Chronique politique.
Majors: Maréchal, pour le i*' régiment de cui
rassiers Gand; Horkin, pour le i" chasseurs
Namur; Duquesne, pour le a* Lanciers Bruges;
Michaux, du 1" Lanciers, pour ce régiment a
Tournay.
Les capitaines commandants: Schaetzen, pour le
i" lanciers; Stuyck, id.; Vandeubranck, pour le
régiment des guides A Bruxelles.
Dan* rartillerie. Lelieutenant-colouel Lebrun
est désigné pour le a* artillerie Liège. Le major
Donrewe, pour le 4* artillerie s Anvers.
Radiation. Disposition ministérielle: le sous-
lieutenant De Bavay, du 6* régiment, est rayé des
contrôles pour absence illégale.
Pension: le colonel Deravenne, commandant la
place de Liège, est admis la pension de retraite.
Pendant les 9 premiers mois de cette année,
il est entré dans le port d'Anvers 1,309 navires
de mer, formant ensemble un tonnage de
268,345 tonneaux ou 203 tonneaux par navire,
tandis que pendant la même période 1653. il y
avait eu 1,294 arrivages, jaugeant 244.566 ton
neaux ou 11(9 tonneaux par navire, ce qui fait
une différence en faveur de cette année de 15
navires et 24.729 tonneaux.
Pendant les 9 premiers mois de 1854, il est
sorti 1,331 navires, contre 1,182 en 1853, ce
qui fait une différence en plus pour 1834, de
149.
On nous rapporte qu'un crime affreux vient
d'être commis Meerssen (Limbourg hollandais.)
Le bourgmestre de celle commune revenait de
Gronsveld, où il avait touché une somme assez
considérable. Chemin faisant, il fut attaqué par
trois hommes armés qui lui prirent son argent
et, pour s'assurer l'impunité, lui coupèrent lit
téralement la gorge. La justice de Maeslricht
informe, mais jusqu'ici elle n est pas parvenue
mettre la main sur les coupables.
On a observé Jaroslav (Pologne), un phé
nomène naturel tout fait extraordinaire. Le
15 août, lors de la levée de la pleine luue, on
tfiuar<|ua <juc oon <}U(|U6 COUVCTl Uc S3D^
portait au milieu une grande tâche presque
noire. La lune, qui en se levant, se penchait
tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, con
tinua se balancer plus rapidement, mesure
qu'elle s'élevait au-dessus de l'horizon. Tout
coup elle retomba, avec une rapidité extraor
dinaire, remonta presqu'immédialement après
avec la même rapidité jusqu'à la hauteur qu'elle
avait déjà atteinte.
Vers onze heures, elle cessa ces balancements,
mais on remarqua un changement continuel
dans sa forme. Tantôt il prenait une forme
elliptique ou carrée, et toujours il conservait sa
couleur rouge foocéavec la lâche noireau mdieu.
Bientôt on pouvait observer un tremblement et
des mouvements pour ainsi dire spasmodiques
dans le corps de la planète, jusqu'à ce qu'enfin
ces phéuomèaes cessèrent en même temps que
la tâche noire disparut. La lune elle-même ne
jeta aucun rayon, et de dix heures jusqu'à deux
heures du matin, moment où elle se coucha, la
nuit était complètement sombre.
Durant les évolutions de la lune dont nous
venons de parler, les étoiles scintillaient comme
l'ordinaire. Le lendemain, la chaleur ainsi que
l'absence du vent continua, mais la lune se leva,
sans qu'il eut été possible d'observer aucun des
phénomènes étrangers de la veille.
On lit dans le Journal deDébats: Les gens
qui se sont pris d'un si beau feu pour le moyen-
âge nous reprochent notre goût et ce qu'ils
appellent notre faiblesse pour le dix-huitième
siècle. Ce goût, nous ne le nions pas; celte fai
blesse, nous la confessons dans une certaine
mesure. Le dix-huitième siècle représente nos
yeux deux choses qui nous sont également
chères. Il représente, en l'exagérant, il est vrai,
ce grand principe de liberté, le premier de tous
les principes inscrits sur le drapeau de 89. Tous
ceux qui font aujourd hui la guerre au dix-
huitième siècle renient-ils, oui ou non, le prin
cipe de liberté
Voilà ce qu'il serait bon de savoir. Le XVIII0
siècle représente encore autre chose il repré
sente l'amour des lettres, le culte de ces nobles
éludes qui font l'honneur et la dignité de la
nature humaine. Il est évident que le principe
de la vie morale n'était pas éteint dans une
société qui montrait un goût si vif et si passé
pour les choses de l'esprit. On tombait dans les
plus graves erreurs sur les vérités de la religion
et de la morale; on professait des opinions
étranges sur les rapports de l'homme avec Dieu,
de l'esprit avec la matière.
Mais cette adoration de l'esprit par l'esprit lui
donnait un ressort qui relevait de lui-même et
lui tenait lieu jusqu'à certain point du frein qu'il
avait brisé; la direction permanente et assidue
de la pensée vers les plus hautes spéculations la
retenait sur la penteel la maintenait un niveau
Irès-élevé, Il y avait des hommes de lettres qui
n avaient pas d'autre profession ni d'autre titre;
mais toutes les carrières, toutes les études libé
rales aimaient se parer du vernis littéraire et
phdo->ophique. Hommes d'Etat admii i Dateurs,
financiers, magistrats, avocats, se piquaient de
bien penser, de bien parler et de bien écrire,
en prose et en vers. La cour et la ville rivalisaient
de goût et de fine critique pour juger les auteurs
et décider les questions de style.
Le roi était Versailles le roi des salons était
Ferney. Le plus grand événement de l'époque
ne fut pas la bataille de Fonlenoy: ce fut le
retour de Voltaire Paris, en 1778 L'ascendant
de l'esprit était universel, irrésistible; la déli
catesse du goût se réfléchissait dans le com
merce du monde et répandait sur toutes les
relations de la vie ce parfum d'atlicisme, d'élé
gance et d'exquise urbanité que l'on admire
encore aujourd hui dans la génération qui a vu
la fin du siècle dernier, et dont elle semble
emporter le secret avec eux.
Du 1" Octobre au 4 inclus.
De gouvernement français a rcVu et le Moniteur
français publie deux rapports du vice-amiral Ha-
pjelin, sur le débarquement des troupes en Crimée.
En gros,ces rapports ne nous apprennent que ce que
nous savions: c'est que le débarquement s'est opéré
sans opposition, de la manière la plus heureuse.
Une dépêche de Vienne, en date d'avant-hier, dit
que le 3i les forces alliées devaient se trouver en
lace de quelques fortifications sur la rivière Katcha,
défendues par 8,ooo Russes. On supposequ'il y aura
eu là une affaire d'à va ni-garde, et qu'ensuite il pourra
y avoir eu une ba aille sur la rivière Belbeck. On
voil dans tout ceci que nous n'en sommes encore
qu'aux préliminaires.
Les journaux de Vienne prétendent avoir des nou
velle» d'Odessa du .9, d'après lesquelles de fortes
colonnes russes se dirigeaient marches forcées vers
la Crimée.
Hier, Londres, le Morning Chronicle a annoncé
une victoire des alliés sur l'armée russe; cette nou
velle a provoqué la Bourse une hausse considéra
ble des fonds anglais, et pourtant la nouvelle était
fausse. A Paris, au contraire, les fonds se sont faits
en baisse.
Lesëlections sont Madrid la préoccupation prin
cipale; les partis y préludent par des meetings et
des manifestes, au moyen desquels, même avant la
réunion des Gortès, ils voudraient arriver une
modification ministérielle.
C'est surtout le parti progressiste qui est mécon
tent du cabinet; il travaille activement en faire dis
paraître l'influence du général O'Donnell. Une ten
tative secondée par Esparlero, a eu lieu dans ce but
la semaine dernière, mais sans succès. On reviendra
i la charge, parce que les amis du général Esparlero
veulent tout prix qu'il obtienne la majorité dans
le cabinet. M. Cuuailliac. un écrivuin bien connu,
adresse ce sujet la Preste, des lettres où ces
menées sont racontées jour par jour. Dans l'une
d'elles, après avoir signalé les ictes des divers minis
tres. pour prouver que rien ne marche et que le
public commence s'en plaindre, il ajoute:
Quant Esparlero, il semble placé au-dessus de tout;
on l'absout d'avance. L'opinion publique, dans les cer
cles comme naguère sur les barricades, semble lui avoir
décerné un brevet perpétuel d'ingénuité. On dira bientôt
l'innocent Esparlero, comme on disait l'innocente Isa-
beilt. Nous ne savons trop si une situation aussi facile
convient bien un homme politique, son caractère, I
son avenir.
Si l'on rapproche ces lignes de l'opinion que nous
avons émise plusieurs fois sur le compte du duc de
la Victoire, on verra que notre jugement diffère peu
de celui de M. Çouailiiac. Et il est essentiel de noter
que cet écrivain lui est en général tiès-favorahle.
Au total, le parti modéré est en lutte ouverte avec
le parti progressiste, et l'espoir de leur union, dont
on s'était bercé, s'évanouit de jour en jour.
Les journaux fiançais publient une lettre adressée
par Marie-Christine sa fille, la reine Isabelle IL
Cette lettre est trop longue pour qu'il nous soit pos
sible de la reproduire (elle occupe près de quatre
grandes colonnes du Constitutionnel.) Mais nous pou
vons en indiquer la portée très-précise.
La Reine-mère prie sa fille de ne rien faire auprès
de ses ministres, pour atténuer les accusations arti
culées contre elle. Elle désire au contraire que ces
accusations soient nettement formulées, et elle sa
lient forte de confondre ses calomniateurs.
Marie-Christine proteste que depuis l'avènement
de sa fille, elle a toujours cherché se tenir l'écart
des affaires publiques, et que bien loin d'être opposée,
au régime représentatif, comme on l'en a accusée, la
conservation de ces institutions qui, au demeurant,
dit-elle, n'était que la conservation de son nom
historique, n'a jamais cessé d'être son vœu le plus
ardent. Tu sais, ma fille, ajoute-t-elle, combien «le
fois je t'ai répété, en toute occasion, dès ton enfance,
que ta fidélité h la forme représentative et la
Constitution de l'État était pour toi un devoir sacré,
était d'une convenance suprême, était une question
de'gratitude, et serait même de l'égoïsme, s'il était
permis aux rois de comprendre ce mot.
Un Correspondant de Paris donne des extraits de
plusieurs lettre* de Constantinople, où se trouvent
des faits que n'ont pu donner les rapports officiels
sur la descente eu Crimée. De ces faits, le plus no
table, s'il est exact, serait la maladie du maréchal
Saint-Arnaud, qui serait obligé de suivre l'armée en
litière.
Les mêmes lettres disent qu'on ne trouvera le»
Russes, ni aux bords de l'Aima, ni plus loin; qu'ils
ont levé leurs camps partout, et se sont concentré»
sous les murs de Sébastopol, c'est là par conséquent
que seront portés les coups décisifs. Nous verront
enfin si les Russes tiennent quelque part, et si la
puissance du Tzar n'était qu'un fantôme grandi par
les brouillards du Nord, et qui devait se dissiper
comme une ombre devant la pointe d'une épée.
Le» nouvelles d'Espagne parlent d'un rapproche
ment entre la reine Marie-Christine et le maréchal
Narvaez, et d'une scission de plus en plu» immi
nente entre O'Donnel et Esparlero.
Depuis le décret qui vient de réduire considéra
blement l'entrée en France des vins étrangers, les
négociants en vin des département» du,Midi sont
allés s'approvisionner en Espagne, où ces deman
des ont produit aussitôt leur effet naturel: les prix
ont haussé. Ceci ne faisait pas l'affaire des buveurs
espagnols; aussi, Huesca et dans les environs, la
populatioiis'esl-elleopposée de viveforceà l'expor
tation; et le gouverneur d'Huesca lui-même, loin do
s'opposer ces voies de fait, les a approuvées. La
Gazette de Madrid publie un décret qui destitue ce
fonctionnaire, et le ministère a pris des mesure»
pour assurer toute liberté aux transactions avanta
geuses tout la fois aux producteurs espagnols et
aux consommateurs français. Il faut noter que dans
les environs d'Huesca, les vins sont si abundants
qu'il arrive parfois que faute de futailles ou est
obligé d'en jeter une partie.
Tout ce qui précède était écrit quand sont arri
vées bs nouvelles de Paris et de Vienne, annonçant
la défaite des Russes sur les bords de l'Aima, et
même la prise de Sébastopol.
Ce dernier fait nous paraît incroyable. S'il se vé
rifie, la Russie sera tombée plus bas encore qu'il
n'eût jamais été possible de le croire. Comment!
Silistrie, une place de troisième ordre, assiégée par
70 mille Russes, défendue seulement par «5 mille
Turcs, n'a pu être prise après un siège de plusieurs
semaines! et en un jour, en quelques heures, Sébas
topol, un des boulevards de la Russie, une ville
réputée imprenable, aurait succombé avec une gar
nison et une armée aussi nombreuse que l'armée
assaillante! Ce serait une honte, un opprobre dont
la Russie ne se laverait jamais!
La prise de Sébastopol se confirme, la Russie était
destinée enfanter des prodiges son détriment.
Décidément la moitié de la prophétie de Napoléon
(le Grand) est déjà démentie. L'Europe ne sera pas
cosaque.
Nous avons dit que la prise de Sébastopol, en aussi
peu de temps, nous paraissait incroyable. Elle n'est