JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
X" 1,405. 14e Année.
Jeudi, 19 Octotare 1954.
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Vpiiks, 18 Octobre.
Le Messager de Gand a traduit du Broe-
derrninjournal flamand qui s'édite en la même
ville d'excellentes réflexions sur les allures du
cléricalisme en matière d'élections communales.
Nous reproduisons cet article, qui est aussi
logique qu'instructif.
Tandis qu'à Anvers les cléricaux déploient
tous leurs efforts pour que les élections com
munales s'y fassent sous l'influence de l'esprit
de parti le plus passionné, ils ont adopté ici
Gand cette tactique toute différente de répéter,
sur tous les tons, que les affaires des communes
n'ont aucun rapport avec les questions qui
divisent si profondément la Belgique en deux
partis opposés.
11 n'est pas difficile de trouver les causes de
cette différence; Anvers, le parti réactionnaire
se croit de force affronter la lutte électorale,
sans prendre de masque; Gand, au contraire,
il lui faut précisément ce masque pour la réussite
de ses projets.
C'est pourquoi ce soutènement, que les
affaires communales-n'ont point de rapport avec
la politique, ne peut être regardé que comme
une ruse par laquelle ce parti espère cacher ses
menées ténébreuses.
Voyons quelles sont les questions qui divi
sent les membres du parlement en libéraux et
catholiques, et il sera facile de vérifier si ces
questions rentrent ou non dans le cercle des
intérêts de la commune, et dans les attributions
des conseils communaux.
D'abord et avant tout les libéraux veulent
qu'en Belgique tout pouvoir civil, tout pouvoir
créé par la loi, soit complètement libre de toute
influence du clergé. Selon eux la loi ne consi
dère tout prêtre, fût-il l'arehevéque et cardinal
de Malines en personne, que comme l'égal du
premier citoyen venu, et la dignité qu il occupe
dans l'Église ne lui confère, en dehors de celle-
ci aucune autorité civile ou temporelle.
C'est là uo principe que les cléricaux atta
quent rarement de front mais leurs efforts
tendent par des 7oies plus ou moins détournées,
placer le pouvoir civil, sous la haute direction
et surveillance des prêtres. Ils déploient tous
les efforts imaginables pour composer les cham
bres de membres soumis en toutes choses la
direction du clergé, et lorsqu'ils réussissent se
créer une majorité animée de cette commune
servilité l'égard de l'Église, ils obtiennent
tout naturellement un ministère qui s'engage
dans les mêmes voies, ministère qui ensuite ne
fait aucune nomination pour aucune fonction
publique, sans avoir au préalable obtenu l'ap
probation du pouvoir occulte. De cette manière
tout pouvoir résiderait en réalité dans l'autorité
ecclésiastique, ou lui serait subordonné.
Or, ces conséquences de la présence d'une
majorité cléricale dans la chambre, conséquen
ce» que uous avons déjà vu se produire, dans
d'autres temps, et qui ne manqueraient pas de
se reproduire si la majorité cléricale se recom
posait. se réaliseraient tout aussi inévitablement
si les prochaines élections devaient amener dans
le conseil une majorité réactionnaire. Aucune
des fonctions dont la collation appartient au
conseil communal, ne pourrait être conférée
que sur la désignation faite par Mgr. l'évêque
ou par Messieurs les curés et vicaires, qui se
raient devenus indirectement les vrais admi
nistrateurs de la ville. El d'après quelles règles
ces messieurs se décideraient-ils dans les choix
faire pour telle ou telle fonction. On le sait
d'avance par l'expérience que nous en avons
faite déjà ils ne nommeraient que les candidats
dont ils se croiraient sûrs de pouvoir attendre
une obéissance aveugle en toutes choses.
Mais la lutte des partis dans le parlement
n'a pas ce seul but de déterminer qui aura le
droit de nommer aux divers emplois. On peut
soumettre au vote de la chambre des lois qui
malgré l'esprit et même le texte de la Constitu
tion, accordent au clergé comme tel, un pouvoir
en matière civile. Ces lois obtiennent naturel
lement l'appui des cléricaux, tandis qu'il est du
devoir des libéraux de s'opposer de toutes leurs
forces leur adoption.
C'est ainsipar exempleque par force
sophismes et mauvaises raisons, les cléricaux
Nous reproduisons ici, en guise de feuilleton, une
lettre du Sancho, contre les mesures biscornues de
l'administration du chemin de fer Belge. Sous une
forme piquanteet spirituelle, cette épître fait justice
de quelques pratiques usitées dans l'exploitation du
railway Belge et qui ne seraient pas tolérées patiem
ment de la part d'une administration exploitant une
concession privée.
A Monsieur le Ministre des Travaux Publies.
Veuillez m'excusermonsieur, si j'employé la
voie de la presse pour faire parvenir jusqu'à vous
une réclamation que trop de gens sont intéressées a
étouffer, pour qu'elle réussisse jamais franchir le
seuil de votre cabinet.
Si j'en crois les idées qui ont présidé la construc
tion de nos chemins de fer, ils ont surtout été con
çus dans le but de faire franchir rapidement de
grandes dislances au plus bas prix possible ou
d'épargner au voyageur son argent et son temps,
lequel est encore de l'argent.
L'humeur calme et un jeu endormie des Belges
ne se soucierait guères de-voyager avec celle vélocité
américaine qui semble vouloir aspirer dépasser le
vol de l'hyppogriffe d'Astolphe, boit lieues
l'heure, forment notre tirant d'eau de locomotion et
nous ne songeons pas du tout demander la tête des
'chefs de convois, lursque nous mettons soixante
minutes pour arriver Tubize.
Ce n'est pas d'aujourd'hui, monsieur, que les mi -
nistres partagent avec les rois, le fâcheux privilège
d'être les mortels les plus mal informés sur les
choses qui les entourent, or, comme il n'est pas
mauvais qu'un ministre des travaux publics sache
un peu ce qui se fait dans son département, je crois
remplir undevoirde bon citoyen, en vous avertissant
monsieur le ministre, que le public belge est sur la
voie de regretter les diligences, les coucous, les
chars'à-bans etautres véhicules plus ou inoins pri
mitifs qui n'avaient pas les allures insolentes des
locomotives, mais qui vous déposaient honnêtement
votre destination dans le temps indiqué par le
bureau.
Au train dont vont les choses dans voire adminis
tration, le prix des places s'élève mesure qu'on
voyage moins vite et s'il veut jouir d'un train exprsss
onl réussi surprendre la religion de la chambre
au point de lui faire donner un caractère légal
l'intervention du clergé dans l'instruction pri
maire C'est encore que les cléricaux mettent
aujourd'hui tout en œuvre pour que de par la
loi toutes les sources qui doivent alimenter la
bienfaisance publique soient abandonnées leur
disposition, sans responsabilité et sans contrôle.
Et ne se peul-il pas que le conseil com
munal soit aussi appelé se prononcer sou
tour sur des questions de cette nature?
Non-seulement cela peut arriver, mais cela
est inévitable, et le conseil est déjà dans la né
cessité de se prononcersous peusur celte
même question.
En effet, ce que le clergé avait obtenu de
la chambre en 1842, pour l'instruction primaire,
il n'a pas réussi se le faire accorder pour l'en
seignement moyen. Mais ce n'était pas, paraît-il,
un motif suffisant pour qu'il regardât la parte
qu'il jouait contre nos libertés, comme défini
tivement perdue pour lui; et il a déployé tous
ses efforts pour obtenir d'une manière ou d'autre
ce que la chambre lui avait directement refusé.
Celui qui a l'enseignement, a l'avenir, et c'est
pour cela que le clergé ne néglige rien pour
s'emparer de l'enseignement.
Après des efforts extraordinaires il est par
venu obtenir que la chambre abondonnerait
aux conseils communaux le droit de statuer sur
toutes les conventions qui pourraient leur être
proposées, relativement lintervention du
ergé dans l'enseignement moyen. Mais con
tracter avec le clergé c'est autant que se sou
mettre, et convention est synonime de capitu-
lation c'est ce que tout le monde sait aussi
les évêques ne demandent-ils rien moins que
d'avoir la haute direction de toutes les écoles
du pays. Ils auraient de par la loi la nomina
tion des professeurs, la surveillance sur leur vie
privée, le choix des livres, et la direction inté
rieure des établissements en un mot ceux-ci
tomberaient pour le tout sous leur direction.
Ainsi dans notre ville de Gand, les élections
communales peine terminées le conseil sera
convoqué pour qu il décide s'il veut accepter ce
lequel a conservé la vitesse légale, le voyageur doit
s'imposer des sacrifices d'argent très-lourds et qui
sont très-sensibles pour les gens qui n'ont pas
l'avantage d'être .banquiersépiciers en gros ou
ministres.
A l'heure qu'il est. le voyageur est traité ou comme
un ballot, ou comme un prince. 11 lui faut payer
vingt francs pouraller Liège, par un convoi express
ou bien se résigner voyager la façon des rois fai—
néants,cités par feu Boileau. Ainsi, pour franchir les
dix-huit lieues qui séparent Liège de Bruxelles, les
convois non exprsss mettent de sept huit heures,
s'arrêtent tous les quarts d'heure pour ramasser les
paquets, les marchandises empilés sur la voie puis
avant que les colis, les caisses, les tonneaux soient
convenablement arrimés une demi-heure se passe,
le voyageur reconnaît avec stupéfaction qu'il a mis
une heure pour faire deux lieues et demie.
Certes, il est bon, il est utile même que le voya
geur qui s'est enwaggoné intact, compte arriver sans
avaries sa destination, mais il nous semble qu'on a
un peu trop de souci de la santé des gens qui n'ont
pas les moyens de se payer des trains express et de
voyager dans les diligences en société des dentistes
illustres, des clarinettes distinguées et des grecs qui