I" 1.416. 14e Année.
Dimanche. 26 Novembre 1814.
JOIKMI. [CYPRES ET DE L'ARUOYDISSEHEiVT.
Vires açquirit eundo.
ABONNEMENTS Ypres (franeo)j p^j-trjme^tr.e, francs 30 c, -^Provinces,4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. —Tout ce qui concerne le journal doit
L'HOTEL PIMODA1V.
INTERIEUR.
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INSERTjpNS: Annonces, la ligne i 5 centimes. Bâclâmes, 1? ligne 50 centimes
ii i 111
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 25 Novembre.
Le ministère soi-disant libéral
«levant la Chambre.
La discussion de l'adresse, la Chambre <|es
représentants, offre un nouveau témoignage de
la fausse position du ministère De Brouckene-
Piercot. Les scrutins qui l'ont précédée, con
statent que la majorités'est déplacée. De libérale
elle est devenue cléricale, du fait de quelques
transfuges qui ont dépouillé toute pudeur
comme le sieur Delehaye, ancien procureur du
roi destitué par Nolhomb, et libéral, jusqu'à ce
que le ministère Rogier-Frère n'eut pas jugé
propos de l|ii donner le gouvernement d'une
province. Une majorité cléricale se trouve donc
en présence d'une minorité libérale, et devant
cette répartition des voix la Chambre, la
sincérité du gouvernement représentatif exige,
que le parti clérical soit bissé sur le pavois et
gouverne.
Nous disons hissé sur le pavois et ce terme
est juste; le parti clérical qui se prétend majo
rité et se vante hautement des sympathies du
paysn'ose cependant, sous sa firme, diriger
les destinées de la Belgique. Il trouve beaucoup
plus avantageux de gouverner par personnes
interposées et, nouveau Ratontoute sa préoc
cupation consiste trouver des Bertrand qui
lui rendent des services.
Aussi, voyez comme les hommes des évêques
défendent le système soi-disant mixtemais
dont l'essence est essentiellement cléricale
n'ayant qu'une fausse enseigne de mixture, en
ce sens seulement, que ce sont des soi-disant
libéraux qui font les affaires des adversaires du
libéralisme. Ce dernier parti n'a jamais eu re
cours de pareils expédients. Majorité il a
gouverné avec talent et énergie, et quand l'ap
pui du parlement n'a plus été suffisant, il a
quitté le pouvoir, laissant ses adversaires
toute liberté de prendre sa placé. Mais le parti
clérical plus autipalhique l'opinion, s'est dit
pas si innocent; le parti libérai me tend un
piège, en me facilitant l'avènement au pouvoir,
nous chercherons des hommes <le\bonne'tvolonté
pour faire nos affaires. Nous en aurons le profit,
sans la responsabilité, et ce sera bien plus avan
tageux nos intérêts; nous obtiendrons tout
ce que nous voudrons, sans nous exposer des
échecs et sans soulever l'opinion publique qui
ne nous est pas favorable.
Ce calcul machiavélique est mis en pratique.
Les élections communales ont prouvé une fois
de plus que le pays est libéral, et que les hom
mes du recul ne peuvent se faire élire qu'en
portant un masque quelconque. M. De Brouc-
kere, dans son discours, a fait appel aux hom
mes de bonne volonté défaut des cléricaux
qui n'osent prendre le pouvoir ouvertement.
Des masques feront les affaires du cléricalisme
et c'est ainsi qu'on éludera le verdict de la
nation exprimé aux dernières élections commu
nales, dont la signification est diamétralement
en opposition avec les derniers votes de la ma
jorité de la Chambre.
Le remploi de ce fonds pourra se faire con
sécutivement mesure des rentrées et un compte
détaillé et la situation de ce fonds sera soumis
annuel!ement;su Conseil communal.
Nous avons tout lieu de croire que cette
mesure produirait d'excellents effets, et pour ce
motif, elle sera accueillie favorablement par le
Conseil tommunal.
m» O
Nous donnerons, dans notre prochain n°, le
compte-rendu de la séance du Conseil com
munal du 23 Novembre dr.
(suite*.)
le cabaret de la pomme-de-pin.
A peine entré dans le cabaret, Saint-Amant jeta un
eoup-d'œil rapide autour de lui, espérant sans doute
trouver ces tables ses acolytes ordinaires- A l'exception
de Çillot et de Faret, tous s'y trouvaient leur poste.
Envoyant peine un léger salut aux figures enluminées
de Granehamp, de Ponlmenard, de Bellerose, de Chas-
saingrimont, de Saint-Brice et de Bilot, désignés tous en
ce beau gîte sous le nom des Chevaliers de la Coupele
poète s'arrêta tout droit devant un gros homme que
maître Philippe Gruyn, le cabaretier, venait de servir
sur son comptoir même, c'était'le capitaine La Ripaille.
Chassé des gendarmes rouges pour quelques légers mé
faits, ce brave capitaine humait alors, d'un air platonique,
ud large verre de vin de Hongrie.
C'est un brave trois poils, dit au poète maître
Philippe Gruyn, il peut nous être utile dans l'occasion.
Mon cabaret', vous le savez, plus d'une fois éveillé
l'attention de la police. Ce que c'est, Monsieur Saint-
Amant, que d'avoir faire des gens nobles ils ont sur
les bras bien plus d'affaires que les gueux A propos de
gueux, vous me feriez bien plaisir de me dire où est mon
fils? L'avcz-vous vu, Monsieur Saint-Amant, que fait-il,
où paste-t-il maintenant ses jours et même ses nuits
Ce garçon-là, voyez-vous, me fera mourir I Maître
Voir le Progrh, n" 1878. 1876 1377. 1378.
La commission de l'Atelier-modèle vient
d'adresser, l'administration communale, un
projet de règlement pour l'organisation du
travail domicile.
Upe somme de mille francs serait allouée la
commission administrative comme fonds rou
lant pour achat de métiers et de l'outillage
destinés au tissage. Celte avance serait utilisée
fournir, aux ouvriers qui veulent travailler
domicile, le métier et l'outillage nécessaire sous
les conditions suivantes 1° que l'ouvrier payera
chaque semaine ou laissera opérer une retenue
fixer par la direction jusqu parfait paiement
des fournitures faites 2" que jusqu'à solde par- j
faite, le métier et les accessoires continueraient
appartenir la ville; 3° si l'ouvrier abandonne
le travail avant sa complète libération de ce'
chef, le métier sera repris d'après la valeur à1
fixer par le contre-maître de l'ateliersans
qu'en aucun cas la valeur puisse dépasser les
3/4 du prix d'acquisition.
Noue publions aujourd'hui, d'après le Moniteur
le relevé du commerce de la Belgique avec les pays
étrangers, pendant la période du i' au i5 novembre
i854, en ce qui concerne le bétail
Importation» en consommation. Taureaux et
bœufs (têtes), 8g; vaches, 74 T; taurillons, bouvillons
et génisses, 327; veaux, 287; moutons et agneaux,
635; cochons, 85.
Exportation» belge». Taureaux et boeufs (tète»),
So4; vaches, 700; taureaux, bouvillon» et génisses,
196; veaux, t,ag3; moutons et agneaux, a,4i5;
cochons, 4»3gz«
L'exportation du ir au i5 novembre a excédé
l'importation pour les taureaux de bœufs: de aiâ
têtes; pour les veaux, de 1,006; pour les moutons et
agneaux, de 1,778; pour les cochons de 4^07.
Quant l'importation comparée l'exportation,
elle n'a été supérieure que pour les vaches, tauril
lons et génisses, soit 174 têtes en plus.
Par une circulaire en date du 12 novembre,
M. le ministre des finances informe le public
qu'à partir du 27 courant jusqu'au 30 décembre
1834 les obligations provisoires, ainsi que les
récépissés fractionnaires des emprunts de 1848
5 p. e. dont le montant ne dépassera pas 90
francs de capital, seront achetés au cours de
104 p. c. (capital et intérêts réunis), savoir: a.
A Bruxelles, au ministère des finances (direction
de la dette publique); b. Dans les autres
chefs-lieux d'arrondissement du royaume, chez
les agents du trésor.
Philippe, répondit Saint-Amant,' désireux de couper atmosphère épaisse autour de lui il s'assit paisiblement
court cette jérémiade, je vous présente un de mes bons 1 une table sans trop prendre garde aux hôtes de maître
amis... dont je yous dirai le nom plus tard. C'est un Philippe. Deux masques remuaient alors les dés deux
homme d'épée, et ce sera bientôt, j'en suis sûr, un des i pas de l'Italien. A sa vue, l'un d'eux fit un mouvement
plus solides Chevaliers de la Coupe Il arrive d'Italie... et arrêta son cornet.
D'Italie vraiment Alors je vais servir Monsei- Qu'avez-vous donc? demanda le plus grand des
gneur du Lacryma, du Montcfiasconc du Rosogio... dit joueurs l'autre. Je vous le dirai... Observons, lui
maître Philippe en s'empressant. Comment donc répondit son interlocuteur en se remettant au jeu. Le
1 jeu.
broc d'honneur s'écria Saint-Amant d'une voix rauque.
Si vous voulez que je vous dise mon sonnet, il faut
m'humccter.
Car 1* vin c'est mon feu, mon sang et mon soleil
Saint-Amant trébucha, il fût tombé sur le sol sans
l'aide de Chassaingrimont. Il y avait dans ce cabaret de la
Pomme-de-Pinchanté tant de fois par lui, deux camps
bien distincts d'abord les véritables clients de maître
Gruyn, c'est-à-dire ceux qui payaient. De ce nombre
mais vous allez lui servir le broc d'honneur vous
entendez celui que Fon me donne qu'aux grands jours!
Dépêchez, maître Philippe
En entendant ces paroles, le capitaine La Ripaille
s'approcha soudain de l'étranger dont la venue lui sem
blait d'heureux augure.
Monsieur n'a pas sans doute encore vu Paris Je
me charge de l'y guider. Monsieur me trouvera ehaque
jour midi devant la Samaritaine. S'il a besoin d'un
second, je suis son homme. Ah c'est que le pavé est ici étaient Granehamp, Chassaingrimont, Pontmenard
des plus glissants. A la dague, au pistolet, cheval, Saint-Brice et Bilot; l'autre se recrutait du capitaine La
comme pied, c'est mon état. Si Monsieur veut Ripaille, de Bellerose le comédien, et d'autres pauvres
connaître les comédiens de l'hôtel de Bourgogne, ou bien hères. Placé sur le pont Marie, le cabaret de maitrs
encore la troupe de Gauthier Garguille, Turlupin et Gros Philippe Gruyn ne ressemblait, du reste, en rien aux
Guillaume, je me fais fort de l'y mener dès demain, dit établissements ignobles d'aujourd'hui, les gens les plus
Bellerose l'acteur, d'un ton engageant. distingués par la naissance et par le talent le fréqnen-
Bellerose était un assez bel homme qui venait chaque taient. On y dînait tour tour et on y soupait. Des
soir au cabaret de la Pomme-de-Pinoù l'on ne se sou- 1 poètes du temps, tels que Saint-Ainant et Régnier, ses
venait pas, de mémoire d'homme, qu'il eût payé. L'Italien desservants, comparaient ce lieu I» fontaine de Jeu
ne répondit ces compliments intéressés que par un; vence. On ne dit pas que le vin de cette taverne rajeunit,
salut aises dédaigneux. La fsmée des pipes formait une j mais il est présumer qu'il était bon, le cabaretier