aSMMWUi
Ce» choses-là sont importantes relever, et nous
servent aujourd'hui même juger de ce qu'a été l'af
faire du 5. De la relation du Moniteur français
semble résulter que Patlaque a eu lieu sur la droite
par l'armée qui tient la campagne, et sur la gauche
par les troupes de la garnison. D'après le prince
Menschikoff,aucontraire, il ne s'agirait que de deux
sorties de la garnison, ce qui est bien différent. Le
prince parle aussi de l'assaut repoussé avec perte, et
le général Canrobert se lait sur ce point important.
Le Court-Journal prétend que lord Palmerston,
qui a dû partir hier pour Paris, est autorisé traiter
confidentiellement avec l'empereur des Français,
des affaires politiques du plus haut intérêt. Un con
seil de cabinet a été tenu le 19, chez lord Aberdeen,
auquel assistait le noble vicomte. Le gouvernement
lui a fait part de ses vues, et durant son séjour
Paris, les réunions de cabinet seront suspendues
Londres.
Notre correspondant de Paris confirme un fait
qu'il nous avait déjà annoncé le 7 de ce mois c'est
que M. de Morny est nommé président du Corps-
Législatif.
11 parait que la dépêche du prince Menschikoff,
sur la journée du 5, connue Paris le i3 en même
temps peu près que celle du général Canrobert, a
comprimé l'essor des fonds publics la Bourse. Les
spéculateurs y ont vu que l'action a dû être terrible,
que les pertes ont dû être grandes de part et d'autre,
mais qu'en fin de compte, il n'y avait Ik rien de
décisif. Les différences quise trouvent entre les deux
dépêches ont été remarquées. Nous en avons signalé
quelque»'unes; la Presse les signale aussi, et elle
ajoute avec raison d'une part, que le général Canro
bert se lait aussi sur les canons encloués par les
Russes, et que d'autre part, le prince Menschikoff
ne parle ni des renforts qu'il aurait reçus, ui de la
présence des grands-ducs Michel et Nicolas.
Le prince Menschikoff, sans le savoir, recueille
donc Paris même, le prix de la véracité qu'il a
montrée dans ses autres dépêches, et les Parisiens
ont beau s'en défendre et faire leurs réserves, quand
une dépêche russe leur arrive, ils en tiennent
compte. La sincérité est donc bonne quelque
chose.
Le Journal de P-Pétershourg du 7 novembre
contient uu curieux article, ayant pour but de rec
tifier de graves erreurs commises par les rapports
français sur la bataille de l'Aima. Ces erreurs por
tent sur la force de l'armée russe, qui n'était que de
33,6oo hommes et non de 5o,ooo; sur les positions
fortifiées quelle occupait; sur la prise de la voiture
du prince Menschikoff, qui n'a pas été prise du tout,
non plus que des papiers importants, etc., etc.
Bien des fois, l'été dernier, il a été question de
l'escadre russe de l'amiral Poutiatine, qui naviguait
dans le» mers de l'Inde, et que l'on disait pourchas
sée par les vaisseaux alliés. Le Journal de Si-Peters-
bourg nous apprend aujourd'hui que cette escadre
était, en juin et juillet dernier, partie au Kamtchatka,
partie sur les côtes orientales de la Sibérie.
Le correspondant de la /Vesssà.Madrid lui adresse
une lettre contenant des détails intéressants sur
l'ouverture des Cortès et sur l'accueil fait la reine.
Cet accueil a été si sympathique que le correspon
dant considère la question monarchique et dynasti
que comme définitivement résolue.
Une dépêche de Madrid, en date du 10, annonce
que le général San-Miguel a été nommé président
des Cortés, et MM. Madoz, Infaute et Dulce, vice-
présidents.
Le Moniteur français du 14 novembre, publie en
effet le décret qui nomme M. de Morny, président
du Corps-législatif.
Nous n'avons aucune nouvelle de Sébastopol pos
térieure la date du S, ni des détails plus explicites
sur les combats qui s'y sont livrés. Les journaux de
Frauce et d'Allemagne en sont au même point que
nous. Les journaux anglais publient quelques dépê
ches qui n'apprennent rien de nouveau de l'action
en elle-même; seulement, ils fout connaître les
noms de quelques officiers supérieurs blessés.
Avant-hier encore la Bourse de Paris s'est faite en
baisse, maison l'a attribuée la baisse de Londres,
et non aux nouvelles des hostilités.
La Gazette de Londres publie les rapports du gé
néral Raglaneldes généraux Collin-Campbel, Lucau
et Lacy- Evans, placés sous ses ordres, sur l'affaire
deBalaclava et sur la sottie du lendemain 26, contre
l'armée anglaise. Ces rapports ti ès-développés, abon
dent en détails secondaires, mais ne nous appren
nent rien de nouveau sur l'ensemble de ces affaires
•11 elles-mêmes. Il» constatent que la charge bril
lante, mais qui lui a coû'é si cher, de l'armée au
g'sise, travers les bataillons russes, est due un
ordre mal interprété. La cavalerie et l'artillerie an
glaises uni eu 173 hommes tués, dont 13 officiers, et
i.S 1 blessés, dont 27 officiers; en tout, 426 hommes,
outre les absents.
Dans cet état, sont compris 12 morts et 70 blessés
de la division de sii Lacy-F.vans, qui doivent être
attribués la journée du lendemain; c'est en effet
lu division de ce général qui a victorieusement re
poussé la sortie du 28.
Il parait que le département de la marine fran
çaise manque de charpentiers et de cal fats. Ou eu a
fait quatre levées successives Nantes, depuis les
événements, et pour combler ces vides, les con
structeurs de Nantes sont venus chercher des ou
vriers en Belgique.
Un correspondant de Paris fait la remarque, que
depuis le 17, on n'a plus employé les flottes aux
opérations du siège. Il suppose que leur action ce
jour-là n'a pas répondu ce que l'on pouvait en at
tendre. Cette opinion paraît confirmée par un arti
cle du Moniteur delà flotte, qui annonce le retour
en Fiance de quatre vaisseaux jugés surabondants
dans l'escadre, le port de Sébastopol étant fermé et
la flotte russe rie pouvant eu sortir.
La Correspondance prussienne publie un article,
où elle soutient que les armées alliées et les Busses
se conduisant devant Sébastopol avec une égale bra
voure, le point d'honneur ne se trouvera compromis
de part ni d'autre, quel que soit le sort définitif de
Sébastopol. Elle en conclut que les puissances occi
dentales ne seront pas plus exigeantes qu'au début
de la guerre, et qu'elles s'en tiendront aux quatre
garanties de paix proposées comme bases des né
gociations, il y a plusieurs mois. D'autre part,
ajoute la Correspondance prussienne, nous sommes
fondés croire que le cabinet russe aussi serait dis
posé actuellement négocier sur ces propositions,
qu'il a rejelées précédemment, principalement par
des considérations de forme. II est bien lard
Nous avons dit que le général Evariste San-
\liguel avait été élu président des Cortès On coin p-
tait soi volants; il a obtenu 112 voix. M. Hero»,
porté par les progressistes, en a obtenu 88.
Le Moniteur français Annonce qu'un fil du télé
graphe s'est rompu du côté de Bucharest, et que
l'arrivée des nouvelles d'Orient en éprouvera quel
que retard.
On a reçu avant-hier q heures du soir, une dé
pêche de St-PéleraN>urg datée du malin même, et
qui donne des nouvelles de Sébastopol jusqu'au 8.
Les travaux du siège continuaient, dit le prince
Menschikoff, et l'ennemi se retranchait fo. lement
sur le flanc gauche de sa position.
Ainsi, le 8, point d'assaut encore, et ni le 6, ni le
7, il n'y avait eu de suite la bataille du 5; autre
ment, la dépêcheen dirait sans doute quelque chose.
Une longue dépèche donne des nouvelles de Cun-
stantinople du 5, et de la Crimée du 3. Cette dépê
che nous paraît être le résumé des correspondances
reçues par les journaux de Marseille.
La présence des grands-ducs Michel et Nicolas
l'armée russe, dans l'affaire du 5, est révoquée en
doute par les journaux allemands d'ordinaire les
mieux informés.
On commence se préoccuper Paris du voyage
de lord Palmerston, depuis le bruit répandu qu'il
ne s'agit pas d'une simple visite de politesse, mais
d'une négociation dont l'importance serait fort
grande, si ce qu'on dit était exact. On a reconnu,
dit-on, la nécessité d'invoyer en Crimée des renforts
considérables. L'Angleterre s'est k peu près épuisée
en hommes; elle n'a plus de disponibles que des
forces insignifiantes. Il s'agirait pour elle d'obtenir
de Louis-Napoleon qu'il envoyât cent mille hom
mes de plus eu Orient, et de son coté, l'Angleterre
fournirait des subsides proportionnés au sacrifice
que s'imposerait la France.
Un correspondant de Paris dit que le Morning-
Post avait mis en avant celte combinaison. Nous
trouvons en effet dans ce journal les lignes suivan
tes, tnais datées de Balaclava, 28 octobre
Il est vraisemblable que la meilleure et la plus sure
chose serait que l'empereur Napoléon envoyât immédia
tement une deuxième armée très-forte, sans se préoccu
per de la dépense, qu'il la fit transporter sur l'escadre de
la Baltique, et que cette armée vînt au plus tôt occuper la
Crimée elle serait facilement nourrie par la Turquie
d'Asie, la Bulgarie, etc.
Nous ne pouvons évacuer la Crimée sans avoir dé
truit complètement Sébastopol. On n'écrasera pas les
Russes sans avoir des hommes.
Une assertion du Moming Herald prouve, d'un
aulre côtél'épuisement du l'Angleterre en fait
d'hommes. Il s'agirait de lever dix régiments de
milice anglaise de plus, et d'autoriser la milice ti
offrir ses services pour tenir garnison k Gibraltar,
Malte et dans les Iles-Ioniennes, afin de permettre s
la plupart des troupes régulières en garnison sur ces
diverses positions, de se rendre en Crimée.
Il tant se souvenir, pour comprendre ceci, que
la milice anglaise est une sorte de garde nationale
destinée servir seulement dans l'intérieur du pays.
Le gouvernement n'a même pas le droit de dis
poser des miliciens hors de leur comté, moins que
le pays ne soit menacé par l'ennemi.
L'Ami du Soldat de Vienne émet la même opi
nion que nous, sur le peu de concours actif que peu
vent prêter les flottes alliées au siège de Sébastopol.
Le même journal affirme que les Russes, outre la
garnison de Sébastopol, n'avaient que 35,000 hom
mes eu Crimée pour tenir la campagne lors du
débarquement des alliés. 11 porte leurs forces main
tenant 120 mille hommes.
L'hospodar de Valachie, prince Ghika, fait son
entiéeà Jassy, le 7 Novembre. Ainsi, les autorités
régulières se trouvent rétablies dans les deux Prin
cipautés, comme avant l'occupation.
Plusieurs journaux allemands continuent k prê
ter au gouvernement autrichien l'intention d'aug
menter encore les armements considérables qu'il a
faits dans ces derniers temps.
Le Moniteur français publie la dépêche adressée
au gouvernement anglais par lord Raglan, sur l'af
faire du 5. 11 n'y est pas question, comme dans celle
du général Canrobert, de la présence des grand»
ducs Michel et Nicolas.
Nouvelles diverses.
Le général Liprandi, que le combat de Balaclava
vient de mettre en lumière, figurait déjà dans le»
armées russes en i8i5 avec un grade assez élevé.
Cantonné, lors de l'invasion, dans le nord de la
France, il y a laissé quelques souvenirs qui se trou
vent ainsi résumés parle Courrier des Ardennts:
Ce général a habité Rethei pendant toute l'occu
pation et s'y est marié. Il était alors colonel d'état-
major et avait 26 ou 28 ans. C'était uu fort beau
militaire taille élevée, brun de visage et de cheve
lure, air mâle et tout k fait martial. Il y avait dans
ses traits quelque chose d'ironique, de dédaigneux,
de dur, d'01 gueilleux et pourtant de fin.
Du reste, c'était un patriote russe exalté, élevant
sa nation et l'armée russe au-dessus de tout, et par
conséquent délestant les Français et saisissant, cher
chant même toutes les occasions de les rabaisser.
Cela 11e lui réussissait pas toujours, pas souvent
même. Car il reçut plus d'une bonne leçon dont il
don garder la mémoire. Les Kethelois lui rendront
toute la haine et tout le mépris qu'il portail k noire
pays.
Le même journal donne la liste suivante des géné
raux russes venus en France en 181S et existant
encore
ir corps, Gortschakoff; 6* corps, 3* de hulaus,
Rudiger; 7* corps, cosaques, Howalski; 3* corps,
grenadiers, Paskiewitz; io*corps, Borosdin; l'corp»
de l'armée du Nord, Woronsow; Liprandi,colonel, s
Voici quel rang occupent, dans l'armée russe, le»
deux princes, fils de l'empereur, dont le général
Canrobert annonce l'arrivée Sébastopol
Le grand-duc Nicolas,cinquième enfant et troi
sième fils de l'empereur, est âgé de 23 ans. Il est
inspecteur-général du génie, aide-de-cam p de l'em
pereur, colonel titulaire d'un régiment de dragons,
d'un régiment de grenadiers et d'un régiment des
cuirassiers d'Astracau. Il est en outre propriétaire
du 2* régiment des hussards autrichiens, et chef du
5* régiment de cuirassiers prussiens.
Le grand-duc Michel, sixième et dernier enfant
et quatrième fils de l'empereur, est âgé de 22 ans. Il
a le litre de quartier-maitre-géuéral de l'artillerie,
il est commandant de la 2* brigade d'artillerie de la
garde impériale, aide-de-camp de l'empereur, colo
nel d'un régiment de lanciers, d'un régiment de
dragons et d'un régiment de chasseurs cheval. 11
est en outre propriétaire du 26* régiment d'infan
terie auti ichienue et chef du 4* régiment de hussards
prussiens.
On mande de Namur:
Les brasseurs de notre ville se sont réunis le 14,
en assemblée. En présence de la cherté du houblon
et du grain, ils ont décidé d'augmenter le prix de la
tonne de bierre de 3 fr. 5o c. La tonne se paiei
désormais 18 fr.
Les cabaretiers vont sans doute, de leur côté, aug
menter le prix de la pinte de bierre.