les contribuables refusent, i main armée,
de payer l'impôt. Le peuple a mis le feu des vigno
bles et des plantations d'oliviers. A Jerez de lus
Caballeros, on a procédé la répartition des biens
communaux et mêmedequelques biens particuliers.
A Val de Torres, une bande de 5o hommes armés
s'est présentée et a fusillé un parent de feu M.
Donoso Cortès.
nouvelles diverses.
La maladie de la vigne ne saurait être attribuée
l'humidité, car elle sévit très-fort dans le territoire
d'Aix, en Provence, et il n'y est pas tombé une seule
goutte d'eau depuis trois mois.
La police vient de découvrir Turin une société,
nommée cocca (nœud coulant), composée en grande
partie de repris de justice, et qui avait pour objet
d'enlever de jeunes femmes.
Un immense incendie a éclaté dans les forêts de
Cuyahoga, en Amérique. Le sol lui-même brûlait i
une profondeur d'un pied et demi.
Dixmede. Marchèaux grains du 11 Septembre 1854.
SORTE
NOMBRE
PRIX
DE GBS1SS.
d'hectolitres
PAR HECTOLITRE
RR. C.
ri. c.
24 00
27 00
15 50
16 00
10 35
14 49
7 55
8 00
1» 50
16 00
15 00
16 00